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Zoom Afrique du 29 décembre 2022

Zoom Afrique du 29 décembre 2022

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Les titres de la rédaction :

  • Installation du groupe parlementaire d’amitié « Algérie-Cameroun;
  • Une commission d'enquête pas assez indépendante au Tchad?
  • Kennedy Round : le Togo bénéficie d’une nouvelle cargaison de près de 3000 tonnes de riz;
  • Le Zimbabwe classé parmi les 12 pays les plus avancés d’Afrique

Les analyses de la rédaction :

Le Geran russe au Mali ?!​​​​​​

Quand la ministre allemande de la Défense a annoncé au bout de quatre semaines de oui et de non l'intention de Berlin de vouloir bien au contraire de ses paires franco-britanniques ou suisses au sein de l'Otan, de prolonger la présence de son contingent militaire au Mali tout en la conditionnant, les analystes doutaient bien que quelque chose inquiète diablement le camp occidental pour qu'il ait décidé de forcer l'Allemagne de rester à la traîne et de ne pas suivre la débandade généralisée qui secoue les rangs des troupes d'occupation en territoire malien. Et bien cette chose n'a pas tardé à refaire surface dans les jours suivant l'annonce des conditions de Berlin. La ministre de la Défense Lambrecht avait dit à son homologue malien le général Camara primo, qu'il faudrait des élections en date prévue pour mettre un terme à la transition et secundo, que les convois de l'armée malienne soient escortés au cours de leurs missions par des drones "allemands".

Or beaucoup d'experts se sont étonnés de cette curieuse condition dans la mesure où ce genre de service (drone de frappe ou de reconnaissance) on ne l'impose pas mais on l'offre ! Il a fallu à peine une dizaine de jours pour que le motif de cette demande soit connu du public au grand dam de la France et de sa Barkhane à qui l'État malien a fermé depuis près de deux ans son ciel.

Le Mali vient d'acquérir un kit de drones turcs du type Bayraktar qu'il a exposé sous les caméras du monde entier comme il en a fait autant quand la Russie lui avait livré en 2021 ses hélicoptères et équipements militaires ou encore ce super radar 3D d'alerte précoce capable de couvrir non seulement le ciel du Mali mais encore celui de tout le Sahel jusqu'Agadez au Niger qui abrite effectivement la plus grande base de drones US-OTAN au monde.

Or des drones aux mains de FAMAS cela veut dire la fin de beaucoup de choses. Cela veut dire entre autres qu'après avoir installé une méga DCA potentiellement apte à intégrer le Burkina voisin du Mali dont le ciel est régulièrement violé par Barkhane et ce malgré l'interdiction, se dote d'une Armée de l'air asymétrique ou ce qui revient au même, il passe d'une posture jusqu'ici défensive qui ne lui a pas trop réussi à une posture offensive.

En été, un Su-25 malien avec son pilote russe s'est écrasé dans des conditions suspectes et les analystes ont cru y avoir vu les premiers signes de panique d'une France de voir le plus anticolonialiste des États du Sahel s'équiper d'une armée de l'air souveraine capable de frapper non seulement les terroristes mais aussi d'intimider les troupes d'occupation qui les protègent.

Mais avec les drones, cela change un peu. Les bases occidentales aux portes du Mali sauraient difficilement faire face à une puissance aérienne composée de drones qui referait un remake des attaques russes en cours en Ukraine surtout si Bayraktar que les Famas ont tenus à dessein à médiatiser, ne soient qu'un paravent et que la vraie armée de drone malienne soit composée de Geran russes.

Cette semaine le vice-président iranien était de passage à Bamako et on est sûr que le contournement des sanctions n'était pas le seul sujet abordé. Et c'est là que Berlin et ses drones espions sont sollicités pour jouer le rôle de cinquième colonne et tenir le camp Occident au courant des évolutions aériennes au Mali.

Niger : le drame de Bounti se répète

Deux mois après l’attaque terroriste qui a visé le poste de police de Tamou, dans la région de Tillabéry, dans la zone des 3 frontières près du Burkina Faso, la commission nationale des droits humains qui s’est auto saisie de ce dossier a finalement rendu public son rapport le mardi 27 décembre. Deux policiers ont été tués dans cette attaque qui s'est suivie d’une frappe aérienne de l’armée tuant 11 personnes,

Le rapport suscite des interrogations car n’apportant rien de nouveau sur le nombre de morts donné par le gouvernement nigérien. 

Les chiffres n’ont pas évolué sur le nombre de 11 morts que le gouvernement nigérien avait annoncé au lendemain de l’attaque terroriste.

On se souvient du cas similaire au Mali, à Bounti, où une frappe aérienne de l’armée française avait visé un mariage et tué des civils. Un massacre que la France n’a jamais réellement reconnu et assumé ses responsabilités. D’ailleurs, la France a, à maintes reprises, violé l’espace aérien malien d’où l’exigence du gouvernement malien de faire traîner la France devant la justice internationale pour ses violations.

Le scénario du Mali se répète cette fois au Niger, ce pays où Barkhane s’est réfugié après son expulsion historique du Mali, ce pays où le peuple n’a pas hésité à exprimer son mécontentement depuis le début de ce redéploiement.

Dans le cas nigérien, le mouvement de la société civile, le M62, qui a parallèlement enquêté sur les événements de Tamou, ne partage pas les résultats du rapport de la commission nationale des droits humains.

Selon Abdoulaye Seydou, coordonnateur du mouvement, "il y a encore beaucoup de points qui restent sans réponse, notamment les circonstances de cet événement. En ce qui concerne notamment le fait que l’origine de l’opération était de pouvoir neutraliser les terroristes".

Il estime que "l’enquête n’a pas permis de donner des éléments à mesure d’être rassurer que véritablement l’opération qui a été déclenchée avait détruit, ciblée des terroristes et bombarder du matériel militaire n’est-ce pas caché par des terroristes".

Pour le M62 et d’autres organisations de la société civile, rien n’est encore terminé dans ce dossier dont elles n'acceptent pas les conclusions.   

Bien que le gouvernement nigérien ait accepté malgré le mécontentement du peuple, la présence de Barkhane sur son sol, ce n'est pas pour autant que le peuple accepte cette présence et ingérences étrangères.

Le fait est que maintenant que la France a trouvé de nouveaux alliés européens qui lui sert entre autres de rideaux pour se cacher derrière afin de tenter de réguler la haine anti-Barkhane et anti-Élysée qui est croissante au sein de la population nigérienne et l’ONU qui tente absolument de redorer son blason aux yeux de la population en jouant le bon flic qui est du côté de la population, la sortie de ce fameux rapport ressemblerait plus à une manœuvre politique sournoise qu’à une dénonciation de fait.

Les populations nigériennes plus généralement africaines ne tombent plus dans ces pièges grotesques tendus par l'occident pour prolonger et blanchir sa présence militaire sur le continent. Les Africains savent que pour récupérer leur indépendance, il faut couper entièrement le cordon avec l’Occident et que Barkhane et Cie quittent le continent !

Le racisme de Josep Borrell met en évidence l’échec de l’UE à engager l’Afrique en 2022

par Ahmed Adel

Lors d’une réunion de la commission du Parlement européen chargée de lutter contre l’ingérence étrangère au début du mois, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré que la sincérité du soutien des Africains à la Russie était douteuse puisqu’ils « ne savent pas où se trouve le Donbass ou peut-être ne savent-ils même pas qui est Poutine ». Cela souligne non seulement la frustration de l’Europe face à la position de l’Afrique sur la Russie au cours de 2022, mais aussi l’attitude raciste et condescendante profondément ancrée des Européens envers les Africains.

À en juger par ses apparitions publiques, on constate que l’actuel chef de la diplomatie de l’UE fait plus souvent référence à la « question africaine » que ses prédécesseurs. On se souvient que Borrell avait également fait une autre remarque raciste récemment en parlant de l’Europe comme d’un « jardin » au milieu d’une « jungle » mondiale.

C’est avec beaucoup d’optimisme que le premier sommet Union européenne-Union africaine a été organisé au Caire en 2000. Toutefois, la tenue des sommets suivants est devenue moins fréquente et le cinquième n’a même pas eu lieu avant 2017. Le sixième sommet n’a eu lieu que cette année, cinq ans après le cinquième. Ce n’est que lors du sixième sommet qu’il a été décidé que l’UE investirait 150 milliards d’euros en Afrique, principalement dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Ces fonds ne sont certes pas négligeables, mais ils ne font pas non plus époque face à la domination économique quasi inégalée de la Chine sur le continent.

Fin 2021, Pékin a publié le livre blanc « La coopération Chine-Afrique dans une nouvelle ère », qui contient des données sur la construction de plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées, 100 000 kilomètres de routes, près de 1000 ponts, 100 ports, 150 000 kilomètres de réseaux de communication, et bien plus encore. En outre, le plan chinois comprend un « corridor équatorial » stratégique, un chemin de fer qui reliera l’océan Indien à l’Atlantique – de Dar es Salaam en Tanzanie, à l’est, à Port Lobito en Angola, à l’ouest.

Par conséquent, bien que les 150 milliards d’euros promis par l’UE soient considérables, il ne s’agit que d’un petit investissement si le bloc veut rattraper la Chine.

En outre, bien que Borrell puisse penser que l’Afrique est naïve en matière d’affaires mondiales, les Africains n’ignorent pas que l’intérêt récent de l’UE pour leur continent est motivé par des considérations géopolitiques égoïstes – empêcher la croissance de l’influence chinoise et isoler davantage la Russie.

Pour une raison étrange, l’UE a été surprise que les États africains ne veuillent absolument pas suivre la voie de l’Occident en rompant leurs relations avec Moscou à cause de la crise ukrainienne. En fait, pas un seul pays africain n’a imposé de sanctions à la Russie malgré la pression de l’Occident. Cette situation est particulièrement frustrante pour l’Europe.

L’Europe a cru à tort que la position de l’Afrique vis-à-vis de la Chine pouvait s’expliquer par des facteurs économiques. Cela a conduit à la fausse croyance que si les investissements en Afrique s’intensifiaient, le continent se détournerait de la Chine et se rapprocherait de l’Europe. Cependant, comme la Russie n’a pas une présence économique aussi profonde en Afrique que la Chine, cela démonte la croyance européenne selon laquelle l’Afrique pourrait se retourner contre la Chine par la coercition économique.

Cet échec devrait obliger les Européens à réfléchir en profondeur, ce qu’ils n’aiment pas faire, car ils nient le fait que la suprématie et l’exceptionnalisme antérieurs de l’Europe ont pris fin et ne sont plus tolérés par le reste du monde, notamment dans les anciennes colonies.

C’est également pour cette raison que le président russe Vladimir Poutine, en réponse à Borrell, a fait remarquer que si l’Occident savait où se trouvait l’Afrique et quelle était la condition de ses habitants, alors « il n’interviendrait pas dans l’approvisionnement du continent africain en nourriture et en engrais russes, dont dépendent en fin de compte les récoltes dans les pays africains et qui sauvent des centaines de milliers de personnes de la famine ».

Malgré la conviction de l’UE que le bloc restera un acteur géopolitique clé en Afrique, le continent a décidément pris une voie différente, en promouvant, et en renforçant ses liens avec la Chine, la Russie et le format plus large des BRICS. L’Europe a déjà une histoire ternie de colonialisme en Afrique, et plutôt que de se comporter de manière humble envers l’Afrique, en particulier avec les centres de pouvoir émergents comme l’Égypte, elle continue de manière condescendante en faisant allusion au fait que les Africains ne sont pas assez avancés pour comprendre les affaires mondiales.

Borrell est manifestement frustré par les grandes relations de Moscou avec l’Afrique, sinon il n’aurait pas fait référence tant de fois à l’étendue de la coopération afro-russe. Mais ses remarques racistes et arrogantes à l’égard des Africains, tout en affirmant ensuite qu’il souhaite une coopération, ne changeront pas la réalité, car les liens entre la Russie et l’Afrique datent de plusieurs décennies. Les relations actuelles de Moscou avec l’Afrique sont la continuation directe de son héritage soviétique anti-impérialiste, ce dont la plupart des Africains se souviennent et qu’ils apprécient toujours.

Les Africains n’oublient pas non plus que, lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, Borrell a prétendu à tort que la Russie menaçait la sécurité alimentaire du continent en rendant impossible l’exportation de céréales depuis les ports de la mer Noire – une explication que les Africains eux-mêmes n’ont pas acceptée de la part du diplomate européen.

Quoi qu’il en soit, si les Africains sont certainement ouverts à des liens plus étroits avec l’Europe, cela ne se fera certainement pas au prix d’une rupture des liens avec la Russie. C’est une réalité dont l’Europe n’a pas encore pris pleinement conscience et qu’elle ne semble pas près d’oublier. C’est pourquoi Moscou continuera à avoir un avantage sur l’Occident en Afrique en 2023 et au-delà. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV