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National Interest : "L'axe pro-iranien a crée son Network Centric Warfare ou sa "BOA"

Le Dôme de fer "hacké" au-dessus d'Ashkelon (Capture d'écran)

Pourquoi Ansarallah est à même d’accroître l'intensité et l'ampleur de ses attaques ? La bulle opérationnelle aéroterrestre Iran/alliés est là... The National Interest, dans son édition du 28 mars, y revient puisque c'est autour de cette défaite que tourne désormais l'avenir de l'axe US/Israël au Moyen Orient. Il y a des observateurs qui verraient à travers cette étrange fermeture du canal de Suez, qui s'est fait sur le dos d'une grosse partie des acolytes US dans la région, l'émanation de cette même défaite. Dans un article signé Mark Episkopos, la revue reconnait qu'en cas d'une frappe hybride telle que celle dont a fait l'objet l'Arabie saoudite le 28 mars, Israël n'aura rien pour se défendre, pire, les États-Unis non plus ne pourraient lui être de grand recours. Mais que s'est-il passé le 28 mars ?

"A l'occasion du 7e anniversaire de la méga guerre lancée en 2015 contre le Yémen, Ansarallah a pris pour cible de 18 drones et de 8 missiles balistiques non pas une seule région mais l'Est, l'Ouest et le Sud saoudien. Le méga parc pétrolier de Ras Tanoura, déjà frappé début mars avec ses milliers de fonctionnaires américains et britanniques et ses 6 couches de DCA Patriot entre autres, y est passé avec ses 7 millions de bail d'exportation journalière tout comme Yanbu, port pétrolier stratégique de l'ouest d'où part un tiers des 10 millions de barils quotidiennement exportés.

Mais la fête s'est aussi étendu au port de Jizan, au sud, où Aramco alimente les villes et villages méridionaux saoudiens. L'opération a impliqué huit missiles balistiques de type Zolfaghar et Badr Sair, une nouvelle variante de Badr, pour le grand malheur des radars de Patriot ou encore de THAAD qui ont été distraits puisque la "furtivité" aurait été totale

L'action a été aussi parfaitement synchrone entre ces huit missiles balistiques de haute précision qui se sont abattus sur les cibles militaires et pétrolières d'une part et ces 16 drones Samad-3 que The National Interest qualifie dans son article de "Terminator yéménite" puisque "l'appareil de trois mètres de long et de cinq mètres de large, et doté d'un turbomoteur et avec une charge maximale de 40 kilogramme, dispose d'une altitude de vol de 8 000 mètres et d'une endurance de 5 heures pour une portée "terrifiante" de 1 600 kilomètres, soit "assez pour que les bateaux téléguidées d'Ansarallah puisse en tirer contre Eilat ou encore que Gaza s'en serve contre les sites gaziers israéliens en Méditerranée". 

The National Interest souligne d'ailleurs que le Samad-3 et ses deux variantes kamikaze et de combat reste de loin la "vedette" de toutes les opérations aériennes d'envergure d'Ansarallah, et que l'appareil, apparu en 2018, a déjà pris part à "19 opérations" qui vont des attaques contre les aéroports d'Abou Dhabi et de Dubaï à la fameuse frappe de septembre 2019 contre les raffineries de Buqaiq et de Khamis Mushait en passant par ces deux dernières frappes dite "dissuasion 5 et 6", où le cœur pétrolier d'Aramco sur la côte est, soit à quelques kilomètres de la Ve flotte US à Bahreïn, a été ciblé sans qu'un des radars Patriot ni en Arabie, ni à Bahreïn ni aux Emirats ou ailleurs, en soit alerté.

"Mais la DCA multicouche d'Israël pourra-t-elle contrer une pareille performance qui conjugue le couple "précision-furtivité" de la manière quasi parfaite ? Au fait, et en fonction de l'ampleur des opérations, les nuées de Samad-3 ne comptent jamais plus que 12 appareils. La toute dernière attaque contre Ras Tanoura n'ayant mobilisé que 10 drones de ce type. Ce qui est extraordinaire, c'est ce parfait dosage de charge explosif et une minutieuse répartition de tache et de mission entre missiles balistiques-drones de croisière qui marchent presque à tous les coups.

Et l'article d'ajouter : "Dans un récent interview accordé à Walla le commandant de la division militaire de Gaza au sein l'armée israélienne, Nimrod Aloni a exprimé très clairement son inquiétude quant à a souligné que l’armée israélienne cherchait à trouver une solution pour empêcher le Hamas de fabriquer des drones, ou  des missiles et de former des commandos à Gaza" mais que cette "solution ne s’est toujours pas manifetée" : « En effet je suis avec effroi tout ce qui se passe avec les Houthis au Yémen et je me dis qu’à Gaza, le Hamas et le Jihad islamique en tire des leçon qui s’impose aussi bien en termes de combat aux  drones, ou en matière d’attaque aux missiles et que ces mêmes procédés de synchronisation devraient avoir trouvé  déjà son chemin à Gaza. Aussi ce qui risque de surprendre Israël bientôt pourrait ne pas avoir être seulement les tirs de missiles mais cette opérations missiles balistique-drones auxquelles le Hamas et le Jihad islamique sont d’ailleurs exercés fin décembre lors d’un premier exercice à balle réelle à Gaza ».

Puis l’article poursuit : La portée très limitée de Dôme de fer prouve que face à des nuées de drones-missiles balistiques identiques à celles qu'utilise désormais régulièrement Ansarallah et qui font des trajets de 1 400 à 1 700 kilomètres et sans faute avant de s’abattre avec précision sur des cibles prédétermiéne en Arabie saoudite, elle ne pourra plus servir de pierre angulaire à la DCA multicouche d’Israël. Cette DCA à quatre couches souffre de failles opérationnelles et logistiques et elle est surtout vulnérable à la saturation.

Le 11 mars, la batterie Dôme de fer, déployée à Ashekelon, s’est mise soudain à s’activer, croyant avoir été visée par des vagues massives de missiles. Le radar a été tout simplement "hacké" par des dispositifs que les Iraniens ont fait installer à l'aéroport de Damas voire au Golan. Les Russies y ont, eux aussi, porté leur tribu avec des complexes de guerre électronique ou des avions de patrouille qui dotés de ces mêmes dispositifs agissent sur les liens GPS de nos avions.

Dans un environnement aussi hostile peut-on refaire les radars de la DCA israélienne ? Une révolution à laser aurait été proposée. Rafael Systems a dévoilé un premier modèle du concept appelé le laser à haute énergie (HEL) Iron Beam, au salon aéronautique de Singapour 2014. Mais est-ce suffisant ?

Et de répondre : ce système utilisait deux lasers à semi-conducteurs de plusieurs kilowatts, compatibles avec n'importe quel radar et capables d'être montés sur une large gamme de véhicules. Sauf que ce Dôme de fer à laser qui a une portée effective maximale de sept kilomètres et serait capable de détruire des missiles, des véhicules aériens sans pilote (UAV) ou des obus de mortier, environ quatre secondes après que le faiseau à haute énergie entrent en contact avec leur cible, est vulnérable aux tactiques d’essaim.

Surtout quand celles-ci procèdent de ce à quoi les Iraniens et leurs alliés se livrent de plus en plus à savoir "la bataille en réseaux". Cette tactique amplifie la synchronisation inter essaim au détriment de la DCA adverse, qui dans le cas de Dôme de fer, devrait tirer des dizaines de missiles intercepteur Tamir de 100 000 à 150 000 dollars pour chasser un Samad-3 de quelque milliers de dollars.

Mais ce n’est pas tout : l’enquête sur l’attaque de 2019 avec 22 drones et missiles contre Aramco à laquelle Israël a pris part, a prouvé que le CGRI et ses alliés yéménites ou irakiens commencent à avoir recours à ce que les experts militaires appellent "guerre en réseau infocentré" ou network centric warfareze et qu’ils conduisent leurs opérations militaires en exploitant les capacités des systèmes d'informations.

C’est visiblement la clés du  succès phénoménal des Houthis désormais capable de cibler l’est, l’ouest, le sud d’Arabie par des engins interchangeables qui contournent les meilleurs capacités radars US qui soient.

Ainsi un petit avion de reconnaissance ou de surveillance repérant un site d’Aramco tend à prendre le contrôle des missile balistiques des Houthis qui, n'utilisant pas leur radar, pourrait s'approcher sans être repéré. Cette tactique, l’axe de la Résistance s’y essaie visiblement à travers ces frappes croissantes contre l’Arabie saoudite et avec un succès de plus en plus assuré.

Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Israël qui faisant potentiellement face aux milliers de missiles du Nord au Sud, devra craindre une guerre multifront piloté depuis des salles de commandement où des installations informatiques permettent de prendre des décisions très rapidement.

"L’axe de la Résistance" possède-t-il déjà sa bulle opérationnelle aéroterrestre (BOA) ? Une chose est sûre : depuis qu’Ansarallah s’est mis à intensifier son action, l’idée a progressé. Reste à voir si la "guerre en réseau infocentré" version iranienne en restera là ou si elle se renforcera soudainement à la faveur d’un accord sino-iranien de 25 ans qui vient d’être signé ou d’un pacte cybernétique irano-russe conclu depuis plusieurs semaines et dont les effets auraient été sentis dans le ciel d’Ashkelon le 11 mars…

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SOURCE: FRENCH PRESS TV