Le département américain de la Justice a porté plainte contre un universitaire iranien, alléguant qu’il avait agi dans le cadre des intérêts de la République islamique d’Iran alors qu’il vivait et travaillait aux États-Unis en tant que professeur, politologue et expert du Moyen-Orient.
Dans une plainte pénale non scellée mardi 19 janvier devant le tribunal fédéral de Brooklyn, les États-Unis ont accusé Kaveh Afrasiabi, un citoyen iranien résident permanent aux États-Unis, de deux chefs d’accusation en tant qu’agent non enregistré d’un gouvernement étranger. L’accusation est passible d’une peine maximale de 10 ans de prison.
Le département de la Justice allègue que M. Afrasiabi a reçu un salaire -totalisant au moins 265 000 dollars- de la mission iranienne auprès des Nations unies depuis au moins 2007, et des prestations de soins de santé depuis au moins 2011. Selon la plainte, pendant cette période, « il a aidé l’Iran à façonner son message public dans les médias et a défendu les positions du gouvernement iranien aux plus hauts niveaux du gouvernement américain ».
« M. Afrasiabi a pris contact avec de nombreux responsables du gouvernement américain sans révéler ses liens avec l’Iran », selon la plainte, « notamment un membre anonyme du Congrès et son personnel ainsi qu’un haut fonctionnaire du Bureau des affaires du Proche-Orient du Département d’État ».
« Pendant plus d’une décennie, Kaveh Afrasiabi s’est présenté au Congrès, aux journalistes et au public américain comme un expert neutre et objectif de l’Iran », a déclaré le procureur général adjoint John C. Demers. « Cependant, pendant tout ce temps, Afrasiabi était un employé secret de l’État iranien et la Mission permanente de la République islamique d’Iran auprès de l’Organisation des Nations unies et il était payé pour diffuser leur propagande », a-t-il ajouté. « Ce faisant, il a délibérément évité de s’enregistrer auprès du département de la Justice comme l’exigeait la Loi sur l’enregistrement des agents étrangers », ajoute le rapport.
À noter que le département de la Justice n’a fourni aucun document ni preuve pour appuyer ses accusations contre Kaveh Afrasiabi.
Une autre prise d’otage :
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, a qualifié l’arrestation de Kaveh Afrasiabi de « prise d’otage » visant les ressortissants iraniens. « M. Afrasiabi est un professeur d’université renommé qui a été arrêté pour des accusations infondées », a déclaré Khatibzadeh.
Et d’ajouter : « Nous espérons que la nouvelle administration des États-Unis renoncera à l’approche de prise d’otage de l’administration Trump. Ce n’est pas la première fois que les Américains prennent les ressortissants iraniens en otage sous des prétextes non fondés ».
Dans la foulée, Mohsen Paak Aeen, ancien ambassadeur de l’Iran à Bakou et en Thaïlande, a déclaré, dans un entretien avec l’agence de presse Fars, que l’arrestation d’Afrasiabi était dépourvue de tout aspect légal. « L’arrestation d’un professeur d’université et d’un expert des questions internationales contredit la liberté d’expression et de la presse et constitue la violation des droits de l’Homme ».
De son côté, Fouad Izadi, analyste des questions des États-Unis, a déclaré : « Pendant les dernières années, certains universitaires, dont Massoud Soleimani, qui avaient été invités par les centres de recherches américains ont été arrêtés aux États-Unis ».
Et d’ajouter : « Ce que les États-Unis font est qu’ils prennent pour cible les doubles nationalités et ceux qui ont obtenu la nationalité américaine. En effet, les États-Unis font ce qu’ils accusent l’Iran de le faire ; c’est-à-dire emprisonner les Irano-Américains pour des raisons politiques ».
« Mais la différence est que les personnes ayant une double nationalité arrêtées en Iran ont été condamnées par le système judiciaire du pays alors que les États-Unis ne fournissent aucun document ni preuve pour les universitaires qu’ils arrêtent tel que le cas d’Afrasiabi et ils peuvent rester en prison pour des mois, voire des années sans comprendre leur charge », a-t-il expliqué.
Fouad Izadi réaffirme que les autorités américaines ne doivent pas oser parler des droits de l’Homme, étant donné la situation déplorable des droits de l’Homme dans leur pays et leurs comportements envers les citoyens américains ainsi que les Iraniens résidant aux États-Unis.