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Zoom Afrique du 27 octobre 2021

Zoom Afrique du 27 octobre 2021

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Au Burkina Faso, pourquoi les médias mainstream s’emparent autant du procès Sankara ?

Actualité en Afrique :

  • Foot : Yamga, Français d’origine camerounaise, marque deux buts pour Esteghlal
  • Tanzanie – Burundi : des accords signés pour la construction d’infrastructures de transport
  • Gaz : la production camerounaise annoncée à la hausse au 4e trimestre 2021
  • Togo-Ghana : opérationnalisation du poste de contrôles juxtaposés, 7 ans après son inauguration

Actualité en Afrique :

1. Burkina Faso : le coup bas média contre Sankara !

Au Burkina Faso, pourquoi les médias mainstream s’emparent autant du procès Sankara ?

Tout le monde le sait, ce n’est pas un secret, l’Occident et particulièrement la France est impliquée dans cet assassinat.

Voici l’article de RFI, au Burkina Faso, le procès des présumés assassins du président Thomas Sankara et de ses douze collaborateurs assassinés est entré dans le fond. Un accusé, qui est l’un des hommes-clés des évènements du 15 octobre 1987, a reconnu les faits, mais au tribunal, il a dit ne pas se souvenir de tous ses faits et gestes le jour du coup.

Accusé d’avoir donné la mort avec préméditation en concertation avec Hyacinthe Kafando, et de complicité d’attentat à la sûreté de l’État, le soldat de première classe Élysée Ilboudo était, au moment des faits, conducteur au sein de la garde rapprochée de Blaise Compaoré.

« Je reconnais les faits », répond l’accusé à la barre suite à la présentation des charges contre lui. Il explique que le 15 octobre, le commando est parti du domicile de Blaise Compaoré à bord deux véhicules sur instruction de l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando. « Au Conseil de l’entente, on a fait une escale au pied-à-terre de Blaise Compaoré. Hyacinthe et les autres sont montés dans un appartement et redescendus », poursuit le soldat.

Une liste d’une soixantaine de témoins avait été déterminée par la cour lundi. Parmi les noms qui y figurent, trois personnalités françaises dont Jean-Christophe Mitterrand, fils de l’ancien président et alors son conseiller aux affaires africaines, Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, et Jack Lang, ancien ministre de la Culture. Contactés par RFI, les intéressés ou leur avocat ont affirmé ne pas avoir été informés de leur convocation. Pourtant, Jack Lang se dit disposé à répondre aux questions de la cour.

« Je suis prêt à apporter un témoignage humain et personnel [...] François Mitterrand n’était pas pro-impérialiste [...] Je ne peux même pas l’imaginer une seconde que la France et François Mitterrand aient pu jouer un rôle. Très souvent, il m’est arrivé de parler à François Mitterrand de Thomas Sankara. Il avait pour lui beaucoup de sympathie et d’amitié. »

Dans les médias burkinabés, le déroulement du procès reste tout de même plus précis.  

Le tribunal a, ce mardi 26 octobre 2021, tranché sur la requête de mise en liberté provisoire soumise par des avocats de la défense au bénéfice de leurs clients. La liberté provisoire est accordée à tous les accusés, sauf au général Gilbert Diendéré (Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando étant également absents).

Leurs avocats ont motivé leur requête par des éléments relatifs à des soucis de santé, des considérations d’ordre social (poids de l’âge, charge familiale...) et surtout à la « bonne foi » des accusés, qui ont toujours répondu à l’appel de la justice.

La requête n’avait cependant pas rencontré un avis favorable de la partie civile, qui a trouvé moins pertinent, les motifs avancés par leurs confrères. Elle avait estimé que rien ne garantit qu’en accordant la liberté provisoire, les intéressés ne vont pas se soustraire de la justice et/ou faire des pressions sur des accusés.

Il est clair que la France n’acceptera pas encore d’assumer la responsabilité de son acte. Mais le procès n’est pas encore terminé.

Cela dit, on a l’impression que les médias français qui couvrent l’évènement n’ont évidemment pas le but de découvrir les coupables, mais plutôt de profiter de ce procès pour lancer une nouvelle propagande à destination de la jeunesse burkinabé.

Tenter de disculper les accusés français, dénigrer la justice burkinabé et également sous-entendre que le Burkina Faso n’a pas les moyens nécessaires pour soulever un tel dossier. Mais la manœuvre va plus loin que cela. Il semblerait que les médias mainstream tentent par-dessus tout de manipuler l’opinion publique et de ne pas laisser échapper les idées de Sankara qui renaissent à travers ce procès. Un projet tiré par les cheveux, certes, mais cela entre évidemment dans les idéaux du néocolonialisme. Il est clair que la couverture de ce procès dans les médias français reflète une crainte que parmi la jeunesse burkinabé, des « Sankara » se multiplient et rendent la tâche des Occidentaux encore plus difficile dans leur processus de contrôle du Burkina Faso. Les médias français, qui ne mettent jamais en avant les avancées du Burkina Faso au niveau sécuritaire, et qu’au contraire, ils passent leur temps à dénigrer et à essayer de saper les initiatives nationales n’ont pas d’autres objectifs que de vouloir semer la confusion dans l’esprit des Burkinabés, principalement de la jeunesse.

Il est important de rappeler que le peuple burkinabé continue de suivre une voie d’anéantissement du néocolonialisme, et que si elle prend les armes aux côtés de l’armée nationale, c’est bien pour défendre le pays. Et les propagandes des médias dominants français ne pourront jamais changer la vision des Burkinabés par rapport à la souveraineté et l’intégrité du Burkina Faso.

2. Mali : bientôt la chute de Bamako ?

Au Mali, l’insécurité suit les actes du gouvernement malien.

Le représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) au Mali, Hamidou Boly, a été expulsé du Mali pour « agissements incompatibles avec son statut », a indiqué, lundi, le ministère malien des Affaires étrangères. Le Mali ne veut plus d’ingérence venant de l’extérieur.

Tout de suite après cette expulsion, une nouvelle attaque sanglante a eu lieu dans le centre du pays.

Dans le cercle de Djenné, les combats entre chasseurs traditionnels dozos et éléments de la Katiba Macina, y ont redoublé de violence, faisant plusieurs dizaines de morts depuis la semaine dernière. Les mêmes acteurs s’affrontent également dans le cercle de Niono, où l’armée malienne est intervenue ce lundi 25 octobre. Mais les soldats maliens sont aussi accusés d’exactions meurtrières, ce que l’armée dément.

La France en est encore à tenter de saper le processus de réconciliation nationale et de créer la division au sein des ethnies au Mali, mais elle continue de ternir l’image des militaires maliens, pourtant soutenus par la population malienne.

Lundi 25 octobre, l’armée malienne a mené une opération contre-terroriste dans le secteur. Des sources locales évoquent notamment des tirs par hélicoptère, en brousse, sur des positions terroristes. Mais ces mêmes sources –habitants, élus, associations communautaires – dénoncent également des exactions : les soldats maliens sont accusés d’avoir égorgé huit personnes, dont un vieillard et un bébé, dans le village de N’Dola, proche de Niono.

Dans un communiqué diffusé lundi après-midi, l’armée malienne reconnaît des « patrouilles aéroterrestres [...] ayant permis l’interpellation de 14 suspects », mais dément les accusations d’exactions. L’État-major évoque « une tentative de discréditer les actions impartiales menées par les Fama », mais précise néanmoins avoir ouvert une enquête « pour faire la lumière sur ces allégations ».

À chaque fois que les Fama mènent une opération seules, les médias français parlent directement d’exactions de la part des militaires maliens. Généralement, le processus est le suivant. Les renseignements concernant notamment la position des groupes terroristes sont censés être fournis par les militaires occidentaux. Et c’est après l’intervention des militaires maliens, que soudains les médias français parlent d’exactions en tout genre.

Il faudrait tout d’abord que les médias français apportent des réponses concernant la frappe de Bounti qui pour rappel, une frappe aérienne de la France avait été effectuée contre un rassemblement de terroristes, alors que c’était des civils qui célébraient un mariage.

Bref, il est clair que l’Occident n’est pas prêt à lâcher le Mali, peu importe le prix à payer. D’un autre côté, les Maliens sont également décidés à retirer leur territoire des griffes des Occidentaux.

Différentes collaborations doivent se mettre en place afin de régler une bonne fois pour toutes le problème de l’insécurité dans le pays. L’union nationale est sans aucun doute la clé de voûte du règlement de cette crise sécuritaire, mais les Maliens doivent également s’y mettre pour aider l’armée nationale tout comme on voit au Burkina Faso.

Selon les médias mainstream, il y a peut-être des divisions au sein de la population malienne, notamment sur une arrivée des Russes dans le pays, mais les Maliens sont au moins d’accord sur un point, c’est que la France doit dégager du pays et du continent.

3. RCA : Paris continue de chercher un bouc émissaire pour ses échecs

La République centrafricaine a émis des accusations à l’endroit de la France, faisant suite aux déclarations hostiles du ministre hexagonal des Affaires étrangères. Une fois de plus et au lieu de s’adapter à la réalité multipolaire, l’Élysée et le Quai d’Orsay refusent de reconnaître que leurs échecs ne sont l’œuvre que de leurs propres actions.

Lors d’une interview récente à la chaîne de télévision France 5, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait dénoncé l’action en Centrafrique des prétendus mercenaires russes, en adoptant un ton, comme à son habitude, dans le pur style néocolonial et condescendant à l’égard d’un État souverain. Cette sortie n’a pas manqué de faire réagir la cheffe de la diplomatie centrafricaine Sylvie Baïpo-Temon qui a déclaré que les propos de son homologue français sont inacceptables, car mensongers et qu’il y a une volonté de sa part d’infantiliser la République Centrafricaine.

La rhétorique hostile de Paris vis-à-vis de Bangui, qui n’a pas manqué de susciter la réponse de la ministre des Affaires étrangères de la RCA, démontre une fois de plus l’incapacité quasi totale de l’establishment élyséen à pouvoir regarder de façon rationnelle non seulement l’avenir de ses partenaires, mais peut-être et surtout son propre avenir. Cette incapacité hexagonale non seulement à respecter la souveraineté de ses partenaires extérieurs et de mettre un terme une bonne fois pour toutes à des manières comportementales d’une autre époque, fort heureusement révolue, révèle aussi la volonté de toujours chercher les coupables de ses propres échecs – ailleurs – au lieu de se regarder, un tant soit peu, dans le miroir.

Paradoxale d’ailleurs cette approche qui dit que lorsque les « alliés » anglo-saxons humilient la France, l’establishment atlantiste hexagonal actuel fait tout le possible pour calmer l’affaire, mais lorsque ces mêmes élites élyséennes observent la chute évidente de leur influence en Afrique – pour des raisons tout à fait logiques et attendues d’ailleurs – il faut toujours chercher des boucs émissaires pour tenter de justifier ces échecs. En infantilisant justement, comme le rappelle la cheffe de la diplomatie centrafricaine. Comme si les Africains n’étaient pas capables de choisir eux-mêmes leurs partenaires et alliés, et de ne pas être en mesure de réaliser leurs propres analyses géopolitiques et stratégiques.

Au final et comme attendu, tout semble aller effectivement dans la poursuite des échecs des responsables hexagonaux à l’échelle internationale. Si d’ailleurs ils pensent que dans le cadre du continent africain ces échecs se limiteront à la Centrafrique et au Mali – il s’agira très certainement d’une énième erreur prévisionnelle.

En janvier dernier, la ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine avait accordé un entretien à Observateur Continental. Lors de cet entretien, Sylvie Baïpo-Temon avait clairement indiqué que « la RCA avait besoin de la synergie de tous les partenaires, de la solidarité de tous les partenaires pour la seule cause qui est le retour à la paix et à la stabilité en Centrafrique ».

Au-delà du fait que Paris n’a aucunement contribué au retour justement de la paix sur le sol centrafricain au cours des dernières années, si ce n’est pas dire le contraire, à la très grande différence des alliés sincères de la RCA, il est à penser que le fait de maintenir également une mentalité d’arrogance extrême dans le cadre d’une relation bilatérale entre deux États souverains – pourrait tout simplement voir la porte d’un quelconque partenariat digne de ce nom fermé.

En parlant d’ailleurs de souveraineté et compte tenu du niveau d’asservissement des élites élyséennes vis-à-vis de Washington depuis déjà un bon moment – il serait certainement juste de dire que la République centrafricaine, malgré des années de crise dont elle sort progressivement – est un État souverain. Quant à la République française dans sa version actuelle – rien n’est moins sûr.

Par Mikhail Gamandiy-Egorov

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SOURCE: FRENCH PRESS TV