Quelques pays arabes ont récemment officialisé leurs relations avec Israël et nombreux sont les analystes politiques à y voir l’important rôle du Royaume des Saoud, voire, l’idée générale d’une « alliance stratégique avec Israël » dont l’Arabie saoudite serait la pierre angulaire, et ce quitte à perdre chaque jour un peu plus sa place auprès de l’opinion publique musulmane et son prestige en tant que poids régional et puissant pays au sein du monde de l’islam. L’agence de presse Fars News a fait paraître sur son site un article d’Al-Akhbar qui s’attarde sur ce sujet.
Citant un diplomate marocain dont le nom n’a pas été mentionné, le journal libanais Al-Akhbar a écrit ce lundi 21 décembre que l’Arabie saoudite avait toujours été un « acteur clé » dans le cadre du processus de normalisation entre les monarchies arabes et Israël.
Le journal libanais écrit : « Riyad et Abou Dhabi jouent le “sponsor de ces nouveaux accords” ; puisque les promesses que les États-Unis font miroiter aux pays arabes, afin de les persuader à normaliser plus tôt leurs relations avec le régime israélien, dépendent de l’appui saoudo-émirati. Autrement dit, soit l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis doivent offrir un appui direct à ce processus, soit ils doivent participer aux plans d’investissement garantissant la part de Lion à Israël. »
Mais ce n’est pas seulement d’une « aide » dont il s’agit ; « on a affaire également à l’idée globale d’une alliance stratégique avec le régime israélien ». Selon Al-Akhbar, l’attitude de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis laisse conclure qu’ils sont dépendants de l’Occident, notamment des États-Unis, pour garantir leur sécurité.
La « lutte existentielle » dans laquelle ces pays se croient impliqués exige qu’ils luttent contre la partie d’en face à savoir l’axe de la Résistance. Cela étant dit, entretenir des relations avec Israël ne fait plus l’objet de polémique pour ces pays ; « c’est juste la nature de ces relations qui devrait être examinée », ajoute Al-Akhbar.
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« En Palestine occupée, personne n’est convaincu que l’établissement des relations avec les gouvernements des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan, du Maroc et de l’Arabie saoudite, puisse changer l’idée que les peuples desdits pays se font du régime israélien. Les stratèges israéliens sont parfaitement conscients que les quelques États susmentionnés ne pourront pas changer l'idéologie qu'est la Résistance.
L’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis font partie des pays ayant une grande inquiétude quant à leur ordre politique, sécuritaire et économique. Ils sentent que l’appui américain n’est pas suffisant, et depuis 2011, ces pays sont convaincus que la présence des États-Unis dans la région ne serait plus possible, à moins qu’elle soit sous forme d’une présence par procuration.
Pour sa part, le régime israélien a réalisé en 2006 qu’il ne serait plus capable de commencer une guerre, sauf par l’appui américain. Sur ce fond, le régime israélien a une double inquiétude : l’élargissement de la zone d’influence de l’axe de la Résistance, mais aussi, l’effondrement éventuel des régimes arabes du golfe Persique, ce qui d’ailleurs, délimitera considérablement la marge de manœuvre des Américains et Européens dans la région. Pour ces pays, cette question fait de la “présence directe d’Israël” une nécessité.
Ceux qui sont familiers avec les questions régionales confirmeront que le régime israélien, à son tour, ne se contente plus d’informations fournies par des réseaux et individus stipendiés, et préfère que ses services de renseignement soient directement pris en charge dans les pays susmentionnés. Et la présence de ces éléments nécessite une sorte de légitimité qui pourrait s’obtenir dans le cadre du processus de normalisation. »
L’Arabie saoudite serait, selon Al-Akhbar, la pierre angulaire de cette « nouvelle alliance chargée d’une multitude de missions ». C’est pourquoi des dirigeants saoudiens essaient avec une si grande assiduité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Arabie, de consolider les piliers de cette alliance, conclut l’article.