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L'arroseur arrosé : 1ère manif « téléguidée » chez Salmane

Scène de manifestation à al-Qassim dans le nord de l'Arabie saoudite. ©Fars News

Après ses lourds échecs à l’échelle nationale et internationale, le régime des Saoud a eu beau les compenser, lors de la tenue du sommet des membres du CCGP, les tensions remontent cependant à l’intérieur et à l’extérieur du royaume saoudien. La tenue des manifestations anti-gouvernementales au nord de l’Arabie Saoudite, ainsi que l’échec de l’initiative saoudienne de réconciliation avec le Qatar sont des exemples clairs des plans échoués du prince héritier Mohammed ben Salmane.  

Hier soir, le district d’al-Qassim en Arabie saoudite était la scène de nombreuses manifestations de protestation contre la politique économique du gouvernement saoudien et d’accrochages entre les forces de sécurité et les manifestants.

Les utilisateurs des réseaux sociaux ont partagé des images et des reportages des protestations des habitants de Buraidah, chef-lieu d’al-Qassim dans le nord de l’Arabie saoudite. Les manifestants ont exprimé leur protestation contre les politiques économiques des Saoud, n’ayant eu pour conséquence que la croissance de la pauvreté et du chômage.

Les utilisateurs ont publié des photos de l’indignation des habitants de Buraidah, qui étaient descendus lundi soir dans la rue pour protester contre les politiques du régime des Saoud dans les domaines militaire et économique ; mais les manifestations ont finalement dégénéré en violences.

Les manifestants scandaient des slogans pour condamner l’imposition de tout impôt en pleine épidémie du coronavirus ainsi que la montée de la pauvreté et du chômage en Arabie saoudite.

Une source proche de la police du district d’al-Qassim, a confirmé l’arrestation d'un certain nombre de manifestants en affirmant que le dossier des détenus avait été délivré au procureur général du district.

Loin de pouvoir aboutir aux résultats escomptés, la guerre contre le Yémen a en effet apporté à Riyad des échecs en série face à l’axe de la Résistance, sans oublier des coûts financiers gigantesques qui ont fait envahir les rues les Saoudiens en colère contre les problèmes économiques. C’est dans un tel contexte que le royaume saoudien pense à créer une nouvelle alliance contre la Résistance et surtout contre l’Iran, ayant accueilli sur son sol des pays arabes pour mettre fin au blocus imposé au Qatar ; un geste par lequel l’Arabie saoudite souhaite compenser les échecs sur la scène de la politique intérieure, par les soi-disant alliances régionales. Mais là aussi, les premiers signes de division ont d’ores et déjà apparu.

Des défis sérieux d’ordre politique et économique et militaire auxquels se heurtent les dirigeants saoudiens ont non seulement affecté la vie des citoyens saoudiens, mais aussi porté atteinte au prestige de Riyad parmi d’autres États arabes du golfe Persique, l’échec du sommet des membres du Conseil de Coopération du golfe Persique (CCGP) en Arabie Saoudite est un exemple clair du déclin du poids des Saoudiens dans le monde arabe, l’existence des divergences entre Doha et Manama en disant long sur ce sujet.

Le site d’information Al-Khaleej Al-Jadeed vient d’annoncer que le torchon brûle toujours entre Manama et Doha quelques semaines après l’accord de réconciliation, signé dans la ville saoudienne d’Al-Ala, par les États membres du CCGP, dans le but de mettre fin au siège du Qatar par l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn.

Les 4 pays ont également convenu lors du sommet d’Al-Ala de rétablir pleinement les relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar et même de rouvrir leur ciel et leurs frontières au pays, mais depuis lors, le comportement de Bahreïn a été bien contradictoire à cet égard.

L’incertitude quant à la reprise des voyages entre le Qatar et Bahreïn en est peut-être l’exemple le plus évident.

L’Autorité générale de l’aviation civile de Bahreïn a précédemment déclaré que le pays ouvrirait son espace aérien au Qatar à partir du 11 janvier 2020. Cependant, les relations bilatérales entre les deux pays se sont à nouveau détériorées la semaine dernière lorsque le ministre bahreïni des Affaires étrangères a accusé le Qatar de ne prendre aucune mesure pratique pour résoudre le différend avec Manama. Il a fait ces propos en réaction de l’arrestation d’un certain nombre de voyageurs qataris, étant entré à Bahreïn via le pont King Fahd, reliant l’Arabie saoudite à Bahreïn.

La question suivante qui a encore plus creusé le fossé entre Bahreïn et le Qatar après le sommet d’Al-Ala était que le ministère bahreïni du Travail et de la Planification civile a donné l’ordre de la confiscation des 130 propriétés appartenant aux fils de Khaled ben Nasser ben Abdallah Al-Mousnad, l’un des proches de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani.

En outre, au moins quatre événements dans lesquels Bahreïn a été accusé d’avoir violé l’intégrité territoriale qatarie se sont survenus simultanément aux tentatives de Riyad de parvenir à la réconciliation arabe avant le sommet d’Al-Ala. L’un de ces événements était l’arrestation des pêcheurs bahreïnis et ensuite leur relâchement par le Qatar. Ces derniers avaient été accusés de ne pas avoir respecté l’intégrité territoriale du Qatar. En décembre 2020, Doha avait également annoncé que quatre avions bahreïnis avaient violé son espace aérien.

En représailles, le ministère des Affaires étrangères de Bahreïn a prétendu dans un communiqué que le Qatar n’avait pris aucune initiative pour résoudre les questions en suspens entre les deux pays depuis le sommet du CCGP en Arabie Saoudite.

Il a ajouté qu’il y avait eu des différends frontaliers entre Bahreïn et le Qatar dans le passé, y compris la question des îles Hawar, qui avait été résolue en 2001, mais que le différend refait surface après le siège du Qatar en 2017.

Le différend idéologique Doha-Manama est également devenu plus clair lorsque le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn a rencontré son homologue israélien, Gabi Ashkenazi, lors d’une conférence virtuelle organisée par l’Institut israélien d’études sur la sécurité intérieure la semaine dernière, où il n’a pas caché ses inquiétudes concernant le programme nucléaire iranien, ses missiles balistiques et ses activités dans tout le Moyen-Orient. Et cela va fortement à rebours de la position du Qatar, annoncée par le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abdel Rahman Al Thani ; parce qu’il avait récemment déclaré que les pays du golfe Persique devraient retourner à la table de négociations avec l’Iran et que le Qatar était prêt à jouer le rôle d’intermédiaire dans ce contexte.

En 2011, Bahreïn a en outre accusé la chaîne de télévision Al Jazeera de publier des informations dans le but de provoquer Manama, ce qui a abouti à une crise diplomatique entre le Qatar et Bahreïn en août de la même année.

Le mois dernier, Bahreïn a de nouveau lancé une série de violentes critiques contre Al Jazeera pour avoir couvert la torture d’un religieux chiite dans une prison à Bahreïn.

Les différends accrus entre le Qatar et Bahreïn témoignent du déclin du poids saoudien parmi les pays arabes et de leur impuissance à rétablir la solidarité entre les Arabes.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV