Le ministère iranien des Affaires étrangères a critiqué, par l'intermédiaire de son porte-parole, la répression brutale par la police française de manifestations pacifiques dans la capitale française, Paris, qui a suivi une fusillade vendredi 23 décembre contre un centre culturel kurde.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a condamné, samedi 24 décembre, l'attaque violente et raciste qui a fait plusieurs morts à Paris.
"Il y a trois morts, une personne en état d'urgence absolue, deux personnes en état d'urgence relative et le prévenu qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage", a confirmé vendredi 23 décembre la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, lors d'un point presse sur les lieux.
L'homme de 69 ans, soupçonné d'avoir tué trois personnes vendredi près d'un centre culturel kurde à Paris, a reconnu devant un policier lors de son interpellation avoir agi parce qu'il était "raciste", a indiqué samedi une source proche du dossier.
Connu pour des attaques contre des migrants en France, il a ouvert le feu à l'aveugle dans un restaurant situé en face du centre kurde, ainsi que dans le salon de coiffure adjacent.
L'homme était connu pour deux tentatives d'homicide, l'une en 2016 et la seconde l'an dernier. Il avait ensuite attaqué un centre de migrants dans le 12e arrondissement avec un sabre en 2021 et venait de sortir de prison le 12 décembre. Une enquête judiciaire avait été ouverte.
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Une source policière avait alors indiqué que l'homme était soupçonné d'avoir poignardé au moins deux migrants dans un camp parisien le matin du 8 décembre 2021 et d'avoir endommagé plusieurs tentes dans un camp du parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de la capitale. Le procureur a confirmé qu'il avait été récemment libéré.
"La République islamique est très préoccupée par le risque pour la vie des personnes, en particulier les musulmans, les minorités et les migrants", a réitéré le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Kanaani a ensuite exhorté les forces de l'ordre françaises à faire preuve de retenue à l'égard des manifestants pacifiques. Il a également présenté ses condoléances aux familles des victimes de l'attaque.
Kanaani a souligné que le gouvernement français a un passé politique d'adoption de politiques discriminatoires à l'encontre des minorités et des migrants, et que son bilan est entaché de nombreux cas de recours à la violence envers les manifestants.
Entre novembre 2018 et janvier 2019, au moins 12 personnes sont mortes lors de la répression par les forces de sécurité françaises des manifestations des Gilets jaunes qui protestaient contre les conditions de vie en France.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a ensuite ajouté que "des enquêtes impartiales sur la fusillade qui a eu lieu à Paris pourraient faire la lumière sur les différents aspects de cet incident."
Samedi, des affrontements ont éclaté pour la deuxième journée consécutive entre la police française et des manifestants kurdes en colère après le meurtre de trois membres de leur communauté par l'assaillant.
Le chef de la police de Paris, Laurent Nunez, a déclaré que la manifestation avait pris un tour soudainement violent samedi, mais que l'on ne savait pas encore pourquoi.
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S'exprimant sur la chaîne d'information BFM TV, M. Nunez a déclaré que quelques dizaines de manifestants étaient impliqués dans les violences, ajoutant qu'il y avait eu 11 arrestations et une trentaine de blessés légers.
Ce samedi, le maire et les élus du 10e arrondissement ont participé à la manifestation sur la place de la République. La maire, Alexandra Cordebard, s'est rendue sur place pour "rendre hommage aux victimes" aux côtés de responsables politiques de gauche.