Au sommaire :
1-France : la grève s’étend malgré la répression
La poursuite de la grève a été votée à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon, provoquant la première réquisition ordonnée par le gouvernement. Du côté de Total, un dialogue a été amorcé avec deux organisations syndicales, mais sans la CGT. Malgré la menace de réquisitions brandie la veille par Élisabeth Borne, des grévistes de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil ont décidé ce 12 octobre de poursuivre leur mouvement. Six des sept raffineries de France sont donc en grève : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil ; seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée.
Avant l’aube, à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon, en Seine-Maritime, une cinquantaine de salariés grévistes ont voté à main levée la poursuite de la grève, au pied de l’usine, où des palettes brûlent et sans présence policière alentour, a constaté l’AFP. Selon la CGT, 45 grévistes ont été comptés à 6h sur la centaine prévue sur le quart du matin et au service expédition, 6 salariés sont grévistes sur la dizaine en poste habituellement. La grève se poursuit aussi à la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a constaté l’AFP, où les grévistes votent à chaque changement de quart. Aucun carburant n’en est sorti depuis le 21 septembre. Chez TotalEnergies, la grève dure depuis deux semaines et prend de l’ampleur. Dans l’ensemble des sites en mouvement, la grève a été reconduite avec « quasiment 100 % de grévistes parmi les opérateurs », a indiqué tôt le 12 octobre à l’AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour l’ensemble du groupe. Pour les dépôts, le redémarrage serait immédiat en cas de réquisition, car assez simple, puisqu’il suffira d’ouvrir les vannes pour les camions. Toutefois, « s’il y a réquisition pour redémarrer la production à la raffinerie, il faudra au moins deux semaines », explique Gil Vilard, de la CGT Esso à Fos-sur-Mer, l’une des deux raffineries Esso à l’arrêt. Une première réquisition lancée sur le dépôt d’ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme. Le ministère de la Transition énergétique a précisé dans la soirée du 11 octobre que les arrêtés de réquisition du personnel étaient « prêts » pour les dépôts d’Esso-ExxonMobil.
Source : RT France
2-France : les policiers mâtent les lycéens
Le blocage de l’établissement scolaire Joliot Curie a dégénéré en affrontements entre policiers et lycéens. 14 jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue tandis que deux policiers ont été blessés par des tirs de projectiles et de mortiers. Le blocus du lycée Joliot Curie de Nanterre le 11 octobre a dégénéré en affrontement entre forces de l’ordre et lycéens. Suite à la grève reconductible des enseignants et des rassemblements des élèves « pour réclamer le rétablissement de l’aide aux devoirs, la levée de l’interdiction pour les tenues amples, type abayas, perçus comme des vêtements à connotation religieuse et pour soutenir leur professeur de mathématiques Kai Terada » (suspendu et muté le 10 octobre en raison notamment de comportements pouvant « excéder le cadre du mandat syndical » de l’enseignant, la police a été dépêchée à la demande de l’Éducation nationale pour éviter un second jour de blocage dans l’établissement, rapporte Le Parisien.
🗞️Communiqué de presse
— Préfet des Hauts-de-Seine 🇫🇷🇪🇺 (@Prefet92) October 11, 2022
Le préfet appelle à l’apaisement au lycée Joliot-Curie de Nanterre.
👉Tous nos communiqués de presse▶️https://t.co/RF8TOx3aql pic.twitter.com/Iwf8TKo8xZ
Deux policiers ont été blessés, a fait savoir le préfet : « Suite à la tentative de blocage du lycée Joliot-Curie de Nanterre, un dispositif coordonné a été mis en place avec l’Éducation nationale, afin d’assurer le libre-accès au lycée des 1600 élèves, des équipes pédagogiques et du personnel administratif, poursuit le représentant de l’État. Les forces de l’ordre ont alors été prises à partie par plusieurs individus. » (...)
Un blocus a dégénéré ce matin au lycée Joliot Curie de #Nanterre en soutien à un professeur de mathématiques suspendu puis muté pour son activité syndicale. 14 lycéens ont été arrêtés par la police et sont encore en garde à vue. Un élève a été blessé et est à l’hôpital #KaiTerada pic.twitter.com/3zuNHMk7Ap
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) October 11, 2022
Ce deuxième jour de blocage consécutif a vite tourné au vinaigre. Dès 7h30 le 11 octobre, les élèves étaient réunis pour manifester. Les forces de l’ordre ont commencé les fouilles et la situation s’est envenimée. Projectiles et mortiers contre gaz lacrymogènes et LBD. Les enseignants estiment que la présence policière « massive » a contribué « à tendre la situation » et se sont dits « choqués » par la « disproportion entre les moyens policiers déployés et la réalité d’un blocus pacifique d’adolescents devant leur établissement scolaire ». (...)
En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/france/101691-blocus-affrontements-avec-police-que-passe-lycee-joliot-curie-nanterre
Source : RT France
3- Pont de Crimée frappé : un plan british ?
Selon des documents obtenus par le média d’investigation américain The Grayzone, un plan prévoyant la destruction du pont de Crimée aurait été envisagé au sein des renseignements britanniques, six mois avant la récente explosion qui s’y est produite. Célébrée avec enthousiasme par les mêmes et les Gifs abondamment partagés au sein d’une partie du paysage politico-médiatique occidental, l’explosion survenue le 8 octobre sur le pont de Crimée a été qualifiée par Vladimir Poutine d’« acte terroriste » qu’il a imputé aux services secrets ukrainiens. Alors que le FSB vient de publier, le 12 octobre, des éléments pointant l’implication de Kiev dans cette attaque, une enquête, publiée le 10 octobre, par le média américain The Grayzone révèle que la destruction de l’infrastructure russe en question aurait par ailleurs figuré dans des plans partagés six mois plus tôt au sein des services de renseignement britanniques.
Le média d’investigation explique avoir obtenu une présentation datant d’avril 2022 faisant apparaître « un plan élaboré [pour] faire sauter le pont de Kertch en Crimée avec la participation de soldats ukrainiens spécialement formés ». Des plans britanniques transmis à Kiev ? Selon les révélations de l’équipe de Grayzone, le plan britannique aurait inclus des modes opératoires assez éloignés du recours à un camion piégé comme cela s’est produit le 8 octobre, puisqu’y étaient mentionnées l’utilisation d’« une batterie de missiles de croisière [afin de] viser les deux piliers en béton de part et d’autre de l’arche centrale en acier » ou encore la mise en place d’« une équipe de plongeurs d’attaque ou de [véhicules sous-marins sans pilote] équipés de mines à patelle et de charges coupantes linéaires ». (...)
4- Autriche : une économie s’écroule
L’Autriche est confrontée à ce qui pourrait être sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale, a déclaré mercredi le ministre des Finances lors de son discours au Parlement, présentant un projet de budget.
Magnus Brunner a souligné que les sanctions de l’UE contre la Russie étaient la principale cause du ralentissement et a déclaré qu’il était impossible de prédire la fin de la crise, car la situation actuelle pourrait se reproduire dans les années à venir.
Brunner a noté que les entreprises et les ménages autrichiens ressentent l’impact des sanctions anti-russes. Il a souligné que les appels à la levée des restrictions imposées à la Russie sont « émotionnellement compréhensibles », mais qu’il n’y a aucune garantie d’un retour à la coopération antérieure avec Moscou. L’Autriche, qui dépend fortement du pétrole et du gaz russes, a résisté aux plans de l’UE visant à restreindre les importations en provenance de Moscou. En mars, Bruxelles a déployé un plan visant à réduire de deux tiers la dépendance au gaz naturel russe avant la fin de l’année. La proposition fait partie d’un plan plus large visant à devenir indépendant de tous les combustibles fossiles russes « bien avant 2030 ».
La Fédération des industries autrichiennes a averti plus tôt que la suspension de l’approvisionnement en gaz russe serait « un coup dur » pour le bien-être du peuple autrichien, car elle menace quelque 300 000 emplois. Selon la fédération, la quasi-totalité de l’industrie alimentaire dépend de l’approvisionnement en « carburant bleu ». Pendant ce temps, la flambée des prix de l’énergie a fait grimper l’inflation dans le pays. Le gouvernement autrichien a déjà introduit plusieurs programmes anti-inflationnistes pour soutenir les ménages et les entreprises, notamment en augmentant les prestations sociales pour les chômeurs et les autres groupes vulnérables. »
Source : Fars News
5- Dépenses militaires françaises : la facture ultra-salée
Les provisions « OPEX/MISSINT » se sont révélées insuffisantes. Si l’article 4 de la LPM prévoyait un recours à la solidarité gouvernementale pour financer la différence, celle-ci a toujours été prise en charge sur les deniers du ministère des Armées, notamment via des redéploiements de crédits [notamment ceux du titre II, c’est-à-dire les dépenses de personnel]. Mais pas seulement.
« Tous les programmes contribuent au financement de ces surcoûts en cours d’année, ce qui se révèle particulièrement pénalisant pour les forces qui ont peu de marges de manœuvre en gestion, si ce n’est l’entraînement », avaient ainsi déploré l’ex-députée Sereine Mauborgne, dans un avis budgétaire publié en 2020.
L’an passé, le surcoût total des OPEX/MISSINT s’était élevé à 1,56 milliard d’euros, en grande partie à cause de l’opération Barkhane. Et cela, alors qu’il était attendu en baisse, après la fin du « califat » autoproclamé de l’État islamique au Levant. Pour combler la différence, le ministère des Armées avait dû, de nouveau, consentir à des redéploiements, voire à des annulations, de crédits.
Qu’en sera-t-il pour la fin de gestion de l’année 2022 ? Une chose est sûre : la note s’annonce salée, comme l’a laissé entendre le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors d’une audition au Sénat, le 11 octobre. Ce qui n’est pas une surprise, notamment à cause du départ de Barkhane du Mali [le retrait d’un théâtre se traduit toujours par une hausse des dépenses, liées à la nécessité de mettre en place des flux logistiques importants et d’en assurer la protection] et de la participation française au renforcement du flanc oriental de l’OTAN.
« Pour 2022, je ne peux pas encore répondre [sur le niveau des surcoûts OPEX/MISSINT] mais il est clair que les crédits vont être importants », a déclaré M. Lecornu, citant la « manœuvre entre le Mali et le Niger, qui a été une grande réussite logistique » et les « moyens de réassurance sur le flanc est de l’OTAN ».
Globalement, a-t-il précisé, « Roumanie, Estonie, Pologne, Lituanie… au moment où je vous parle, on est déjà à quelque chose qui peut se chiffrer autour de 600/700 millions d’euros ».
Cette évaluation prend, a priori, en compte les déploiements à venir d’un escadron de char Leclerc et d’une compagnie de VBCI en Roumanie, où la France est la nation-cadre d’un bataillon multinational de l’OTAN, ainsi que l’envoi de Rafale en Lituanie et celui d’une compagnie d’infanterie légère supplémentaire en Estonie.
« Il faut que l’on fasse de la pédagogie auprès de nos concitoyens. Construire un camp à Cincu [Roumanie] dans de bonnes conditions coûte nécessairement un peu d’argent. Donc, tout ça, il faudra aussi qu’on l’assume. Et donner le prix de ce que nous faisons participe aussi à l’acceptabilité sociétale. Je pense qu’il faut faire cartes sur table », a par ailleurs estimé le ministre.
Si le coût de l’opération Barkhane a été plus élevé en raison de son retrait du Mali [ou même s’ils sont du même ordre que ceux constatés en 2021], alors le total des surcoûts OPEX/MISSINT devrait dépasser les deux milliards d’euros cette année. Et, contrairement à la pratique de ces cinq dernières années, il n’est pas question pour M. Lecornu que le ministère des Armées soit le seul à en assumer le financement.
« Quand on est au-dessus [de la provision de 1,2 milliard d’euros, prévue en loi de finances initiales, ndlr], la solution reste la solidarité interministérielle, qui, je le dis, est un bon principe. C’est la loi. C’est un bon principe parce qu’il y a quelque chose de différend à défendre le pays et être engagé en OPEX. […] Et on ne doit pas être freiné dans la capacité à [agir] », a fait valoir le ministre. Reste à voir ce qu’en dira Bercy… On connaîtra la réponse lors du prochain projet de loi de finances rectificative.
Source : Opex360