Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
Mali : adieu l’Allemagne !
L’Allemagne a 9 mois pour se retirer de la MINUSMA, a affirmé son ministre de la Défense, Borris Pistorius, lors de la visite de deux jours au Mali où il a été reçu par les autorités de la transition. Cette décision modifie le plan initial de l’Allemagne qui était de quitter la mission onusienne en mai 2024.
En visite au Mali les 13 et 14 avril, le ministre de la Défense de l’Allemagne s’est entretenu, ce vendredi, avec le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense du Mali. Au cours de cette réunion, le ministre allemand a notifié à son homologue malien la décision de son pays de se retirer de la MINUSMA.
Selon la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), cette rencontre a été une occasion pour les deux personnalités d’échanger sur, entre autres, le retrait des forces armées allemandes de la MINUSMA et de la situation sécuritaire au Mali depuis 10 ans.
« Nous allons retirer nos forces de la MINUSMA, mais ceci ne signifie pas la fin de la coopération dans l’ensemble. C’est un chapitre de la coopération qui sera clos. Nous allons très bientôt présenter notre plan de retrait », a déclaré Borris Pistorius à sa sortie d’audience.
Cette décision de la première puissance économique de l’Union européenne est justifiée notamment par les difficultés liées au survol de l’espace aérien malien. Conséquence : ils n’étaient pas parvenus à faire ce qu’ils sont venus faire.
« L’interdiction du survol de l’espace aérien malien avait sérieusement entravé la bonne marche des opérations. Nous voulons vraiment continuer à travailler afin d’améliorer la situation sécuritaire dans la région. La situation est difficile, mais nous avons de la franchise et de la clarté pour pouvoir continuer la coopération à l’avenir », a soutenu le ministre de la Défense allemande.
L’Allemagne restera présente dans la région et restera un partenaire fiable », a affirmé Borris Pistorius.
Si l’Allemagne tourne la page de sa présence au sein de la MINUSMA, selon plusieurs sources, il va se déployer au Niger où la France y est militairement installée après son départ du Mali.
Par ailleurs, concernant les interdictions de vols, la MINUSMA a recensé six restrictions aux déplacements terrestres imposées par les Forces armées maliennes à cause des opérations dirigées contre des groupes terroristes.
Selon le rapport du secrétaire général de l’ONU présenté au conseil de sécurité, la MINUSMA avait demandé 1 231 autorisations de vol ; 297 ont été refusées (soit 24,1 % des demandes) et la plupart de ces demandes (238) concernaient des drones de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. De manière générale, les restrictions continuent de varier d’un secteur à l’autre.
Au total, 245 autorisations de vol ont été refusées dans le secteur est, deux dans le secteur Centre et 50 dans le secteur ouest.
Afin de garantir la sécurité de ses convois, la Mission a utilisé d’autres moyens aériens, notamment des hélicoptères et des plateformes à voilure fixe pilotée de renseignement, de surveillance et de reconnaissance le long des routes de réapprovisionnement, notamment sur l’axe Gao-Kidal.
Toutefois, aucun progrès n’a été fait en vue de la reprise des vols de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. Cela fait plusieurs années que la Minusma est présente au Mali et qu’elle possédait toutes les autorisations nécessaires, pourtant, tout le monde a bien vu le résultat. Mis à part un renforcement des groupes terroristes, le Mali n’a enregistré aucune amélioration.
L’avenir de la Minusma n’est pas encore définitivement décidé, mais il faut savoir qu’une rupture de son contrat est fort attendue par la population malienne ainsi que le gouvernement.
« Abordant l’avenir de la MINUSMA, je voudrais appeler votre attention sur le fait que les conclusions du rapport sur l’examen interne de la MINUSMA ne sont pas à la hauteur des attentes du Gouvernement et des populations maliennes. Cependant, le Gouvernement reste ouvert au dialogue sur cette question spécifique ». Ce sont les mots prononcés par l’ambassadeur du Mali auprès des Nations Unies, reprenant quasi textuellement la réplique du ministre des Affaires étrangères contenue dans le mémorandum consécutif au même rapport du Secrétaire général de l’ONU.
En effet, les errements diplomatiques de l’ONU et de la France ont conduit Issa Konfourou à loger à la même enceinte ce qui pourrait tenir de la bavure militaire et ce qui relève, d’une présomption de grave atteinte aux droits humains. Il soutient, en clair, que l’épisode des responsabilités de l’armée française dans les bombardements de Bounty enlève toute légitimité à une autorité française de faire de la fixation sur les événements tragiques de Mourah. Beaucoup plus grave encore, l’instrumentalisation de l’épisode de Bounty, par comparaison avec celui de Mourah, est d’autant plus triviale que la responsabilité de la bavure de Bounty, désormais établie par les enquêtes de la Minusma, est largement partagée par l’armée malienne.
RDC-Rwanda : Kagame lorgne ouvertement les terres congolaises !
Le président rwandais, Paul Kagame, vient d’amorcer une nouvelle campagne de quête des bailleurs susceptibles d’accompagner et de financer son projet d’occupation des terres congolaises. Le président rwandais a dévoilé son funeste projet le week-end à Cotonou au terme d’une visite d’État. Pour le président du Rwanda, la RDC et l’Ouganda doivent des portions de terre à son pays.
Ce qui serait la justification de toutes les guerres qu’il a dirigées et qu’il dirige encore sur le sol congolais. Paul Kagame relance sa théorie de lutter pour la protection des populations congolaises d’expression kinyarwanda, celles-là mêmes qui vident leurs villages en opposition au M23. La guerre internationale du M23 aligne désormais un million de déplacés et ne préoccupe nullement la communauté internationale.
Le séjour béninois de Paul Kagame n’était qu’un prétexte en vue de sa sortie médiatique trouble qui vient relancer les débats autour du tracé des frontières entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda. C’est à Cotonou que le chef de l’État rwandais a finalement mis sur la place publique son vieux projet consistant à s’emparer d’un espace de la République démocratique du Congo pour l’annexer à son pays.
Il avait planifié ce plan depuis bien longtemps. Kagame voulait obtenir le soutien de Museveni pour l’aider à conquérir militairement le pouvoir à Kigali. Ensuite, les deux vétérans devraient dépecer la grande RDC. Neutraliser son armée, affaiblir et exterminer son peuple avant d’y imposer un régime de terreur sous domination rwandaise.
« Le plan avait fonctionné sous l’Afdl avant de heurter la résistance des Kinois », confirme un historien de l’UPN. C’était sans compter avec la fine intelligence tactique de Mzee Laurent-Désiré Kabila qui eut le mérite de devancer le projet criminel en incitant un enrôlement massif des Congolais dans l’armée. Devenu confortable, Mzee s’autoproclama président de la République à partir de Lubumbashi le 17 mai 1997. Le plan Kagame tombe à l’eau. C’est la raison d’un recyclage accéléré, d’une nouvelle rébellion, puis d’une troisième et d’une quatrième qui se prolonge aujourd’hui.
Alors qu’il a toujours nié d’être le créateur du M23, Paul Kagame change encore de langage et se compromet devant toute l’opinion africaine. « J’espère que les Béninois n’ont pas gobé ses inepties puisque le monde entier sait pertinemment que Paul Kagame est un hors-la-loi », réagit un patron de presse de Kinshasa. Paul Kagame qui conteste d’être le soutien des terroristes M23 justifie pourtant leurs atrocités. D’après lui, ce sont des Congolais qui protégeraient la communauté rwandophone en RDC.
Cependant, cette communauté qui a toujours vécu en paix en RDC a vu sa paix menacée depuis l’avènement au pouvoir du président Paul Kagame. « Le président Paul Kagame a tenu publiquement un discours provocateur à Cotonou, au Bénin, ce 16 avril 2023, expliquant que la crise en RDC vient du fait que, les terres appartenant au Rwanda auraient été données à la RDC. Nous rappelons ici que le Rwanda est pourtant le dernier pays découvert et colonisé en Afrique successivement par les Allemands et les Belges dès 1894, où habitaient le peuple hutu et le peuple twa qui auraient été les premiers habitants », réagit Jean-Louis Tshimbalanga.
La Banque centrale du Congo belge, créée en 1951, a annexé le Rwanda et Urundi (actuel Burundi) en 1955. Les frontières sont connues et mentionnées dans les annales internationales. La RDC est membre à part entière des Nations unies depuis 1960, et participe aux discussions sur le rôle et les missions de l’ONU. La déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États, conformément à la charte des Nations unies, dit que : « Tout État a le devoir de s’abstenir, dans ses relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies ».
Jean-Louis Tshimbalanga considère que les propos du président rwandais sont une menace réelle contre la paix, la rupture de la paix et d’acte d’agression. Par son message, il reconnaît implicitement que le Rwanda est le pays agresseur depuis des décennies, de ce fait, comptable des millions de morts au Congo, des millions de déplacés forcés, des viols de femmes et enfants, des atrocités et des insécurités entretenues dans l’est de la RDC.
Dans sa lettre ouverte signée ce lundi 17 avril 2023 adressée aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies, au secrétaire général de l’ONU, au président de la Chambre des représentants des États-Unis, au président de la commission de l’Union européenne, au président en exercice de l’Union africaine ainsi qu’aux États membres de la SADC, Jean-Louis Tshimbalanga estime que « l’heure est grave ». Il rappelle que le peuple congolais pleure encore ses morts survenus dans le génocide de plus de 12 millions d’individus tués, massacrés ou assassinés par la soldatesque de Paul Kagame.
Des millions de populations déplacées, des viols massifs des femmes et enfants, sans qu’une justice leur soit rendue. Tshimbalanga souligne que « la RDC a fait l’objet d’un embargo d’armes pendant plus de 22 ans de la part de l’ONU, mais celle-ci a envoyé une mission de plus de 17 000 Casques bleus depuis 1999, entretenue avec un budget annuel de plus de 1,5 milliard de dollars, appelée premièrement MONUC, et ensuite MONUSCO depuis 2010 ». Cette mission a reconnu officiellement son échec, et elle serait même accusée d’actes illicites, de complicité avec les groupes armés et des meurtres à bout portant de la population. Cas de Kasindi en juillet 2022 où les Casques bleus avaient tiré à bout portant sur la population, faisant trois morts.
En changeant de rhétorique sur la sécurité de son pays, Paul Kagame se gaminise vis-à-vis de la communauté internationale. C’est désormais la terre congolaise qu’il lorgne et aucun mot sur la problématique FDLR longtemps imaginairement défendue. Même ses partenaires qui l’ont soutenu dans cette campagne se voient désillusionnés. Car le président Kagame avait justifié l’entrée de son armée en RDC par la poursuite soi-disant des éléments de l’ethnie Hutu faisant partie des FDLR, qui auraient commis le génocide des Tutsi, mais plus tard, c’est un général tutsi de l’armée rwandaise James Kabarebe, qui fut nommé chef d’état-major général en RDC, devenu plus tard ministre de la Défense nationale au Rwanda et actuellement conseiller militaire de Paul Kagame.
Un récent rapport des Nations unies accuse le Rwanda d’avoir soutenu totalement la rébellion terroriste du M23 contre le gouvernement. En réaction, Paul Kagame avait qualifié cette allégation de simpliste soutenant qu’il s’agissait des affaires entre Congolais qui ne concernent pas le Rwanda. Comme sous le RCD, le CNDP ou le M23, toutes ces guerres « kagamiques » finissent toujours par l’intégration des rebelles dans les institutions.
Soudan : un plan de déstabilisation à l’américaine ?
Alors que le Soudan fait face à une deuxième journée d’affrontements entre l’armée et les paramilitaires du FSR, la ligue arabe tient une réunion d’urgence en Égypte. Réunion au cours de laquelle Khartoum a mis en garde contre une éventuelle ingérence étrangère.
« Ce qui se passe au Soudan est une question interne, mais tous les efforts sont nécessaires de la part des pays arabes frères afin de calmer la situation dans le pays. Nous demandons aux participants de cette réunion de confirmer ce point et de recommander que le règlement du conflit soit laissé aux Soudanais, loin de toute ingérence internationale », explique Alsadik Omar Abdullah, ambassadeur du Soudan à la Ligue arabe.
« La délégation de mon pays l’Égypte appelle toutes les parties soudanaises à mettre fin immédiatement à ce conflit armé, afin d’éviter de nouvelles effusions de sang et de préserver la sûreté et la sécurité des civils ainsi que les biens du peuple soudanais frère. Nous mettons en garde contre les dangers d’une escalade de la violence dans le pays », a déclaré Obaida el- Dandarawy, représentant adjoint de l’Égypte à la Ligue arabe.
Les combats qui ont fait au moins 56 morts s’intensifient à Khartoum et dans plusieurs villes du pays comme dans la région du Darfour ou 3 humanitaires de l’ONU ont été tués. Le Programme alimentaire mondial a aussitôt annoncé la suspension de ses opérations dans le pays. Alors que le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, est attendu sur place, l’armée et les FSR ont annoncé ouvrir pour quelques heures des « couloirs humanitaires » pour évacuer les blessés.
En analysant la situation actuelle du Soudan, beaucoup d’analystes ont pu constater que les ingérences étrangères, décrites par l’ambassadeur soudanais à la Ligue arabe, ne sont évidemment pas très loin. Le Soudan se trouve dans le collimateur des certains pays extracontinentaux, comme les États-Unis. Le crime de Khartoum, c’est bien d’avoir pactisé avec la Russie pour le déploiement de bases militaires russe au Soudan. Et depuis, les processus de déstabilisation se sont succédé. Actuellement, la situation au Soudan montre que les scénarios de déstabilisation ont pris d’autres formes. Maintenant, le plan consiste à armer et supporter un groupe armé (comme en Éthiopie) ou encore un groupe militaire et le monter contre le pouvoir en place.
Voici les propos du commandant des Forces soudanaises de soutien rapide, Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemedti, à l’encontre du pouvoir en place.
Il a accusé le chef du Conseil de transition, Abdel Fattah al-Burhan, et son armée, de bombarder les populations civiles, le qualifiant « d’islamiste radical ».
Dogolo appelle également, dans des tweets écrits en anglais, lundi, « la communauté internationale doit agir immédiatement et intervenir pour mettre fin aux crimes que commet l’islamiste radical, le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, qui lance des raids contre les civils ».
Dans ce même contexte, Hemedti a accusé l’armée soudanaise de « lancer une campagne brutale contre des innocents en les bombardant avec des avions MiG ».
« Nous luttons contre les islamistes radicaux qui veulent maintenir le Soudan isolé dans l’obscurité et loin de la démocratie », a-t-il déclaré, promettant de « continuer à poursuivre al-Burhan et de le traduire en justice ».
Le prétexte de « lutte contre l’islamiste radical » et de « démocratie » est souvent évoqué, permettant ainsi à l’armée américaine de bombarder ouvertement des pays comme l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, etc.
Washington chercherait-il à raser le Soudan comme il l’a souvent fait dans beaucoup d’autres pays ?
Pourrait-on dire que ce scénario mis en place pour déstabiliser le Soudan pourrait se reproduire ailleurs ou le pouvoir en place est militaire ? Comme le Mali, la Guinée ou le Burkina Faso ?
Et maintenant, les gouvernements qui se tournent vers la Russie, l’Iran ou la Chine, seraient des « islamistes radicaux » et seraient donc en proie à la politique destructrice des États-Unis ?