Cette bataille navale qu'Israël a crue pouvoir mener à coup d'actes de piraterie maritime contre l'Iran avant d'y renoncer pour cause de douloureuses ripostes du camp d'en face, avec en toile de fond deux méga navires logistiques "Helios Rays" et "Hyperion Ray" attaqués et mis hors service, et un porte-conteneurs Lori, disparu depuis février de la circulation quand il fut attaqué sur son trajet reliant l'Inde à la Tanzanie, a-t-elle fini par produire l'effet inverse, et élargir au lieu de réduire le champ d'action anti-US, anti-OTAN, ant-Israël, en Méditerranée orientale?
Le 20 avril DEBKAfile publiait un article où il s'inquiétait de la mise sur place d'une " mission navale" Iran-Russie-Syrie, créée pour rassurer la protection des cargaisons pétrolières et de blé iraniennes à destination de Baniyas, ce port syrien où l'Iran décharge depuis des années du pétrole, au grand mépris de la loi César et autres sanctions US. Le site, proche du renseignement de l'armée sioniste se plaignait de ce que les navires de guerre russes "auraient désormais pour charge d'escorter les convois navals iraniens" dès leur passage du canal de Suez vers la Méditerranée orientale, alors même que l'Iran venait de rétablir quelques semaines plutôt, au mois de mars une ligne de fret maritime régulière Iran-Syrie, reliant le port stratégique de Bandar Abbas sur le golfe Persique à Lattaquié.
L'article faisait surtout écho à l'angoisse israélienne de voir la Russie "s'introduire sournoisement dans la bataille navale Israël.Iran avec cette volonté explicite d'établir la dissuasion à l'adresse d'"Israël qui n'oserait plus jouer de ses muscles contre les pétroliers et les cargos civils iraniens, une fois ces derniers se seraient fait escorter par des destroyers, des frégates russes comme le grand navire de lutte ASM Smetlivy, Nikolay Filchenkov ou le croiseur lance-missiles Moskva qui certes ne sont pas stationnés au port syrien de Tartous, mais qui font le va et vient entre la Méditerranée et la mer Noire, en ces temps de pré-clash avec l'OTAN. Mais comme toujours DEBKA n'a pas tout dit : en effet la crainte la plus vive, la plus paralysante pour l'axe US/Israël viendrait moins d'une simple mission d'escorte et de protection que d'une possible formation d'une "coalition navale marine russe-CGRI" surtout qu'une telle coalition a fini par être créée dans le ciel syrien, et ce, en dépit de cette faction pro Israël au sein de l’administration russe qui avait tout fait depuis 2015 pour que la Syrie soit la chassé-gardée de l'armée de l'air sioniste avant que les choses ne changent radicalement fin février.
Pour les milieux israélo-otaniens, il va sans dire que la totale synergie Russie-Résistance en Syrie a fait de Hmeimim une base aérienne "partagée" où le Hezbollah détient ses quartiers, où les vols militaires iraniens se déposent en toute sécurité et d'où décollent des avions de chasse russes en soutien et protection des convois militaires iraniens bourrés de missiles tactiques, de pièces de DCA et de dispositifs de guerre électroniques à destination de l'armée syrienne, déployés dans l'est, dans le sud, soit à quelques pâtées des frontières israéliennes.
D'ailleurs Qader a tout pour être la version navale de Fateh-110, puisque doté d’un système de navigation de haute précision et en mesure d’atteindre les cibles qui présentent une surface équivalente radar faible. Après tout, ce fut presque ce même procédé de synergie et de synchronie Russie-Résistance qui a pris de court Israël et ses parrains, un certain 21 avril, quand la version syrienne de Fateh-110, M-600, a frôlé le réacteur nucléaire de Dimona en Israël. La donne est terriblement en défaveur de l'axe anti-Résistance pour permettre à ce que la Méditerranée devienne un nouveau champ de bataille Empire/Russie-Résistance. Aussi après avoir échoué à couper le corridor maritime anti sanction Iran-Syrie, c'est à la Russie que ambitionnent de s'en prendre US/OTAN/Israël.
Selon le site militaire russe, Avia.pro, ce 4 mai " une série de puissantes explosions a tonné près de la base navale russe de Tartous : ''À environ 22 heures 40 minutes, heure de Moscou, au moins deux puissantes explosions ont tonné dans la zone de la base navale russe de Tartous. Les informations à ce sujet sont fournies par les résidents locaux, qui notent que la nature des explosions reste inconnue, cependant, il pourrait bien s'agir d'une attaque de l'armée de l'air israélienne - soit contre l'armée syrienne, soit contre un navire de la marine iranienne....Pendant près d'une semaine près des frontières syriennes, une activité anormale des avions de reconnaissance et de combat israéliens et otaniens a été cependant observée, et par conséquent, la version d'une attaque reste assez élevée. Néanmoins, la probabilité qu'Israël ait pris le risque et ait commencé à utiliser ses frappes sur la zone où se trouve l'armée russe est pratiquement nulle".
Est-ce l'OTAN qui aurait attaqué Tartous ? Possible. Avia.pro cite le ministre britannique de la Défense qui s'est exprimé quelques avant les explosions de Tartous en ces termes : « Les avions F-35B Lightning britanniques porteront un coup puissant contre Daech et aideront à ce que ce dernier ne prenne plus pied en Irak. C'est un excellent exemple de la façon dont les forces armées britanniques, avec nos alliés, progressent pour faire face aux menaces persistantes dans le monde. La Grande-Bretagne en action. Le groupe de frappe des porte-avions, dirigé par le porte-avions HMS Queen Elizabeth, représente la plus grande concentration de puissance navale et aérienne à avoir quitté le Royaume-Uni depuis une génération, et partira pour son premier déploiement opérationnel conjoint avec la Royal Navy".
Il est bien clair que la Royal Navy ne se déplace pas pour frapper Daech en Irak ou en Syrie, l'organisation terroriste étant largement soutenue par le MI6. L'objectif étant plutôt de viser l'armée syrienne et ses alliés pro-iraniens mais encore la Russie dont la présence en Méditerrané est un appui à son emprise totale sur la mer Noire. Or c'est une grave erreur que de trop compter sur les F-35. Citant une source russe, Avia ajoute :
" Damas et Moscou ne se soucient franchement pas de savoir contre qui Londres va se battre - c'est un territoire syrien, et jusqu'à ce que la Syrie donne l'autorisation officielle pour cela, et après les événements de 2018, c'est clair, personne ne permettra aux F-35 britanniques ou américains de violer le ciel syrien, de survoler la Syrie ou encore les bases russes à moins, bien sûr, que les F-35 de sa Majesté ne veuillent se familiariser avec les Su-35 russes et les S-400 et leur radar Container qui ont déjà prouvé et à plus d'une reprise l'imposture qu'est la soi-disant "furtivité des avions 5e génération US". Et Avia de conclure : " Quant à Israël, il devrait à l'heure qu'il est, se soucier plutôt de ce que la Syrie ne sorte pas une version antinavire de M-600 pour le prendre de court comme il l'a fait le 21 avril à Dimona.