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A quoi rime le ferme soutien d'Al-Azhar à Gaza?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un raid aérien israélien sur Gaza. ©AFP

Pourquoi le virage du Caire vers l’Iran et l’axe de la Résistance se font en même temps que son éloignement de ses alliés sunnites ? Voici la question à laquelle répond le célèbre analyste du monde arabe Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, en se penchant dans un article, sur le virage du Caire quant au conflit israélo-palestinien. 

Un demi-milliard de dollars octroyés par l’Égypte pour la reconstruction de Gaza, les propos durs des imams de l’Université al-Azhar contre Israël et ses alliés dans les pays arabes du golfe Persique…Faisons-nous face à une évolution stratégique ? Quelles sont les cinq raisons qui rendent plausible cette évolution stratégique ? Pourquoi le virage du Caire vers l’Iran et l’axe de la Résistance en même temps que son éloignement de ses alliés sunnites n’est pas exclu. 

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Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a décidé de réserver un demi-milliard de dollars à la reconstruction de Gaza, l'Égypte a ouvert samedi sa frontière terrestre avec Gaza et y a envoyé dix ambulances pour évacuer et traiter dans ses hôpitaux des Palestiniens blessés dans des bombardements israéliens, les imams d’al-Azhar se sont attaqués à Israël et ont fustigé les pays qui avaient normalisé leurs relations avec ce régime. Que se passe-t-il en Égypte ? Est-ce que tout cela signifie une évolution politique ? Pourquoi en ce moment et dans cette conjoncture ? Quelles en sont les raisons ?

Vendredi dernier, le docteur Ahmed Omar Hashem, érudit islamique égyptien, a prononcé un discours à la tribune de l’Université d’al-Azhar, qui a été retransmis par la télévision d’Égypte. Lors de ce discours, Ahmed Omar Hashem a appelé les membres des différentes confessions à s’unir dans le cadre d’une « force de dissuasion islamique » afin de lutter contre l’ennemi sioniste. 

De telles sortes de prises de position ne peuvent pas s’exprimer sans le feu vert des autorités égyptiennes, si bien que les réactions des organes politiques et religieux de l’Égypte à l’offensive israélienne contre Gaza, il y a quatre ans, étaient marquées de réticence et de précaution. 

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Une preuve de plus ; le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh al-Choukri, a déclaré, en marge du conseil ministériel de la Ligue arabe, que les Palestiniens étaient confrontés à l’agression barbare des Israéliens pour la seule raison de vouloir défendre leurs maisons et leurs lieux sacrés. 

Cinq raisons pourraient être à l’origine de ce changement de cap du Caire envers les attaques sanglantes d’Israël contre Gaza. 

1- 40 millions d’Égyptiens et de Soudanais risquent de n’avoir pas suffisamment d’eau pour subvenir à leurs besoins alors qu’approche la date de la seconde phase de remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance. De ce fait, l’option militaire semble aujourd’hui plus que jamais sur la table.

2- Israël apporte un soutien sécuritaire, militaire et financier à l’Éthiopie et l’a déjà équipée de systèmes de défense terrestres et aériens qui sont en mesure de repousser toute attaque conjointe lancée par l’Égypte et le Soudan.

 3- L’Égypte pourrait projeter de sceller une alliance militaire avec la Résistance palestinienne pour qu’elle puisse prendre pour cible les villes et les infrastructures israéliennes au cas où le régime se rangerait aux côtés de l’Éthiopie à l’encontre de l’Égypte et du Soudan. 

4- Les relations entre l’Égypte et les monarchies arabes du golfe Persique, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, sont tendues en raison de la décision de ces derniers de normaliser leurs liens avec Israël. En plus, Riyad et Abou Dhabi tentent de remplacer le canal de Suez par d’autres alternatives et restent tout simplement les bras croisés vis-à-vis des positions arrogantes de l’Éthiopie contre Le Caire. 

5- Lorsque le docteur Ahmed Omar Hashem appelle à la formation d’une « force de dissuasion islamique », cela signifie la contribution des chiites et un rapprochement à l’axe de la Résistance qui comprend l’Iran, la Syrie, l’Irak (Hachd al-Chaabi), le Yémen (Ansarallah) et le Liban (Hezbollah). 

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Une source concordante proche de l’autorité égyptienne nous a confié que l’Égypte avait réussi à sécuriser son front intérieur et à apaiser la situation en Libye. En plus, ce pays continue de concrétiser ses plans de développement et de renforcer son économie. Ce serait une raison pour laquelle l’Égypte s’est finalement décidée à réviser ses alliances et coalitions et à renoncer, en quelque sorte, à ses positions marquées par une extrême précaution. Bref, l’Égypte entend récupérer son rôle de leader au Moyen-Orient, notamment dans le monde arabo-musulman.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV