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Echo Afrique du 4 juillet 2021

Paul Biya et Xi Jinping se rencontrent à Pékin. (Archives)

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1- Les entreprises françaises perdent 30% de parts de marché au Cameroun, en raison notamment de l’offensive chinoise

S’exprimant le 24 juin 2021 devant les étudiants de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), dans le cadre d’un concept baptisé « Forum diplomatique », l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou (photo), a révélé combien les entreprises françaises perdent progressivement pied au Cameroun. « La part de marché des entreprises françaises au Cameroun est passée de 40% dans les années 1990 à 10% aujourd’hui », a confié le diplomate. En clair, au cours des 30 dernières années, les entreprises françaises ont perdu au total 30% des parts de marché au Cameroun.

De ce point de vue, le dernier camouflet subit par une entreprise française dans ce pays est le retrait de la gestion du terminal à conteneurs du port de Douala, dans la capitale économique camerounaise, au consortium franco-danois Bolloré-Maersk. Bien que l’affaire joue les prolongations devant les juridictions nationales et internationales, la perte de la concession du terminal à conteneurs du port de Douala, l’une des plus grandes du groupe Bolloré dans le golfe de Guinée, a fragilisé le logisticien français au Cameroun, apprend-on de sources autorisées.

De l’avis de nombreux observateurs du landernau économique national, ce recul des entreprises françaises sur le marché camerounais s’explique par l’offensive chinoise. « Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2750 milliards de FCFA d’investissements directs étrangers (IDE), dont 1850 milliards de FCFA provenant de la Chine. Ce qui représente environ 67% des IDE entrant au Cameroun (…) Les autres IDE provenaient des pays tels que la France, les États-Unis, le Nigéria », peut-on lire dans un document de la présidence de la République, qui cite les données de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

En effet, depuis les années 2000, l’Empire du Milieu rafle pratiquement tous les contrats d’infrastructures au Cameroun. Cette prédominance s’est décuplée en 2012, à la faveur du lancement des projets structurants de première génération (ponts, routes, barrages, etc.). Tractées par Eximbank China, la banque publique chinoise, dont les financements sont liés (chaque prêt-projet est accompagné du nom de l’entreprise devant exécuter le contrat), les entreprises chinoises sont toujours en pole position. Il s’agit principalement de CCCC, CWE, CHEC, Sinohydro… dans les infrastructures ; Huawei et ZTE dans les télécoms…

L’emprise des sociétés chinoises sur l’économie camerounaise depuis un certain temps est telle que, pour remporter l’appel d’offres pour la concession du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Douala, les Français Bolloré et CMA CGM ont dû former un groupement avec le Chinois CHEC, qui a par ailleurs raflé le contrat pour la construction de cette plateforme portuaire. Même sur les chantiers des infrastructures devant servir à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, que le Cameroun accueillera en janvier-février 2022, les entreprises françaises ont été très peu visibles. Au profit des Italiennes, Turques et Canadiennes.

Au plan commercial, la situation n’est guère plus reluisante pour les partenaires français. Destination de 23,9% des exportations, l’Empire du Milieu est le principal client du Cameroun en 2018, selon l’Institut national de la statistique (INS). Le pays le plus peuplé du monde est suivi par l’Italie (14,7%), les Pays-Bas (6,4%) et la France est reléguée au 4e rang avec 6,3%. En matière d’importations, la Chine est encore le principal fournisseur du Cameroun en 2018 avec 18,5% des livraisons contre 8,3% pour la France, 5,6% pour le Nigeria et 4,8% pour les Pays-Bas, révèlent les données de l’INS.

 

2- L'immense champ gazier du GTA place le Sénégal et la Mauritanie parmi les grands producteurs africains de gaz

Malgré le retard pris à cause de l'épidémie de coronavirus, le chantier colossal en est à la moitié. Les premières livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) sont prévues pour 2023.

C'est un des plus grands champs gaziers d'Afrique. Le GTA, pour Grande Tortue Ahmeyim, les noms donnés aux blocs d'exploration, s'étend de part et d'autre de la frontière maritime du Sénégal et de la Mauritanie. Les réserves sont estimées à 1 400 milliards de m³ de gaz, ce qui fait du projet GTA l'un des plus importants en cours de réalisation en Afrique. Les deux pays sont convenus de se partager les recettes, estimées entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans.

Un brise-lames géant

La première phase du projet, qui en compte trois, est achevée à 58%, selon BP qui pilote l'opération. En raison de l'épidémie du Covid-19, le chantier a pris un an de retard, les travaux d'installation n'ont commencé que cette année, et ce n'est qu'en 2023 que le site livrera ses premiers m³. Ce premier chantier colossal situé à 65 km de la côte, au nord-ouest de Dakar, a nécessité un investissement de 3,6 milliards de dollars (environ 2,9 milliards d'euros).

Cette phase consiste à installer une douzaine de puits d'extraction du gaz, à 2 700 m sous la surface de l'océan. Dans le même temps, il faut fabriquer et installer un brise-lames de 1 200 mètres de long qui protégera le navire chargé de liquéfier le gaz. L'unité flottante pourra produire 2,5 millions de tonnes de Gaz naturel liquéfié par an (GNL). 21 caissons en béton, chacun faisant presque la taille de l'Arc de Triomphe de Paris et d'un poids à vide de 16 000 tonnes, ont été construits à terre au port de Dakar, puis acheminés et progressivement immergés sur le site.

Incontournable GNL

Le GNL est devenu le produit incontournable de l'industrie gazière. Aujourd'hui, aucune exploitation ne peut se concevoir sans cette transformation sur site du gaz récupéré. Car la liquéfaction à moins 160 degrés réduit son volume d'un facteur 600. 600 kilos de gaz deviennent un kilo de GNL, avec le même pouvoir calorifique. Cela réduit bien sûr les coûts de transport, a fortiori lorsqu'il emprunte une voie maritime, où le volume est contraint par la taille des bateaux.

"Bien que ce soit une énergie fossile, que l’on peut comparer au pétrole ou au charbon, le GNL est considéré comme une ressource énergétique propre. La faible quantité de CO2 qu’il rejette le rend beaucoup moins polluant que les autres énergies fossiles", assurent les producteurs.

Une énergie fossile vertueuse ?

En revanche, ces producteurs n'évoquent pas le processus qui permet de liquéfier le gaz. Or, "le processus de liquéfaction consomme une importante quantité d’énergie : l’usine de liquéfaction utilise en moyenne près de 10% du gaz qui lui est livré pour son propre fonctionnement." Et ce processus est nettement moins vertueux pour l'environnement. Ainsi, le gaz lors de sa liquéfaction est épuré de son dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre.

En clair, le projet GTA est loin d'être sans impact pour l'environnement, comme le souligne la branche Afrique de Greenpeace. L'ONG relaie l'inquiétude des pêcheurs qui voient leur zone de pêche réduite par les infrastructures installées. Greenpeace s'interroge également sur l'impact de cette production sur l'écosystème, avec des installations au bord "du plus grand récif d'eau froide connu au monde, constitué d’espèces de requins, de tortues et de baleines". Le gaz n'est pas non plus une ressource inépuisable et Greenpeace plaide pour le développement des énergies renouvelables, moins coûteuses.

A l'opposé, les Etats concernés plaident pour le développement économique de leur pays. Le GTA assurera une rente importante au Sénégal et à la Mauritanie. De plus, une partie du gaz sera conservée par chaque pays pour développer sa production d'énergie électrique. A terme, à l'horizon 2026-2027 quand les phases 2 et 3 seront achevées, le site pourra produire annuellement 10 millions de tonnes de GNL.

 

3- Ghana : la récolte de cacao est attendue à un niveau record de 1,1 million de tonnes en 2020/2021

Au Ghana, le cacao est la principale culture d’exportation. Si sur ces dernières années, la production a fluctué au gré des diverses maladies des cacaoyers et de l’irrégularité des pluies, tous les indicateurs sont dans le vert pour la campagne actuelle 2020/2021.

Au Ghana, la campagne cacaoyère 2020/2021 sera mémorable. Selon des sources proches du dossier, le Conseil ghanéen du cacao (Cocobod) s’attend désormais à une production d’or brun de 1,1 million de tonnes d’ici la fin de ladite saison contre 900 000 tonnes initialement.

Ce volume marque un fort rebond par rapport à la récolte de l’année dernière (770 000 tonnes) et établit un nouveau record en battant le stock de 1 million de tonnes réalisé en 2010/2011.

Ces perspectives reluisantes pour le second fournisseur mondial de cacao s’expliquent notamment par la météorologie favorable qui a permis de limiter l’intensité et l’occurrence des pathologies fréquentes comme la pourriture brune et le Swollen Shoot. Il faut souligner en outre que la filière bénéficie des retombées du programme de pollinisation manuelle lancé depuis déjà deux saisons par les autorités.

Cette pratique agronomique améliorée permet notamment d’obtenir un nombre moyen de fèves par cabosse (fruit du cacaoyer) plus élevé que dans le cas du processus naturel et donc d’augmenter les rendements.  

Avec cette récolte importante, le Ghana emboîte le pas de la Côte d’Ivoire qui se dirige elle aussi vers une production record de 2,2 millions de tonnes en 2020/2021. Si globalement selon les observateurs, la performance du Ghana renforce un peu plus le poids de l’Afrique dans l’approvisionnement mondial de cacao, elle aggravera également le trop-plein sur le marché mondial.

D’après les prévisions de certains analystes, le surplus de 165 000 tonnes annoncé par l’Organisation internationale du cacao (Icco) en juin dernier pourrait finalement franchir la barre des 200 000 tonnes. Pour rappel, la saison intermédiaire 2020/2021 démarre en juillet et s’achèvera en septembre.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV