Le président élu Ebrahim Raïssi a tenu ce lundi 21 juin sa première conférence de presse à Téhéran après avoir remporté une victoire écrasante à l’élection présidentielle iranienne vendredi. Dans son allocution d’ouverture, le président élu Ebrahim Raïssi a affirmé que la nation iranienne avait transmis ses messages au monde entier à travers le scrutin présidentiel, notant que « l’un des messages était l’unité et la cohérence nationales ».
Le peuple iranien a aussi transmis un message en ce sens que le changement de la situation économique est désormais une nécessité, a précisé le nouveau président iranien. Le message de la nation iranienne est la nécessité de lutter contre la corruption, la pauvreté et la discrimination ; en un mot, la réalisation de la justice dans divers aspects de la vie du peuple, a-t-il poursuivi,
Le président élu iranien a fait remarquer que malgré les conditions particulières liées à la pandémie du Coronavirus, et en dépit de l’hostilité et la guerre psychologique des ennemis de l’Iran, le peuple iranien a fait preuve d’une présence vaste et significative le vendredi 18 juin aux urnes des élections présidentielles.
Raïssi a aussi affirmé que le message transmis par la nation iranienne était aussi l’insistance sur les valeurs de la glorieuse Révolution islamique. « Le peuple a su transmettre un message réitérant sa détermination à poursuivre le chemin du défunt fondateur de la Révolution, l’Imam Khomeini (que sa demeure soit au paradis), et sur le chemin des martyrs, en particulier le général martyr Qassem Soleimani, qui a été assassiné en janvier 2020 par les forces américaines en Irak. »
Il a affirmé que la campagne de « pression maximale » des États-Unis contre l’Iran a échoué à mettre à genoux le peuple iranien. Le président élu a affirmé que l’approche de « négociation pour négociation » n’aurait aucune place dans son gouvernement. « Nous ne permettrons pas que les négociations deviennent érosives ; toute séance de négociation doit aboutir à un résultat, un acquis en faveur de la grande nation iranienne », a-t-il indiqué.
En réponse à une question de la chaîne NBS News, Raïssi a affirmé que « les États-Unis doivent lever toutes les sanctions imposées au peuple iranien ».
« Nous l’avons déjà réitéré à plusieurs reprises : levée des sanctions et vérification. La question qui s’impose consiste à savoir pourquoi ils manquent à leurs engagements, alors que le gouvernement iranien a rempli les siens. Les États-Unis vont devoir s’expliquer pour ces manquements. »
En réponse à la question d’un journaliste d’Euronews, Raïssi a affirmé que ce sont les États-Unis et les pays européens qui doivent s’expliquer sur la façon dont ils ont mis en œuvre le PGAC.
« Les États-Unis ont violé le PGAC et les Européens quant à eux, n’ont pas respecté leurs engagements. Selon les termes de l’accord, les Américains devaient lever toutes les sanctions, ce qui n’a pas été le cas. Ma recommandation à l’adresse des États-Unis, c’est qu’ils reviennent à leurs engagements ; et aux Européens, qu’ils ne se laissent pas influencer par les pressions américaines et remplissent leurs engagements. “Respectez vos engagements !”, ceci est la revendication du peuple iranien. Du gouvernement élu populaire, le peuple s’attend à ce qu’il agisse pour restaurer ses droits ; et c’est ce que nous ferons… »
Raïssi a souligné que les États-Unis doivent lever les sanctions de manière vérifiable afin que Téhéran puisse revenir sur les mesures nucléaires prises en réponse au retrait américain de l’accord nucléaire de 2015.
Il a ajouté que l’équipe de négociation actuelle impliquée dans les pourparlers en cours dans la capitale autrichienne, Vienne, continuerait à mener des négociations pendant la période de transition vers la nouvelle administration.
Raïssi a exhorté les États-Unis à revenir à leurs engagements dans le cadre de l’accord nucléaire (Plan global d’action conjoint, PGAC, ou JCPOA selon le sigle anglais). « Le peuple iranien a fait preuve de résistance et de persévérance face à la campagne de pression maximale, qui comprenait des sanctions économiques sévères visant les moyens de subsistance du peuple », a-t-il également rappelé.
Ebrahim Raïssi a tenu à dire que le PGAC ne serait pas un point de départ ni une limite pour la politique étrangère de son gouvernement, ajoutant qu’il entend développer des relations constructives et équilibrées avec tous les pays.
Raïssi a affirmé que toute négociation qui protège les intérêts nationaux de l’Iran serait soutenue par son administration, mais « nous ne lierons pas la situation économique et les moyens de subsistance du peuple à ces négociations, et nous n’autoriserons pas l’approche “négocier pour négocier” », a-t-il poursuivi.
Le président élu a promis que son administration ne se limiterait pas à un parti ou un groupe politique particulier, et s’est voulu rassurant sur le fait que son administration serait ouverte à tout responsable gouvernemental souhaitant servir le peuple et la Révolution islamique avec un esprit patriotique.
« Toute personne dont le cœur bat pour le peuple et la Révolution sera notre partenaire partout dans le pays », a-t-il ajouté.
Interrogé sur une proposition du président américain Joe Biden de signer un nouvel accord avec l’Iran pour traiter également « du programme de missiles du pays et de son influence régionale », Raïssi a affirmé que ces deux questions ne sont pas négociables.
« Il y avait un problème (le programme nucléaire iranien) qui a été négocié, et un accord a été conclu ; et ils ont promis de respecter leurs engagements dans le cadre de cet accord. Cependant, ils ne l’ont pas fait ; maintenant, pour quels motifs veulent-ils soulever d’autres questions ? »
« Pourquoi M. Biden ne respecte-t-il pas les obligations acceptées par les anciennes administrations [américaines] ? Pourquoi M. Biden ne remplit-il pas son devoir en ce qui concerne les obligations que l’administration américaine a contractées ? »
Raïssi a ajouté : « Je propose sérieusement à l’administration américaine de revenir rapidement au respect de ses obligations, de supprimer toutes les sanctions [imposées à l'Iran] et de prouver par la suppression de toutes les sanctions qu’elle est honnête.
Et en réponse à un journaliste étranger qui lui a demandé s’il serait prêt à tenir une réunion avec le président américain, le président élu iranien a répondu : « Non ».