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L'Iran a-t-il cherché à faire couler l'USS Nimitz il y a deux jours? ... « C'est la faute à McKenzie »

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Cette photo à titre d'illustration montre certaines des cibles que les missiles de la Résistance sont capables d'atteindre dans la région. ©YJC

Personne n'a cru que ce missile balistique antinavire que l'Iran a fait tirer il y a deux jours depuis le désert central du pays vers le nord de l'océan Indien, et qui a valu un breaking de Fox News comme quoi le missile iranien avait échoué à 80 miles de l'USS Nimitz « sans que le groupe aéronaval US ait pu l'intercepter sur son radar » a été tiré au hasard. Pour les généraux du Pentagone qui s’apprêtent à faire face à une attaque militaire le jours de l'investiture de Biden, cela n'a pu qu'un seul sens : A2/AD iranien s'est amplifié diablement et que désormais, les portes-avions US qui choisissaient de « se garer » en mer Rouge ou en océan Indien pour éviter les missiles iraniens, n'y sont pas non plus en sécurité. Pour peu l'Iran risquerait même d'atteindre Diego Garcia et ses vieux B-52, a dit Fox News.

D'où sans doute cet article de Gareth Porter qui tente de faire endosser l'échec au chef du CentCom le décrivant comme un opportuniste qui a cherché à agrandir la menace de l'Iran pour gagner de la popularité auprès des militaires. Ce qui pourrait après tout ne pas être faux. Mais l'un n'empêche pas l'autre : chercher une escalade pour gagner en popularité tout en se retirant face à une puissance émergente Résistance qui traque l'US Navy comme se ferait traquer les rats. 

 À la recherche de prestige et de pouvoir au sein de l'armée, le chef du CentCom, le général Kenneth McKenzie, a exercé une série d’agissements politico-bureaucratiques ayant conduit aux récentes tensions entre les États-Unis et l'Iran, indique Gareth Porter, le journaliste américain et auteur du livre Crise manufacturée, dénonçant les actions ambitieuses de McKennzie au Moyen-Orient mais en particulier dans les eaux du golfe Persique sous prétexte de contrer les « menaces potentielles de l’Iran ».

« Dans une quête de prestige et de pouvoir au sein de l'armée, et de l'influence qu'elle garantit sur l'élaboration des politiques, McKenzie a œuvré pour accumuler des actifs militaires dans la région », a écrit Gareth Porter dans une note publiée le 15 janvier sur le site Web The Gray Zone.

« Au cours des deux derniers mois de l'administration Trump, une série d’agissements militaires provocateurs des États-Unis au Moyen-Orient a fait craindre l'éclosion d'une guerre Iran/USA », a-t-il souligné en expliquant que « l'atmosphère de crise n'est pas le résultat d'une menace posée par Téhéran, mais plutôt le produit d'une campagne menée par le chef du CentCom, le général Kenneth F. McKenzie Jr., pour faire avancer ses intérêts.

« Presque immédiatement après avoir pris le commandement du CentCom en mars 2019, McKenzie a lancé sa campagne de manipulation politique. En demandant des forces supplémentaires pour contenir « une menace iranienne supposée urgente », McKenzie a déclenché l'envoi d'un groupe de frappe de porte-avions et d'un groupe de travail sur les bombardiers au Moyen-Orient. Un mois plus tard, il a déclaré aux journalistes qu'il pensait que les déploiements avaient «un très bon effet stabilisateur» et qu'il était en train de négocier une présence militaire américaine plus large et à long terme. La détermination de McKenzie à résister à la perte d’actifs militaires a été un facteur crucial dans la fabrication artificielle de la récente crise avec l’Iran », a détaillé l’auteur de Crise manufacturée.

Dénonçant les conséquences délétères des mesures prises par le haut gradé de l’armée américaines au Moyen-Orient, il a poursuivi : « McKenzie s'est battu pour maintenir des milliers de soldats américains en Irak, ostensiblement pour combattre Daech, mais plus fondamentalement pour maintenir une présence militaire à long terme dans le pays. Mais la présence militaire américaine a été extrêmement impopulaire en Irak. En janvier 2020, à la suite de l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani, la législature irakienne a adopté une résolution exigeant le retrait des troupes américaines du pays. »

Faisant référence à une révélation en novembre 2020, du New York Times et du Washington Post, Porter fait part que les responsables américains étaient particulièrement inquiets à l’approche de l’assassinat du général Soleimani par une frappe américaine le 3 janvier 2020.

Citant le Washington Post, Gareth indique que les personnes familières avec la question ont affirmé que les services de renseignement américains avaient sous l’œil « les menaces potentielles de l'Iran » contre les forces américaines dans la région. Mais un haut responsable de la défense qui avait été directement impliqué dans les discussions a insisté auprès de CNN sur le fait que les fonctionnaires diffusant de tels rapports exagéraient délibérément la menace d'une attaque. CNN laisse croire que la décision du secrétaire à la Défense par intérim, Christopher Miller, le 30 décembre, de ramener le Nimitz à la maison était fondée sur sa conviction que McKenzie et ses alliés lançaient une attaque potentielle pour promouvoir les intérêts de leur commandement. »

Bien que l’anniversaire de l’assassinat du commandant iranien se soit déroulé sans incident, a fait noter Gareth, un autre vol de B-52 a été effectué le 7 janvier, d'où une démonstration audacieuse de la victoire bureaucratique de McKenzie sur Miller. Les médias américains n'ont pas mentionné les déclarations explicites de l'Iran selon lesquelles la vengeance du meurtre de Soleimani ne viserait pas les troupes américaines mais les responsables impliqués dans son assassinat. 

Gareth Porter conclut que la course au pouvoir politico-bureaucratique qui s'est déroulée au cours des dernières semaines de l'administration Trump suggère que le pouvoir et les intérêts de McKenzie sont susceptibles d'avoir une influence majeure sur la politique de l'administration Biden à l’égard de l’Iran. Résistant toujours au déplacement des moyens militaires du Moyen-Orient, McKenzie aura une forte motivation pour s'opposer et faire obstacle à tout effort visant à apaiser les tensions avec Téhéran. Pour atteindre ses objectifs, ses liens avec les services militaires et les médias seront parmi les armes les plus utiles de son arsenal.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV