TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 10 février 2023

Zoom Afrique du 10 février 2023

Les titres de la rédaction :

  • Le Fonds OPEP annonce un nouveau financement de 50 millions $ pour le développement d’infrastructures en Afrique
  • Pétrole : le Nigeria, potentiellement le leader africain du raffinage de brut d’ici 2025
  • Les compagnies aériennes africaines ont enregistré une progression de 89,2 % du trafic passagers en 2022 (IATA)
  • Mozambique : reprise de la liaison ferroviaire entre le centre et la frontière avec le Malawi

Les analyses de la rédaction :

1. Martinique : plus proche de l’Afrique 

Avec une histoire liée à l’Afrique, la Martinique n’oublie pas ses racines et reste plus proche de l’Afrique que de la France. L’île vient d’adopter un drapeau revendiqué par les mouvements panafricains. 

Depuis le 2 février 2023, la Martinique a un drapeau et un hymne. En effet, la collectivité territoriale de Martinique (CTM) a adopté le drapeau revendiqué par les indépendantistes, rouge, noir et vert. Des couleurs directement liées aux mouvements panafricains. 

Le lien entre cette région d’Outre-Mer et l’Afrique rappelle la douloureuse histoire de la traite des Africains, qui a commencé sur l’île de la Martinique en 1635. Autrefois appelée « Madinina », l’île prendra le nom de Martinique dans les années 1670, alors que de nombreux esclaves africains y sont déportés. 

Si le mouvement panafricain prend de l’ampleur dans les années 1970, entre 1990 et 2000, le panafricanisme n’est plus vraiment à la mode à cette époque. Il faut attendre les années 2010 pour revoir fleurir un peu partout le drapeau rouge-noir-vert. En mai 2018, l’activiste Kemi Séba fait même un passage remarqué en Martinique. 

Entre francité, appartenance aux Caraïbes et panafricanisme, difficile de s’y retrouver en apparence, mais les racines restent tout de même africaines. « La discussion sur l’implication des Caribéens dans le panafricanisme, de même que celle des Africains et Afrodescendants vivant en occident n’est pas nouvelle », écrivait en 2019 le blogueur Joao dans un post consacré au panafricanisme dans les Antilles.

Il ajoutait alors que « la Guadeloupe peut faire partie d’une fédération africaine au nom de sa population majoritaire d’ascendance africaine » tout en faisant à la fois « partie d’une organisation pancaribéenne au nom de sa position géographique. Proposition qui en l’état actuel des choses n’est pas plus aberrante que de faire partie de l’Union européenne ». 

D’autant qu’entre la France, dite « métropolitaine », et les Antilles, tout comme Mayotte ou la Guyane, le silence de Paris sur les questions mémorielles incite les Antillais à se tourner vers d’autres courants, dont le panafricanisme… Si l’esclavage a été aboli deux fois par la France, en 1794 et 1848, et que les Français des Caraïbes ont participé à la Libération de la France lors de la guerre 39-45, entre Paris et la Martinique, les relations sont tendues. 

Ce n’est pas pour autant que l’indépendance est une revendication claire sur place. Mais l’adoption d’un drapeau, qui plus est aux couleurs du panafricanisme, est une belle victoire. On se souvient que la collectivité martiniquaise avait échoué dans sa première tentative en 2019. L’île a désormais son drapeau officiel. Même si, depuis plusieurs années déjà, dans les manifestations, celui-ci flottait fièrement. 

2. RDC-M23 : « Kagame ne restera pas le plus fort éternellement » 

La détérioration de la situation sécuritaire marquée par l’avancement des rebelles du M23 ne laisse pas indifférents les acteurs sociopolitiques en République Démocratique du Congo. Parmi eux, Julien Paluku, actuel ministre de l’Industrie, autrefois gouverneur du Nord-Kivu pendant 12 ans. Hier, jeudi 9 février, il a tenu à passer un message poignant à Paul Kagame, président du Rwanda qu’il a individuellement nommé « ennemi de la paix » dans l’est de la RDC. 

« Tous les Congolais et la communauté internationale savent que c’est le Président rwandais Paul Kagame, l’ennemi à la base de l’insécurité dans l’est de la RDC », a-t-il lancé dans un message adressé aux populations des zones écumées par la rébellion pro rwandaise, le M23. 

Pour Julien Paluku, le président rwandais, en plus d’être le déstabilisateur de l’est de la RDC via de nombreux mouvements armés, dont le RCD, le CNDP et le M23, est surtout le symbole du mal dans la région des Grands-Lacs. Mais, dit Paluku, il ne demeurera pas éternellement « fort ». 

« Paul Kagame et ses militaires identifiés comme ennemis peuvent paraître forts aujourd’hui. Mais il y avait des hommes forts avant lui, notamment Mobutu, Hitler, Idi Amin, mais ils avaient connu une fin », a-t-il indiqué tout en appelant les Congolais en général et les populations de l’Est du pays à demeurer « confiants » car « il y a un début et une fin » pour toute chose. 

« Soyons tous derrière notre armée, même s’ils s’occupent d’une ou deux localités, ça ne sera pas la fin. La RDC restera unie », a-t-il ajouté. 

En cette période d’instabilité sécuritaire dans la partie orientale du pays, Julien Paluku a appelé les communautés locales sous l’emprise du M23 à l’unité. 

« Il n’y a pas une communauté des criminels, mais il y a des criminels dans chaque communauté et ces criminels n’engagent pas leurs communautés respectives. Nous demandons à tous de s’unir parce qu’en pareille circonstance, l’ennemi cherche à nous diviser, beaucoup voudraient instrumentaliser les ethnies », a-t-il fait savoir dans son message. 

Le gouvernement a, à plusieurs reprises, alerté sur l’intention des rebelles du M23 de commettre des massacres à grande échelle des Tutsis congolais notamment dans le territoire de Masisi après la prise de Kitshanga. En novembre, la rébellion avait déjà exécuté des centaines de civils à Bambo et Kishishe, dans le territoire de Rutshuru. Les Nations unies ont donné un dernier bilan de 171 civils tués lors de cette expédition rebelle, mais beaucoup de sources locales ont affirmé que le nombre de morts était beaucoup plus élevé. 

Le M23 continue d’occuper plusieurs localités dans les territoires de Masisi et de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. Cette situation n’a pas épargné des populations civiles résidant dans ce coin de la République Démocratique du Congo. Des centaines de personnes menacées par des combattants armés ont trouvé refuge dans et autour d’une base de la Monusco à Kitshanga. 

Des tensions entre Kinshasa et Kigali persistent toujours, la question était au centre d’un sommet des États de l’Afrique de l’Est à Bujumbura. À l’issue de la réunion, les chefs d’État de plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Est ont appelé samedi à un « cessez-le-feu immédiat de toutes les parties » et un retrait de tous les groupes armés, « y compris les étrangers » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette réunion des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC, constituée de sept pays) à Bujumbura, la capitale du Burundi, intervenait en pleine recrudescence des violences dans l’Est congolais. 

3. Burkina-Mali-Guinée : le bloc panafricaniste se dessine

Si certains cherchent à perdre du temps en tentant de créer une « armée anti-putsch » en Afrique de l’Ouest ou à suivre des diktats qui viennent de l’extérieur, d’autres se concentrent sur l’union afin de se renforcer. Le bloc Burkina-Mali-Guinée se dessine, et surtout, se concrétise. 

Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de Guinée se sont réunis ce 9 février 2023. Ils veulent notamment s’allier pour se faire entendre auprès des organisations régionales. 

Un sommet ministériel qui a la particularité de se tenir entre trois pays en pleines transitions militaires. Lesquels pays visent à renforcer leurs relations de coopération dans un contexte sous-régional marqué par la lutte contre le terrorisme qui frappe de plein fouet les pays du Sahel, mais aussi dans un contexte où ces transitions sont tenues à l’œil par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui leur a réaffirmé sa volonté d’un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Ainsi, au Mali, la transition conduite par le colonel Assimi Goïta, est prévue pour prendre fin en mars 2024. Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré et son équipe ont en ligne de mire, le mois de juillet 2024, pour l’organisation des élections en vue du passage de témoin à un gouvernement civil. 

En Guinée, après plusieurs mois d’atermoiements et de tiraillements, les autorités de la transition conduite par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya et la CEDEAO, sont parvenues, en octobre 2022, à un délai consensuel de 24 mois pour la durée de la transition. C’est dire que même s’ils ont en commun la situation de quasi États d’exception, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée sont engagés dans des processus différents de retour à l’ordre constitutionnel, avec des agendas également différents.

C’est pourquoi, au-delà de ses conclusions, l’on peut se demander ce que l’on peut attendre de ce conclave entre la cheffe de la diplomatie burkinabè, Olivia Rouamba, et ses pairs du Mali, le colonel Abdoulaye Diop, et de la Guinée, Dr Morissanda Kouyaté, qui ont effectué le déplacement de la capitale burkinabè, pour cette rencontre de haut niveau.

La question est d’autant plus fondée qu’au-delà des échéances, si le Mali et le Burkina Faso tirent la justification de leurs putschs respectifs de la situation sécuritaire délétère en lien avec le terrorisme qui sévit durement dans ces deux pays, il en va autrement pour la Guinée qui reste, jusque-là, pratiquement épargnée par le vampire à têtes multiples.

C’est dire que le front de solidarité entre pays qui semble se dessiner aux yeux de certains pourrait reposer sur d’autres motivations autrement plus profondes. Mais quoi qu’il en soit, pourvu que les résultats soient à la hauteur des attentes des peuples burkinabè, malien et guinéen. 

Si les autorités intérimaires de ces pays se trouvent aujourd’hui des raisons de rapprochement voire des causes communes de lutte, c’est d’abord et avant tout dans les intérêts de leurs peuples respectifs. Il est primordial pour ces pays d’unir leur force. Et il y a des raisons de croire que les dirigeants actuels des trois pays se sont laissés inspirer par l’adage bien connu selon lequel « l’union fait la force ».

Mais pour ces pouvoirs de transition, le plus important pour eux est de poser des actes qui puissent marquer l’histoire de leurs peuples respectifs à travers l’adoption de résolutions qui feront date. C’est pourquoi il importe que cette démarche de rapprochement entre ces trois pays, repose sur des bases solides. Il importe aussi qu’elle soit empreinte de sincérité. C’est le seul combat qui vaille aujourd’hui pour les peuples du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, qui durement éprouvés par les affres du terrorisme et du néocolonialisme.

Autant dire que ce sont des peuples qui restent vigilants sur leurs aspirations profondes en termes de sécurité et d’amélioration de leurs conditions de vie. Et leurs dirigeants en tiennent compte. Le peuple burkinabé, malien et guinéen ont repris le pouvoir, et c’est à eux de montrer la marche à suivre à leur dirigeant respectif. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV