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Après la visite du commissaire du Parlement allemand aux forces armées au Mali, le Parlement allemand a recommandé au gouvernement malien de commencer à envisager la possibilité de mettre fin à sa mission militaire au Mali. Mais de quoi à peur réellement l’Allemagne ?
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali/Burkina : avancées spectaculaires des armées nationales sahéliennes
Les armées sahéliennes avancent dans la lutte contre le terrorisme ou en d’autres termes, l’Occident recule et le Sahel avance.
Les Forces armées nationales du Burkina ont neutralisé plus de quatre-vingts terroristes dans le Nord, l’Ouest et le sud du pays entre le 27 décembre 2021 et le 2 janvier 2022.
Les différentes opérations de sécurisations menées, notamment celle avec les forces aériennes de Barkhane, ont permis de neutraliser une vingtaine de terroristes et de détruire de l’armement dans la zone de Diguel, située dans le Sahel, le 28 décembre 2021.
Une action offensive conduite par des unités militaires du groupement des forces du secteur nord a permis de neutraliser une vingtaine de terroristes dans la localité de Yatakou dans la même région, le 30 décembre 2021.
Appuyées par l’armée de l’air, les unités de l’armée de terre et de la Gendarmerie nationale de Gomboro ont mis en échec l’attaque de leur base par des individus armés, le 1er janvier 2022.
Le bilan actualisé lui, fait état de trente terroristes abattus et un important lot d’armements, de munitions, de moyens roulants et de moyens de communication récupérés. Tandis que du côté des FDS, l’on enregistre treize militaires blessés qui ont été évacués et pris en charge.
Le détachement militaire de Mangodara et les GARSI, appuyés par l’Armée de l’Air et les VDP de la zone, ont eux, conduit une offensive qui a permis de démanteler une base terroriste dans la localité de Tiebata dans la région des Cascades, le 2 janvier 2022.
Le bilan à ce niveau est d’une dizaine de terroristes neutralisé. De l’armement, des produits prohibés, et divers autres matériels ont été saisis et détruits. Aucune perte enregistrée du côté des FDS.
Du côté du Mali, ce sont des dizaines de terroristes, dont des chefs activement recherchés que les forces armées maliennes ont neutralisé au cours d’une opération de nettoyage dans plusieurs localités du Mali allant du 28 au 30 décembre 2021. Ces victoires répétitives prouvent la montée en puissance des FAMa.
Dans un communiqué publié sur le site de la DIRPA, l’état-major général des Armées (EMGA) retrace le bilan des opérations menées par les Forces Armées Malienne (FAMa) dans la lutte contre le terrorisme durant ces dernières 72 heures. Les FAMa ont entrepris une opération d’envergure pour riposter contre les terroristes. Lesdites opérations ont entraîné la mort de plusieurs leaders terroristes qui figurait dans la base de données des chefs terroristes recherchés dont : Abou Dardane, chef de camp de la forêt de Samori et Iboune Amadou, Chef du camp de la forêt de Péguéré, Alpha Bah et Dagnebou et Hama Kola Boré gravement blessé.
Selon le chef d’état-major général des armées, dans la journée du 28 au 29 décembre 2021, les FAMa ont mené des frappes aériennes sur des bases terroristes dans la forêt de Souhé, dans la commune de Saya dans le cercle de Bankass. Le bilan de cette opération fait état de 27 terroristes neutralisés et plusieurs autres gravement blessés.
Le 29 décembre 2021, le bilan des ratissages menés par les FAMa dans la zone de Guiré, dans la région de Nara est passé de 31 à 38 assaillants neutralisés et plusieurs matériels récupérés.
Dans la journée du 30 décembre aux environs de 14 heures, 02 bases logistiques des terroristes ont été détruites suite à des frappes aériennes dans la forêt de Garbakongo au Nord-est de Banamba. Dans la même journée aux environs de 18 heures, les FAMa ont conduit d’autres frappes aériennes dans la zone de Diabaly autour d’Alatona, Songo et Barikoro indique le communiqué de l’EMGA.
Ces frappes ont permis, la neutralisation de 15 terroristes dont 2 leaders, ainsi que la destruction de plusieurs plots logistiques des terroristes.
Une armée sahélienne prend forme. Les armées nationales des pays du Sahel passent à l’offensive pour libérer leur pays respectif et leur compatriote.
2. Mali : pourquoi Berlin fuit ?
Après la visite du commissaire du Parlement allemand aux forces armées, Eva Hoegl au Mali, le Parlement allemand a recommandé au gouvernement malien de commencer à envisager la possibilité de mettre fin à sa mission militaire au Mali en raison de l’incertitude qui règne actuellement dans ce pays. Pour rappel, l’armée allemande participe actuellement avec un peu plus de 1 350 personnes à la mission des Nations unies (MINUSMA) et à la mission de formation EUTM de l’Union européenne au Mali.
Les médias mettent la fin de la mission allemande sur le compte d’une arrivée des militaires russes sur le sol malien ou encore ils mettent ça sur le compte de l’instabilité ou le manque de sécurité pour les soldats allemands. Mais visiblement, tout comme la France, l’Allemagne a beaucoup de choses à cacher, et la Russie est un prétexte pour essayer de garder la tête haute dans la fuite.
La Minusma tout comme toutes les missions de l’ONU en Afrique, sert à couvrir la vraie mission des soldats occidentaux sur le continent africain. On a vu un exemple dernièrement en Centrafrique avec l’affaire du contingent portugais qui s’adonnait à des trafics de diamant.
Étant fortement présent au Mali, surtout au sein de la Minusma avec 1350 soldats, l’Allemagne a maintenant un plus gros problème que l’arrivée de la Russie, c’est la mise en place du comité stratégique pour surveiller les activités de la Minusma annoncé fin décembre par le Premier ministre Choguel kokala Maïga. C’est le genre d’initiative qui fait fuir les Occidentaux, car évidemment, la véritable raison de la présence des Allemands pourrait être révélée au grand jour, tout comme la véritable raison de la présence, des Occidentaux sous la bannière Takuba. Une présence qui, soit dit en passant, est illégale, car l’initiative est totalement occidentale, sans aucune concertation avec le Mali, ni aucun pays du Sahel d’ailleurs. Un peu comme la fameuse conférence de Berlin.
Donc, toutes les activités de la MINUSMA feront l’objet d’un suivi rigoureux par le chef du gouvernement Choguel Maiga. Le comité stratégique de suivi, tel est le nom de cette nouvelle entité créée par les autorités maliennes et placée sous la tutelle du Premier ministre Choguel Maïga. Selon le décret qui a officialisé sa création, le CSS est chargé d’assurer le suivi de l’exécution du mandat de la Minusma, de recueillir des informations sur toutes autres données sur les activités de la mission de l’ONU, d’instaurer un cadre permanent d’échanges relatifs à la Transition et à l’accord d’Alger et d’en informer le gouvernement sur toutes les activités menées par la MINUSMA. Outre ces missions, le décret donne également toute la latitude au membre du comité de décider en toute responsabilité la publication des notes d’analyses sur la situation sécuritaire, les questions politiques, institutionnelles et celle sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
La création du CSS s’apparente comme un gendarme chargé d’épier les faits et gestes des activités de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali. Avec le comité du stratégique de suivi, il n’est plus question pour le gouvernement de contester ou approuver le contenu des rapports trimestriels que la MINUSMA produit sur la situation qui prévaut au Mali. En retour produire un contre rapport, car l’article 13 dudit document indique que « le CSS procédé à la collecte, l’analyse et la diffusion des données ainsi qu’au lancement d’alerte et à la préparation des réponses subséquentes ».
Outre la volonté des Maliens de pousser les Occidentaux hors de l’Afrique, ce genre de comité de surveillance des Occidentaux fait également fuir les occupants.
C’est à l’Afrique maintenant de surveiller les faits et gestes des Occidentaux, et il serait intéressant, voire horrible de voir à quoi s’adonne les troupes militaires d’occupation en Afrique grâce à la bannière de la « lutte contre le terrorisme » ou encore celle des « droits de l’homme ». Si les Occidentaux étaient efficaces dans la lutte contre le terrorisme, on aurait dû voir des résultats dans les pays du Moyen-Orient, et si l’Occident était réellement des défenseurs des droits de l’homme, il n’y aurait pas tous ces soulèvements en Europe ou aux États-Unis.
Une chose est sûre, avec l’appui du peuple malien, les Autorités maliennes font le ménage au sein du pays, et la raison pour laquelle les Occidentaux sont en colère de voir encore le gouvernement de transition en place se fait voir de plus en plus.
3. France, ce néocolonialisme qui fait son possible pour ne pas mourir
L’ordre néocolonial français est encore maintenu partout dans les anciennes colonies d’Afrique. Mais l’ère de la Françafrique triomphante s’achève.
La France est le seul colonisateur qui tente encore de maintenir son contrôle militaire, financier et culturel sur ses anciennes colonies.
Toutes les puissances européennes, des Pays-Bas, à la Grande-Bretagne, au Portugal, à Allemagne et à Espagne, se sont retirés depuis longtemps de leurs anciennes colonies contraintes et forcées, il est vrai par les armes ou par des soulèvements pacifiques. La France seule continue de sévir partout.
En Afrique, plus de 60 ans après « les indépendances », son emprise reste quasiment intacte sur les territoires qu’elle a conquis au XIXe siècle à l’issue de sanglantes guerres.
On sait comment en application de la « vision stratégique gaullienne », la décolonisation de l’Afrique a procédé, pour que rien ne change quant à l’essentiel, en « accordant l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance », selon le mot du Premier ministre sous George Pompidou, ancien haut-commissaire au Cameroun, Pierre Messmer.
« Ceux qui réclamaient l’indépendance le moins » ont donc été installés dans toutes les colonies françaises d’Afrique, de Dakar à Djibouti, de Brazzaville à Lomé et à Bangui et des « accords de coopération militaires et monétaires » signés avec eux à la fois pour les « sécuriser » et pour créer et maintenir le franc CFA, moyen d’arrimage de l’économie des pays à la France et à l’Europe.
Leurs héritiers sont encore au pouvoir dans plusieurs pays francophones sous le parapluie de la France.
« Ceux qui réclamaient avec le plus d’intransigeance » l’indépendance ont pour leur part été éliminés politiquement ou physiquement.
Ils sont légion : Mamadou Dia au Sénégal, Djibo Bakary au Niger, Victor Biaka Boda en Côte d’Ivoire, Modibo Keita au Mali, Thomas Sankara au Burkina Faso, Sylvanus Olympio au Togo, Bathélémy Boganda en Centrafrique, Ruben Um Nyobé et Félix Roland Moumié au Cameroun.
Au prix donc d’interventions militaires successives, de l’élimination des leaders politiques indépendantistes partout et aussi d’un système de corruption systématique, l’ordre néocolonial français est encore maintenu partout dans les anciennes colonies d’Afrique.
Le quotidien français Le Monde indiquait en 2010 que pas moins de 50 interventions de l’armée française en Afrique, ont été effectuées date depuis 1960. On en serait a au moins 55 en 2021.
Mais l’ère de la Françafrique triomphante s’achève visiblement. À preuve, la mobilisation quasi permanente désormais de la jeunesse africaine de Dakar à Niamey contre la France, la guerre ouverte de l’intelligentsia et la société civile contre le FCFA et la dénonciation de l’intervention militaire française dans « la guerre contre le terrorisme » par les nouvelles autorités du Mali.
À preuve, le récent blocage des convois militaires français au Burkina Faso et au Niger. La défiance voire l’hostilité des jeunes africains à l’égard de la France n’épargne plus aucun pays de l’ancien « pré carré français en Afrique ».
Après les colonies esclavagistes, les DROM et les COM
Ailleurs, de la Martinique à la Guadeloupe et à la Nouvelle-Calédonie la défiance envers la France est tout aussi ouverte. On a voulu faire croire aux habitants de ces territoires qu’ils étaient devenus des Français à part entière en leur conférant les statuts de Départements ou Régions français d’outre-mer (DROM) et Collectivités d’outre-mer (COM), mais la fausse conscience de « Français comme les autres » qu’on a voulu créer ne pouvait prospérer face à la réalité de la domination politique et économique et au racisme quotidien. Toutes choses que le scandale du pesticide ultra-toxique du chlordane en Martinique a révélées au grand jour.
Le chlordane reconnu comme perturbateur endocrinien (qui interfère avec le système hormonal), comme neurotoxique, reprotoxique (pouvant altérer la fertilité) et classé comme cancérogène par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis 1979, a continué à être utilisé en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, contaminant les sols pour des siècles. Le scandale du chlordane est d’ailleurs l’une des causes, avec l’inégalité sociale renforcée par la crise sanitaire, le chômage des jeunes, les conditions de vie et la baisse du pouvoir d’achat des violents soulèvements populaires que la Guadeloupe et la Martinique ont connus en novembre dernier.
Si bien que le gouvernement français saisi de panique a dû proposer l’autonomie à la Guadeloupe, en même temps qu’il renforçait son corps expéditionnaire.
Il s’agissait en réalité de gagner du temps, comme les gouvernements français successifs l’ont fait face au Front de Libération Kanak Socialiste (FLKS) qui réclame l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie depuis au moins les années 1980. La Nouvelle-Calédonie est pourtant inscrite par l’ONU dans sa liste des territoires à décoloniser depuis 1947.
Après avoir louvoyé après la signature en 1988 d’un accord pour un référendum sur l’indépendance, le gouvernement du président Emmanuel Macron a imposé la tenue du référendum du 12 décembre 2021 malgré la demande de report du FLKS, face à la période de deuil que le peuple Kanak observait en cette période du fait de l’épidémie particulièrement meurtrière du Covid-19.
Le FLKS a dû dès lors appeler au boycott du référendum. Mais malgré l’abstention massive des populations Kanak, le gouvernement français proclamera quand même la victoire du Non à l’indépendance.
On ne peut s’empêcher de se rappeler du référendum du 28 septembre 1958 en Afrique à l’issue duquel on imposa par la répression, la corruption et l’intimidation (partout sauf en Guinée) le rejet de l’option à l’indépendance et le plébiscite en faveur de la communauté afro-africaine,
On connaît la suite…
Tout comme en Afrique naguère, l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie est en fait irréversible.
Car le colonialisme français devra bien mourir, en Afrique, comme en Nouvelle-Calédonie, en Martinique, en Guadeloupe et ailleurs.
ALYMANA BATHILY