Actualité en Afrique :
Analyse de la rédaction :
1. Bénin/Niger: une coopération aux allures de piège
Après que Barkhane ait été mise à la porte au Mali, la France a cherché à se redéployer ailleurs tout en restant dans la région du Sahel. Après avoir longuement tenté de mettre la pression sur le Bénin, le Burkina Faso ou même le Togo, c’est finalement le Niger qui va accueillir Barkhane sur ces terres. Certains diront que de tout de façon, le Niger abrite maintenant plusieurs bases militaires, américaines, françaises, allemandes et des contingents européens comme des soldats italiens qui sont présents sur place.
Ce lundi, un accord a été signé lors de la visite du ministre béninois de la Défense Fortunet Alain Nouatin à Niamey. L’expérience du Niger en matière de lutte contre le terrorisme intéresse le Bénin qui voudrait s’en inspirer. L'échange de renseignements, l’assistance aérienne pour suivre les mouvements des terroristes et des opérations conjointes entre les deux armées béninoise et nigérienne sont déjà à l’étude.
La signature de cet accord marque le début d’une coopération beaucoup plus étroite sur le plan sécuritaire. « Ça fait dix ans que le Niger, progressivement, s’est relevé et a dominé la situation. Et on sait que de tous les pays sahéliens qui ont été impactés par ce fléau, la meilleure réponse se retrouve au Niger, donc le Bénin est venu tirer profit de ces expériences », ajoute le ministre béninois.
Des expériences certes, mais cette signature pourrait aussi être un piège pour le Bénin. Car vu les nombreux accords militaires coloniaux qui lient le Niger aux militaires américains et français, on se demande si cet accord militaire ne serait pas plutôt un accord entre le Bénin et les occidentaux à travers le Niger ? Car en effet, les nombreux accords militaires qui lient le Niger et ces pays occidentaux nous laisse à penser que la signature d’un accord militaire avec le Niger, impliquerait de facto un accord militaires avec les pays occidentaux.
Cela dit, il se peut également que le Bénin cherche à se protéger en se tournant vers le Niger pour ne pas subir les attaques terroristes que subit son voisin togolais. Car en effet, on constate que le Togo subit des attaques en parallèle à sa politique internationale, adhésion au Commonwealth pour montrer son détachement vis-à-vis de la France, ou encore coopération avec l’Iran, aide au Mali, etc...
C’est peut-être un moyen que Cotonou à trouver pour empêcher une recrudescence d’attaque sur son territoire, sans pour autant se plier aux diktats des occidentaux. Reste à voir maintenant l’évolution de la situation, car pour rappel, en juin, le Bénin a montré un intérêt particulier à développer la coopération avec la Russie. C’est ce qui a peut-être calmé les attaques terroristes contre le Bénin. Ayant vu que les attaques terroristes n’ont pas eu l’effet escompter à savoir créer la panique au sein du Bénin et donc pousser Cotonou à accueillir Barkhane sur ses terres, les attaques se sont plus portées vers le Togo que le Bénin. Quoi qu’il en soit, la volonté de se tourner vers la Russie est là, mais en attendant, un accord militaire avec le Niger peut probablement calmer les esprits du côté des occidentaux.
2. Des drones terroristes attaquent le Togo
Dans la nuit de samedi à dimanche, sept civils jeunes sont morts à la suite d’une explosion dans le nord-est du Togo. Engin explosif improvisé (IED), mine ou tir de drone… Que s’est-il vraiment passé ?
Au Togo, dans l’extrême nord-est du pays, une explosion a eu raison de la vie de 7 adolescents âgés de 14 à 18 ans — d’autres sources affirment qu’ils étaient plus jeunes et qu’ils étaient 9, dont deux sont blessés. L’explosion a eu lieu à Tone, dans la région des Savanes. Les adolescents rentraient chez eux dans la nuit, après les célébrations de la fête de la Tabaski.
Dans un communiqué, les forces armées togolaises assurent qu’une « enquête est ouverte pour clarifier les circonstances de cette explosion et identifier les auteurs ». Les populations, comme l’Etat, craignent sans doute que l’attaque ne soit d’origine terroriste. Le Togo a connu deux attaques terroristes récemment, en novembre 2021 et en mai 2022.
La dernière avait d’ailleurs causé la mort de 8 soldats. Treize autres avaient été blessés, dans un raid en véhicules légers avec des armes légères commis par « des individus non identifiés ».
Des sources concordantes avaient alors affirmé que le Togo était désormais la nouvelle cible des terroristes de Daech.
À la suite de l’attentat de mai dernier, la région des Savanes, où l’explosion récente a eu lieu, est sous le coup d’un « état d’urgence ». Le 13 juin, le président du Togo, Faure Gnassingbé, a déclaré : « La décision a été prise après les deux attentats terroristes perpétrés dans cette partie nord du pays en l’espace de six mois ».
Toutefois, depuis que plane l’ombre du terrorisme sur le Togo, le pays n’a pas subi d’attentats à la bombe ou d’explosion d’IED. Des témoins auraient confié à RFI qu’ils ont entendu deux explosions. Le média avance aussi la probabilité d’un tir de drone.
Cependant, les images du présumé attentat montrent une scène complètement recouverte de sable, dans une région des plus verdoyantes dans la sous-région. Il y a également deux trous dans le sol, trop petits pour s’apparenter à l’explosion d’un IED qui a pu causer la mort de 7 personnes et faire 2 blessés.
Selon une source spécialiste du terrorisme, s’il s’agit d’un attentat, cette attaque ne correspond pas au mode opératoire des groupes terroristes impliqués dans l’attaque de mai dernier.
Eugène Atigan, un militant de la société civile togolaise, a déclaré que le timing de l’attaque « est la preuve que toute la population est en danger ». « Nous pleurons pour les enfants pauvres et innocents qui sont tombés », ajoute-t-il.
Il est également possible de faire un parallèle entre ces attaques terroristes et certains évènements qui se sont produits dans la diplomatie internationale du Togo.
L’attaque de novembre 2021 concordait avec la visite du ministre malien des affaires étrangères au Togo. Le ministre malien avait saisi cette occasion pour exprimer la gratitude du Colonel Assimi Goïta, président de la Transition et Chef de l’Etat du Mali, à son homologue togolais pour le soutien continu que le Togo n’a de cesse d’apporter à son pays depuis le début de la crise politique en août 2020.
En janvier 2022, le ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussay s’était rendu dans la capitale iranienne, Téhéran. Au cours de cette visite qui marque la volonté des Chefs d’Etats Faure Gnassingbe, Président de la République Togolaise et Ebrahim RAÏSSI, Président de la République Islamique d’Iran, d’approfondir, de diversifier davantage et d’actualiser leur coopération en vue de mieux l’adapter aux besoins réels de leurs deux pays.
Le Togo a accepté la demande de médiation du Mali au sein de la CEDEAO pour la levée des sanctions.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et son homologue togolais ont annoncé en mai dernier que le président togolais avait accepté cette tâche.
"Nous avons, au nom du président de la transition, sollicité le président Faure Gnassingbé pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l'ensemble de la communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise", a déclaré M. Diop, en visite à Lomé.
Selon lui, la situation dans laquelle se trouve le Mali, "nécessite qu'on fasse preuve de génie politique".
Moins d’un mois après, l’extrême-nord du Togo a essuyé une nouvelle attaque terroriste repoussée par les forces de défense et de l’ordre, a annoncé le porte-parole de l’armée togolaise.
Maintenant, il est également important de rappeler que le Togo a rapidement adhéré au Commonwealth, sans vraiment s’intéresser à ce groupe, mais plutôt, et comme pour le Gabon, de montrer qu’il tourne le dos à la France.
Ce qui montre que cette nouvelle attaque est porteuse d’un message à l’encontre de Lomé dans le cas ou Lomé déciderait de suivre entièrement la voie du souverainisme comme le Mali.
3. Mali: Abidjan réagit suite à l’arrestation de ses mercenaires
La réaction des autorités ivoiriennes suite à l’interpellation des 49 soldats ivoiriens au Mali ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, le conseil national de sécurité de Côte d’ivoire prétend maintenant que les autorités maliennes étaient informées de l’arrivée de ces militaires. Un changement de ton assez surprenant de la part d’Abidjan qui jusqu’à présent à affirmer ne pas être au courant de la présence de ces militaires au Mali.
Une réunion du conseil national de sécurité de Côte d’ivoire s’est tenue autour du Président Alassane Ouattara. À l’issue de cette réunion, les autorités ivoiriennes demandent la libération, sans délai des militaires arrêtés. Elles affirment que contrairement aux allégations de leurs homologues du Mali, ces militaires sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne. « Ceux-ci se trouvaient au Mali, dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE) », précisent les autorités ivoiriennes. Elles ajoutent qu’une copie de l’ordre de mission du contingent a été transmise aux autorités aéroportuaires maliennes. Le ministre des affaires étrangères et le chef d’état-major des armées en ont également reçu une copie, dit le communiqué.
Pourtant, les autorités maliennes ont déclaré ce lundi que les responsables militaires ivoiriens ont dit ignorer tout de la présence de ce contingent. Ainsi, elles considèrent donc ces soldats ivoiriens entrés « illégalement » au Mali comme des mercenaires. Il a assuré qu’ils seront remis à la justice.
Même réaction de la Minusma, cet organe avait également affirmé ne pas être au courant de la présence de ces militaires au Mali.
Mais maintenant, le porte-parole de la MINUSMA avait lui aussi indiqué dans un tweet que ces soldats ivoiriens venaient dans le cadre d’un appui logistique à un contingent de la MINUSMA. Et les autorités maliennes avaient été préalablement informées de leur arrivée, avait tweeté Olivier Salgado.
Abidjan, la Minusma mais aussi l’Allemagne ont pourtant déclaré ne pas être au courant de la présence de ces militaires au Mali, mais les versions ont visiblement changé.
« Pour en savoir davantage, des responsables des Forces de Défense et de Sécurité maliennes ont contacté immédiatement leurs homologues ivoiriens. Ces derniers ont affirmé qu’ils ignoraient tout de la présence des militaires ivoiriens interpellés au Mali », a souligné l’État malien. Aussi, de son côté, « interrogée par les autorités maliennes, la MINUSMA a indiqué qu’elle n’avait pas de rotation prévue, le 10 Juillet 2022 ».
Selon la version des soldats ivoiriens, ils seraient venus au Mali dans le cadre de la sécurisation de sites logistiques de la compagnie SAS, elle-même mandatée par le contingent allemand de la Minusma. Cette dernière conteste avoir fait appel aux éléments ivoiriens. « Les détachements NSE sont embauchés par les contingents pour réaliser des tâches hors mandat, comme garder des entrepôts, explique Olivier Salgado. La Minusma n’intervient pas dans ces contrats. »
Du côté de l’ambassade d’Allemagne, on nie être à l’origine du recrutement. « Il n’y a pas de lien direct entre ces soldats ivoiriens et nous », assure un diplomate allemand. La société SAS n’a pas encore communiqué sur l’affaire, mais le cadre légal des NSE n’autorise pas des entreprises à faire appel à ce mécanisme dévolu aux États. Quant aux autorités ivoiriennes, elles ont demandé mardi soir au Mali de libérer « sans délai » ses militaires incarcérés « injustement ». « Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de munitions de guerre », indique un communiqué de la présidence ivoirienne publié à l’issue d’un conseil national de sécurité extraordinaire. Selon Abidjan, la présence de ces soldats est « bien connue » des autorités maliennes.
Bamako a clamé être la cible de quatre coups ratés depuis leur accession au pouvoir. Dernier en date, en mai, les autorités maliennes annonçaient avoir déjoué un putsch organisé par « des militaires soutenus par un État occidental ».
Si la venue de ces militaires était bel et bien prévue, Bamako n’aurait aucune raison de les avoir arrêtés. Car cela serait justement très mauvais pour eux. Le Mali prône plutôt pour des alliances régionales et non pour la division. Ce qui fait que contrairement à ce qu’affirment les médias mainstream ou encore Abidjan, Bamako ne cherche pas à se venger mais montre plutôt qu’il est sur ses gardes. Car certains médias mainstream tentent de mettre cette arrestation sur le compte d’une simple “vengeance” envers le comportement de désolidarisation de la Côte d’Ivoire envers le Mali durant la période ou la CEDEAO a instauré son régime de sanction contre Bamako et le peuple malien.
Le Mali est actuellement sur ses gardes et cette arrestation le prouve encore une fois, mais prouve également que les services de renseignements maliens sont maintenant très bien rodés. Rien d’inhabituel, surtout quand cela touche la souveraineté du Mali. Tout le monde le sait, des pays comme la France ou encore les États-Unis tentent de déstabiliser ce pays et même de renverser le pouvoir en place pour la simple et bonne raison que le Mali continue de tenir tête aux diktats imposés par ces pays occidentaux.