Analyses de la rédaction :
1- Sur Internet et les réseaux sociaux, les Kényans s’en prennent au FMI au sujet d’un prêt de 2,34 milliards de dollars
De nouvelles formes de militantisme ou d’activisme ont vu le jour sur Internet ces dernières années. Les internautes n’hésitent pas à se manifester et à utiliser les nouveaux outils dont ils disposent pour jouer leurs rôles de citoyens, comme c’est actuellement le cas au Kenya.
Les Kényans sont en colère contre le FMI qui a approuvé début avril de nouveaux accords de financement sur 3 ans pour le pays, pour un appui à la hauteur de 2,34 milliards de $. Ils ont établi leur mécontentement sur Internet et les réseaux sociaux, demandant à l’institution de Bretton Woods d’annuler ce énième prêt au pays qui est lourdement endetté et miné par la mauvaise gestion et la corruption.
Selon les détails rapportés cette semaine par le média Quartz, les Kényans multiplient les protestations sur Internet et les réseaux sociaux. Ils utilisent en masse les hashtags #StopLoaningKenya et #StopGivingKenyaLoans, exprimant la frustration croissante de la population face au fardeau de la dette. En outre, la semaine dernière, les militants ont pris d’assaut la section commentaires d’une discussion en direct sur Facebook sur le changement climatique entre la DG du FMI Kristalina Georgieva et la diplomate costaricienne Christiana Figueres.
En dehors des médias sociaux, plus de 234 000 personnes ont signé une pétition sur change.org demandant au FMI d’annuler le prêt. « Le FMI peut et doit faire ce qui s’impose : garder l’argent jusqu’à ce que les Kényans se dotent d’une nouvelle administration, espérons-le, plus responsable, l’année prochaine », peut-on lire sur la page de la pétition.
Si le FMI reconnaît le risque élevé de surendettement que présente le pays, il a indiqué sur son site web que le prêt soutiendra un programme du pays visant notamment à renforcer la transparence et la responsabilité par le biais d’un cadre anticorruption. « Bien entendu, si un pays bénéficiant d’un programme de financement souhaite annuler un prêt, c’est sa prérogative », commente un porte-parole de l’institution.
En attendant la réaction des autorités, il faut noter que la situation montre la place de plus en plus forte que prennent Internet et les réseaux sociaux dans la vie des citoyens. Ces derniers n’hésitent plus à utiliser ces technologies à des fins de protestation ou pour obtenir des changements de la part des pouvoirs publics. Ce nouveau type d’activisme (en ligne) a déjà été utilisé par le passé avec succès dans d’autres pays et même au Kenya. Rappelons en effet l’affaire « SomeoneTellCNN » en 2015 qui a vu les Kényans protester sur les réseaux sociaux « avec colère, humour et dignité » après que CNN a qualifié le pays de « foyer de la terreur ». Un dirigeant de CNN s’est rendu à Nairobi pour s’excuser.
2- Emmanuel Macron souhaite la mise en place d’un « New Deal » pour l’Afrique
C’est tout de même extraordinaire ! Le pays le plus naufragé de l’Europe dans la foulée de la pandémie à savoir la France veut sauver l’Afrique l’un des continents les moins touchés et les mieux lotis en termes de taux de croissance post-covid-19... à moins de voir à travers ce « new deal » un piège de plus où précipiter les économies africaines mille fois plus solides que le néolibéralisme occident risquerait de s’y perdre...
S’adressant aux médias le mardi 27 avril 2021, le président français Emmanuel Macron a réagi sur la situation économique des pays africains affectés par la pandémie de covid-19. Selon lui, le continent a actuellement besoin d’un « New Deal » pour surmonter le « ralentissement très fort » que subit son économie depuis le début de la crise de la covid-19.
En référence au fameux programme économique mis en place dans les années 1930 par le président Franklin Delano Roosevelt pour lutter contre la Grande Dépression aux USA, cette « nouvelle donne » vise à soutenir les économies africaines à travers une stratégie d’investissement bien définie ; pour faire face aux chocs économique et social du coronavirus qui a entraîné une récession économique historique de l’ordre de 2,1 % en 2020, selon la BAD.
Cette déclaration intervient en prélude au Sommet sur le financement des économies d’Afrique subsaharienne, devant se tenir à Paris le 18 mai prochain. Ladite conférence devrait réunir une dizaine de dirigeants africains, des responsables européens et de grandes organisations internationales, comme le FMI ou la Banque mondiale.
« Nous devons absolument inventer pour les 17 et 18 mai prochains un New Deal du financement de l’Afrique », a déclaré Emmanuel Macron qui appelle également la communauté internationale à proposer « des solutions profondément novatrices » pour le continent, et à oublier « les recettes d’hier. Sans quoi, nous laisserons le continent africain face à la pauvreté [...] face à la réduction des opportunités économiques, une migration subie et l’expansion du terrorisme, et cela je ne veux pas m’y résoudre », ajoute-t-il.
Décidément Macron veut rattraper la terrible saignée économique en Europe sur le dos des Africains et il appelle cela, suivant le dogme néolibéral, « investissements ».
3- Malgré sa récession économique, l’Afrique est le continent où les dépenses militaires ont le plus augmenté en 2020
En plein covid-19, l’Afrique a consacré plus de 43 milliards $ au secteur militaire en 2020 contre 40,9 milliards $ l’année précédente. Elle l’a consacré ou on le lui a fait consacrer ? Tout au long de 2020 les agences de presse ont régulièrement fait état des « aides » et des dons militaires de tel ou tel État occidental à tel ou tel État africain. Mis à part de la qualité de ces aides souvent médiocres et trop chères aux pays africains disposant des richesses du sous-sol, une question se pose : depuis des décennies que dure la présence occidentale sur le continent, pourquoi ne pas avoir appris aux partenaires africains comment en fabriquer ? Puis les dépenses militaires ce sont les guerres exportées de l’occident qui les génèrent : le cas libyen, le cas sahélien, le cas lac tchadien, delta nigérien... Tigréen et on en passe... quelques chiffres à retenir.... les dépenses sont en fonction des ingérences belligènes des puissances occidentales.
L’institut de Stockholm (SIPRI) écrit sur les dépenses militaires mondiales de l’année 2020 :
Cette hausse fait du continent la région où les dépenses militaires ont le plus augmenté en 2020. Il devance l’Europe (+4,13 %), les Amériques (+3,2 %) ainsi que l’Asie et l’Océanie (+2,5 %).
Selon le rapport, le continent noir a réalisé 43 milliards $ de dépenses militaires en 2020 contre 40,9 milliards $ l’année précédente. Ce montant reste en dessous des 45 milliards $ de l’année 2014, mais traduit une hausse générale des dépenses militaires du continent depuis 2010, avec des financements maintenus au-dessus des 40 milliards $, depuis 2013.