TV

C'est largement mieux assorti la cité flottante iranienne que n'importe quel "l'USS Machin". Pourquoi?

Le quai du navire de croisière Shahid Rudaki, dévoilé le 19 novembre 2020. ©Tasnim

Le général Hossein Dehqan affirmait il y a deux jours au journaliste de l’AP venu l’interviewer sans doute en écho aux craintes qui existent en occident de voir un militaire être érigé à la tête de l’exécutif iranien à l’issu du futur scrutin présidentiel iranien (mai 2021), crainte qui aurait même coûte à Trump son second mandat puisque les stratèges US-sionistes seraient arrivés en fin du compte à cette conclusion que le premier mandat de Trump, placé sous label « pression maximale » avec en toile de fond quelques 5 200 cas de sanctions imposées à l'ensemble des secteurs étatiques et privés iraniens aurait fini par pousser l’Iran à étendre son « influence » jusqu’aux Caraïbes et y faire en sorte que le Venezuela de Maduro puisse relancer lui-même son secteur pétrolier, en vendre au mépris de Pax Americana et fabrique même désormais des drones pour défendre ses pétroliers, ceci :

 « l’Iran n’est ni « renversable » ni « capitulard »: « Aux Américains, on connaît un certain sens de pragmatisme… ce qui devrait leur faire comprendre que le moindre agissement conte l’Iran (une frappe tactique contre Natanz juste avant le départ de Trump, NDLR ) déboucherait droit sur un conflit généralisé … » 

A peine quelques heures après cet intéressant entretien dont d’aucuns y voient les prémices de la nouvelle « politique américaine» de l’Iran, à titre de puissance de Résistance avérée de la région, le CGRI a dévoilé  son premier centre de contrôle et de commande flottante : le navire de croisière Shahid Rudaki. Décrit comme étant un «navire-bazar» puisque doté à la fois « de missiles, de drones, de DCA , de vedettes rapides et d’hélicoptères », The National Interest y voit une « première tentative iranienne de fabriquer un porte-avions ». Erreur ! L’Iran dont la doctrine militaire est asymétrique, n’irait jamais dépenser  trésors de forces et d’argent pour se doter d’un « fardeau » en plein océans, fardeau qui finirait par devenir une « jambe en bois ».   

Aussi, le navire océanique Shahid Rudaki s’impose avant tout comme « une base flottante de commandement, de contrôle et de soutien logistique des opérations navales et aériennes conjuguées » avec un « mini aéroport opérationnel » à activer n’importe où dans le monde où le besoin s’en ferait ressentir. Jeudi, le commandant en chef de la force marine du CGRI, l’amiral Tangsiri a évoqué le nord de l’océan Indien comme la première station de ce navire où il commencera « sa mission de collecte de donnés » mais des experts militaires n’ont tardé, eux, à voir dans le bâtiment de 150 mètres de long et de 22 mètres de large d’un tonnage de 12 000 tonnes qu’est Rudaki, une base à action « en mer Rouge (Yémen), en Méditerranée (Liban, Palestine, Syrie), en Atlantique et aux Caraïbes (Venezuela) , bref partout où la Résistance est présente.

Au fait, le mandat de Trump marqué par de nombreux face-à-face USA/Iran a fait révéler aux Iraniens un vice trop US à savoir qu’à chaque apogée de tensions, les navires de guerre américains se mettent à s’éloigner des côtes iraniennes et à se mettre à l’abri, prêts à envoyer leur chasse frapper les côtes de l’Iran sans que les missiles iraniens puissent les atteindre. « Rudaki » est une première démarche destinée à priver l’ennemie de cette « caution d’agression ».  

The National Interest parle sans doute à raison d’un « bazar » à bord de Rudaki mais il ne fait nullement intention à ce que ce bazar est subtilement choisi de façon à couvrir les trois aspects naval, aérien et balistique de toute attaque asymétrique iranienne contre un ennemi « piégé » en plein océan : les plate-formes de lancement pour huit missiles de croisière visiblement de type Nour et Qadir d’une portée de 300 kilomètres, une distance qui est à ajouter à la portée du bâtiment lui-même en cas de confrontation militaire constitue le cœur de ce « bazar-choc ». Puis il y a des drones Ababil-2 et des quadricoptères à bord, tous engagés dans des opérations d’abord de reconnaissance pour assurer le succès de ciblage des missiles de croisière qui pourraient ne pas se limiter à Noor ou à Qader et à être remplacés bientôt par des missiles de croisière Abou Mahdi (1000 km).

Le drone Ababil-2 à bord de Rudaki. ©Mashregh News

Et puis ce « bazar » comme l’appelle The National Interest compte des vedettes rapides armés de missiles croisière et balistique antinavires qui pourraient parfaitement agir en synergie avec les drones, eux aussi armés et faire un bel spectacle d’attaques aux drones et aux vedettes rapides simultanées comme les armées occidentales n’en ont jamais vu. Le record d’Ansarallah de 2019 quand il a lancé 21 drones et missiles contre l’Aramco sera battu et de la meilleure des façons.

Évidemment ont parlé du camp d’en face qui se livrerait dans le cas d’une face à face à des frappes aériennes contre Rudaki, une possibilité à ne pas écarter du tout. Mais l’intelligence asymétrique a placé à bord le Khordad-3 alias « tueurs de Global Hawk », ce qui rend tout raid anti-Rudaki, périlleux pour  les F-16 ou les F-15 et F-18 US-Cie.

Lire plus: L'Iran renforce son A2/AD : le navire de guerre océanique Rudaki rejoint la marine du CGRI

L’ex ministre iranien de la Défense l’a implicitement dit au journaliste de l’AP, l’Iran n’attendrait pas que les Américains frappent Natanz ou que les Israéliens viennent installer aux Emirats ou à Bahreïn. A cette fin, The National Interest et autre publication militaire mainstream ne l’ont pas vu, « Rudaki » a un « premier étage », juste sous le quai qui visiblement bourré de blindés, de chars, de système radar et peut-être d’autres équipements. C’est donc un bâtiment aussi propre aux opérations amphibies. Bahreïn ou Emirats ont effectivement des îles qui pourraient intéresser les Israéliens comme cette île de Socotra au Yémen où ils seraient en phase de construire un aéroport militaire. Aux dernières nouvelles, Maarib nord vient de tomber entre les mains d’Ansarallah et on sait que la Résistance yéménite excelle en art de conflit asymétrique. Six ans de guerre contre les plus puissantes armées occidentale lui a aussi procuré de quoi se battre en plein mer. Le concept de Rudaki pourrait s’étendre aux bateaux de guerre de la Résistance yéménite…

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV