Titres de la rédaction
La Russie et le Congo évoquent le prochain sommet Russie-Afrique
Céréales : l’Union africaine « se félicite » de l’accord entre la Russie et l’Ukraine
Tchad : les groupes rebelles réintègrent le prédialogue de Doha
Ligne ferroviaire Benin - Niger : Le contrat de concession résilié
Analyses de la rédaction
1. RDC : Monusco dégage !
En RDC, la tension est vive depuis le matin de ce lundi 25 juillet dans plusieurs coins de la ville de Goma Nord-Kivu. À la base, des nouvelles manifestations pour exiger le départ de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO). C’est sur initiative des mouvements citoyens en appui aux actions entamées depuis samedi par les femmes qui ont également manifesté pour décrier la complicité de la communauté internationale dans l’insécurité dans l’est de la RDC.
Ce lundi, des manifestants ont érigé des barricades sur la chaussée, bloquant ainsi toute circulation. C’est le cas des axes deux lampes-Majengo, Mutinga-Katoyi, Kituku-Lasapientia, Katindo-Ndosho, Office-Virunga et autres.
Des manifestations ont également été signalées devant le quartier général de la MONUSCO au centre-ville et devant sa base logistique située au quartier Katindo, non loin du campus universitaire du lac. L’on parle de certains actes de vandalisme qui auraient été perpétrés dans certaines installations de la MONUSCO.
Dans un communiqué signé ce dimanche, le maire de Goma, le commissaire supérieur principal, François Kabeya demande plutôt à la population de la ville de Goma de vaquer librement à ses occupations pour cette journée du lundi 25 juillet, contrairement aux rumeurs faisant état d’une ville morte.
Ces manifestations sont enregistrées, seulement quelques jours après le passage du Président du Sénat à Goma, Modeste Bahati Lukwebo, qui a d’ailleurs dénoncé également l’inefficacité de la Mission de l’ONU en RDC pour le rétablissement de la paix dans l’Est. Il s’était d’ailleurs interrogé sur l’importance de continuer à garder la MONUSCO en RDC, 20 ans après, sans résultats concrets sur le terrain.
Depuis plus d’un mois maintenant, la cité de Bunagana, poste frontalier avec l’Ouganda dans le territoire de Rutshuru, est toujours sous occupation des rebelles du M23 appuyés par le Rwanda.
Des installations de la Monusco à Goma dans l’est de la République démocratique du Congo ont été pillées par des manifestants en colère, dix jours après un appel du président du Sénat au départ des Casques bleus.
Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, des centaines de manifestants scindés en deux groupes ont pris d’assaut le siège local de la mission onusienne ainsi que sa base logistique située hors du centre de la ville.
Au Quartier général de la Monusco, ces manifestants en colère ont brûlé des pneus et des objets en plastique devant le portail puis ont cassé le mur de la clôture.
Les manifestants ont ensuite cassé les vitres, les murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur.
Des agents de la Monusco présents sur le site ont été évacués à bord de deux hélicoptères.
Des scènes similaires se sont aussi produites à la base logistique de la Monusco où un élève en uniforme a été atteint à la jambe par une balle tirée de l’intérieur de la Base logistique.
La police onusienne a usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants avant l’intervention des militaires des Forces armées de la RDC.
« Certains manifestants ont escaladé les murs de notre enceinte » à Goma, a déclaré Khassim Diagne, chef adjoint de la Monusco.
« Ce sont des pilleurs. Nous les condamnons avec la plus grande fermeté. C’est carrément du vandalisme », a-t-il dit. Le 15 juillet à Goma, le président du Sénat congolais Modeste Bahati avait demandé, lors d’un meeting, à la Monusco de « plier bagage » après 22 ans d’une présence qui n’a pu imposer la paix dans la partie orientale de la RDC, déstabilisée depuis près de trois décennies.
La manifestation avait été organisée à l’appel des organisations de la société civile et du parti au pouvoir, Union pour la démocratie et le progrès social.
Les Congolais emboîtent le pas aux Maliens. Ils en ont marre de voir des troupes étrangères occuper leur pays sous des prétextes de lutte contre l’insécurité, alors que la situation sécuritaire s’aggrave et le massacre des Congolais continue et tout cela pour que les multinationales continuent leur pillage des ressources dans la région de l’Est. Les Congolais sont les seuls à mettre fin à ces instabilités provoquées volontairement par des tiers !
2. Mali : les terroristes en déroute !
L’armée malienne a indiqué avoir déjoué une nouvelle attaque contre un camp militaire du centre. Cet assaut survient 48 heures après une attaque contre la ville-garnison de Kati, non loin de la capitale, Bamako.
« Notre camp de la garde nationale a été attaqué, ce dimanche, à Sévaré par des terroristes », a dit le haut gradé du camp de la garde nationale de Sévaré, ajoutant que « lors de la riposte, nous avons neutralisé un terroriste. La situation est sous contrôle ». Cette attaque intervient environ 48 heures après celle de Kati, ville-garnison où se trouve la résidence du président la Transition malienne, le Colonel Assimi Goïta.
Si l’assaut de ce dimanche 24 juillet 2022 n’a pas encore été revendiqué, l’attaque de vendredi par contre, a été signée par le groupe terroriste GSIM. « Nous disons au gouvernement de Bamako : si vous avez le droit d’engager un mercenaire pour tuer des innocents sans défense, alors il est de notre droit de vous détruire également », a menacé le groupe.
Le décor semble planté pour une guerre par procuration entre la France et la Russie au Mali, dans la mesure où l’Associated Press fait désormais passer d’authentiques terroristes pour de simples « rebelles extrémistes/djihadistes » dans le but de conditionner le public à un remake du scénario syrien en Afrique de l’Ouest.
Dans son article sur l’attaque sans précédent contre la plus grande base militaire du pays, près de la capitale Bamako, par un groupe qui, de l’aveu même de l’Associated Press, est lié à Al-Qaïda et à Daech, le média évite ostensiblement de qualifier les coupables de terroristes, se référant simplement à des « rebelles extrémistes/djihadistes ». On est loin de l’époque où le MSM qualifiait à juste titre ces organisations de terroristes, lorsque la France y menait encore son opération antiterroriste autoproclamée, mais totalement infructueuse, que de nombreux habitants soupçonnaient d’être motivée par des arrière-pensées telles que le regroupement de ces groupes dans le sens d’intérêts mutuels au lieu de les exterminer.
La décision de Bamako, début mai, de rompre les accords de défense de son pays avec la France, en réponse à l’exploitation par Paris de ces pactes pour éroder la souveraineté nationale de son hôte, peut être considérée rétrospectivement comme marquant le moment où les médias ont commencé à rebaptiser les véritables terroristes en « rebelles extrémistes/djihadistes ». L’objectif est d’accorder un certain degré de « légitimité » tacite à leur cause en raison de ce que le terme « rebelle » est censé impliquer dans l’imaginaire populaire. Cela fait partie d’une campagne d’infoguerre plus large visant à conditionner le public à accepter ce qui semble être un parrainage étranger inévitable de ces mêmes groupes terroristes, à l’instar du modèle syrien de la dernière décennie.
À cette époque-là, l’Occident soutenait ouvertement les terroristes au motif qu’il s’agissait de « rebelles modérés », le qualificatif « modéré » étant utilisé en comparaison avec les groupes terroristes les plus arriérés et les plus barbares de l’histoire, même si ces mêmes « rebelles » étaient littéralement impossibles à distinguer d’eux et, le plus souvent, membres à part entière d’Al-Qaïda et/ou de Daech. Le même schéma est maintenant appliqué contre le Mali parce que l’emploi de terroristes est un moyen machiavélique de parvenir à un changement de régime, qui vise à écarter du pouvoir ses autorités patriotiques avant qu’elles ne puissent influencer ceux de ses pairs d’Afrique de l’Ouest qui sont encore à la solde de l’Occident, et tout faire pour qu’ils ne réalisent pas leurs propres coups d’État patriotiques pour sauver leurs États.
Il ne s’agit pas non plus d’une spéculation sans fondement, mais cela est fortement suggéré par la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, vendredi, selon laquelle la Russie aidera l’Afrique à achever son processus de décolonisation. On ne sait pas exactement quelle forme militaire cela pourrait prendre dans le contexte malien, mais personne ne devrait douter de l’engagement de la Russie envers son partenaire ouest-africain, qui s’est avéré être un pionnier africain, comme nous l’avons expliqué précédemment, et qui a donc une valeur stratégique immense pour Moscou en ce qui concerne l’aide à la libération du reste du continent du néo-impérialisme occidental.
Si les médias mainstream ont changé la façon de décrire les groupes terroristes, surtout que cela coïncide avec le départ des troupes françaises du pays, l’Occident se dresse donc contre l’Afrique et ses alliés, et des pays comme le Mali se battront jusqu’au bout pour défendre leur liberté et leur souveraineté.
3. Afrique : Macron vs Lavrov ?
Du Caire en Égypte, où il a entamé une tournée africaine le 24 juillet dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergeï Lavrov, s’est rendu au Congo où il était, le 25 juillet dernier, l’hôte du président Denis Sassou Nguesso. Un choix qui est loin d’être un effet de hasard quand on sait que depuis le début du conflit russo-ukrainien, Brazzaville brille par une position de neutralité qui ne saurait laisser Moscou indifférente. Ainsi en va-t-il de l’Éthiopie et de l’Ouganda, les prochaines étapes des missi dominici du puissant locataire du Kremlin. Des axes avec lesquels Moscou entend renforcer sa coopération après ce qui a été vécu par Addis-Abeba et Kampala, comme une mise en quarantaine par les Occidentaux. En effet, après l’éclatement de la guerre du Tigré en Éthiopie, Addis-Abeba s’est vu suspendre son soutien budgétaire par l’Union européenne au moment où les Américains procédaient à un gel de leur accord commercial. La même frustration a été vécue par Kampala qui a été prise en grippe par les mêmes Occidentaux pour des raisons de violations présumées de droits de l’Homme.
Cette tournée africaine du chef de la diplomatie russe est une visite de raison
Ce n’est certainement pas pour rien que dès l’entame de son périple au Pays des pharaons, le diplomate russe a tenu à rassurer ses partenaires africains quant aux risques d’insécurité alimentaire en lien avec la guerre en Ukraine et les difficultés d’exportation des céréales. Un accord ayant été trouvé la veille en Turquie, sous l’égide des Nations unies. Quand on sait que l’Occident n’a jamais manqué l’occasion d’en rejeter la responsabilité sur la Russie, on peut se demander si, en plus de la recherche de soutiens, Sergei Lavrov ne tente pas de polir l’image de son pays à la face du continent africain qui subit durement les affres de cette guerre suite à sa position de neutralité et sa volonté de s’allier à la Russie, l’Iran ou encore la Chine.
L’Afrique est aujourd’hui devenue un enjeu de taille.
C’est pourquoi l’on peut se demander si, au-delà des questions de coopération bilatérale, Brazzaville sera l’occasion pour le président congolais, de réintroduire le plaidoyer de l’Afrique en faveur de facilités d’approvisionnement du continent et d’une solution négociée du conflit russo-ukrainien dont les conséquences pèsent lourdement sur les économies africaines en termes de renchérissement des coûts de produits de première nécessité comme les hydrocarbures et les céréales. L’histoire le dira. En attendant, de Brazzaville à Kampala en passant par Addis-Abeba, l’on peut s’interroger sur les retombées de cette visite du diplomate russe, pour les populations des pays visités. En effet, c’est de cela qu’il devrait s’agir en premier, dans le fond. Car lorsqu’un dirigeant occidental foule le sol africain, le peuple africain montre bien qu’il n’est pas le bienvenu contrairement à la visite avec les dirigeants russes, iraniens ou chinois. Car tout le monde le sait maintenant, avec les pays occidentaux, l’Afrique s’attend à des sanctions, des tentatives de déstabilisation, l’occupation de leur pays, le pillage de leur ressource.
Une tournée bénéfique pour l’Afrique comme pour la Russie. Grâce à l’Afrique, la Russie peut notamment obtenir de l’aide afin de contourner le régime de sanction que lui a imposé l’Occident et qui a plus un effet contraire. Évidemment, ce régime de sanction pénalise beaucoup plus les pays européens que la Russie elle-même. La volonté des pays africains à vouloir traiter avec les pays du bloc de l’est plutôt qu’avec l’occident ne cesse de s’accroître et des pays occidentaux comme la France se sentent donc en danger.
C’est pourquoi le chef de l’État français a également entamé sa tournée dans des pays stratégiques africains comme au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Contrairement à la tournée de Sergei Lavrov, Emmanuel Macron n’est absolument pas le bienvenu sur le continent africain et la société civile et les nombreux panafricanistes l’ont bien démontré.
Depuis sa réélection en avril dernier, c’est sa première tournée sur le continent noir. La première étape de ce déplacement sera le Cameroun. L’un des pays qui s’est également tourné vers la Russie pour pouvoir contenir la crise des séparatistes anglophones et des groupes terroristes comme Boko Haram.
Selon certains analystes, ce qui intéresse Emmanuel Macron, c’est précisément de semer les graines nécessaires pour continuer à garder son influence au Cameroun, dans l’ère d’après Paul Biya. Ce qui lui assurerait de pouvoir continuer à compter sur les ressources naturelles du Cameroun pour alimenter la France dans l’actuelle crise énergétique auquel elle est confrontée.
Après le Cameroun, cap vers le Bénin ou des intérêts militaires seraient visiblement en jeu.
Cette étape sera mise à profit pour évoquer un appui français en matière de soutien aérien, de renseignement et d’équipements militaires.
Emmanuel Macron bouclera sa tournée africaine par la Guinée-Bissau, pays dont le président, Umaro Sissoco Embalo, vient de prendre la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une visite qui montre bien la volonté de Paris de vouloir remettre les choses au clair concernant la CEDEAO et surtout suite à sa défaite contre le Mali. D’ailleurs, cette visite serait également le prolongement de la tentative de coup d’État contre le président Embalo en février 2022 qui ressemblait terriblement à une mise en garde tout de suite avant qu’Embalo ait pris les rênes de la CEDEAO.
De manière générale, on peut dire que ce sont seulement les intérêts qui guident les pas de Macron à Yaoundé, Cotonou et Bissau. N’allez donc pas lui demander d’aller faire des dissertations sur la démocratie et les droits humains ou les grands discours sur la lutte contre le terrorisme.
En tout cas, Macron a déjà prévenu tous ceux qui seraient tentés de crier au scandale de le voir s’afficher aux côtés de dirigeants africains, en disant en substance ceci : « Je ne vais pas dans ces pays pour donner des leçons ou promouvoir un modèle ». Et c’est cette posture que tous les présidents occidentaux adoptent quand ils sont en déplacement dans des pays africains ou les pays qui n’ont que du mépris concernant les droits humains notamment, dans des monarchies du golfe Persique. Joe Biden vient de rendre visite à l’un d’eux, au Proche-Orient. Dans ce pays, l’on n’a pas hésité un seul instant à dissoudre le corps d’un journaliste après l’avoir assassiné.
Et pendant que les pays occidentaux s’accommodent de ces pays prédateurs des droits humains devant l’Éternel pour préserver leurs intérêts, ils n’hésitent pas à s’ériger en donneurs de leçons sur la démocratie à l’encontre des pays faibles avec lesquels ils ont peu d’intérêts. Leur devise pourrait donc être la suivante : les affaires d’abord, la démocratie et les droits humains peuvent toujours attendre.
L’Occident veut absolument préserver sa politique colonialiste qui appartient au passé alors que la Russie, l’Iran ou bien encore la Chine veulent avancer en se concentrant sur l’avenir du monde avec leur vision multipolaire et leur politique gagnant-gagnant.