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A quoi rime la mise en garde du chef d'état-major iranien?

Le cercle montre l'impacte de l'incendie à l'usine de Tamer à Gush Dan, le 20 avril (twitter)

Le 25 avril au soir le chef d’état-major iranien, le général Baqeri a lancé une mise en garde anti-Israël pas comme toujours. Tout la différenciait : le ton, le vocabulaire, la littérature. « Les Sionistes croient pouvoir éternellement viser le territoire syrien, ou agir en mer ou ailleurs contre les intérêts syriens et ce, impunément. Or les événements de ces derniers jours tout comme les événements à venir qui ne tarderont pas à nuire littéralement à leurs intérêts finiront par les ramener à la raison. Nous n’annonçons rien ni ne désignons personne mais une réponse « décisive » se prépare par la Résistance ».  

Pour une entité israélienne qui vient de subir de plein fouet, et pour la première fois depuis 1991, date à laquelle Saddam, désillusionné, s’est mis à pilonner à coup de Scud Israël, deux attaques spectaculaires en l’espace d’à peine quelques heures, l’une, à l’usine de Tamer, l’autre au site le plus sensible d’Israël, Dimona, ces quelques phrases devraient sonner terriblement. Pourquoi ?

Car pour la première de son courte et factice histoire, Israël va à la guerre et il y va, totalement largué par les siens. Il y a d’abord le trio américain Biden-Austin-McKenzie qui le boude, refoulant même son chef d’état-majeur, Kotchavi qui sous prétexte d’avoir à faire face à Gaza, vient d’annuler sa visite urgente » et « irano-centrique » à Washington. Au demeurant, McKenzie a été fort clair :

« Une US Air Force qui pour la première fois depuis la guerre de Corée opère sans jouir de supériorité absolue » face « aux drones de la Résistance », ou encore une US Navy,  qui, elle, a jeté l’éponge bien plus tôt,  quand au mois de janvier, elle a retiré son USS Nimitz du golfe Persique, quitte à avouer qu’en cas de confrontation militaire, « les eaux du golfe Persique seront trop troubles » pour que l’Amérique y risque la peau de ses marines, ne sauraient rien pour Israël, maintenant que l’heure H a bien sonné. Quant aux amis "golfiens normalisants", Tel-Aviv ne pourra non plus compter sur, Riyad étant en pleine opération de charme en direction de Téhéran, Abou Dhabi se demandant comment attirer les faveurs de la Résistance pour éviter qu’il n’ait à l’avenir davantage de "Hélios Ray", de "Hyperion Ray" ou de "Lori" sur les bras.

Mais Israël a-t-il d’autre choix que de faire face à son destin, celui d’un éternel foyer de crime et de déstabilisation condamné à disparaître ? Depuis le 21 avril, peu d’Israéliens seraient enclins de répondre par négation tant le discours officier est confus et cacophonique : A commencer par cette fable de missile anti-missile Sa-5 syrien « errant », qui en traquant un F-16 israélien aurait perdu son chemin et s’abattre comme à tout hasard à 30 kilomètre de Dimona.

Un missile sol-air SA-5, on le sait, est équipé d’ondes radio, de systèmes de guidage de vol infrarouge et d’ailes de manœuvre aérodynamiques. Les avions modernes sont peut-être capables d’éviter ce vieux missile soviétique, qui a toutefois abattu un F-16 israélien en 2018 mais cet engin, quand il atteint sa portée maximale et qu’il ne parvient pas à détruire sa cible, ne se met pas à se déplacer en rectiligne mais s’auto détruit en vol. Or le missile de Dimona a bien suit un trajectoire par guidage satellite en connaissant la position de la cible, sinon comment comprendre ces près de 400 kilomètres de trajet depuis le sud de la Syrie jusqu’au Néguev en passant par le ciel de la Jordanie.

Seuls les missiles tactiques made in Iran de l’arsenal nouvellement constitué de l’armée syrienne ont de pareilles caractéristique et on pense effectivement à Fateh de troisième (Fateh-110 block 3) et de quatrième génération (Fateh-110-D1) qui ont une portée de 300 km. Ou encore au Fateh-110-D1 de quatrième génération (Fateh Mobin) qui possède également un capteur d’imagerie infrarouge pour le guidage thermique et que possèdent la Syrie et le Hezbollah.

Un pareil missile n’erre pas surtout quand il a sur son trajet quelques douze sites de DCA dite « multicouches » composée de  Dôme de fer, Fronde de David, Arrow et que sa mission « historique » consiste à les casser en mille morceaux pour prouver que la supériorité aérienne d’Israël n’est plus.

C’est ce qui ressort de ces quelques phrases du général Baqeri qui affirme noir sur blanc que l’errance n’a pas de place dans la stratégie de la Résistance où tout est calculé à millimètre près et que sur cette base, le missile de Dimona, l’armée syrienne l’a effectivement tiré à partir de ses sites balistiques « sous terrains » qui restent intactes, opérationnels en dépit des milliers de frappes aériennes d’Israël. Ce tir, la Syrie l’a effectué de concert avec la Russie qui foule au pied sa réticence pro Israël vieille de cinq ans parce qu’elle tolère de moins en moins les coups bas sionistes dans le Caucase sud, en Ukraine, en Méditerranée et ailleurs.

Mais le missile de Dimona n’est pas le pire qui attendrait Israël dans toute cette histoire. A en croire la presse russe, le "pire serait cette armée de drone syrienne", conçue par l’Iran et dont les prototypes ont été dévoilés, très curieusement à peine quelques minutes avant que le général Baqeri ne mette en garde Israël le 24 avril.

Il s’agit de mini drones à capacité d’essaimage d’une portée de 40 à 400 kilomètres qui agissent en groupe de 3 à 10 et qui échappe totalement aux radars. Dotés d’ogive de 5 à 15 kilogrammes, ces furies qui opèrent à base d’intelligence artificielle sont pilotables à partir d’un C2 terrestre. Jusqu’ici rien d’extraordinaire, ce qu’il l’est en revanche ce sont les équipements uniques et inouïes qui sont allés avec.

L’armée iranienne a dévoilé le 25 avril, soit quatre jours après l’attaque contre Dimona, tout un arsenal de guerre de drones ahurissant. Quatre pièces ont attiré l’attention des experts qui y ont vu « la clés de l’énigmatique succès des nuées de drones de la Résistance face aux radars des meilleures DCA US/Israël  :

« TIAM 1400,  un système d’autodéfense UAV qui a la capacité de détecter et d’identifier les radars de surveillance et de guidage de l’ennemi. Ce système dispose de bandes de fréquences ayant la capacité de détecter divers types de signaux radar de surveillance aérienne et de transmettre intelligemment le signal reçu au perturbateur afin de le contrer. Vient ensuite le dispositif d’essaimage, un système de vol basé sur l’intelligence artificielle, et répartit l’essaim entre des drones éclaireurs, et des drones équipiers et qui place tout sous commandement d’un C2. Puis il y a eu Taha 1400, dispositif qui consiste en un système perturbateur de radars de surveillance aérienne. Mais Taha 1400 se combine à un autre système de perturbation optimisé au sol, qui rend lui aussi aveugle les récepteurs et les radars des drones et des systèmes télécommandés. Bref une pléthore pour rendre dingue Israël.»

Et bien les « futurs événements » que promet le chef d’état-major Baqeri risquent de ressembler aux paysage de guerre saoudiens. Les Israéliens ont toutes les raisons du monde de suivre ce conseil d'Ari Shavit de Haaretz :  « Quittons le navire d'Israël en perdition, avant qu'il ne soit trop"….Savit reprend mot à mot le conseil de Nasrallah d’il y a deux ans qui demandait aux Sionistes d’apprendre à nager …».

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SOURCE: FRENCH PRESS TV