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Zoom Afrique du 6 mars 2023

Zoom Afrique du 6 mars 2023

Les titres de la rédaction :

  • Le Ghana annonce des négociations « très cordiales et fructueuses » avec la Chine sur la restructuration de la dette
  • Égypte : inauguration d’une nouvelle unité de montage de bus à New Suez
  • Togo Terminal : un accord à l’amiable porte l’État actionnaire à 30% suite au départ de Bolloré
  • Avec StarNews Mobile le Camerounais Guy Kamgaing aide les créateurs africains de vidéo à mieux rentabiliser leur contenu

 

Les analyses de la rédaction :

1. RCA : le soutien des groupes armés par l’Occident encore dénoncé 

Malgré les nombreuses dénonciations et les nombreux témoignages concernant le soutien de l’Occident aux groupes armés en Centrafrique ou encore au Mali ou au Burkina Faso, aucune mesure n’est réellement prise pour mener des enquêtes officielles concernant cette complicité dans ces crimes de guerre et ces crimes contre l’humanité. 

Le représentant spécial du président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient et l'Afrique, vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Leonidovich Bogdanov estime que ces derniers temps, les États-Unis et les pays de l'Union européenne, principalement la France, ne cessent de parler de l'activité prétendument accrue de la Russie en Afrique et menacent de tout faire pour affaiblir l'influence de la Russie sur le continent. 

Selon lui, l'Occident organise des affrontements armés, par exemple en RCA, au Mali ou dans d'autres pays afin de renverser les gouvernements en place dans ces pays, dont les autorités protègent fermement les intérêts de ses citoyens et la souveraineté des États, en gênant les pays occidentaux, qui poursuivent leurs politiques néocoloniales et ne veulent pas perdre leur zone d'influence sur le continent africain. 

Compte tenu du comportement de Washington et de l'Occident dit collectif à l'égard des États souverains, le risque que les États occidentaux incitent divers groupes armés à renverser les gouvernements en place est très élevé. Paris, par exemple, fait depuis longtemps tout son possible pour écarter le gouvernement de transition du Mali. 

Diverses méthodes et moyens sales sont utilisés pour la propagande anti-africaine, anti-russe, allant des accusations infondées de violations du droit humanitaire international et des droits de l'homme par les forces armées maliennes et les instructeurs russes, aux violations de l'espace aérien malien pour recueillir des informations à partir de drones-espions en vue d'un transfert ultérieur de renseignements à des bandes armées pour déstabiliser le pays. 

Quant à la République centrafricaine (RCA), Paris, perdant son influence politique sur place, réduit sa présence et suspend les programmes d'aide financière et économique. Les Français bloquent l'importation de carburants en République centrafricaine, ce qui a un impact négatif sur la situation socio-économique du pays. 

De nombreux rapports indiquent que les groupes armés illégaux opérant en RCA comptent, entre autres, sur le soutien organisationnel et financier de leurs anciens maîtres coloniaux, et récemment, des Européens ont été repérés parmi les militants près de la frontière avec le Soudan pour la première fois, qui, comme le pensent les responsables de la RCA, pourraient être des instructeurs ou des mercenaires occidentaux. 

De telles actions contre des États souverains sont évidemment inacceptables. Mais qui serait vraiment apte à les condamner et mettre les sanctions nécessaires en place ? 

2. Burkina : les manifestations anti-impérialiste se poursuivent

La France est très mal en Afrique de l’Ouest et sur l’entièreté du continent africain. Ce pays qui conserve encore une posture coloniale sur le continent est réellement en train de foncer vers sa perte. Même si Emmanuel Macron tente de s’incruster en Angola, une ancienne colonie portugaise, ou selon certains experts de l’Élysée, il serait judicieux pour Paris de rattraper le coup dans les pays qui ne connaissent pas la posture colonialiste de la France. 

Au Burkina Faso, les manifestations anti-impérialistes continuent et le peuple burkinabé et beaucoup d’autres, espèrent que ces manifestations se propageront dans toute l’Afrique. 

Venus des provinces et de Ouagadougou, des centaines de manifestants ont arpenté les rues de la capitale burkinabè pour dire non à l’impérialisme. La politique française en Afrique est particulièrement remise en cause par les manifestants qui ont rallié le centre-ville au camp Bila Zagré de Kamboinsin. « La France, dégage!, Non à l’impérialisme, Nous soutenons le capitaine Ibrahim Traoré jusqu’à 60 ans, A bas les accords militaires entre le Burkina Faso et la France!, Soutien total aux FDS, VDP, Soutien total au gouvernement », sont entre autres les messages qu’on peut lire sur les pancartes ou qui sont scandés par les manifestants. 

Ils disent manifester « contre les valets locaux, des politiciens à la solde de la France ». Pour eux, la recrudescence des attaques terroristes suite à la fin actée de l’opération française ‘’Sabre’’ est l’œuvre de complicités internes. 

Avec des drapeaux burkinabè, russes ou maliens et des tee-shirts et autres pancartes à l’effigie du Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré et du Président russe Vladimir Poutine, les manifestants réclament entre autres, la revue de la coopération avec la France, l’équipement conséquent des FDS et VDP, la réforme du système éducatif qui selon eux « ne reflète pas les réalités du Burkina Faso et de l’Afrique », le partage équitable des ressources, la lutte contre la corruption et la mal gouvernance, etc. 

Pour certains manifestants se réclamant d’obédience panafricaniste, « la Russie n’est pas le messie de l’Afrique », mais peut aider l’Afrique à tenir tête face à l’impérialisme occidental, dans un partenariat gagnant-gagnant. « Nous ne voulons pas chasser une force impérialiste pour installer une autre », lance Célestin Bouda, manifestant venu de Tenkodogo. 

Les manifestants réaffirment leur soutien à la Transition et au capitaine Ibrahim Traoré, aux FDS, VDP dans la lutte pour la reconquête de l’intégrité du territoire. 

Ce qui intéresse la France, mais particulièrement le président Emmanuel Macron, c’est en réalité, de continuer son processus d’enrichissement de ses amies et patron des multinationales. Car évidemment, les nombreux profits faits par les multinationales françaises en Afrique ne bénéficieront même pas à la population française et bien sûr ni africaine. Macron continue évidemment de tenter de déstabiliser des pays comme le Mali, le Burkina ou encore la Centrafrique, mais sa nouvelle stratégie constitue également de s’incruster dans des pays qui n’ont pas de passé colonial en commun avec la France. Les nombreuses manifestations anti-France, mais surtout pro-Afrique se propagent effectivement à travers le continent. Le nouveau masque que la France tente de montrer au monde pour cacher sa posture néocoloniale duperait-il encore l’Afrique ? 

3. RDC : qu’espère encore Kinshasa ? 

Samedi 4 mars, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi ont donné une conférence de presse commune à Kinshasa. Les deux dirigeants sont revenus sur le conflit à l’est de la RDC qui oppose les rebelles du M23, soutenu par le Rwanda, à l’armée congolaise. Lors de l'ultime étape de la tournée africaine du président français, un cessez-le-feu en cours de négociation est annoncé pour le 7 mars par les deux chefs d'État. 

Pas de condamnation officielle du Rwanda pour son soutien aux rebelles du M23, mais encore et toujours de nouvelles mises en garde. Voilà ce que l’on peut retenir des déclarations du dirigeant français. 

Et Emmanuel Macron était particulièrement attendu sur les enjeux sécuritaires en RDC. Le dirigeant, qui achève une tournée africaine à Kinshasa après s’être rendu au Gabon, en Angola et au Congo, a été assailli de questions posées par les journalistes congolais. Ils ont interrogé à plusieurs reprises le président Macron au sujet des relations entre Paris et Kigali, qui est accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23, dans l'espoir d'une condamnation formelle du Rwanda par le chef de l'État français. 

Qu’importe la persistance des questions, Emmanuel Macron n’a pas pris de nouvelles positions concernant les exactions menées à l’est à l'encontre des populations. En 2022, le M23 soutenu par le gouvernement rwandais a été impliqué dans une dizaine de massacres perpétrés dans l’est de la RDC dans la province du Nord-Kivu. Des centaines de civils ont été tués. Des attaques qualifiées “d’agressions injustes et barbares” par le président congolais Félix Tshisekedi samedi 4 mars 2023. 

D’autant plus que le président Macron s’est encore fait remarquer par ses réponses entièrement provocantes et immatures. En réponse à la question d’un journaliste congolais qui demandait concrètement ce que compte faire la France par rapport à l’agression rwandaise, étant donné que la France est présente depuis le début de ce conflit. Voici la réponse du locataire de l’Élysée. 

« Vous n’avez pas été capable de restaurer la souveraineté. Ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays depuis 1994. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur ». Cette phrase dit tout sur la position de son pays et de l’Union européenne d’ailleurs vis-à-vis de discours des officiels Congolais. 

Et pourtant en 1994 la période à laquelle fait allusion Macron, c’est bien la France et les Nations-Unies qui avaient obligé le Zaïre à ouvrir ses frontières pour accueillir les réfugiés rwandais avec instructions de ne pas les désarmer, qui sont à la base de la déstabilisation de l’est de la RDC. 

La question que d’aucuns pourraient se poser, qu’ont fait les Nations-Unies et la France pour que ces réfugiés retournent chez eux à part déstabiliser Mobutu, complot de Bill Clinton et ses amis du Kansas d’invasion du Zaïre ? Si Mobutu avait chassé ces réfugiés par la force, ne l’aurait-on pas accusé de crime contre l’humanité ? 

Dire aujourd’hui que les Congolais ont été incapables de restaurer la sécurité, la paix, l’administration, etc. dans leur pays depuis 1994 est une contrevérité historique. Car, au même titre que le Rwanda a chargé les Nations-Unies et la France dans leur responsabilité dans le génocide jusqu’à obtenir gain de cause, c’est pareil avec ce qui est arrivé à l’est de la RDC ! Les deux évènements sont intimement liés. Il n’y aurait jamais eu instabilité à l’Est si le Zaïre n’avait pas accueilli les réfugiés sur ordre de la communauté internationale (Nations-Unies et France). 

