Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
Burkina : Barkhane bientôt expulsée ?
Est-ce possible d’avoir la paix quand on a un pays militairement occupé ?
Mais depuis le coup d'État pro-France qui a eu lieu au Burkina et que Kaboré a été mis à la porte au détriment des forces populaires qui n'ont été plus ou moins désarmées où en est cette paix et réconciliation comme le déclare cette pétition lancée par "un groupe de Burkinabé"?
Voyons une partie du texte de cette pétition :
« Pays de tradition, paisible et de forts liens séculiers entre les communautés, notre Nation a connu, depuis son indépendance, un climat de paix, de vivre ensemble et de tolérance reconnu à l’intérieur comme à l’extérieur. Nous saisissons l’opportunité ici, pour rendre un hommage appuyé à nos Forces de défense et de sécurité, aux volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) et à toutes les personnes éprouvées par cette crise abjecte. Appelons tous les Burkinabés et la diaspora à s’approprier la pétition citoyenne comme un outil social de manifestation de notre volonté commune à un vivre-ensemble et à une union sacrée pour la survie de notre Nation… »
Il semblerait que la vague anticolonialiste qui a commencé au Mali et qui a fini par l’expulsion des forces interventionnistes est désormais répandue au Sahel et c’est au Burkina que ce scénario fait des émules.
Le mouvement "M30 Naaba wobgo", auteur de la manifestation dispersée par la police contre l’ambassade de France au Burkina Faso, a dénoncé vendredi, à Ouagadougou, lors d’une conférence de presse, les accords militaires signés par les autorités burkinabè avec la France depuis 1961.
La coordonnatrice du mouvement, Yéli Monique Kam, a fustigé le caractère lointain des accords avec la France signés le 24 avril 1961, soulignant que ces accords maintenaient le Burkina Faso "sous tutelle comme une colonie".
Elle a soutenu que son mouvement s’est donné pour objectif de "lutter à partir de cette année pour la rupture de ces accords", car dit-elle, "la France doit partir".
Le vendredi 12 août courant, des centaines de personnes répondant à l’appel du Mouvement avaient tenté d’organiser une manifestation interdite par les autorités municipales. La manifestation avait été réprimée par la police nationale, avec au bilan des blessés et des interpellations, dont Hermann Timbwaoga Zoungrana, selon un bilan dressé par les responsables du mouvement.
Il ne faut pas oublier que le Burkina a été le premier pays à avoir bloqué le convoi militaire de la force Barkhane, les villageois de Kaya ayant fait preuve de résistance, de souverainisme et d’un courage exemplaire face aux forces françaises qui n’ont pas hésité de tirer vers le peuple afin de faire passer leur convoi.
Alors que depuis le coup d’État au Burkina Faso, l’axe US-OTAN tente de faire glisser ses politiques et ses lignes au Burkina, et en première ligne, d’affaiblir l’armée, celle-ci à prouvé qu’elle reste souveraine et indépendante, malgré toutes les tentatives de déstabilisation et continue d’assurer la sécurité du peuple.
C’est dans ce cadre que l’armée burkinabè a affirmé vendredi, avoir neutralisé 114 "terroristes" dans diverses opérations antiterroristes menées du 15 juillet au 15 août et qui ont couté la vie à quatre soldats, quatorze combattants volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée) et cinq civils.
Malgré les accusations des ONG occidentales quant à des exactions et des crimes de guerre contre cette armée souverainiste, l’armée et les forces de défenses populaires avancent ensemble dans le cadre de la sécurité et de la stabilité du pays.
Il reste que le peuple résiste et persiste et qu’il suive le chemin de la résistance malienne. Le Mali a non seulement expulsé Barkhane, mais a déclaré haut et fort que tout acteur déstabilisateur de n’importe quelle origine, sera attaqué et ciblé par ses forces. Pour le Burkina Faso, le chemin est long, mais tout à fait concevable.
RDC-Russie : un nouveau tournant dans la sécurité à l’Est ?
Le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda, s’est rendu le 17 août 2022 à Moscou pour participer à la conférence internationale sur la sécurité au cours de laquelle il a eu à faire un briefing sur la situation sécuritaire en RDC a l’adresse des pays amis.
Il a en même temps saisi l’occasion pour solliciter, au nom du gouvernement de la RDC, l’accompagnement multiforme de la Russie dans la traque des groupes armés actifs à l’est du pays.
Mais déjà les États-Unis sont contre l'initiative du président et du gouvernement congolais.
Selon quelques Américains, il faut des négociations avec les pays voisins afin de partager les richesses de l'est du Congo qui sont à la base de l'instabilité de la région du grand lac.
Pour reprendre fidèlement ses propres mots : “L’objectif immédiat du ministère congolais de la Défense est de mobiliser et d’obtenir les moyens nécessaires à fournir aux forces armées de la république de la RDC en faveur des opérations contre les groupes armés au Nord-Kivu, Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri.
L’appui multiforme de la Russie et de l’ensemble des pays participants à cette conférence est vivement souhaité » a-t-il déclaré.
Dans le contexte géopolitique actuel de la guerre de l’Ukraine où le monde se redivise de nouveau en deux blocs (pro-occidental et pro-sinorusse), cette nouvelle position gouvernementale de la RDC est riche de significations.
Tout semble faire croire qu’elle est étroitement liée à la non-condamnation claire du Rwanda par Antony Blinken qui a préféré renvoyer dos à dos la RDC et le Rwanda, tout en maintenant l’aide militaire américaine au Rwanda.
Ce qui a fait comprendre à Kinshasa qu’il n’a plus grand-chose à attendre de l’oncle Sam pour pouvoir stopper le chaos sécuritaire dans sa partie orientale.
Ce revirement à 180⁰ d’un gouvernement qui a voté en faveur de sanctions de l’OTAN contre la Russie ne laissera personne indifférent dans l’actuel croisement de fers entre Washington et Moscou.
Ce qui est sûr, c’est qu’on s’achemine lentement mais sûrement vers la fin du mensonge international sur la guerre de l’Est congolais et vers la nécessaire recomposition des alliances.
La seule et grande inconnue dans ce nouveau paysage politique reste la réaction de ces puissances qui depuis février 1885, ont toujours considéré le Congo comme leur pré-carré imprenable en raison de sa position géostratégique et de ses nombreuses ressources minières pour le fonctionnement de leurs industries de pointe.
Cela dit, depuis un certain temps, le peuple congolais a également tranché la question. Pas de forces étrangères occidentales sur son territoire. Les dernières manifestations contre la présence néfaste de la Monusco, l’hostilité contre la politique de Washington se répand de plus en plus, et lors des manifestations les drapeaux russes sont également visibles. Pour le peuple congolais, la situation est claire, ils veulent que leur pays suive la politique anti-néocolonialiste du Mali, de la Centrafrique ou encore de l’Éthiopie. En tout cas, les Congolais ont déjà emprunté cette voie.
Nigeria : retour des réfugiés ; l'Occident en panique
Le président nigérian Muhammadu Buhari s’est rendu à Maiduguri pour une visite de terrain, jeudi 18 août, au cours de laquelle il a notamment réitéré la volonté des autorités de renvoyer les personnes déplacées sur leurs terres d'origine. Ce processus périlleux a débuté à la fin de l'année dernière, avec la fermeture des camps de déplacés de la ville de Maiduguri.
Comment peut-on analyser cette décision du président nigérian ?
Plus d’analyse avec Luc Michel, géopoliticien à ce sujet.