Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
Mali/Guinée: CEDEAO mis au chaos !
Plus le Mali et la Guinée avancent dans le droit fil de la création d’une coalition interafricaine sans précédente au Sahel et dans la côte dans l’objectif de coordonner leurs efforts dans la lutte anti-terroriste mais surtout dans l’objectif de couper toutes mains étrangères et interventionnistes en Afrique, plus l’axe US-OTAN tente de son côté d’intensifier les pressions afin de paralyser cet axe.
La panique au sein de cet axe déstabilisateur a atteint son apogée notamment depuis la dernière visite du général Doumbouya à la veille du sommet de la CEDEAO au Mali. Une visite qui avait les allures d’une contre-offensive US-OTAN.
De plus, les Maliens qui ont célébré, jeudi, le 62ème anniversaire de l'indépendance (22 septembre 1960 ), ont enregistré la présence à Bamako, du président de la Transition de la République de Guinée, le colonel Mamady Doumbouya et des ambassadeurs accrédités au Mali.
Le colonel Doumbouya "a été accueilli, avec tous les honneurs, à sa descente de l’avion présidentiel de la République du Mali, par le président (Assimi) Goïta", chef de la junte malienne, ont indiqué les services de ce dernier dans un communiqué qui parle de "visite d'amitié et de travail".
Les autorités maliennes ont envoyé l'avion chercher le colonel Doumbouya à Conakry. Des photos diffusées par les autorités maliennes montrent les deux hommes en treillis et béret effectuer le salut militaire.
"Je suis à Bamako à côté de mon frère, le président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère", dit le colonel Doumbouya cité dans le communiqué.
De son côté, et dans le contexte où la CEDEAO ne cesse de menacer le Mali et la Guinée, le président Conakry a sorti une réponse caustique contre le président Umaro Sissoco Embaló. La présidence guinéenne a répondu à la sortie du président en exercice de la CEDEAO qui a déclaré sur RFI-France24 que la Guinée risque de lourdes sanctions si elle maintient la durée de la transition à trois ans.
« Nous regrettons cette sortie solitaire, irresponsable et inappropriée à l’égard du peuple souverain de Guinée », a dit Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence, porte-parole de la présidence.
Écoutons l’intégralité de cette réponse ferme.
USA ou France; l'objectif reste la même: la colonisation
Avec Pepe Escobar
Dans un environnement rationnel, la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) discuterait de l’allègement des épreuves et des tribulations des pays du Sud, en particulier de l’Afrique.
Ce ne sera pas le cas. Comme un cerf pris dans les phares géopolitiques, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a émis des platitudes sur un sombre « hiver de mécontentement mondial », alors même que les prophètes de malheur impériaux critiquaient le « manque de foi » de l’ONU et fustigeaient la « guerre non provoquée » déclenchée par la Russie.
António Guterres a parlé de l’Afghanistan, « où l’économie est en ruine et où les droits de l’homme sont bafoués » – mais il n’a pas osé donner de contexte. En Libye, « les divisions continuent de mettre en péril le pays » – là encore, aucun contexte. Sans parler de l’Irak, où « les tensions actuelles menacent la stabilité en cours ».
L’Afrique compte 54 nations membres de l’ONU. Toute réunion de l’Assemblée générale des Nations unies véritablement représentative devrait placer les problèmes de l’Afrique au premier plan. Une fois encore, ce n’est pas le cas. Il revient donc aux dirigeants africains d’offrir ce contexte indispensable en dehors du bâtiment de l’ONU à New York.
Seul membre africain du G20, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a récemment exhorté les États-Unis à ne pas « punir » l’ensemble du continent en forçant les nations à diaboliser ou à sanctionner la Russie. L’introduction par Washington d’une législation baptisée « Countering Malign Russian Activities in Africa Act » (loi sur la lutte contre les activités malignes de la Russie en Afrique), dit-il, « nuira à l’Afrique et marginalisera le continent ».
Pour rappel, les États-Unis ont apporté leur soutien à la CEDEAO pour ses efforts dans le cadre de la stabilité et la paix au Mali, a indiqué la représentante américaine aux Nations Unies. Il va sans dire que Washington soutient les sanctions contre Bamako.
Lors d’une déclaration au Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que « nous partageons la profonde déception de la CEDEAO face au manque flagrant de volonté politique dont a fait preuve le gouvernement de transition du Mali pour progresser vers l’organisation d’élections, car il s’est engagé à faire à la suite du coup d’État d’août 2020 ».
« Nous exhortons le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie. C’est ce que le peuple malien a demandé ; c’est ce qu’ils veulent ; c’est ce qu’ils méritent. Une transition de cinq ans n’est pas dans leur intérêt et prolonge la douleur du peuple », a-t-elle indiqué.
Elle assure à son homologue malien aux Nations Unies que son pays est disposé à travailler avec le gouvernement malien pour la paix et la stabilité du pays. « Notre objectif est de travailler avec vous. . . .Travaillons ensemble pour apporter la stabilité au Mali et à son peuple et pour ramener le Mali dans la communauté des nations auxquelles le Mali appartient », prétend Linda Thomas-Greenfield.
De plus, les initiatives impériales en Afrique – à l’exception de l’Africa Command (AFRICOM) de l’armée américaine, qui équivaut à une militarisation brute du continent – nous amènent au cas curieux de la YALI (Young African Leaders Initiative), largement présentée dans l’axe Washington-New York comme la politique « la plus innovante » des années Obama.
Lancée en 2010, l’initiative YALI a été présentée comme « l’autonomisation de la nouvelle génération de dirigeants africains » – un euphémisme pour les éduquer (ou leur laver le cerveau) à la manière américaine. Le mécanisme est simple : il s’agit d’investir dans des centaines de jeunes leaders africains potentiels et de les faire venir dans des universités américaines pour une courte « formation » de six semaines sur « les affaires, le leadership civil, l’entrepreneuriat et la gestion publique ». Ensuite, quatre jours à Washington pour rencontrer des « dirigeants de l’administration » et une séance de photos avec Obama.
Le projet, coordonné par les ambassades américaines en Afrique, s’adressait aux jeunes hommes et femmes originaires des 49 pays d’Afrique subsaharienne – y compris ceux qui font l’objet de sanctions américaines, comme le Soudan, l’Érythrée et le Zimbabwe – maîtrisant l’anglais et s’engageant à retourner en Afrique. Au cours des premières années, environ 80% d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds aux États-Unis et plus de 50% avaient grandi en dehors des grandes villes.
Cette initiative est toujours en cours. En 2022, la MWF devrait être accordée à 700 « jeunes leaders exceptionnels d’Afrique subsaharienne », qui suivent des « Leadership Institutes » dans près de 40 universités américaines, avant leur court passage à Washington. Après quoi, ils sont prêts pour un « engagement à long terme entre les États-Unis et l’Afrique ».
Les États-Unis, dans le cadre de l’initiative YALI, ont donc « formé 1000 jeunes Nigérians à reconnaître les signes de désinformation et de désinformation en ligne et dans les médias ». Et maintenant, la suite est constituée d’ateliers de « formation des formateurs », « enseignant à 40 journalistes, créateurs de contenu et militants (dont la moitié seront des femmes) de Yobe, Borno, Adamawa, Zamfara et Katsina comment identifier, enquêter et signaler la désinformation ». Facebook, à qui le FBI a ordonné de censurer les faits « gênants », susceptibles de modifier les élections, ne fait pas partie du programme.
L’initiative YALI est le visage doux et instagrammé de l’AFRICOM. Les États-Unis ont participé au renversement de plusieurs gouvernements africains au cours des deux dernières décennies, avec des troupes formées par l’AFRICOM, obsédé par le secret. Il n’y a eu aucun audit sérieux du Pentagone sur l’armement des « partenaires » locaux de l’AFRICOM. Pour ce que nous en savons – comme en Syrie et en Libye – l’armée américaine pourrait être en train d’armer encore plus de terroristes.
Et comme on pouvait s’y attendre, tout cela est bipartisan. Le néocon enragé et ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, en décembre 2018, à la Heritage Foundation, a été on ne peut plus clair : les États-Unis en Afrique n’ont rien à voir avec le soutien à la démocratie et au développement durable. Il s’agit de contrer la Russie et la Chine.
Du 13 au 15 décembre, la Maison Blanche prévoit un grand sommet des dirigeants américains et africains à Washington pour discuter principalement de la sécurité alimentaire et du changement climatique – à côté des éternelles conférences sur la démocratie et les droits de l’homme. La plupart des dirigeants ne seront pas vraiment impressionnés par cette nouvelle démonstration de « l’engagement durable des États-Unis envers l’Afrique ». Eh bien, il y a toujours l’initiative YALI. Tant de jeunes dirigeants à endoctriner, si peu de temps.
Burkina: de quoi a peur la France ?
Au Burkina Faso, le chef d’état-major particulier de Macron est en « opération déminage » auprès de Damiba. L’amiral Jean-Philippe Rolland était en mission à Ouagadougou, à la mi-septembre. Objectif : apaiser les relations crispées entre les militaires français et burkinabè.
Mais est-ce réellement le cas ? N’est-ce pas plutôt une panique semée au sein de l’axe US-OTAN depuis la visite de Damiba au Mali où ce dernier a plaidé pour le renforcement des coopérations militaires ? La relance de l’initiative des forces de défense populaire est-elle à l’origine de cette panique et donc cette visite précipitée du chef d’état-major particulier de Macron au Burkina Faso ?
Écoutons les explications de Luc Michel, géopoliticien à ce sujet.