Au contraire de ce que semblent croire certaines analyses, cette barkhanisation du Sahel ne date pas d'il y a deux jours quand le président français a révélé le fond de sa pensée de colonialiste rothschildien qui a décidé de la fermeture du ciel algérien sur les avions de Barkhane. Cette entreprise remonte bien loin, juste au lendemain du coup d'Etat de Goita qui a permis à Paris de déverrouiller des dizaines de prisons et à libérer des Jihadistes. Ce faisant Paris cherchait à déstabiliser non seulement le nord touareg du Mali, faire regretter au FAMas son retour dans le nord malien, mais encore ces très longues frontières que le pays partage avec l'Algérie. C'était sans compter avec l'unité interafricaine qui bien que négligée sous Bouteflika est si profonde qu'aucun Accord d'Alger ne saurait ébranler. Depuis cette date, des milliers d'ex terroristes sont revenus dans leurs villages au Mali sous l’œil ahuri d'une Barkhane qui voit le principal prétexte à sa présence au Sahel, le terrorisme s'évaporer dans la nature. Et bien la fermeture du ciel algérien sur Barkhane va dans ce même ordre d'idée, c'est un coup fatal à l’édifice colonialiste français en Afrique. Tout comme semble l'être ce curieux virage de la junte malienne qui annonce le débarquement des forces Wagner au Mali et ce au grand dam de la France coloniale. L'Algérie s'apprête-t-elle à envoyer ses soldats chasser Barkhane du Sahel, dissoudre G5 Sahel et mettre à sa place une coalition interafricaine comme le souhaitait en son temps Kadhafi?
Le ministre des Affaires étrangères algérien l’a clairement laissé entendre lors de sa longue intervention au Mali, où il a été dépêché par le président Abdelmadjid Tebboune avec une mission bien précise. Après avoir rappelé à la France ses devoirs en tant que partenaire de l’Algérie et invité le locataire de l’Elysée à faire preuve de retenue, voire à relire ses manuels d’histoire, Ramtane Lamamra a ajouté qu’«en tant que pays africain fortement attaché à [notre] indépendance nationale, nous nous tenons aux côtés du Mali frère et nous rappelons à qui veut bien nous entendre, et entendre la voix de la raison, que l’Afrique, qui est le berceau de l’humanité, est également le tombeau du colonialisme et du racisme».
Le message est clair : l’Algérie s’emploie à botter l’armée française hors du Mali et, plus généralement, du Sahel où elle s’est implantée grâce sinon à la complicité du régime Bouteflika, du moins à sa permissivité. Les propos de Ramtane Lamamra, qui s’exprimait devant un parterre de journalistes maliens et devant les nouveaux dirigeants du pays, ne sont pas des paroles en l’air. «La lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l’accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers», a-t-il insisté, en expliquant que l’Algérie est, effectivement, «très fière de cette contribution à l’émancipation des peuples africains et ceci nous impose le devoir de rester extrêmement vigilants, extrêmement engagés lorsqu’il s’agit de préserver notre indépendance nationale comme celle de nos pays frères, voisins, amis». Mais l'ANP va-t-elle en rester au Sahel? En ces temps d'infiltration à grande échelle d'Israël au Maghreb par Rabat interposé, n'est-ce pas qu'une coalition plus largement incluant la Résistance s'impose?
Le chef de la Diplomatie algérienne M. Lamamra a eu l'amabilité de répondre en exclusivité aux questions du journaliste de PressTV.