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Zoom Afrique du 2 janvier 2022

AGOA : des sanctions qui ne servent à rien

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L’administration de Joe Biden a annoncé ce dimanche 2 janvier avoir exclu l’Éthiopie, le Mali et la Guinée de l’AGOA, un accord commercial liant les États-Unis à l’Afrique. Washington a jugé que les actions prises par ces trois gouvernements en violent les principes. Mais de quoi se vengent-ils les Américains ?

Actualité en Afrique :

  • Le Sénégal lancera un programme spécial de désenclavement portant sur plus de 2 500 km de routes en 2022 (président) ;
  • Tchad : le CNT vote la loi des finances 2022 ;
  • Zambie : l’exécutif annonce une campagne de formation professionnelle pour les enfants de la rue ;
  • Soudan : la télévision Al-Arabiya attaquée par des militaires

Analyses de la rédaction :

1. Guinée : le président expulsé du pays ?

En Guinée et depuis le coup d’État signé US-OTAN, le président indépendantiste et souverainiste guinéen, Alpha Condé s’est refusé à toutes coopérations avec les putschistes.

En effet, un putschiste que les médias mainstream omettent soigneusement de qualifier comme tel, car la politique néocoloniale dans une Afrique qui a pris conscience de sa force, de ses potentiels, et qui commence à imposer aux occidentaux ses règles du jeu, à diversifier ses partenaires à avoir les yeux tournés vers l’est, veut liquider le régime démocratique et le faire remplacer par des dictatures militaires, a démis Alpha Condé de ses fonctions en septembre dernier.

Lors de ce putsch, et tout comme ce que l’axe US-OTAN a fait avec l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, ou encore avec le Libyen Mouammar Khadafi, les militaires ont filmé la détention du président Alpha Condé, et transmis cela au monde entier. Une manière d’humilier et de détruire l’image, la souveraineté et l’intégrité d’un pays. 

 Le président Alpha Condé a été trop pro-Chine/Russie et le fait qu’il s’approchait de plus en plus de cet axe de l’Est, gênait cet axe.

Le fait que même après ce putsch Alpha Condé ne s’est pas plié face aux diktats occidentaux gêne et c’est en expulsant ce dernier du pays sous prétexte de « consultation médicale » que l’axe US-OTAN a craché son venin.

« L’ancien président guinéen Alpha Condé peut désormais quitter son pays et pouvoir consulter ses médecins à l’étranger à condition que ce déplacement n’excède pas un mois sauf avis contraire de ses médecins. Les nouveaux maîtres de Conakry ont accédé ainsi à une demande de la Cédéao qui a adressé un courrier au colonel Mamadi Doumbouya le 23 décembre 2021 », lit-on sur RFI.

Cela veut clairement dire que l’ancien président guinéen est considéré comme un détenu qui est « autorisé » à aller se faire soigner à l’étranger.

 Mais ceci n’est qu’un aspect de ce coup d’État qui, à part la déstabilisation, fait clairement reculer le pays.

Tout d’abord c’est dans le secteur économique que la Guinée post-coup d’État tourne au ralenti.

« Deux mois et vingt jours depuis sa nomination à la Primature (le 6 octobre) et à moins de deux mois de la fin du temps (6 mois) accordé par la communauté internationale (via la CEDEAO) à la Transition guinéenne, le Premier ministre a présenté sa feuille de route au président de la Transition. Seulement, malgré ce très long moment pris pour cette rédaction, Mohamed Béavogui n’a fait que recenser quelques principes déjà clamés par le Colonel Mamadi Doumbouya après son coup d’État du 5 septembre dernier et dans la charte de la Transition. », lit-on sur Guinematin par exemple.

Sur le plan sécuritaire, il y a un mois, c’est le Ministère belge des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et de la Coopération au développement qui a donné l’alerte dans une note adressée aux Belges vivant en Guinée ou désireux de venir dans le pays. Se basant sur le contexte sécuritaire dans la sous-région, le département a fait savoir qu’une attaque terroriste n’est pas exclue en Guinée.

Cela veut clairement dire que le putschiste guinéen, sûrement soutenu dans sa démarche par l’axe USA-OTAN ne peut plus trop compter sur ledit axe, qui menace désormais clairement le pays d’attaques terroristes.

Ce coup d’État fait donc partie d’une longue série de changements que les néocolonialistes désirent mettre en place sur le continent comme s’ils se trouvaient encore en 1885 à Berlin.

On a pu constater à de nombreuses reprises, comme en Centrafrique ou encore en Éthiopie, que l’union entre la population, l’armée nationale, le gouvernement est un rempart de taille face au néocolonialisme. Les coups d’État n’amènent à rien, car les véritables ennemis de l’Afrique profitent de la déstabilisation, des coups d’État, et des divisions interethniques ou interreligieuses, ou encore des ruptures entre population, armée nationale et gouvernement.

Le bloc uni de l’Afrique représente également l’anéantissement du néocolonialisme !

 

2. Mali/Éthiopie/AGOA : des sanctions qui ne servent à rien

L’administration de Joe Biden a annoncé ce dimanche 2 janvier avoir exclu l’Éthiopie, le Mali et la Guinée de l’AGOA, un accord commercial liant les États-Unis à l’Afrique. Washington a jugé que les actions prises par ces trois gouvernements en violent les principes.

« Les États-Unis ont exclu aujourd’hui l’Éthiopie, le Mali et la Guinée du programme de préférences commerciales de l’AGOA en raison d’actions prises par chacun de leurs gouvernements en violation des statuts » de cet accord, a indiqué la représentation américaine au Commerce (USTR) dans un communiqué.

Mais de quoi se vengent-ils les Américains ?

En effet, en Éthiopie, l’axe US-OTAN n’ayant pas réussi à déclencher une guerre interrégionale, la seconde phase de la guerre contre ce pays a été déclenchée par des pressions économiques.

Cette seconde phase se divise en deux parties : la première partie s’agit de s’en prendre à Ethiopian Airlines, et la deuxième partie s’agit des accords du pays avec l’AGOA : cette seconde phase est visiblement économique et vise les secteurs principaux du pays. 

D’ailleurs, le 21 novembre, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déploré la décision des États-Unis de retirer l’Éthiopie des privilèges de l’AGOA et l’a qualifiée de « malavisée et ne tient pas compte de l’engagement du gouvernement des États-Unis à valoriser le bien-être des citoyens ordinaires. » L’Éthiopie a fait valoir que la décision affecterait également « les moyens de subsistance de plus de 200 000 familles à faible revenu, principalement des femmes qui n’ont rien à voir avec le conflit ».

Mais pourquoi tant de pression contre ces secteurs ?

Le 7 octobre 2015, la compagnie éthiopienne remporte le prix de la compagnie aérienne de l’année (CAPA Airline of the year) décerné par le cabinet CAPA, lors de l’édition 2015 des prix de l’aviation pour l’excellence, qui s’est tenu à Helsinki dans le cadre du sommet mondial de l’aviation 2015 du CAPA. En juin 2019, Ethiopian Airlines remporte le prix de la meilleure compagnie aérienne en Afrique de l’année aux Skytrax 2019 Word Airlines Awards. Ethiopian Airlines, la compagnie nationale éthiopienne, a inauguré, le dimanche 15 décembre 2019, deux nouvelles routes internationales. L’une à destination de Houston aux États-Unis, et l’autre vers Athènes en Grèce. Grâce justement à cette dernière ligne, Ethiopian Airlines est devenu le 5e transporteur aérien au monde, en matière de pays desservis.

Dans la période 2018/2019, la compagnie aérienne la plus rentable du continent africain a surmonté la hausse des coûts des carburants et le ralentissement de l’économie mondiale avec une augmentation de 14 % du nombre de passagers.

Tout ceci explique le choix de l’axe USA-OTAN, et leur volonté de vouloir déstabiliser l’un des secteurs les plus stratégiques du pays.

Au Mali, depuis que cette junte a décidé de se rapprocher de l’Algérie, de laisser la Russie s’introduire dans les régions du nord au détriment de la force d’occupation française, un peu à l’image de la RCA, et qu’elle va jusqu’à étaler des liens avec l’Iran, côtoyer l’ambassadeur iranien et évoquer avec lui la coopération bilatérale entre les deux pays notamment dans le secteur économique, il y a un gros coup de panique au sein de l’axe US-OTAN, et surtout chez la France qui voit le résultat du second coup d’État tombé à l’eau, d’où le retrait du pays de l’AGOA.

 Mais ce genre de sanctions nuisent-elles réellement aux intérêts des Africains quand on voit qu’au Moyen-Orient les sanctions imposées à l’Iran, à l’Irak, au Yémen, en Syrie ou au Liban n’ont fait que renforcer la détermination des États-nations à faire face aux colonialistes et à préserver coûte que coûte leur souveraineté et leur indépendance ?

Le peuple éthiopien ou malien descend constamment dans les rues pour dénoncer les ingérences des pays occidentaux dans les affaires internes des pays d’Afrique. Cela suffit, et la politique actuelle de Washington pousse justement les pays à renforcer leur lien entre eux et à former un bloc uni contre les États-Unis et ses alliés.

 

3. CEDEAO: outil occidental ?

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest est une organisation intergouvernementale ouest-africaine créée le 28 mai 1975. C’est la principale structure destinée à coordonner les actions des pays de l’Afrique de l’Ouest. Mais durant ces dernières années et avec les prises de position de cette organisation on se demande ce que fait exactement la CEDEAO vue, que dans presque tous les coups d’État commis dans les pays africains dont le Mali, le Tchad et la Guinée, la CEDEAO n’a pas réellement condamné les auteurs et s’en est pris plus au peuple qu’aux détracteurs.

La CEDEAO est-elle l’équivalent économique des missions de maintien de la paix en Afrique ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV