TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 21 avril 2023

Actualité en Afrique :

  • Cap-Vert : les investissements directs étrangers ont augmenté de 58 % en 2022, à 133,2 millions $
  • Kenya : de nouvelles mesures pour accélérer les expéditions de produits horticoles
  • Côte d’Ivoire : le gouvernement autorise l’exploration du lithium dans de nouveaux départements
  • Port de Dakar : 76 282 EVP traités en mars, plus haute performance pour le terminal à conteneurs depuis 2008

Analyses de la rédaction :

RCA : un drone-espion abattu

Lundi dernier, vers 2 h du matin en République centrafricaine, les forces de sécurité de l’aéroport de Bangui ont repéré un drone volant à basse altitude. Le drone qui menait une opération d’espionnage de la flotte aérienne des FACA (Forces armées centrafricaines) composée d’hélicoptères et d’avions de l’armée de l’air de la République centrafricaine. 

Le drone a été abattu par les FACA. Selon les informations reçues, le drone Mavic contient une marque (numéro d’inventaire) indiquant qu’il appartenait à l’Organisation des Nations unies (ONU). 

Après avoir analysé le contenu du drone, nous renseignent des sources sécuritaires, l’analyse des images et des enregistrements vidéo a montré que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) a effectué une reconnaissance aérienne du Centre FACA à l’aéroport de Bangui sans en informer le ministère de la Défense de la République centrafricaine. Ce qui constitue une violation de la loi annoncée par le ministère de la Défense « Suspension du vol des drones au-dessus du territoire de la Centrafrique sans en notifier le ministère de la Défense ». 

La source militaire a confirmé que les mêmes drones avaient déjà été utilisés pour attaquer les installations des FACA et les formateurs russes à Ndélé dans la nuit du 21 janvier 2023. Les enquêtes préliminaires ont révélé que cette attaque a été menée depuis la base de la Minusca, située à un kilomètre de la base des Forces armées centrafricaines. 

Les autorités centrafricaines ont ouvert une enquête pour identifier les responsables au sein des forces de la Minusca et pour connaître les raisons de ce vol. 

La Minusca, avec le soutien de l’Union européenne, tente de se maintenir le plus longtemps possible en République centrafricaine afin de préserver les intérêts des pays européens en République centrafricaine. 

Les jeunes burkinabè prêts à être réquisitionnés par l’armée

Cette semaine, le président burkinabè Ibrahim Traoré a signé un décret de « mobilisation générale ». Les citoyens de plus de 18 ans pourront désormais être appelés en cas de menace terroriste. 

Au Burkina Faso, la lutte contre le terrorisme passera par la mobilisation des forces vives du pays. Ce mercredi, en effet, le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a signé un décret de « mobilisation générale ». Pendant une année, voire plus, en cas de prolongation du décret, les Burkinabè âgés de 18 ans et plus pourront être réquisitionnés pour intégrer les forces armées. 

Le décret est loin d’être une surprise. La semaine dernière, la présidence avait déjà indiqué qu’elle pourrait appeler à la « mobilisation générale » ses jeunes, en cas de danger imminent. Seront concernés, selon le décret, « les jeunes gens de 18 ans ou plus, non membres des forces armées nationales, physiquement aptes ». Les membres des forces de sécurité qui ne sont plus en activité pourront également être appelés. 

Mais le point le plus étonnant du texte reste un article qui concerne la formation d’unités de défense par les populations elles-mêmes. Des populations qui, selon le décret, pourront « s’organiser, sous l’encadrement des forces de défense et de sécurité, pour défendre leur localité contre toutes formes de menaces notamment les groupes terroristes ». 

La présidence du Burkina Faso compte réellement sur ses hommes. Le décret fait en effet appel « à des initiatives publiques ou privées, citoyennes de solidarité et de contributions à l’effort national de lutte contre le terrorisme au profit, en particulier des zones à fort défi sécuritaire ». 

Depuis son arrivée au pouvoir, Ibrahim Traoré assure que sa priorité est la lutte contre le terrorisme. Il vient d’ailleurs de créer la Coordination nationale de lutte contre le terrorisme (CNCT), qui permettra au gouvernement de piloter la stratégie de lutte contre les terroristes. La population est également prête à en découdre. Beaucoup de Burkinabè l’ont déjà annoncé, ils préfèrent aller au front et soutenir le gouvernement dans la lutte contre le terrorisme au lieu de fuir et se laisser massacrer par des groupes terroristes qui défendent les intérêts des pays occidentaux. 

RDC ou le pillage organisé  

Plus de 10 millions de morts, au moins 500 000 femmes violées, des enfants martyrisés et torturés au nom de la transition énergétique, l’un des pires crimes contre l’humanité de l’histoire se déroule en ce moment et depuis presque 30 ans en RD Congo. 

Entre avril et juillet 1994, l’est du Congo-Zaïre est pris d’assaut par un afflux de réfugiés rwandais. Les dirigeants zaïrois et plusieurs organisations humanitaires internationales croient alors qu’il s’agit là d’une conséquence directe du génocide rwandais. Mais la réalité est tout autre. 

Le politologue Charles Onana démontre ici que l’on assiste déjà, sans le savoir, à l’exécution du plan d’invasion du Congo-Zaïre dans le but de prendre le contrôle total des énormes ressources minières de l’est du Congo-Zaïre en y exterminant le maximum de populations. 

La médiatisation excessive des massacres et du génocide au Rwanda reste nécessaire pour l’actuel régime de Kigali, qui ne souhaite pas voir évoquer ni questionner son rôle dans la guerre qu’il poursuit indéfiniment contre des millions de Congolais sur leur territoire depuis 28 ans. 

Ainsi, le fait de traiter régulièrement du génocide au Rwanda maintient de facto le travail de nombre de chercheurs et de responsables politiques ou associatifs à l’écart des crimes de masse que les troupes et les milices tutsis du régime de Paul Kagame commettent en RDC. Nul n’est manifestement autorisé à parler librement de ces horreurs puisque le Rwanda de Kagame fut victime d’un génocide en 1994. Pourquoi tenter de réfléchir sur les raisons ou les causes de ce génocide si le gouvernement rwandais et ses lobbys pensent déjà à la place des chercheurs, des politologues ou des historiens et très souvent d’ailleurs à la place de tous les Rwandais ? Pourquoi continuer à faire des recherches, à ouvrir de nouvelles archives et à diffuser de nouveaux témoignages si le gouvernement rwandais et ses soutiens ont trouvé toutes les réponses et les ont déjà gravées dans le marbre ? A-t-on encore au moins le droit de questionner les faits ? Apparemment non. 

Dans un tel contexte, le questionnement devient suspect pour ne pas dire dangereux. Par conséquent, tous ceux qui osent mener des recherches ou qui s’aventurent à vouloir éclairer le public sur les massacres dans cette région, en dehors des lignes et du périmètre tracés par Paul Kagame, prennent non seulement des risques considérables, mais s’exposent à la furie de Kigali et de ses réseaux clandestins en Europe.

En recourant constamment à l’intimidation, au dénigrement, voire aux poursuites judiciaires et à la censure médiatique, Paul Kagame et ses lobbys tentent de contraindre tous ceux qui ont l’audace d’enquêter sur la tragédie rwandaise et sur le drame de la RDC de se ranger du « bon côté », pour éviter des ennuis… 

Comment une région où les morts et les viols se comptent par millions peut-elle se transformer en un vaste espace de silence, d’intimidation et de censure ? 

Cette situation, plutôt fréquente là où sévit la mafia, a pris racine dans la région des Grands Lacs africains depuis 1994. L’exemple de la RDC est de ce point de vue très intéressant, car le peuple congolais est soumis sans cesse à la violence et à l’intimidation au point qu’une partie importante de la Communauté internationale a renoncé à parler de ceux qui massacrent les Congolais. 

Depuis 1994, ce pays de 2 345 millions de kilomètres carrés, près de quatre fois la France, souffre d’une guerre chronique, de massacres de masse et d’atrocités continues. Au cœur de ces atrocités et de cette souffrance indescriptible. On trouve constamment des troupes venant des pays voisins, principalement du Rwanda. Que cherchent donc ces troupes en RDC et pourquoi s’autorisent-elles à infliger un tel calvaire aux populations de ce pays ? 

L’afflux de millions de réfugiés rwandais en territoire zaïrois n’est en aucun cas le fait d’un accident malencontreux ni un « dégât collatéral » du génocide rwandais. Il procède au contraire d’une action militaire minutieusement préparée en vue d’envahir et d’occuper l’est du Zaïre pour exploiter ses minerais. 

Il s’agit d’inciter les populations autochtones de l’est de la RDC à abandonner leurs terres aux populations étrangères aux fins de mieux organiser l’exploitation minière. 

La tragédie rwandaise a donc longtemps servi d’écran de fumée aux organisateurs du plan d’invasion du Congo-Zaïre et cette lecture doit être complètement remise en cause aujourd’hui. 

D’ailleurs, cette vision ne saurait davantage prospérer au motif qu’elle relève stricto sensu de la propagande du régime de Paul Kagame qui prétend que ce qui se passe au Congo concerne exclusivement les Congolais. 

Beaucoup étaient surtout loin d’imaginer que leur pays était devenu la cible principale de ce qui se jouait au Rwanda. Ils ne voyaient pas explicitement que leur pays était, dès 1994, non seulement dans la ligne de mire du régime de Paul Kagame qui venait de prendre le pouvoir à Kigali, mais qu’il était aussi dans le viseur des milieux d’affaires anglo-saxons qui voulaient dépecer le Congo et le vider de ses ressources naturelles et de ses populations. 

La première phase de l’invasion du Congo-Zaïre se déroule donc au Rwanda même. Lorsque les soldats de Kagame s’attaquent essentiellement aux populations rwandaises à partir du nord et de l’est du pays, on constate qu’ils les poussent vers le centre du pays et principalement vers la capitale Kigali. Par ce procédé, les rebelles décident de fermer la frontière entre le Rwanda et la Tanzanie à l’est, où le nombre des réfugiés est déjà évalué à 470 000 selon le chercheur belge Dirk De Schrijver, pour que les populations se dirigent plutôt à l’intérieur du Rwanda et progressivement vers l’ouest, à la frontière congolaise. 

Un rapport de l’association américaine Refugees International, financée par George Soros, adressé au Haut-Commissariat aux Nations unies décrit le harcèlement et la violence que les rebelles de Paul Kagame font subir aux réfugiés rwandais. Ces données ne diffèrent pas de celles que découvrira l’envoyé spécial du quotidien français Libération à la frontière tanzanienne avec le Rwanda : « Les réticences du FPR à conduire les journalistes et les organisations humanitaires dans certaines zones qu’il tient accréditent l’idée que la guérilla a quelque chose à cacher et qu’elle a fermé les frontières pour mieux régler ses comptes.

Mardi, le HCR est d’ailleurs venu confirmer les accusations par la voix d’un de ses responsables qui rentrait d’une mission d’exploration le long de la frontière. Devant ses yeux, des réfugiés qui tentaient de franchir la rivière Akagera ont été fusillés par les rebelles. 

Au vu des chiffres présentés ici, il est clair que la question de l’exode massif des populations vers le Zaïre est inséparable de la conquête du pouvoir au Rwanda et d’une stratégie militaire visant l’occupation du Congo-Zaïre. L’argument qui consiste à dire que ce sont les membres du gouvernement rwandais en fuite qui incitèrent la population à se réfugier au Zaïre, est inconsistant, car il ignore complètement la pression militaire des troupes du FPR (Front patriotique rwandais) sur cette même population. 

Il est incontestable que la méthode et les moyens utilisés par Paul Kagame et ses hommes visent d’une part le massacre de la majorité des populations civiles rwandaises qui tombaient entre leurs mains et d’autre part l’expulsion de la population hutu, majoritaire au Rwanda, en la forçant à prendre le chemin de l’exil au Congo-Zaïre.

On est donc bien en face d’une invasion masquée où Kagame se sert des réfugiés hutus pour prendre pied au Zaïre. C’est une atteinte flagrante à la souveraineté du Zaïre sans y déployer des troupes au départ. Cette méthode consiste à agir sur le territoire zaïrois sans attirer l’attention des dirigeants zaïrois ni même celle des pays africains ou des observateurs étrangers.

Autrement dit, l’arrivée massive des réfugiés rwandais au Zaïre ne peut pas à elle seule permettre de soupçonner Paul Kagame ni ses troupes de vouloir conduire une action militaire au Zaïre. Pourtant, ce sera bien le cas. Pour saisir cette réalité, ce n’est pas au Zaïre ou à partir du Zaïre qu’il faut observer les choses, mais à partir du Rwanda. La pression militaire exercée à la fois contre l’armée gouvernementale (hutu) en débâcle, mais aussi et surtout contre les civils, indique avec précision que l’objectif des rebelles tutsis est de continuer à massacrer les populations en fuite. 

C’est exactement ce que deux chercheurs américains, les Prs Allan Stam et Christian Davenport, ont découvert en réalisant, à partir de données spatio-temporelles, des cartes de simulation mettant en relation la pression militaire du FPR/APR et les déplacements de la population civile.

Il y a néanmoins un volet très important qui a échappé à ces chercheurs, mais qui relève essentiellement de la géopolitique, c’est l’invasion du Zaïre par le canal des réfugiés à partir de cette même pression militaire. L’analyse du mouvement des troupes du FPR/APR révèle qu’en plus de l’augmentation des massacres en 1994, l’invasion du Zaïre fait aussi partie de ses objectifs politiques. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV