Les Bahreïnis ont manifesté dans tout le pays pour condamner les répressions exercées par le régime de Manama contre les dissidents et appelé à un boycott massif des élections législatives. Les manifestations interviennent alors que les élections se déroulent sous ce que les groupes de défense des droits décrivent comme une "répression politique" de la part du régime des Al Khalifa.
Les manifestants sont descendus dans la rue vendredi soir dans le village côtier de Dumistan, brandissant des portraits du plus éminent religieux de Bahreïn, l'ayatollah Cheikh Issa Qassem, de dissidents politiques emprisonnés et de personnes assassinées par les forces du régime.
Les participants ont exprimé leur solidarité avec les prisonniers politiques et les militants emprisonnés, et ont appelé la population, toutes couches confondues, à ne pas se rendre aux urnes lors des scrutins qui ont lieu ce 12 novembre.
Les manifestants ont également appelé à la fin des violations des droits humains et à la libération des détenus politiques.
Ailleurs, dans les villages septentrionaux d'Abu Saiba et de Shakhura, des groupes de manifestants ont appelé au boycott des élections, à une solution politique globale dans le contexte de la répression de la dissidence par le régime de Manama, et ont demandé une transition de la monarchie vers un régime du peuple, par le peuple et pour le peuple, ainsi qu'une nouvelle constitution.
Un rassemblement similaire a également été organisé dans la région d'al-Muthallath al-Samoud, où les participants ont également exigé le boycott des élections.
« La responsabilité des Bahreïnis est de boycotter les élections, et y participer est une trahison », a-t-il déclaré, lors d'une allocution télévisée diffusée en direct sur plusieurs chaînes de télévision arabophones le vendredi 11 novembre.
L'éminent dignitaire chiite de Bahreïn a également indiqué que le Parlement de ce pays agit en faveur du monarque et au détriment de la nation.
Dans une déclaration publiée le 14 septembre, le principal parti d'opposition bahreïni, al-Wefaq, a présenté le boycott des élections du 12 novembre comme un devoir national, soulignant que le régime au pouvoir à Manama maintient un contrôle absolu sur le processus électoral et cherche à mettre en place une législature faible, dont la principale tâche serait de redorer l'image de la dynastie corrompue des Al Khalifa et de dissimuler ses violations des droits de l'homme. Et de poursuivre que le désaccord politique entre le régime bahreïni et la nation s'approfondit jour après jour, et que la principale raison en est, selon lui, l'absence de consensus social entre les deux parties.
« En l'absence d'une véritable administration, al-Khalifah poursuit son régime autoritaire en imposant ses volontés politiques, économiques, sécuritaires et sociales à la nation bahreïnie », ajoute le communiqué.
Les Bahreïnis ont voté ce samedi lors d'élections législatives. Plus de 330 candidats, dont 73 femmes, sont en lice pour intégrer le Conseil des représentants - la chambre basse du Parlement - qui compte 40 sièges.
Selon les autorités de Bahreïn, un peu plus de 500 candidats étaient en lice pour 40 sièges parlementaires et 30 sièges municipaux.
Il est à noter que le Parlement bahreïni se compose du Conseil élu des citoyens en droit de voter et du Conseil de la Choura, dont les 40 membres sont nommés par le roi Hamed ben Issa al-Khalifa.
Le régime bahreïni a déclaré que 344 713 électeurs avaient le droit de voter, contre 365 467 lors des derniers scrutins de 2018.
L'Institut bahreïni pour les droits et la démocratie, basé à Londres, décrivant le vote comme une « imposture », a déclaré que la législation sur l'inclusion des électeurs semblait cibler les personnes qui avaient boycotté des élections.
« Cette élection n'introduira aucun changement », a déclaré Ali Abdulemam, un militant bahreïni des droits de l'homme basé au Royaume-Uni. « Sans l'opposition, nous n'aurons pas un pays sain », a-t-il déclaré à l'AFP.
Les restrictions ont déclenché des appels au boycott des élections de samedi qui surviennent plus d'une décennie après le soulèvement populaire de 2011. Depuis lors, les autorités ont emprisonné des centaines de dissidents, dont le chef d'al-Wefaq, le cheikh Ali Salman, et ont retiré la nationalité à beaucoup d'entre eux.
Les organisations internationales de défense des droits de l'homme ont fait valoir que le scrutin est organisé dans un « environnement de répression politique ».
Citant des personnages de la société civile bahreïnie, les groupes de défense des droits ont déclaré qu'entre 6 000 et 11 000 citoyens ont été visés par ces lois, de manière rétroactive.
« Les élections offrent peu d'espoir pour des résultats plus équitables et plus justes qu'en 2018 », ont-ils déclaré.
De nombreux chiites bahreïnis se plaignent d'être victimes de discrimination dans des domaines tels que l'emploi et les services gouvernementaux dans ce pays de 1,5 million d'habitants.