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Zoom Afrique du 19 octobre 2021

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Thomas Sankara, le président du Burkina Faso, a été assassiné il y a 34 ans aujourd’hui. Alors que les niveaux d’endettement des pays du Sud ont atteint un niveau record, l’appel de Sankara à la résistance à l’endettement en tant qu’outil de domination néocoloniale n’a jamais été aussi pertinent.

Actualité en Afrique :

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  • Cameroun : l’État officialise le plan de remboursement de 261,4 milliards de FCFA dus par la Sonara à 9 banques locales
  • Le Burkina Faso et le Niger annoncent la mutualisation des efforts contre le terrorisme (Présidents)
  • Démarrage de la 27e édition du FESPACO : Le Niger présent au rendez-vous avec une délégation et le documentaire « Zinder » en compétition officielle

 

Analyses de la rédaction :

1. Mali : l’union fait la force !

Au Mali, à l’heure où les soldats de Barkhane continuent de tuer la population, la nation se concentre plus sur la réconciliation et même le dialogue avec les terroristes.

Une femme a été « neutralisée » par des soldats français de la force Barkhane, au Mali, lundi 18 octobre, lors d’une « mission de reconnaissance dans une zone où des éléments d’un groupe armé terroriste avaient été détectés, à l’est de Gossi «, indique ce mardi dans un communiqué l’état-major des armées. Le corps de cette femme, qui n’a pas été identifié, a été enterré.

Ce « groupement tactique » français « accompagnait une unité malienne ». Lors de cette mission, « deux individus à moto » ont d’abord été « détectés ». « À la vue des soldats français et maliens », ils ont « abandonné la moto et se sont repositionnés dans un bois ». « Un fusil d’assaut abandonné, des munitions et un sac militaire » ont été « découverts près de la moto ».

Les soldats ont alors « engagé la poursuite de l’un des deux individus dans le bois ». « Quatre tirs de sommation » ont été « réalisés pour le stopper ce dernier », sans succès. « À l’approche d’un découvert, l’individu s’est retourné vivement vers un soldat qui a appliqué un tir de neutralisation. Les soldats ont ensuite rejoint la position de l’individu neutralisé et découvert qu’il s’agit d’une femme », peut-on également lire dans ce document.

« Le commandant de la force Barkhane a initié une enquête de commandement pour préciser le déroulement exact des faits et disposer d’un éclairage complet sur cette action de combat », précise le ministère.

Le genre de tuerie qu’on a souvent vu apparaître dans les médias. Mais encore une fois, il ne reste pas de témoin pour établir une enquête précise, contrairement à la frappe aérienne du village de Bounti dont l’affaire a éclaté, car il y avait encore des témoins vivants et d’ailleurs, aucune sanction n’a été prononcée envers la France pour cet acte.

Pour remédier à la question sécuritaire, outre la force militaire, Bamako se penche sur un point essentiel qui a auparavant donné d’excellents résultats, c’est un dialogue national.

Il est important de rappeler que depuis que les ethnies au Mali se sont mises à signer des accords entre eux afin d’éviter l’enlisement de conflit interethnique comme le cherche la France dans sa politique de diviser pour mieux régner, il n’y a plus eu de conflit armé entre différentes ethnies, en tout cas, les médias mainstream n’ont plus rien divulgué à ce sujet.

Maintenant, le gouvernement malien mandate le Haut Conseil islamique pour négocier avec Ag Ghaly et Kouffa.

Les discussions de Bamako avec les jihadistes du Jnim, à l’échelle nationale, peuvent commencer. Des négociations avaient déjà cours au niveau local avec certains groupes liés à Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique). Et les autorités maliennes de transition avaient déjà exprimé à plusieurs reprises leur intention de passer à l’échelle supérieure. Cette mission vient très concrètement d’être confiée au Haut Conseil islamique (HCI) du Mali par le gouvernement de transition.

Le Haut Conseil islamique précise que ce choix est conforme aux souhaits exprimés lors du Dialogue national inclusif de 2019, et que les autorités de transition souhaitent à présent mettre en œuvre.

Ce que le ministre malien des Affaires religieuses et du Culte, Mamadou Koné, a confirmé à RFI : « C’est une demande populaire, explique le ministre, il ne s’agit pas de tergiverser. L’écrasante majorité de la population malienne l’a demandé avant même la Transition. »

Aussi le ministre des Affaires religieuses a-t-il personnellement confié, la semaine dernière, cette mission dite « de bons offices » au Haut Conseil islamique. Présidé par l’imam Chérif Ousmane Madani Haidara, le HCI avait déjà négocié sur le terrain avec les éléments de la Katiba Macina l’accord de cessez-le-feu obtenu en mars dernier dans le cercle de Niono. Accord aujourd’hui rompu : des discussions sont actuellement en cours pour tenter de le restaurer.

Le HCI a donc dorénavant une mission bien plus large, expliquée par Moufa Haidara, en charge de ces négociations au sein du Haut Conseil : celle de « trouver un compromis, entre Maliens, pour que la guerre cesse » dans l’ensemble du pays. Et de rappeler que le Mali est régulièrement frappé par des attaques terroristes dans le Nord – terrain privilégié des hommes d’Iyad Ag Ghaly – et dans le Centre – où ce sont les éléments combattants d’Amadou Kouffa qui sont à l’offensive.

Le genre de dialogue qui, pour rappel, la France a toujours été opposé, peut ramener un certain calme dans certaine zone du pays.

La situation sécuritaire s’est largement dégradée depuis que les militaires français occupent le pays. La force européenne s’est d’ailleurs jointe à cette prétendue lutte contre le terrorisme, avec aussi les nombreux soldats de l’ONU, pourtant, toujours pas d’amélioration au niveau sécuritaire. Ce n’est plus un secret pour personne, les Occidentaux sont soit vraiment pas capables de se défendre ou mener une guerre, soit, ils sont seulement là pour décorer le paysage.

Bref, tout comme le Burkina Faso l’a fait, la lutte contre le terrorisme demande l’implication de la population et de l’armée nationale. Le terrorisme, tout comme le néocolonialisme ne peut en aucun cas faire face à un pays uni de toute part. 

2. Burkina/Sankara : la vision de Sankara ne serait-elle pas pertinente aujourd’hui ?

Thomas Sankara, le président du Burkina Faso, a été assassiné il y a 34 ans aujourd’hui. Alors que les niveaux d’endettement des pays du Sud ont atteint un niveau record, l’appel de Sankara à la résistance à l’endettement en tant qu’outil de domination néocoloniale n’a jamais été aussi pertinent.

Le 15 octobre marque le trente-quatrième anniversaire de l’assassinat du président burkinabé Thomas Sankara. Cette année, l’anniversaire coïncide également avec le procès tardif de certaines des personnes accusées d’avoir participé à son assassinat.

Bien que sa présidence n’ait duré que quatre ans, Sankara est devenu une icône du panafricanisme. Son héritage continue d’inspirer des mouvements contre l’impérialisme et le colonialisme à travers le monde.

Sankara a constaté que la dette n’était qu’une autre forme de contrôle impérial par les anciens colonisateurs africains. Son assassinat a brusquement mis fin à sa tentative de mettre en place une alliance de pays pour contester la dette. Sa politique de résistance face à la dette est toujours d’actualité aujourd’hui.

Thomas Sankara est arrivé au pouvoir en 1983 à la tête du Burkina Faso alors qu’il n’avait que trente-trois ans. Au cours de quatre courtes années au pouvoir, il a introduit des réformes radicales pour augmenter les recettes intérieures et réduire la dépendance du pays à l’égard de l’aide étrangère. Il a soutenu la réforme agraire ainsi que la production locale écologique de nourriture pour assurer l’autosuffisance, conformément à son mantra, « celui qui vous nourrit vous contrôle ».

Au cours de ces quatre années au pouvoir, Sankara a aussi introduit des réformes radicales pour augmenter les revenus intérieurs et réduire la dépendance du pays à l’égard de l’aide étrangère.

Ses réformes de la santé ont conduit à des investissements publics dans des centres de santé et à des programmes de vaccination généralisés contre la fièvre jaune, la méningite et la rougeole. Il a également construit des infrastructures publiques et des logements et s’est attaqué à l’analphabétisme de masse. Les communautés rurales ont bénéficié de la fin des paiements de tribut et du travail obligatoire pour les chefs de village. Il a interdit les mutilations génitales féminines, les mariages forcés et la polygamie, et il a nommé des femmes à des postes gouvernementaux de haut niveau.

Si la présidence de Sankara a fait des progrès sociaux et économiques significatifs, elle n’a pas été sans défauts. Il fit taire ses opposants, réprima les syndicats et la presse et tint une série de tribunaux révolutionnaires où ses ennemis furent jugés sans recourir à des procédures judiciaires équitables. L’ancien collègue du gouvernement de Sankara, Serge Théophile Balima, a déclaré : « Je pense qu’il a été trop lent à accepter l’idée d’une démocratie pluraliste, et ceux qui s’opposaient à lui ne pouvaient pas lui parler et se faire entendre ».

Résister au néocolonialisme

Les critiques de Sankara dans son pays et à l’étranger ont également été menacées par sa dénonciation du rôle dominant de la France dans ses anciennes colonies et ses avertissements contre le néocolonialisme sous la forme d’institutions telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Il considérait la dette comme un mécanisme clé du contrôle néocolonial : « La dette doit être considérée du point de vue de ses origines… Ceux qui nous prêtent de l’argent sont ceux qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies ».

À l’époque, de nombreux pays africains étaient embourbés dans des crises ayant pour origine la dette. Sankara a décrit graphiquement les fonctionnaires du FMI et de la Banque mondiale comme des colonisateurs qui s’étaient « transformés en assistants techniques. On devrait plutôt dire “assassins techniques” ».

Sankara considérait la dette comme un mécanisme clé du contrôle néocolonial

Les institutions financières internationales (IFI), qui sont contrôlées par les pays du Nord, ont longtemps poussé un programme d’austérité, de libéralisation, de déréglementation et de privatisation à travers les conditions politiques qu’elles attachent aux prêts, en utilisant la dette comme une forme de contrôle économique. Ces politiques de libre marché ont échoué de manière spectaculaire, laissant les pays bénéficiaires dans une situation pire tout en enrichissant les sociétés multinationales.

L’impact de telles politiques se fait encore sentir aujourd’hui. De nombreux pays du Sud n’étaient absolument pas préparés lorsque la pandémie les a frappés l’année dernière, avec des services publics élimés et des systèmes de santé terriblement inadéquats. Le FMI et la Banque mondiale ont continué d’imposer des conditions d’austérité avec des prêts qu’ils ont accordés pendant la pandémie, exigeant des réductions des services sociaux et des allocations de chômage et des gels de salaires pour les travailleurs du secteur public et les professionnels de la santé.

« Les prêteurs ne mourront pas »

Thomas Sankara a parfaitement compris comment les anciens colonisateurs de l’Afrique ont utilisé la dette pour contrôler son développement économique selon leurs intérêts. En 1987, il prononce un discours au sommet de l’Organisation de l’Unité africaine, appelant les autres chefs d’État et ministres africains à créer un front uni contre la dette : « La dette ne peut pas être remboursée, d’abord parce que si nous ne remboursons pas, les prêteurs ne mourront pas. Ça, c’est sûr. Mais si nous remboursons, nous allons mourir. Ça aussi c’est sûr ».

En lançant cet appel à la solidarité, Sankara a prédit qu’il ne vivrait pas pour assister à une autre réunion si le Burkina Faso restait seul dans sa résistance contre la dette. Quelques mois plus tard, il est assassiné. L’allié de Sankara et adjoint au gouvernement burkinabé, Blaise Compaoré, s’est autoproclamé président. Compaoré est désormais jugé avec treize autres personnes pour l’assassinat de Sankara.

Compaoré a cité l’hostilité de Sankara envers la France comme la raison du coup d’État. Le gouvernement français est largement soupçonné d’avoir soutenu l’assassinat de Sankara parce qu’il était tellement alarmé par sa rhétorique anti-impériale et son rejet des politiques du FMI et de la Banque mondiale. Ces dernières années, la France a partagé des documents déclassifiés sur le meurtre de Sankara avec le gouvernement du Burkina Faso, mais elle n’a pas rendu ces documents accessibles au public.

Compaoré a annulé la plupart des réformes de Sankara et accepté des prêts du FMI, ainsi que leurs conditions économiques désastreuses. Il est resté au pouvoir pendant vingt-sept ans avant qu’un soulèvement populaire ne le renverse en 2014. Le Burkina Faso est désormais classé huitième à partir du bas de l’indice de développement humain des Nations unies, avec 40 % de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté national et une grave pénurie d’agents de santé qualifiés.

L’appel de Sankara à la résistance contre la dette reste aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était au moment de sa mort. Trente-quatre pays du Sud connaissaient déjà une crise de la dette au début de la pandémie l’année dernière. L’impact de la pandémie a maintenant poussé les niveaux d’endettement des pays à faible revenu à un niveau record. Des milliards de dollars continuent d’affluer sous forme de remboursements de dettes au lieu d’être utilisés pour financer des programmes publics de soins de santé et de protection sociale.

Les pays du Sud sont confrontés à une double catastrophe, car ils doivent également faire face à l’urgence climatique. L’annulation de la dette serait le moyen le plus rapide de fournir le financement qui est si désespérément nécessaire. La vision de Sankara doit perdurer et elle devrait galvaniser le mouvement mondial pour la justice contre la dette.

3. RCA : à qui profitent les attaques contre le gouvernement centrafricain ?

Les rebelles CPC, la guerre médiatique lancée par les médias occidentaux, bref, on le sait, l’Occident ne supporte pas les souverainistes. Par contre, voyant ces attaques de toute part, il est tout de même important de se demander à qui profitent les attaques contre le gouvernement centrafricain. Une analyse du géopoliticien Luc Michel.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV