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A quoi rime la "coopértaion" Taliban-Iran?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le crash d'un E-11 A de l'US Air Force, abattu le 27 janvier 2020/AP

Les Taliban à Téhéran? Pourquoi pas, tant que les Taliban s'opposeront aux USA et à leur présence militaire en Afghanistan et qu'ils empêcherait l'émergence de Daech en Afghanistan. Il y a peu, l'Iran inaugurait une première liaison ferroviaire à dimension reliant la ville iranienne de Khawf à Herat en Afghanistan. Cette voie ferrée avec une capacité de transfert de 3 millions de tonnes de marchandises et d'un million de passagers par an est la première de toute l'histoire afghane, une voie ferrée qui ouvre grand les portes de l'Asie centrale sur l'Iran. Pourquoi faut-il hésiter à aider l'Afghanistan à s'en remettre des décennies de privation, alors même que par son histoire, sa langue, sa culture, l'Afghanistan fait partie de l'espace civilisationnel iranien?

"L'Iran soutient un gouvernement inclusif en Afghanistan regroupant les représentants de toutes les ethnies, les religions et tous les partis», a d'ailleurs déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères au cours d'une rencontre avec la délégation des Taliban dimanche 31 janvier à Téhéran. Le chef de la Diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, recevait Mullah Abdul Ghani Baradar, numéro deux des Taliban, et la délégation politique qui l'accompagnait. Les deux parties ont discuté des questions régionales et surtout du retrait des troupes US d'Afghanistan. Au mépris des termes des accords de Doha qui ont impliqué des dizaines de rencontres USA/Taliban, les Américains se sont mis il y a peu à cibler les positions talibanes à travers l'Afghanistan, ce contre quoi la milice a mis en garde. Évoquant l'impact de la présence américaine en Afghanistan, M. Zarif a souligné que les États-Unis" ne peuvent pas être par principe un bon médiateur" pour cause d'être la puissance d'occupation. «Vous faites partie de la population afghane qui ne doit pas être prise pour cible lors des opérations et en termes d'opérations, les Taliban ne devraint pas non plus cibler les Afghans», a souligné Zarif à ses hôtes.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, rencontre une délégation des dirigeants talibans à Téhéran, le 31 janvier 2021. ©Tasnimnews

L'Iran vise-t-il à jouer un rôle de médiation entre Kaboul et Taliban dans le strict objectif de conduire à une expulsion des troupes d'occupation américaines? La semaine dernière, le ministère afghan des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué que le déplacement de la délégation des Taliban en Iran avait été coordonné avec Kaboul. «Lors de cette visite, l'Iran discutera d'un consensus régional en faveur de l'établissement d'un cessez-le-feu immédiat, de la conclusion d'un accord de paix inclusif dans le cadre de la République et du respect des principes de la Constitution afghane », indiquait le communiqué, signé Abdullah Abdullah. "Ce que souhaite les Afghans est l'instauration d'un cessez-le-feu global. Et  l'Iran est prêt à contribuer au rétablissement de la paix et de la stabilité entre l'Etat et les Talibans de sorte de priver les Américains de tout prétexte de maintenir leur présence militaire dans le pays. 


"Mais il y a plus: le peuple afghan a prouvé à plus d'une reprise dans sa longue histoire ne tolérer aucune occupation militaire étrangère, souligne l'analyste politique Hanizadeh qui commente la visite de la délégation politique des Taliban en Iran : «Contrairement à al-Qaïda, les Taliban négocient, ce qui témoigne de leur capacité à intégrer un système politique basé sur le partager du pouvoir. "L'afghanité" importe pour les Taliban et la présence militaire étrangère lui est parfaitement insupportable.

Tout ceci importe aussi à l'Iran mais encore à la Russie et à la Chine qui partagent des milliers de kilomètres avec ce pays qui est la porte d'entrée à l'Asie centrale. En ce sens, les Taliban sont parfaitement aptes à faire barrage à Daech dont les éléments sont depuis 2019 régulièrement héliportés et transférés vers l'Afghanistan pour être déployé sur les frontières orientales iraniennes. l'Afghanistan partage de longues frontières avec l'Iran, la même langue et la même culture et une implantation de Daech à ses portes est intolérable. Dans le Haut-Karabakh, ce plan américain destiné à déstabiliser l'Iran par terroristes takfiristes interposés est tombé à l'eau grâce à une coopération Russie/Iran. La même chose pourrait se produire en Afghanistan. L'échec des pourparlers US/Taliban qui risque de s'amplifier sous Biden, un des architectes de la guerre en Irak et en Afghanistan, favorise le terrain à une coopération Taliban d'une part, l'Iran, la Russie et la Chine de l'autre". 

Et l'analyste d'ajouter : " C'est d'ailleurs une puissance militaire notable que celle des Taliban. Biden a annoncé vouloir revoir le plan de retrait des troupes US d'Afghanistan, plan promis par son prédécesseur. Cela a toutes les chances de faire en Afghanistan un théâtre d'affrontement anti-USA, anti-OTAN. Le 27 janvier 2020, un bombardier Global Express E-11A de l'US Air Force affecté dans le district de Deh Yak, dans la province de Ghazni en Afghanistan s'est écrasé.

 Le mystérieux clash qui aurait coûté  la vie à D'Andrea, agent de la CIA et chargé du dossier Iran sous Trump a été revendiqué par les Taliban. Les officiels US ont rejeté d'emblée l'hypothèse et une toute récente enquête publiée réaffirme que ce "labo de renseignement volant" qui s'est écrasait dans les montagnes de Ghanzi, tout près des frontières avec le Pakistan, au bout de sa 10.000 ème mission avait été victime d'un" problème technique". L'enquête ne mentionne évidemment pas le nombre ni l'identité des victimes mais tout porte à croire que les informations circulant sur la mort des hauts officiers de la CIA dans le crash, lesquels ne se sont pas fait parler d'eux depuis, ne seraient pas fausse.  Des incidents similaires anti-US attendus pour les semaines à venir? 

Après une vingtaine d’années d’occupation, l’armée américaine a commencé à évacuer en octobre 2020 leur base principale base militaire à Bagram dans le nord d’Afghanistan d’où les avions de combat US décollaient pour mener différentes opérations. Ce retrait est intervenu en apparence à l'issue des accords de Doha, mais à vrai dire au terme d'une série d'attaques aux missiles particulièrement violentes ayant visiblement impliqué des missiles de précision. L'une de ces attaques datées d'octobre a poussé les troupes US à quitter même leur base aérienne militaire à Helmand, à bord des hélicoptères. "L'attaque de la base militaire américaine à grande échelle par des Taliban dans la province de Helmand a été si inattendue et fulgurante que les troupes US ont abandonné la base sans même la défendre, les troupes au sol ont été évacuées d'urgence par hélicoptère. Image à l'appui cette information a été diffusée avec la vidéo par le site d’information russe Avia-pro.

Dans la vidéo présentée, les militaires américains quittent d'urgence la base militaire, assiégée par les Taliban. La situation s'est avérée si critique que l'hélicoptère a atterri à grande vitesse sur le territoire d'une autre installation militaire", écrivait le site russe. Avec le passage des Taliban à Téhéran, d'autres crashs des E-11 A est-il attendu? .

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SOURCE: FRENCH PRESS TV