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Que fait USNS Yuma près des côtes algériennes?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La carte satellitaire de Dakhla, sur la côte atlantique (Illustration)

Comparé à l'exercice du début mars où l'US Navy d'une part et la Marine et l'armée de l'air marocaines de l'autre ont mené dans les eaux de l'océan atlantique l'exercice "Lightning Handshake", impliquant l'USS Dwight D.Eisenhower, c'est bien modeste mais l'ambassade US à Alger la qualifie de signe du "bon partenariat maritime algéro-américain" dans le sens d'un renforcement de la "sécurité maritime dans la région". Cité par les médias algériens, un communiqué de l'ambassade US y va de son commentaire, en affirmant :

« Un navire de transport de l'US Navy, spécialisé dans le soutien logistique et l’aide humanitaire, est arrivé mardi au port d’Alger. La visite de ce navire constitue un témoignage du partenariat "solide et multiforme" algéro-américain et sert à "renforcer la coopération bilatérale en matière de sécurité régionale. »

 

Puis l'annonce s'étoffe au regard de cette autre annonce, celle de Frank Okata, qui n'est pas n'importe qui mais bien Commodore du Commandement du transport maritime militaire pour l’Europe et l’Afrique et Commandant de la Force opérationnelle 63 qui ajouteNous sommes heureux de contribuer au renforcement du partenariat maritime algéro-américain car « l'Algérie est un partenaire hautement compétent, et en travaillant ensemble, nous pouvons améliorer la sécurité maritime dans la région ». 

Une image satellite du navire affrété par la compagnie taïwanaise Evergreen Marine Corp sur sa Evergreen Line qui est est échoué en travers du canal après avoir franchi son entrée sud.
Des efforts en cours pour faire bouger le navire échoué dans le canal de Suez. ©AFP

Au fait, le mot « sécurité régionale » dans la bouche des Américains qui en poussant le Maroc à reconnaître Israël en échange d'une reconnaissance US de la « marocanité » du Sahara occidental, et en provoquant de la sorte, une rupture de la trêve avec le Front Polissario et partant avec l'Algérie, et tout ce que cela compte en termes d'impacts sécuritaires sur la paix en Afrique du Nord, sonnent faux aux oreilles de plus d'un observateurs qui suivent tous les agissements US post-Trump, dont le soutien de Washington à une plus large présence US/OTAN sur les côtes marocaines, présence marquée par l'ouverture tout récent d'un consulat américain à Dakhla, et peut-être prochainement à Laayoune, toutes deux non loin du Sahara occidental. Le souci sécuritaire des Yankee, exprimé par le communiqué de l'ambassade est d'autant plus paradoxal que des sources affirment que la Russie pourrait être intéressée par l'appel d'offre international de quelques 1.000 millions de dollars lancé par Rabat qui veut construire à Dakhla un macro-port de la taille de Tanger Med et que si la Russie remporte cette offre, la zone pourrait se transformer en un champ de bataille potentiel comme cela fut le cas ce mois de mars quand un sous-marin russe a passé par le détroit de Gibraltar, à un moment où des manœuvres militaires étaient menées conjointement par les marines américaine et marocaine au large des Canaries.

Alors à quoi joue les Américains en envoyant des navires "humanitaires" au large de l'Algérie? 

En octobre dernier, le secrétaire américain à la Défense Mark Esper s'était rendu à Alger, juste avant l'annonce de la normalisation, pour une escale de quelques heures tout en reprochant aux Algériens leur refus d'acheter des armes made in USA. Un peu plus tard, le commandant de l'AFRICOM, le général Stephen Townsend, lui avait emboîté le pas là encore, au nom de la "sécurité régionale"  mais à vrai dire pour foncer le clou et mettre en garde l’Algérie contre la poursuite de sa politique d'attachement total à sa souveraineté. cette double mise en garde a été suivie par une troisième visite, celle du destroyer lance-missiles USS Roosevelt au large de l'Algérie qui y a débarqué en octobre pour, "démontrer les efforts de la marine américaine pour établir un partenariat avec l’Algérie dans le but d’améliorer la sécurité maritime en Méditerranée". De tous ces agissements US ressort un seul et unique constat  : les Etats Unis d'Amérique préparent une guerre.

En effet, l'Algérie tout comme la Libye que l'axe US/Israël/OTAN a tentée en 2020 de transformer en un hub de transit de terroristes par Turquie et Emirats interposés, se trouve sur la "route maritime de contournement des sanctions US" et elle prend part aussi à ce contournement. C'est un choix de principe qu'Alger, se considérant comme faisant partie de l'axe de l'Est, composé de la Chine, de la Russie, de l'Iran, du Venezuela... a fait et il y tient. Outre l'Algérie, participent à cet axe d'autres Etats africains, entre autre le Sénégal ou le Gabon pour le grand malheur d'une Amérique qui voit son arme des sanctions en cette année 2021 se réduire à néant. 

A ce rythme, les USA pourront-ils gagner leur guerre contre la Chine, la Russie, l'Iran, ... ? peu sûr. Le régime des sanctions US ayant été foulé au pied et ce, de la façon la plus humiliante qui soit à la faveur d'un concours sino-iranien, auquel a rallié dès le mai 2020 le Venezuela, les Américains ne pourraient par principe rester les mains croisés. Il y a quelques heures, le plus grand porte-conteneur du monde Ever Given (Ever Green) de quelques 220 000 tonnes et d'une longueur de 400 mètres, a échoué dans des circonstances bien étranges au canal de Suez, le bloquant tout court. Le bâtiment appartenant au Taïwan battait le pavillon panaméen et avait quitté la Chine pour les Pays bas, suivant la principale route maritime chinoise vers l'Europe. Depuis trois jours, le blocage du canal du Suez perturbe le commerce Chine-Europe mais encore ce corridor énergétique anti sanction US et aucune aide occidentale digne de ce nom ne vient à l'Egypte. C'est à croire que ce coup monté est destiné à bloquer la Chine qui transite 40% de ses marchandises via mer Rouge. Et dire que le canal de Suez appartient à l'Egypte, Etat soumis et ami d'Israël! Quid de l'Algérie qui revendique haut et fort son appartenance à l'axe de l'Est et est membre du corridor maritime anti-sanction US? 

 L'USNS Yuma qui a accosté en Algérie n'a rien d'ailleurs d'un navire "humanitaire": il s'agit d'un  navire de transport rapide expéditionnaire de la Marine américaine qui compte à son active une présence assidue en mer Noire. Le navire à grande vitesse appartient à la classe Spearhead conçu pour assurer un transport rapide de troupes, de frets ainsi que de matériel militaire, dont les chars M1 Abrams. Ils permettent également d’assurer le ravitaillement de corps de la Marine. Armé de mitrailleuses lourdes, le navire est en mesure aussi  d’accueillir sur son pont l’hélicoptère CH-53E Super Stallion.  Avec tout ceci il n'a pas trop l'air de vouloir assurer la sécurité "régionale".... 

Reste à noter que de nouveaux changements se sont effectués au niveau de la direction de la sûreté nationale et de la police frontalière de l’Algérie, et qui pourraient ne pas être sans rapport avec cette affaire. Aux dernières nouvelles, le directeur général de la Sûreté nationale algérienne a nommé, lundi, de nouveaux responsables à la tête de la Police des frontières (PAF), au port et à l’aéroport d’Alger, ainsi qu’à la tête des départements de la communication et de la coopération internationale...

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SOURCE: FRENCH PRESS TV