Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
Afrique : Les USA tentent ouvertement de prendre le leadership occidental sur le continent
Face aux multiples échecs des Occidentaux sur le continent africain, Paris en tête, l’establishment washingtonien tente par tous les moyens de maintenir l’influence occidentale en terre stratégique africaine. Et par la même occasion se bat pour réduire l’influence de Pékin et de Moscou sur le continent.
Les élites occidentales mettent le plein d’efforts en vue de tenter de se repositionner en Afrique. Si du côté de Paris et malgré toutes les tentatives récentes de sauver ce qui est encore possible à sauver, le constat va clairement dans le sens d’un échec évident, aujourd’hui le maître de l’axe occidental-otanesque en la qualité de Washington tente de son côté de prendre la relève et barrer la route à l’axe sino-russe et celui de la multipolarité.
Ainsi, le chef de la diplomatie US Blinken est de nouveau en tournée en Afrique. Il a visité d’abord l’Éthiopie, pays qui était pourtant encore récemment sous la déstabilisation ouverte et assumée de l’Occident, où il a annoncé « une nouvelle aide humanitaire » de 331 millions de dollars.
Le choix de l’Éthiopie n'est pas un hasard, car le pays est stratégique à bien des égards. Deuxième en termes démographique à l’échelle continentale africaine avec plus de 120 millions d’habitants, l’un des principaux partenaires de Pékin et de Moscou en Afrique, sans oublier que le siège de l’Union africaine se trouve précisément dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.
Après l’Éthiopie, Blinken sera au Niger. Le choix du Niger n’est certainement pas un hasard non plus, Niamey étant toujours orienté sur l’axe occidental, notamment sur l’Hexagone, à l’heure du large rejet de ce dernier dans plusieurs pays africains.
Mais les relations politiques ne sont certainement pas la seule raison. Le pays riche en ressources naturelles, mais dont profite bien peu la population locale – fait partie des principaux fournisseurs de l’Europe en uranium naturel, avec le Kazakhstan et la Russie. À l’heure où les structures occidentales s’alarment que des pays comme la France restent dépendants dans le domaine nucléaire vis-à-vis de Moscou.
Perdre ainsi un autre allié qui est un fournisseur de taille d’une matière stratégique serait synonyme de catastrophe pour les Occidentaux, d’autant plus qu’ils savent parfaitement qu’une large partie de la société civile nigérienne partage les convictions panafricanistes et souverainistes de ses camarades maliens, burkinabés et d’autres populations africaines.
Et cela d’ailleurs confirme également les prévisions d’Observateur Continental que les ressources naturelles stratégiques représenteront la clé du monde multipolaire post-occidental. À l’heure où il est devenu totalement évident que malgré toutes les belles paroles de l’establishment occidental quant au succès des économies néolibérales – sans l’accès aux ressources naturelles des nations non-occidentales – cet Occident est bel et bien condamné soit à de bien grandes difficultés économiques et industrielles, soit à la catastrophe pure et simple.
Une autre option qui fait trembler à ce titre l’establishment occidental est celle lorsque les pays possédant justement ces ressources naturelles stratégiques, dont nombreux se trouvent précisément en Eurasie et en Afrique, imposeront leur propre mécanisme de régulation des prix sur le marché international, indépendamment des « centres » existant en Occident, ces derniers n’ayant par la même occasion ni aucun lien avec la propriété sur lesdites ressources naturelles.
Il suffira après de créer les mécanismes nécessaires en vue de travailler conjointement pour les pays non-occidentaux sur la transformation des matières premières et c’est ainsi que les nouveaux rapports de force sur ce sujet d’importance effectivement stratégique s’imposeront.
Pour revenir donc à l’énième tournée de Blinken sur le continent africain, il serait aussi important de dire à quel point l’Afrique est importante pour les élites occidentales, qui se battent aujourd’hui de manière ouverte, et habituellement arrogante, pour sauver leurs fameux vestiges de l’unipolarité et écarter au plus tard possible leur chute déjà attendue. Mais bien que Washington tente de modifier les rapports de force sur le continent africain, à l’heure des échecs évidents de ses sous-traitants en la qualité des régimes européistes, il est peu probable que cela puisse avoir une influence notable sur la suite des événements.
Mikhail Gamandiy-Egorov
Cemac : le franc CFA et le rôle de la Centrafrique au cœur du sommet de Yaoundé
C’est à Yaoundé, au Cameroun, que se tient ce vendredi 17 mars la conférence des chefs d’États de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), premier sommet de l’institution en présentiel depuis 2019. À l’ordre du jour notamment : les impacts économiques et financiers de la guerre en Ukraine, l’avenir du franc CFA, les cryptomonnaies, le financement de la communauté...
Lors du sommet extraordinaire de 2019, dans la dynamique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), les chefs d’État du Cameroun, du Gabon, de la Centrafrique, du Tchad, du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale avaient décidé « d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre de ce partenariat ». La Commission de la Cemac et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’étaient alors vu confier la mission de « proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune ».
Dans ce document, plusieurs préconisations apparaissaient : le changement de nom de la monnaie, le retrait progressif des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Banque centrale, la clôture du compte d’opération dans les livres de la Banque de France et le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale.
Question soulevée : à quelle monnaie pourrait être arrimée la monnaie régionale ? Sur le départ, le président de la Cemac, Ona Ondo Daniel, a précisé jeudi 16 mars que la diversification des partenaires commerciaux des pays d’Afrique centrale pouvait justifier l’arrimage à un panier de différentes devises plutôt qu’à l’euro.
Ce débat intervient dans un contexte d’éloignement avec l’ancien colon français. La Centrafrique a par exemple officialisé le bitcoin sur son territoire en 2022, en pied de nez notamment au franc CFA, considéré comme un symbole de l’emprise néocoloniale française.
Lundi 13 mars, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a inauguré avec Daniel Ona Ondo un lotissement résidentiel réhabilité pour les employés de la Cemac. Le message était clair : la capitale centrafricaine est prête à accueillir à nouveau l’organisation, partie à Malabo en Guinée équatoriale en 2013, et dont un premier retour avait tourné court – quelques mois à peine – en 2018.
Daniel Ona Ondo a confirmé que, sauf avis contraire des chefs d’États, le siège « historique » serait réinvesti par son successeur. Un succès pour la normalisation de la Centrafrique, défendue par Bangui, et qui interviendra au moment où Faustin-Archange Touadéra succèdera au Camerounais Paul Biya à la tête de l’organisation, conformément à la rotation par ordre alphabétique. Un changement attendu.
La question des cryptomonnaies, qui intéresse évidemment la Centrafrique, sera ainsi discutée, alors que le cadre communautaire promis l’an dernier se fait toujours attendre. Il faut que la situation « soit éclaircie », a reconnu Daniel Ona Ondo, qui a néanmoins souligné la position constante de la Cemac : « La seule monnaie qui a cours légal dans les six pays, c’est le franc CFA. »
Un sujet d’autant plus épineux que Banqui lorgne le poste de gouverneur de la Banque centrale, censé lui revenir l’an prochain à l’échéance du mandat du titulaire, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.
Mali : Sadio brise les chaîne de la soumission
Au-delà de la livraison des avions de chasse et des drones turcs le 16 mars 2023, un changement a été fait sur le plan historique. Le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, a choisi de sortir le Mali de l’emprise de certains États amis du Mali qui refusaient pourtant que l’armée nationale soit équipée. L’acquisition de certains équipements militaires par les Forces armées maliennes (FAMA) n’aurait pas été possible, si Sadio Camara n’avait pas mis toute sa force dans la lutte pour la libération, en brisant les chaînes qui liaient le Mali à l’ancienne puissance coloniale. Tout le monde sait que les pays qui avaient secouru le Mali depuis 2012 ne voulaient pas d’une armée forte pour les Maliens.
C’est d’ailleurs, selon certaines indiscrétions, à cause de la volonté de trouver de nouveaux partenaires que Sadio Camara avait été évincé par Bah Ndaw, l’ancien président de la transition, et son Premier ministre Moctar Ouane. Paris avait fait beaucoup pour se rapprocher de Bah Ndaw qui a fait quelques déplacements dans le cercle fermé des décideurs des chefs d’Etats défendant la ligne de conduite dictée par l’Elysée. Le voyage de Bah Ndaw en France avait fini par se retourner contre son pouvoir, les jeunes officiers ayant fait le coup de force pour le balayer pour dire et montrer que Paris ne gère plus à Bamako.
Dès lors, les autorités françaises étaient dans tous leurs états, notamment Yves Ledrian, l’ancien ministre des Affaires étrangères de France. Son président Emmanuel Macron était également fâché au point de commencer à s’attaquer aux nouvelles autorités maliennes. Sadio Camara était déterminé à poursuivre le travail qu’il avait commencé en douce avec les Russes avant l’éviction de Bah Ndaw. Il a effectué plusieurs voyages dans la capitale russe pour nouer des contacts utiles avec les milieux militaires. Le ministre de la Défense du Mali ne voulait plus se contenter de simples échanges.
Le résultat de cette coopération avec la Russie est en train de donner des résultats que l’on peut voir sur le terrain. La dernière livraison d’avions de chasse russes est celle du 16 Mars 2023. Les Albatros livrés au Mali par la Russie pourraient atteindre des centaines dans les mois à venir. D’autres types d’avions comme les hélicoptères et d’autres avions de chasse permettent aujourd’hui au Mali d’être une armée bien équipée. Des armements de défense antiaérienne qui n’avaient pas été présentés au public font réagir les anciens partenaires qui auraient dû apporter au Mali ce que d’autres pays font actuellement.
Les Maliens ont mal vécu le blocage des avions achetés par le Mali par les Américains qui ont probablement agi en écoutant les Français. Deux CASA de l’armée malienne ont ainsi été bloqués à l’étranger pendant que les terroristes brûlaient champs et villages, les soldats maliens n’ayant pas les moyens de transport aérien. Comment ne pas citer aussi le refus américain de donner la licence pour l’utilisation des armes équipant les avions Super Tucano que le Mali avait acheté au Brésil ? Quel pays ami ferait une telle abomination ?
C’est à son corps défendant que le Mali est allé voir d’autres partenaires pour équiper son armée d’avion et de drones. La Turquie qui a été l’un des premiers pays à contacter les colonels est en train de livrer des drones aux FAMA depuis quelques mois. La Chine aussi fait de son mieux dans le domaine de l’équipement et des renseignements, et également la Russie et l’Iran qui sont aux côtés du Mali dans la défense de sa souveraineté. En somme, l’attitude néocoloniale et paternaliste des pays occidentaux à vouloir détruire le Mali, a permis au pays de se poser les bonnes questions au sujet de la souveraineté du Mali.