L’administration Biden a imposé un gel temporaire des ventes d’armes américaines à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Elle se donne le temps d’examiner le détail des transactions d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, approuvées par l’ancien président Donald Trump, rapporte le Wall Street Journal dans son édition du 27 janvier.
L’examen comprend la vente de munitions à guidage de précision à Riyad ainsi que de chasseurs F-35 de premier plan à Abu Dhabi, un accord que Washington a approuvé dans le cadre des accords d’Abraham normalisant les relations entre Israël et les pays arabes.
Au lendemain de sa prestation de serment, le nouveau secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a pris sa première décision marquante en rupture avec l’administration sortante. Il s’attaque frontalement au cheval de bataille de Trump et sa vache à lait, les contrats de vente d’armes au Moyen-Orient.
Cette décision a fait réagir l’ambassadeur des Émirats à Washington, Yousef al-Otaiba. Avec sang-froid, il a déclaré que les Émirats s’attendaient à ce que la nouvelle administration poursuive les politiques de son prédécesseur, d’autant plus que la vente de F-35 aux monarchies arabes du golfe Persique dépassait les limites de simples accords de vente d’armements.
Sans faire allusion à la guerre menée par la coalition saoudo-émiratie au Yémen, il a indiqué que ces armes servaient à son pouvoir de dissuasion en parallèle du nouveau round des négociations et de la coopération en matière de sécurité.
Durant sa campagne électorale, Joe Biden a promis de mettre un terme à la guerre au Yémen qui dure depuis six ans, d’où sa décision de geler temporairement la vente des F-35. Mais rien n'est encore sûr : pourra-t-il vraiment mener son plan à bout ? Ou comme Trump, a-t-il seulement l’intention de jouer le show en se faisant passer pour un bienfaiteur, tout en profitant des pétrodollars des monarchies arabes ? Quoi qu’il en soit, ce sont les sionistes qui, à tous les coups, tireront leur épingle du jeu.
Ce même jeu, Trump l’avait entamé avec Mohammad ben Salmane, dit MBS.
Le Middle East News dit que d’autres pays, dont la Russie, seraient enclins à vendre des armes à l’Arabie saoudite et de s’approprier une grande part de son marché « prolifique ».
Le National Interest fait à ce sujet un inventaire des cinq armes russes que l’Arabie saoudite voudrait acquérir.
Système de défense S-400
En 2017, l’Arabie Saoudite et la Russie signaient un mémorandum d’accord visant à aider le royaume wahhabite dans ses efforts pour développer ses propres industries militaires. L’accord assorti d’une commande conséquente de missiles S-400 aurait été « basé sur l’assurance de la partie russe de transférer la technologie et de localiser la fabrication et la maintenance de ces systèmes d’armement dans le royaume ». Il n’a pourtant pas été encore honoré.
Le 14 août 2019, le président russe Vladimir Poutine proposait à Riyad d’acheter des missiles à la Russie : « Nous sommes prêts à aider l’Arabie saoudite pour qu’elle puisse protéger son territoire. On pourrait le faire de la même manière que l’Iran a déjà fait en achetant les systèmes de missiles russes S-300 et de la même manière que la Turquie a déjà fait en achetant les systèmes de missiles russes S-400 », avait-il déclaré à Ankara.
Riyad semble conquis, mais sa réticence provient des États-Unis dont il redoute le fouet des sanctions.
L’avion de combat Su-35
La force aérienne de l’Arabie est composée de pas moins de 200 avions de combat de type F-15. Le Kremlin lui a proposé, toujours en 2017, de rénover sa flotte avec des Sukhoi Su-35.
Pour rappel, le Su-35S est un avion dit de génération 4++. Ultime évolution des Su-27 et Su-30, cet appareil se distingue par sa manœuvrabilité, grâce notamment à ses moteurs 117S à poussée vectorielle et ses commandes de vol électriques. Conçu avec des matériaux composites, il est doté d’un puissant radar à balayage électronique [l’IRBIS-E], capable de détecter et de suivre jusqu’à 30 cibles à 400 km de distance.
Pouvant voler à la vitesse de Mach 2,35, il dispose aussi d’un radar de queue [N-012], d’un capteur optronique [OLS-35] et d’un système de recherche passif. Côté armement, outre son canon de 30 mm, il peut emporter des missiles air-air R-27, RVV-AE et R73 ainsi que des bombes lisses et guidées. Enfin, il peut mettre en œuvre des nacelles de guerre électronique.
Kalachnikov AK-103
En 2019, Riyad a signé un accord avec la société d’État russe Rostec pour l’achat et la production en masse de Kalachnikov AK-103.
L’AK-103 est un fusil d’assaut d’infanterie et de mécanique robuste aux caractéristiques modernes. Il pèse 3,6 kg et peut tirer 600 balles à la minute, grâce à son chargeur à haute capacité en munitions.
Lance-roquette TOS-1
En 2017, Riyad signe avec la Russie un accord pour la production locale des lance-roquettes multiples TOS-1 (d’appellation usuelle « Katioucha ») à 24 tubes de 220 mm. Il est basé sur un châssis de char T-72. Il a été présenté au public pour la première fois à Omsk en 1999.
Le TOS-1 a été conçu pour frapper les soldats à pied, l’équipement, les bâtiments, les bunkers et fortifications, ainsi que les véhicules légers. Comme la portée minimale des roquettes (600 m) demande un véhicule suffisamment blindé, et comme le dispositif est lourd, un châssis de char T-72 a été choisi. La portée des roquettes est de 5 à 6 km selon les versions.
Sa puissance de destruction est estimée à 1 km2 par salve pour roquettes incendiaires et 2 km2 pour les missiles thermobariques. Il a une vitesse de 65 km/h, un poids de 46 tonnes et est conduit par un équipage de trois personnes.
Missile 9M133 Kornet
C’est le missile russe le plus vendu au Moyen-Orient. Et l’Arabie saoudite ne s’en est pas privée.
Le missile antichar Kornet est développé pour engager les engins blindés modernes et avancés, équipés de protections dynamiques, les positions fortifiées, les forces ennemies, des cibles aériennes évoluant à faible vitesse, des cibles de surfaces à n’importe quel moment de la journée, sous n’importe quelles conditions climatiques et en présence d’interférences passives et optiques actives.
Le système comporte un missile guidé 9M133-1 avec tête militaire à effets cumulés en tandem ou tête militaire thermobarique et un lanceur portable 9P163M-1 ou placé sur véhicule.
Il est également doté d’un système à imagerie thermique, d’outils de maintenance et d’équipements d’entraînement.
Le missile 9M133 est doté d’une surface aérodynamique canard avec deux surfaces qui s’ouvrent lorsque le missile a quitté son tube de lancement.