Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali : les Famas avancent, les terroristes en débandade
Au Mali, alors que la France cherche à noyer le poisson concernant l'affaire du charnier en se montrant indignée de la décision de Bamako de rompre les vieux accords de défense qui enchaînent le Mali à la France. La désinformation est telle, qu'en Europe, les gens croient encore que le territoire malien est pratiquement entre les mains des terroristes. Alors que l'armée malienne continue ses avancées spectaculaires.
L’armée malienne a neutralisé une soixantaine de terroristes et interpellé 16 autres dans des offensives militaires menées dans le cadre du plan « Maliko » et de l’opération « Kélétigui », dans le nord-ouest et le centre du Mali, contre des bases des groupes terroristes, au cours desquelles 2 soldats ont été tués et 10 autres blessés, indique un communiqué publié vendredi soir par l’État-Major général des Armées maliennes.
« Dans les régions de Koutiala, Bougouni et Sikasso, les priorités opérationnelles ont porté sur la précision des renseignements et les recherches des terroristes, auteurs de l’incident des infrastructures étatiques de Molobala, les assassins d’un agent de la douane et de 2 bénévoles à Bougala-Sikasso et les pyromanes du DCAP de Kléla, de même que le suivi des mouvements des groupuscules terroristes enregistrés », souligne un communiqué de la Direction de l’Information et des Relations publiques des Armées (DIRPA).
« Dans la région de Nara et de Koulikoro, les reconnaissances offensives dans les secteurs de Dalibougou, Kamissara, Boromo et Madina Sacko et les tirs d’artillerie suivis de fouilles dans la forêt de Troungalé et les collines de Tola ont fait le bilan suivant : 16 terroristes neutralisés, 8 terroristes interpellés, divers matériels détruits y compris des motos, des engins de fabrication d’EEI, des armes et des munitions et 3 Ak-47 en bon état récupérés », poursuit le communiqué.
Sur le théâtre Est de l’opération Maliko, « des frappes ont dispersé une vingtaine de terroristes en mouvement dans le secteur de N’Dacki, avec la destruction d’un pick-up et la neutralisation de 8 terroristes », ajoute la DIRPA.
Le communiqué indique également qu’une opération aéroportée sur les lieux de destructions d’un important plot logistique opérationnel du 24 avril 2022 dans le secteur de Niasso-Sebe et Sossobe- Togoro « a permis de recueillir d’importants renseignements », soulignant qu’ »une patrouille des Forces armées maliennes Fama sur l’axe Bankass-Bandiagara a récupéré une citerne volée à l’Energie du Mali ».
De même source on ajoute que dans la région de Douentza, à Maliko, une patrouille FAMA sur la route Mondoro-Boni a réagi à une embuscade faisant côté ami, 2 morts et 10 blessés, 2 engins endommagés et côté ennemi, 22 terroristes neutralisés, 1 véhicule équipé de mitrailleuse 14, 5 mm, divers armements et munitions récupérés.
« Dans la région de Segou, l’exploitation des renseignements a permis de cibler les réseaux de renseignements terroristes faisant 10 terroristes neutralisés et 8 suspects arrêtés et un otage civil libéré », relève le communiqué de l’armée.
Ces opérations s’inscrivent dans le cadre des actions menées par l’armée malienne pour la recherche et la destruction des sanctuaires terroristes dans le cadre du plan « Maliko » et de l’opération « Kélétigui », note le communiqué.
Il est donc extrêmement important de relayer un maximum d'information concernant les avancées de l'armée malienne, pour que les gens sachent que l'armée malienne est en train d'avancer dans sa lutte contre le terrorisme, et aussi, que le Mali est en train de tenir en échec la CEDEAO et ses sanctions qui ne servent à la base qu'à mettre le peuple malien sous pression.
2. Entrée de la RDC à la Communauté Est-Africaine, le monde devrait faire pareil
Dans un monde qui devient de plus en plus interdépendant, il semble que l’intégration régionale s’avère être une voie privilégiée pour faire face à pas mal de défis issus de la mondialisation.
Cela est d’autant vrai, car il est actuellement impossible de vivre en autarcie au risque de se retrouver mis au banc des progrès qu’apporte la mondialisation. À noter que cette dernière n’apporte pas que des bienfaits, mais aussi des défis dont la solution ne peut être que globale. L’intégration de la République démocratique du Congo (RDC) répond à cette logique et la rapidité avec laquelle le processus d’intégration de la RDC à la Сommunauté Est-africaine semble prouver que les autres membres de la Сommunauté ont bien compris cela à l’avance.
Le défi sécuritaire doit être pris au sérieux pour permettre aux populations congolaises de vivre dans la paix et ainsi tirer profit des immenses richesses dont regorgent leur pays et les pays de la région. L’intégration régionale doit favoriser la paix, car aucune intégration, aucun développement ne peut être envisagé sans un climat de paix. Il faut noter que l’existence des projets communs entre le Burundi, le Rwanda et la RDC dans le cadre de la Communauté économique des États des Grands Lacs (CEPGL) est un facteur important qui a motivé le soutien des trois pays à l’initiative congolaise.
L’intégration de la RDC à la Communauté Est-Africaine (CEA/EAC) fait de cet espace géographique un creuset d’opportunités pour le développement non seulement pour la communauté, mais aussi pour tout le continent africain. Cela dépendra bien entendu de la façon dont cet espace parviendra à s’imposer comme modèle. Au niveau géographique l’espace communautaire s’étend de l’océan Indien à l’océan Atlantique avec une population de 285 millions d’habitants. Cela fait de cet espace un acteur et un marché très important non seulement pour le continent africain, mais aussi pour le monde entier.
Les opportunités disponibles dans la région ne manqueront pas d’aiguiser les appétits des puissances occidentales qui depuis des siècles s’intéressent à la région. La communauté devra tenir compte de cela, car l’accès aux ressources disponibles dans le monde peut provoquer des heurts s’il n’y a pas de stratégie claire pour favoriser une coopération gagnant-gagnant. Les conditions dans lesquelles vit la population congolaise contrastent avec l’abondance des ressources naturelles stratégiques disponibles dans ce pays.
La RDC constitue un marché de 100 millions de consommateurs qui s’ajoute à celui de 185 millions que comptait l’espace avant l’entrée de la RDC à l’EAC. Au marché congolais s’ajouteront sans doute d’autres consommateurs des autres pays limitrophes de la RDC : Gabon, RCA, Zambie, Angola, Congo qui ne sont pas membres de la communauté. Cela signifie aussi qu’il faudrait prendre en compte les défis qui accompagnent les contacts humains pour éviter que les autres membres de la communauté en soient victimes.
La RDC elle-même connait une situation sécuritaire très préoccupante depuis des années qui a entrainé la mort des milliers de personnes et des destructions incommensurables. Cela a poussé les Nations unies à y envoyer des troupes pour sécuriser le pays, mais plus de vingt ans après l’insécurité y règne toujours. La partie Est de la RDC constituée du Sud et Nord Kivu est en proie à la violence causée par une multitude de groupes armés qui y font la loi. La plupart de ces groupes armés viennent des pays étrangers qui utilisent le territoire congolais comme base arrière pour attaquer leurs pays d’origine. D’autres groupes armés sont congolais qui ont toujours voulu s’émanciper du pouvoir central de Kinshasa. Il y a même des groupes armés qui sont à la solde des pays étrangers et qui sont soutenus par ces pays pour faciliter l’exploitation illégale des ressources congolaises.
L’existence des zones grises sur le territoire congolais, des territoires où l’administration centrale de Kinshasa est totalement absente fait que les groupes rebelles s’y engouffrent pour combler le vide laissé par le pouvoir central. Cela fait que les populations de ces zones sont victimes d’abus de tout genre : massacres, tortures, viols, vols, pillages, etc. L’instauration du régime de l’état d’urgence dans cette partie du pays, qui vient épauler les Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) ne parvient toujours pas à éradiquer la violence.
Le défi est de taille et c’est pour cela que les chefs d’État de la Communauté prennent au sérieux cet aspect en témoignent les conclusions du denier conclave des 5 chefs d’État qui vient de se tenir à Nairobi le 21 avril 2022. En effet, les chefs d’États présents à ce conclave ont décidé de mettre en place une force d’intervention militaire qui sera chargée de traquer et anéantir les groupes rebelles qui n’auront pas déposé les armes. II semble que certains chefs d’États membres de la communauté ne sont pas tout à fait d’accord vu qu’ils ne se sont pas déplacés pour participer au conclave. Certains sont même accusés publiquement de soutenir tel ou tel groupe rebelle qui combat le pouvoir central de Kinshasa. Les discours du président congolais ne laissent aucun doute sur cette collusion. L’alliance entre les gouvernements congolais et ougandais pour combattre les rebelles ougandais opérant en RDC n’a pas été bien appréciée par certains voisins qui trouvent que cette alliance peut perturber leurs plans en RDC. Ce climat de suspicion entre les membres de la Communauté n’est pas de nature à favoriser une intégration régionale réussie.
Même si les membres de la Communauté Est-Africaine affichent un semblant de consensus sur l’entrée de la RDC dans la communauté, il reste possible que chacun a ses propres calculs qui risquent de fausser la marche commune. La paix reste l’une des attentes principales de la population congolaise longtemps meurtrie par les conflits dans cette région. Si cette intégration ne ramène pas la paix dans cette région, la population ne pourra en aucun cas profiter de ce nouveau cadre de coopération régionale. De même, les autres membres de la Communauté ne pourront pas profiter des potentialités disponibles en RDC si l’impératif sécuritaire n’est pas satisfait. Un autre défi de taille reste le développement des infrastructures routières, ferroviaires et lacustres pour une meilleure connectivité entre régions elles-mêmes d’une part et la connectivité entre les régions et les capitales où se trouve le marché important de consommation, d’autre part.
Ce défi ne concerne pas le seul Congo, mais aussi d’autres pays membres de la Communauté. Il semble cependant que le problème est plus accru au Congo et cela å cause de l’immensité du territoire congolais. Les routes sont presque impraticables et cela rend très difficile l’acheminement des produits agricoles et d’autres ressources vers les marchés ou centres urbains. Cela fait que les produits pourrissent dans les champs alors que les villes en ont besoin. Cela pousse le pays à importer des produits à des prix élevés alors que les mêmes produits sont disponibles dans certaines régions du pays.
Le riz produit dans la région de l’Équateur pourrit dans les stocks alors que la capitale importe du riz pakistanais ou chinois. Le désenclavement des régions en investissant dans la construction des infrastructures de transport est susceptible de contribuer à une meilleure intégration régionale et renforcer le commerce intracommunautaire.
N’eût été l’impératif sécuritaire qui presse, l’intégration de la RDC au sein de la Communauté aurait dû se faire progressivement avec une période raisonnable pour que la population congolaise de l’Est soit imprégnée du bienfondé de ce mécanisme et ainsi susciter son adhésion totale. Après tout c’est cette partie de la RDC qui sera la première à bénéficier des retombées de cette intégration, car elle est la plus proche des pays membres de l’EAC. Il n’est un secret pour personne que cette population a de forts ressentiments contre certains pays de la Communauté qu’elle accuse d’être la source de ses malheurs.
L’intégration de la RDC risque d’être perçue par cette partie du Congo comme une légitimation des actions illicites initiées par certains des États membres et surtout du soutien accordé aux groupes rebelles qui sèment la mort dans cette partie du territoire congolais. Si l’intégration de la RDC au sein de la Communauté Est-Africaine constitue l’étape cruciale pour le retour de la paix, on ne peut que s’en réjouir, mais si cela n’aboutit pas à cet objectif de la paix, l’intégration risque d’être un désastre non seulement pour la RDC, mais aussi pour tous les membres de la Communauté Est-Africaine.
La satisfaction des besoins vitaux des populations ainsi que l’ouverture de l’espace démocratique dans les pays de la région sont autant de facteurs susceptibles de contribuer à une intégration réussie de la région des Grands Lacs. Sans cela, certains pays risquent de se combattre sur le terrain congolais par rebelles interposés et cela hypothéquerait totalement l’avenir et les objectifs de l’intégration régionale.
Enfin il faut signaler que la seule solution militaire ne suffira jamais si elle ne s’accompagne pas d’autres éléments clés comme l’amélioration de la gouvernance économique, politique et démocratique, la disponibilité des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, la présence de l’autorité de l’État et la création des opportunités économiques. La satisfaction de ces besoins permettra aux populations des 7 pays membres de se sentir fiers d’appartenir à une communauté partageant un même destin.
3. Plus aucun pays ne peut coloniser le Mali !
Malgré l'arrivée des nouveaux partenaires internationaux dans l'équation malienne, Bamako reste tout de même prudent et ne veut en aucun cas répéter les mêmes erreurs du passé.
Bamako est effectivement résolu à mettre Paris à genoux et à dénouer toutes les ficelles de la coopération militaire insatisfaisante qui le lient à la France, et ce, dans les moindres détails. Déjà sur la mise à la porte de l’armée française, force peu probante et fortement décriée au sein de l’opinion malienne, est l’objet de l’anathème des autorités maliennes qui l’accusent désormais d’espionnage et de subversion. Un divorce déjà consommé qui permet au Mali d’affermir ses liens avec d'autres partenaires réputés plus fiables et plus efficaces. D'ailleurs, Paris étant éjectée et son influence morte au Mali, le président Assimi Goita a eu également une rencontre avec l'activiste panafricaniste, Kami Seba. Ce qui montre déjà que Paris est bien loin du Mali. Même s'il y a encore une certaine présence militaire occidentale, avec la rupture des accords de défense, les Occidentaux étant présents en toute illégalité, ne peuvent donc plus bouger d'une oreille sous peine d'être sanctionnés par Bamako ou encore par l'armée malienne.
Dans la logique de la retentissante procédure de divorce qu’il a engagée depuis des mois d’avec la France, le Mali vient de faire un pas supplémentaire vers la porte de la séparation et des « adieux » sans regret. Déterminées à aller jusqu’au bout du clash qu’elles estiment libérateur et refondateur pour la Nation, les autorités maliennes ont pris la ferme option de « dénoncer » ou briser les accords de défense qui lient Bamako et Paris. Une décision aussitôt vivement applaudie par tous ceux et celles (ils/elles sont des millions) qui voient là la reconquête accélérée et « sans peur » du champ de la souveraineté nationale trop longtemps hypothéquée par ce qu’ils considèrent comme une duplicité systématique de l’ex-puissance coloniale.
Exit donc la France avec ses ramifications que sont Barkhane et Takuba ! Et vive la nouvelle alliance renforcée avec la très puissante Russie qui s’illustre comme une partenaire plus fiable et plus efficace ! C’est le nouveau pari géostratégique des autorités maliennes et dont l’ambition première est d’écraser la fourmilière terroriste qui dévaste la patrie depuis des années. Ainsi, ayant éconduit la France sans ménagement, le Mali s’engage dans une coopération militaire qui semble « tout bénéfice » avec Moscou. Bien entendu, à l’épreuve des faits très récents et actuels, il est indéniable que l’apport militaire russe permet progressivement à l’armée malienne d’asséner des coups de plus en plus décisifs aux hordes terroristes. Dans le centre du pays, l’action jumelée des FAMAs et des unités russes est en train de réduire la force de nuisance des groupuscules terroristes qui, en maints endroits, se voient contraints de revoir leurs criminels objectifs à la baisse.
Pour autant, le Mali se doit, avant de pousser loin dans cette nouvelle alliance, de tirer les leçons (toutes les leçons) du passé afin de ne pas retomber dans les mêmes erreurs des non-dits et des contours contractuels opaques. Avec les alliés russes, la transparence imbibée de précisions doit être la boussole du partenariat scellé. De A à Z, du premier à l’ultime alinéa, virgule par virgule… tous les termes de l’accord entre l'État malien et la Russie doivent être tracés à l’encre tricolore de la netteté-clarté-vérité.
Car, « le diable » étant « dans les détails » et le démon prospérant dans l’opacité, il faut éviter que le pacte russo-malien ne soit une répétition à peine modifiée des mêmes zones d’opacité et des mêmes chapitres d’ambiguïté qui ont permis à la France de tenir Bamako sous le joug néocolonial pendant des années. À présent, la meilleure approche pour le Mali est donc celle-ci : si l’on est parvenu à se délier d’un contrat imposé par la France, il nous faut nous assurer de ne pas avancer dans un contrat miné de flous avec d’autres partenaires, si performants soient-ils.
Au nom de ce principe de clarté dans toute coopération, principe qui a fait tant défaut par le passé et qui a soumis la patrie à tant d’humiliations, il devient nécessaire d’associer le peuple malien aux tenants et aboutissants du contrat que le pays a noué avec la Russie. Nature et conditions des accords, contreparties, rayons d’action, etc. ; plus le peuple sera tenu informé des chapitres entre le Mali et ses partenaires, mieux les pièges seront évités. Les citoyens ont d’autant plus le droit d’être imprégnés des détails des accords signés par les dirigeants maliens, que, chaque fois qu’ils sont sur la défensive sur un sujet majeur, nos gouvernants font justement appel à la mobilisation populaire des Maliens pour tenir face aux « pressions exogènes ».
Rompre définitivement avec les pratiques désavouées du passé est, de l’aveu des autorités actuelles elles-mêmes, la boussole de leur conduite pour « une gouvernance vertueuse » au profit de tous les Maliens. Soit. Mais pour que cette affirmation ne demeure pas à l’état de simple discours, il est plus que jamais nécessaire d’éclairer les nouveaux accords de défense qui engagent l’avenir de la Nation avec les projecteurs de la transparence la plus totale. Car, l'histoire malienne récente nous l’a suffisamment appris : tout ce qui se fait au nom du peuple malien, mais à l’insu du peuple malien, a toutes chances d’être rejeté par le peuple malien.