Cinq faits nouveaux ont conduit à une réunion extraordinaire des commandants et généraux de l’armée sioniste. Comment le tir de missile sol-air depuis la Syrie a-t-il perturbé la force de dissuasion du régime ? Quelle sera la réaction de l'Iran à l'attaque contre son pétrolier dans le port syrien de Baniyas ? Pourquoi les citoyens sont appelés à immigrer avec au moins deux ans de retard ?
24 heures après qu’un missile tiré depuis la Syrie s’est écrasé dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, à quelques kilomètres de l’installation nucléaire de Dimona, les commandants de la sécurité et de l'armée israélienne, le ministre de la Guerre et le Premier ministre Benjamin Netanyahu se sont réunis en urgence, samedi 24 avril.
Pour The Jerusalem Post, cette attaque de missile, décrite comme un « incident sérieux et inhabituel », « résume toutes les peurs d’Israël » et « illustre à quel point la bataille est dangereuse ». Le quotidien anglophone fait référence aux vives tensions qui opposent Israël à l’Iran. L’État hébreu est ouvertement opposé à une remise sur les rails de l’accord sur le nucléaire iranien faisant en ce moment l’objet de discussions diplomatiques à Vienne.
Or en plein bras de fer israélo-iranien, le tir venu de Syrie a valeur de symbole. Un missile sol-air s'est écrasé dans le désert du Néguev, au plus près de la centrale nucléaire de Dimona où fut construite la bombe atomique du régime sioniste. L'engin de fabrication russe pesait plus de 200 kg. Il est tombé jeudi peu avant 2 heures du matin dans les environs d'un village de Bédouins. L'explosion a été si puissante qu'elle a retenti avec une forte intensité à plus de 80 kilomètres de là, à Qods.
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Cette réunion extraordinaire ferait suite aux tirs de 36 roquettes par des groupes de résistance depuis la bande de Gaza sur les colonies entourant Gaza. Par cet acte, la Résistance a encore une fois mis en garde Israël contre la violation de l'accord de cessez-le-feu, avant qu’elle ne recoure à d'autres moyens plus drastiques comme des frappes au sol ou un pilonnage.
L’incident de Dimona témoigne du haut niveau de tension interne. Netanyahu est pointé du doigt, il peine à former un gouvernement d’union, la crise palestinienne s’éternise et les risques d'une nouvelle guerre augmentent.
Il y a même un écrivain israélien qui parle de l'« effondrement » d'Israël et d’« immigration » comme seule solution. Et pour cause, les événements de ces derniers temps ont alimenté la peur des Israéliens :
1- Selon des sources syriennes non officielles, le missile syrien visait des F-16 israéliens qui menaient durant la nuit des missions en Syrie, plus exactement contre les usines de fabrication de missiles irano-syrienne dans la banlieue sud de Damas. L'un d'eux aurait échappé au feu syrien. D'une portée de 300 kilomètres, le missile qui ne l'a pas atteint aurait poursuivi sa course folle avant d'échouer non loin de Dimona où il a explosé en fin de vol. Les sources syriennes affirment que le missile était un missile sol-air iranien Fateh 110 ou M-600, dont Damas possède des centaines.
Les sources syriennes et américaines s’accordent pour dire que le but de l’opération était d’apaiser la situation, peut-être à la demande de la partie russe.
Si le missile était un Sam-5 avancé, un missile qui atteint une longueur de 10 mètres, alors pourquoi les autorités israéliennes ont-elles caché les ailerons, les ailes et d’autres composants de son corps ? Une autre question qui se pose est quand la portée de ces vieux missiles a-t-elle atteint les 300 km et pourquoi leur ogive n'a-t-elle pas explosé dans les airs ?
2- Deux jours avant le crash du missile près de la centrale nucléaire de Dimona, une importante explosion s'est produite dans une usine de moteurs de fusée près de la ville palestinienne occupée de Ramallah. Les responsables israéliens ont délibérément mis la nouvelle en sourdine.
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3- Des rapports « insensés » ont fait état de la fuite de gaz des réservoirs d’ammoniac du port de Haïfa dans le nord d’Israël, sans en préciser les causes et l’identité du suspect à l’origine de l’incident.
4- Une troisième Intifada a secoué la ville sainte de Qods. Des centaines de milliers de Palestiniens de la ville et des territoires occupés de 1948 se sont dirigés vers la mosquée Al-Aqsa et ses alentours. De violents heurts les ont opposés aux forces israéliennes. Plus de 100 personnes ont été blessées, le régime ayant perdu le contrôle de la situation. Netanyahu a dû se tourner vers l'Autorité palestinienne et ses forces de sécurité pour calmer les tensions. Il craint que ce « soulèvement » ou Intifada ne soit le dernier clou planté dans le cercueil de Mahmoud Abbas et leur coopération pour la protection de l’entité et que l’Intifada s’étende à la Cisjordanie et aux territoires occupés en 48.
Diverses sources d'information affirment que le missile syrien n'a pas dévié de sa trajectoire, mais se dirigeait bel et bien vers Dimona, et que son ogive explosive transmettait un message plus significatif et plus puissant que son explosion. Le missile n’a pas été intercepté par les systèmes de défense Iron Dome qui ont à maintes reprises prouvé leur inefficacité.
Quant aux actes de provocation contre les pétroliers iraniens en Syrie, le général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, a promis des mesures de représailles.
Ari Shavit, journaliste à Haaretz, a conseillé aux colons juifs d’immigrer pour échapper au naufrage du navire d'Israël. Un appel similaire avait été lancé il y a au moins deux ans par le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah. Ce dernier leur avait conseillé de nager, la mer étant la seule voie de fuite.