Décidément , de la part des puissances qui ne vont pas par quatre chemin pour reconnaître qu'à leurs yeux l'Afrique n'a pas droit d'avoir une flotte aérienne civile porteuse d'argent ou une flotte aérienne militaire capable de protéger leurs Etats, ce genre de largesse ne devrait étonner ...
Analyses de la rédaction :
1-La révolte minière en Afrique?
Quand il s’agit d’évoquer le potentiel minier de l’Afrique, les chiffres donnent le vertige et les superlatifs ne manquent pas. Pourtant, les immenses ressources minérales des sous-sols africains ne profitent que faiblement (voire pas du tout) à leurs économies. Ces dernières années, certains Etats semblent avoir compris qu’ils gagneraient beaucoup à changer la donne. Sur la longue route qu’ils auront à parcourir, il leur faudra trouver le courage et la détermination pour chasser certaines sociétés minières juniors qui se font abusivement de l’argent en spéculant durant plusieurs années sur des permis miniers qu’elles n’auront jamais les moyens, ni même parfois l’intention, de développer.
Il existe plusieurs types de compagnies dans le secteur minier. Les « géants miniers » sont ces grandes multinationales qui font partie des plus grands groupes du secteur et possèdent plusieurs opérations minières dans plusieurs juridictions. En dessous de ces champions se trouvent les compagnies minières qui ont des moyens plus modestes, mais exploitent déjà au moins un gisement minier. Puis les « jeunes pousses » qui n’ont presque ou pas de moyens financiers et qui doivent encore « séduire » les investisseurs. C’est cette dernière catégorie qui conduit généralement les premiers travaux d’exploration sur un site minier, avec de faibles chances de réussite puisque très peu de projets d’exploration aboutissent à une exploitation.
En cas de succès, ces petites entreprises doivent, soit chercher du financement pour se lancer dans l’exploitation de leur découverte, soit céder tout ou partie du projet à une compagnie plus grande ou encore se faire racheter par une société qui a les moyens et qui est intéressée par l’actif.
Si le rôle de ces juniors dans la chaine de valeur de l’industrie est important, certaines de ces entreprises n’hésitent pas à en détourner l’objectif pour s’enrichir abusivement. Elles se font octroyer des licences d’exploration dans les juridictions minières en vendant du rêve aux gouvernements et ensuite elles spéculent en bourse durant plusieurs années sur le potentiel qui leur est confié, en augmentant leurs propres valeurs en bourse.
Si le rôle ces juniors dans la chaine de valeur de l’industrie est important, certaines de ces entreprises n’hésitent pas à en détourner l’objectif pour s’enrichir abusivement.
Le secteur de l’exploration minière s’est développé en Afrique ces dernières années. Le continent réputé pour ses grandes richesses minières inexplorées attire de plus en plus de compagnies étrangères. Et le lot pullule de junior-minières.
Les sociétés minières juniors se multiplient en Afrique
Selon la base de données d’Ecofin, des centaines de permis d’exploration sont détenus par ces entreprises junior dans la plupart des juridictions minières du continent. Elles sont pour la plupart cotées sur la bourse ASX ou sur les marchés alternatifs (TSX-V à Toronto ou le marché AIM de la bourse de Londres).
La plupart du temps, l’exploration minière ne demande pas des moyens considérables.
Si plusieurs d’entre elles s’activent vraiment pour développer leurs projets, d’autres ne font pas grand-chose de leurs licences, sinon spéculer en bourse sur la valeur virtuelle des concessions qui leurs sont octroyées. Au Cameroun, pays souvent utilisé pour illustrer le phénomène, plusieurs entreprises étrangères ont ainsi jeté de la poudre aux yeux des dirigeants pour détenir sur une longue période des projets sans jamais les faire démarrer. Par exemple, au début des années 2000, l’américain Hydromine a promis au Cameroun un investissement d’environ 5000 milliards de francs CFA pour développer le projet de bauxite de Minim-Martap. Cela s’avèrera n’être qu’un « bluff », car la société va se révéler plus tard n’être qu’une startup sans ressources.
Par exemple, au début des années 2000, l’américain Hydromine a promis au Cameroun un investissement d’environ 5000 milliards de francs CFA pour développer le projet de bauxite de Minim-Martap. Cela s’avèrera n’être qu’un « bluff », car la société va se révéler plus tard n’être qu’une startup sans ressources.
Face à son incapacité à trouver le financement, le gouvernement camerounais a dû, en juillet 2018, se résoudre à transférer les permis sur ce projet minier à l’Australien Canyon Resources.
Il en est pratiquement de même pour Geovic Mining, une junior américaine cotée à Toronto et à la structure complexe qui a longtemps entretenu l’espoir d’exploiter le gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna, à l’est du Cameroun. Malgré de nombreuses années passées sur le site, le projet n’a jamais pu décoller. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui de Sundance, qui est resté plus de 15 ans sur le projet de minerai de fer Mbalam-Nabeba (à cheval entre le Cameroun et le Congo), a promis de faire des deux pays de grands exportateurs, mais n’y est jamais parvenu.
Pourquoi les Etats africains tardent-ils à réagir ?
Selon une enquête réalisée il y a quelques années par le géologue congolais David Beylard et publiée dans Les Afriques, la liste des juniors minières qui se font ainsi de l’argent sur le dos des pays africains est longue. Et les scénarios se ressemblent pour la plupart. Elles montrent dans les premiers mois qui suivent l’acquisition des licences un certain dynamisme et font de multiples promesses pour emballer les autorités. Quand elles commencent par marquer le pas, la première raison avancée est « l’état du marché ». Par exemple, dans le cas de Sundance Resources au Cameroun, l’entreprise évoque pour expliquer en partie son retard sur le projet Mbalam, la chute mondiale des prix des matières premières en 2015. Sauf qu’elle est arrivée dans le pays depuis 2006 et qu’elle prévoyait initialement de lancer la production de minerai de fer en 2012.
Mais si ces compagnies étrangères gardent sur une si longue période les permis sans produire la moindre once ou tonne, la faute est imputable en partie aux dirigeants africains. Ces derniers achètent trop vite et facilement les rêves vendus par des entreprises qui n’ont aucun moyen financier, certaines étant même des « coquilles vides ». C’est pourtant leur rôle de savoir qu’une entreprise junior n’a en général pas des moyens financiers pour aller en phase d’exploitation et que les projets d’exploration qui aboutissent à des opérations minières ne sont pas nombreux. Ils sont donc censés rester sur leurs gardes quand ils accordent des licences à ces petites entreprises qui n’ont aucune référence dans le secteur minier. Ils devraient se méfier quand les reports d’échéances commencent à se multiplier.
Mieux vaut tard que jamais
En mai dernier, le gouvernement éthiopien a décidé d’annuler 27 permis miniers non utilisés, et a envoyé des avertissements à trois sociétés. Quelques mois plus tôt, en décembre 2020, il révoquait 63 licences pour la même raison. Selon le ministre des Mines Takele Uma, ces licences seront réattribuées dans le cadre d’un appel d’offres international. L’objectif de l’Etat est, apprend-on, de stimuler la production minière et de faire du secteur minier un secteur clé de la réforme économique. ce qui a valu à Aby Ahmed la colère occidentale. En Tanzanie, le gouvernement de l’ancien président John Magufuli avait pris la même décision en janvier 2019 et cela lui a été fatal. Il prévoyait de retirer aux grandes compagnies minières les permis non encore exploités et de les attribuer aux petits exploitants. Au Zimbabwe, le gouvernement veut « rigoureusement » appliquer une politique « utilisez-le ou perdez-le » dont le but est de forcer les entreprises à développer leurs actifs miniers et à ne pas les conserver à des fins spéculatives. Tous ces cas traduisent un début de prise de conscience par les Etats du laxisme dont ils ont longtemps fait preuve et qui les a empêchés de tirer véritablement parti du potentiel minier de leurs sous-sols. Annuler tous ces permis inexploités, si les autorités vont au bout de leurs décisions, est un début de solution qui arrive peut-être tard....
2-Ghana : "Fatale" assistance aérienne US?
Décidément , de la part des puissances qui ne vont pas par quatre chemin pour reconnaître qu'à leurs yeux l'Afrique n'a pas droit d'avoir une flotte aérienne civile porteuse d'argent ou une flotte aérienne militaire capable de protéger leurs Etats, ce genre de largesse ne devrait étonner ...
On se rappelle fort comment le fameux Boeing 737 d'Ethiopian Airlines qui effectuait la liaison Addis Abeba-Nairobi s'est écrasé en 2019 peu après le décollage et que la mort de ses 157 personnes, ont aidé les occidentaux à discréditer Ethipian Airline l'une des compagnie les plus performantes de l'Afrique et du monde et c'est à partir de là qu'on comprend cette aide curieuse des Américains au secteur aérien au Ghana pays avec qui l'Amérique a de grosses frictions rien que pour cause de ses extraordinaires performances dans le secteur de cacao...
Les récents travaux d’extension de l'aéroport international de Kotoka d’Accra, ne sont pas les tout derniers des ambitieux projets qui y sont prévus. Pour en faire un incontournable hub régional en Afrique de l’Ouest, le Ghana mise sur la diversification des services offerts par la plateforme.
Mercredi 30 juin, l'Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) a alloué une subvention d’un montant de 1,2 million $ au Ghana pour la réalisation d’une étude de faisabilité en vue de la construction d’un centre de maintenance, de réparation et de révision (MRO). L’infrastructure devrait être implantée à l’aéroport international de Kotoka (KIA), le plus grand du pays, situé dans la capitale ghanéenne.
Le bénéficiaire direct de cette subvention est la société privée Aerojet Aviation Limited, créée en 2016 avec pour ambition d’apporter une solution durable au problème de maintenance et de réparation d'avions en Afrique. Elle travaillera en étroite collaboration avec la société américaine Alton Aviation Consultancy LLC qui conduira cette étude de faisabilité.
Actuellement, « les installations MRO sur le continent ne représentent qu'environ quatre pour cent du marché mondial ». En Afrique, les grands centres dans le domaine sont South African Airways Technical (SAAT), Egyptair Maintenance and Engineering, Ethiopian Airlines Maintenance and Engineering, entre autres. La sous-région ouest-africaine ne dispose encore d'aucune installation d'envergure dédiée à ce genre d’opérations.
« Avoir un centre MRO à KIA offre au Ghana l'opportunité de se propulser dans la position de leader régional et mondial encore plus fort dans le secteur de l'aviation et de stimuler la croissance économique régionale, la sécurité et la mobilité », a déclaré l'ambassadrice des Etats-Unis au Ghana, Stephanie S. Sullivan.
Les travaux en amont liés à l’étude de faisabilité devraient prendre fin d’ici décembre 2021 tandis que l’implantation du centre et son opérationnalisation sont projetées pour le premier trimestre 2024.
3- La première centrale nucléaire d'Egypte made in Russia?
Le patron de Rosatom, Alexey Likhachev, avait déclaré en mars 2021 que la Russie espérait recevoir un permis de construire pour la centrale nucléaire égyptienne d'El-Dabaa au second semestre de 2021, pour un début des travaux en 2022. Le chronogramme semble respecté.
L'Autorité égyptienne des centrales nucléaires (NPPA) a soumis à l'ENRRA (Autorité nationale de régulation nucléaire et radiologique) les documents nécessaires à l'obtention du permis de construire pour les unités 1 et 2 de la centrale nucléaire d'El-Dabaa. L'information provient du ministère égyptien de l'Electricité et des Energies renouvelables qui a fait savoir, vendredi 2 juillet, que la société nucléaire publique russe Rosatom « devrait » être chargée de fournir la technologie.
Ayman Hamza, porte-parole dudit ministère, a précisé à l'agence de presse russe Tass « qu'on s'attend à ce que le permis de construction des deux premières unités soit accordé au cours du premier semestre de l'année prochaine » et qu'il sera « suivi des procédures de rédaction des dossiers pour les unités 3 et 4 ».
Rosatom a déclaré dans un communiqué que la soumission de cette demande était une « étape importante » pour le projet, car la construction proprement dite ne pourra commencer qu'après l'octroi d'une licence.
En novembre 2015 au Caire, la Russie et l'Egypte ont signé un accord intergouvernemental – finalisé en décembre 2017 – d'une valeur totale de 30 milliards de dollars, pour la construction de la première centrale nucléaire égyptienne. Les deux pays ont également signé un accord visant à accorder à l'Egypte un prêt d'Etat de 25 milliards de dollars pour couvrir 85% des travaux. Le reste du financement devant être couvert par des investisseurs privés égyptiens. En octobre 2029, l'Egypte doit commencer à rembourser ce prêt, qui a été accordé au taux de 3 % par an.
La centrale d'El-Dabaa – qui se trouve dans le gouvernorat de Matrouh sur la Méditerranée – comprendra quatre unités équipées chacune d'un réacteur VVER-1200 de génération III+ de 1200 MW. La mise en œuvre du projet est prévue sur 12 ans.