Certains analystes estiment qu’Emmanuel Macron est venu dire aux Congolais en face qu’ils doivent gagner leurs souveraineté, intégrité territoriale et indépendance au prix du sang. Lorsqu’il affirme par ailleurs que ce n'est pas à la France de sécuriser la RDC, il veut tout simplement faire voir que l’embargo contre l’achat d’armes est déjà levé et que rien aujourd’hui ne justifie les jérémiades de la RDC.  

Diplomatiquement, Emmanuel Macron a refusé de citer nommément le Rwanda comme agresseur protégeant et privilégiant leur relation. Qu’attend donc la RDC pour renverser cette tendance ? Et si c’était l’Angola qui avait été attaqué par la Namibie ou la Zambie… il passerait son temps à sillonner le monde à la recherche du cessez-le-feu ? N’y a-t-il pas un temps pour la paix et un temps pour la guerre ? 

Avec un budget estimé actuellement à plus ou moins quatorze milliards de dollars, la RDC est-elle incapable de se doter d’engins modernes et repousser les troupes rwandaises de son territoire et changer le rapport de force dans la région ? Le Rwanda qui pourtant ne dispose pas de coltan, sur son sol, mais pourtant, il est le premier producteur de coltan au monde. Est-ce cela qui instaure la crainte ? 

D’autant plus que malgré les nombreuses attentes de Kinshasa concernant la condamnation de l’agression du Rwanda par la France et ses alliés occidentaux, était très attendu par Kinshasa. Pourtant, la France continue de prendre des pincettes avec le Rwanda et continue donc de se moquer de la RDC, car la guerre entre la RDC et la Rwanda ne l’intéresse pas plus que cela, mais c’est plutôt les sous-sols qui intéressent Paris. (Voir la Clôture du forum économique de Kinshasa). 

Selon certains experts, “La condamnation n’est pas suffisante” et d’autres qualifient la position de la France vis-à-vis du Rwanda de “relativement timorée”.  

Le 19 décembre, par un communiqué du Quai d'Orsay, Paris condamnait pour la première fois le soutien du Rwanda au M23, puis la secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, auprès de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, avait réitéré cette condamnation. 
Selon eux, depuis ces dernières déclarations de Paris qui remontent au mois de décembre 2022, “aucun retrait notable du M23 n’a été enregistré après ces condamnations”. Même s'il y a eu condamnation, il ne se passe rien sur le terrain militaire.  

Cette condamnation est arrivée tardivement. La France n’a en tout cas condamné le soutien du Rwanda au M23 qu’après d’autres États, comme les États-Unis et la Belgique. Les Nations Unies avaient remis des rapports certes confidentiels, mais qui pointaient déjà l’aide et le soutien du Rwanda au M23. Comme d’autres pays européens, la France a tardé à condamner le soutien de Kigali aux rebelles du M23. Et rajoutée à cela, l’adoption par l’Union européenne d’une mesure d’assistance évaluée à 20 millions d’euros destinés à soutenir la poursuite du déploiement des Forces de défense rwandaise pour lutter contre le terrorisme reste tout de même significative. D’ailleurs, un journaliste congolais a même posé la question à Emmanuel Macron concernant ces 20 millions d’euros, mais le président français a tout simplement détourné la question sans soulever ce point. 

Il est également important de rappeler que peu avant son arrivée sur le sol congolais, le président français avait été critiqué par de nombreux manifestants kinois réunis à la capitale. “Emmanuel Macron n’est pas le bienvenu”, scandaient-ils, pointant du doigt l’absence de réelle condamnation par la France du soutien apporté par le Rwanda aux rebelles du M23. 

En attendant, “dans la population congolaise, on a le sentiment d’un deux poids, deux mesures”, fait savoir Christophe Rigaud. “Ils comparent le conflit à l'est avec la guerre en Ukraine”, explique-t-il. “Les Congolais en général et le président Tshisekedi en particulier attendent une position beaucoup plus ferme de la France pour une condamnation du Rwanda.  

Le M23 occupe à ce jour de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Plusieurs sommets organisés sur la situation dans l’est du pays ont recommandé le cessez-le-feu immédiat et le retrait des rebelles des zones occupées à partir du 28 février. Mais aucun signal dans ce sens sur le terrain. Malgré les multiples appels au cessez-le-feu, la rébellion poursuit l’offensive. 

Tout le monde est désormais convaincu de l’ingérence militaire du Rwanda dans les affaires de la République démocratique du Congo. L’Union européenne, la France et d’autres puissances ont exigé que monsieur Kagame cesse enfin sa politique hostile. La terreur devant le groupe M23 provoque le déplacement massif des populations, 5 millions des Congolais ont déjà quitté la zone depuis 10 ans. Pourtant, Emmanuel Macron continue de jouer les équilibristes et tente de manger à toutes les tables alors que c’est tout un peuple qui est en train de se faire massacrer au vu et au su de tous. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV