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L’Iran serait ouvert à une reprise avec l’Arabie saoudite, mais à quelle condition ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'Iran a participé à la Conférence de Bagdad pour la coopération et le partenariat. ©Mashregh News

Avant de prendre l’avion à destination de Bagdad, le tout nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé qu’il accueillerait toute initiative irakienne en rapport avec les dialogues régionaux. Selon le site d’information et d’analyse politiques Mashregh News, des analystes y voient une allusion au dossier toujours ouvert des liens irano-saoudiens.

Le gel des relations bilatérales n’a pas été une mesure prise par l’Iran, mais une initiative lancée par l’Arabie saoudite en connivence avec des figures politiques criminelles dont l’ancien président américain, Donald Trump. La question qui s’impose est de savoir quelles évolutions auraient pu tellement motiver Riyad pour vouloir rétablir aujourd’hui des liens diplomatiques avec Téhéran.

Une reprise des liens Téhéran-Riyad éveille deux importantes questions : premièrement, quel événement exactement a fait sortir leurs relations bilatérales de leur état normal ; et deuxièmement, lequel des deux pays aurait le plus grand besoin à l’heure qu’il est de renouer avec l’autre ?

Certains analystes parlent d’un refroidissement des relations Riyad-Washington en tant qu’un facteur décisif. En effet, le déroulement des choses dans la région est tel que c’est Riyad qui aurait grand besoin de renouer avec Téhéran. Au Yémen, la coalition saoudienne a été mise au pas, tandis que la sérieuse mésentente entre les princes du royaume est un feu qui couve sous la cendre, si bien que le prince héritier Mohammed ben Salmane s’est vu obligé de faire retourner certains princes dissidents à leur poste d’antan.

Avant que les pressions régionales et les lacunes intérieures n’aient serré l’étau autour de l’Arabie saoudite, ses responsables politiques avaient l’habitude de rejeter toute offre de coopération ou d’amitié de la part de l’Iran. Ils ne cessaient de dire que la question yéménite concerne le monde arabe et n’a aucun rapport avec l’Iran.

Les Américains, quant à eux, ont leur propre argument pour s’intéresser à une entente saoudo-iranienne : « le régime saoudien, il faudra le juguler à l’intérieur des frontières de l’Arabie saoudite, mais quant à l’Iran, il faudra le freiner à l’extérieur de ses frontières », prétendent les Américains.

Quoi qu’il en soit, la situation interne et externe en Arabie saoudite est de telle que le pays devrait plutôt accueillir l’idée d’une reprise de liens avec l’Iran. L’Iran aussi pourrait s’y intéresser, mais sous certaines conditions :

1. Le « parrain » du terrorisme régional doit abandonner ses bêtises. N’est-ce pas que l’Arabie saoudite a tendu la main à l’Iran pour dissiper certains de ses soucis ? Ce sera donc nécessaire qu’elle fasse preuve de bonne foi et qu’elle s’engage à rompre officiellement tous ses liens et coopérations avec des groupes terroristes salafistes et takfiristes.

2. Le gouvernement saoudien doit reconnaître officiellement la défaite au Yémen, faire sortir toutes ses troupes officielles ainsi que tous les groupes qui lui sont affiliés, des frontières légitimes yéménites, dédommager le peuple yéménite pour les dégâts dus à la guerre et lui présenter des excuses officielles.

3. Une entente précédente entre Riyad et Doha semble ignorer les intérêts nationaux de l’Iran en ce qui concerne le droit à l’exploitation conjointe des réserves de gaz naturel dans le golfe Persique. Avant que ces deux soi-disant « grand et petit frères » arabes ne renouent, le Qatar avait accepté la part égale avec l’Iran concernant l’exploitation de ressources gazières ; toute nouvelle entente avec Riyad est donc censée assurer complètement les intérêts de l’Iran à ce sujet.

4. Au cours des dernières années, l’Arabie saoudite a largement contribué au blanchiment d’argent en utilisant le territoire irakien, afin de préparer des actes anti-iraniens. Il va donc falloir que l’Arabie saoudite rompe ses liens avec tous les mercenaires et abandonne une bonne fois pour toutes le scénario anglais de semer la discorde entre chiites et sunnites.

5. Au Liban, l’Arabie saoudite a dépensé 10 milliards de dollars, rien que pour y amener au pourvoir un gouvernement stipendié ; qu’elle arrête maintenant des atermoiements contre la force juste et populaire qu’est le Hezbollah libanais.

6. Le régime saoudien a commis ces dernières années des crimes abominables contre ses propres citoyens chiites notamment dans les régions de Qatif et d’ak-Ahsa. Le temps est donc venu pour que le régime saoudien garantisse une vie calme avec prospérité et liberté aux habitants desdites régions.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV