Rien ne garantit que le retour de l’Iran à l’accord de 2015 précédera au retour des autres signataires du PGAC. Alors que l’Europe va trop loin dans l’extravagance, l’Iran tient à agir de manière responsable et prudente à l’égard de ceux qui abandonnent facilement leurs engagements.
Ayant requis l’anonymat, un responsable de la présidence française a déclaré mardi à l'AFP que le gouvernement iranien devrait respecter ses engagements dans le cadre de l'AIEA et limiter son programme nucléaire pour que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire iranien.
Mais, le responsable français semble avoir amalgamé les règles de la préséance quant au retour sur les engagements dans le cadre de l'accord nucléaire; puisque ce sont les États-Unis qui s’en sont unilatéralement retirés en mai 2018 et ont rétablis les sanctions contre l’Iran. Néanmoins, l'Iran a continué à respecter toutes ses obligations et ce n’est qu'après qu’il en a réduit certaines, conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
La nouvelle prise de position par la France rappelle le rôle de mauvais flic qu’a joué l’ancien ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui n’a ménagé sur aucun effort pour mettre des battons dans les roues de Téhéran lors des pourparlers sur l’accord nucléaire.
Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, on s'attend donc à ce que la position anti-iranienne en Europe s'intensifie à mesure que les différences entre Washington et les capitales européennes diminuent.
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Les propos du responsable français montre les futures positions de non seulement la France mais l’ensemble des pays européens à l’encontre de l’Iran. Recourant à l'extravagance et l’expansionnisme, Paris prend une position maximale et entend l’utiliser comme un levier de pression pour mener des négociations avec Téhéran.
Le jeu de passe auquel s’adonnent les États-Unis et l’Europe prouve que l'inaction des Européens pour compenser le retrait américain de l'accord nucléaire n'était pas due à leur incompétence, mais à leur réticence.
Pendant tout ce temps, l'Europe a essayé de maintenir l'Iran dans l'accord nucléaire en gagnant du temps par des discussions hypothétiques sur le mécanisme Instex. Dans ces circonstances, rien ne garantit que même si l’Iran revient au respect de ses engagements dans le cadre de l’accord, les autres signataires agissent de bonne foi.
A cet égard, le ministre iranien des Affaires étrangères avait auparavant affirmé que le PGAC avait été négocié sur la base de la méfiance. Rien ne garantit que le retour de l’Iran précédera au retour de l'Europe et des États-Unis. Il est donc primordial que l’Iran ne reviennent à ses engagement qu’après la levée des sanctions et non sur la base des promesses et des paroles en air de l’Europe et des États-Unis.
Ces derniers ne sont pas les mieux placés pour fixer les termes et conditions du processus à venir. Le moindre tolérance est à éviter.
La nouvelle position de la France met largement en cause la crédibilité de ses autorités. Leurs propos donnent le la de l'attitude à suivre à l'égard des Occidentaux.
L’Europe va trop loin dans l’extravagance. Son suivisme et son conformisme avec les États-unis qui se sont retirés de l’accord de 2015 démontrent que l’Union européenne n’a aucune place dans les accords internationaux. A l’heure qu’il est, elle ferait mieux de faire profil bas.
Réagissant aux allégations, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a tweeté : « Pourquoi l’Iran - un pays qui est resté ferme et qui a vaincu le terrorisme économique américain, devrait en premier faire preuve de bonne volonté ? Ce sont les États-Unis qui ont rompu l’accord sans raison. Ils doivent remédier à leur tort et ensuite, nous réagirons en conséquence. »