Alors que le monde entier a les yeux rivés sur le foutoir électoral aux États-Unis, sur ces têtes que Trump fait tomber les unes après les autres au sein du Pentagone, de la CIA et bientôt la NSA, le commandant Nasrallah s’est livré dans son discours du 11 novembre consacré aux martyrs de la Résistance, à une analyse détaillée du dernier exercice militaire d’envergure d’Israël sur le front nord où l’armée israélienne a tenté, en mobilisant tout ce qu’elle a en sa possession, forces terrestres, navales, aériennes, unités de renseignement, répondre à cette question fatidique : "le jour J, saurais-je oui ou non, faire face à un Hezbollah dont les capacités de combat régulier au terme de 10 ans de guerre en Syrie s’ajouteraient à son aptitude d’imbattable force asymétrique ? "
« J’ai été surpris par ce qui s’est révélé à mes yeux et à mes oreilles lorsque je suis arrivé sur l’aire d’exercice mardi après-midi. Au lieu de la cité des tentes et des APC transports de troupes que j’avais l’habitude de voir dans des situations similaires, j’ai trouvé dans le commandement divisionnaire à peine trente officiers et combattants, aux côtés de quatre ou cinq véhicules. Le commandant de la division, le général de brigade Saar Tzur, et sept de ses hommes étaient assis dans une petite tente avec des masques sur le visage… J’étais assis sur un rocher pour parler au brigadier général de l’unité Givati, le colonel Yitzhak Cohen, face au « Hezbollah », qu’il s’apprête à attaquer. La solution à une opération commando : des hélicoptères de l’armée de l’air ont été lancés sur le terrain, et pendant que nous parlions, nous les avons entendus atterrir et évacuer les réfugiés… L’exercice était squelettique et la force que j’ai vue – commandants et petits groupes de combattants – était loin des attentes. »
Mais Ben Yisai ne croit pas si bien dire. Mercredi soir, le Secrétaire général du Hezbollah a très clairement évoqué deux failles de taille que les unités de renseignement du Hezbollah auraient relevées sans doute le long de l’exercice Lethal Arrow, failles qui seraient fatale à Israël au cas où le régime de Tel-Aviv, boosté par un Trump revanchard, en viendrait à la conclusion suivante qu’il faudrait remettre en cause sa survie pour que Trump puisse se venger des démocrates : « L’armée de terre israélienne est fichue et en manque de totale coordination avec l’état-major. La force aérienne sioniste même renforcée à coup de F-35 et F-22, ne pourrait rien pour remplacer ce méga dysfonctionnement dans un scénario de guerre avec la Résistance qui verrait sans nul doute des opérations d’infiltration d’envergure en Galilée visant "la reprise" des colonies sionistes ».
L’allusion est bien directe aux opérations de la libération de Qussayr et de Qalamoun entre 2013 et 2017 que le Hezbollah a réussi d’une main de mettre et qui comparés aux singeries des soldats masqués d’Israël, ne laisse aucun doute sur l’issue d’une face-à-face à venir : « Une attaque des forces spéciales « Radwan » pour prendre le contrôle des colonies israéliennes à la frontière se solderait par la chute de celles- ci, voire par leur totale amputation de ces colonies du reste des territoires occupés ».
Ce n’est pas une coïncidence si Nasrallah, a autorisé presque simultanément à l’exercice "Lethal Arrow" la diffusion, à la télévision locale, d’épisodes montrant comment ses hommes ont combattu dans les montagnes escarpées qui bordent le Liban et la Syrie, et comment ils ont repris la ville de Qussayr et la région de Qalamoun. En Syrie, le Hezbollah a révélé son recours à des drones armés, son expérience de la guerre en milieu urbain et dans les montagnes, sa capacité de reconnaissance en territoire ennemi, son étude théorique des opérations militaires (stratégie et tactique), le suivi en direct de la progression des forces sur des écrans géants dans les centres opérationnels du Hezbollah et sa capacité à libérer des territoires faisant plus de dix fois l’ensemble du territoire libanais.
Mais Nasrallah n’en est pas resté là. Mercredi, il a évoqué et pour la première fois la possibilité de la Résistance et partant du Liban de faire face à l’armée de l’air israélienne qui est certes à ne pas sous-estimer mais qui est « parfaitement vulnérable » même en dépit de l’assistance US.
« Nous ne sous-estimons pas l'armée de l'air israélienne. Les États-Unis équipent en arme l’aviation israélienne. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pourrons fournir une riposte à l’ennemi israélien. Lors de cette manœuvre, le chef d’état majeur israélien a déclaré que même si un millier de soldats sera atteint du coronavirus, les opérations auront lieu. Sur ce point, nous évoquons la crise de confiance et le manque de volonté dans les forces terrestres israéliennes. Donc, cette manœuvre visait à remonter le moral entamé des soldats. Ceci étant, Lors de toute prochaine guerre, l’armée de l’air sera incapable de trancher la bataille, tout comme l’armée maritime. Au Yémen, la guerre entre dans sa septième année. Ce qui prouve que l'armée de l'air à elle seule ne peut pas déterminer le sort de la guerre. »
Le parallèle entre le Hezbollah d’une part et Ansarallah de l’autre est parfaitement significatif : la Résistance yéménite compte à son actif de spectaculaires attaques aux missiles balistiques, aux drones de précision ayant visé la quasi-totalité du territoire saoudien du Nord au Sud, de l’est à l’ouest. Cette capacité s’est trouvée affiné un certain septembre 2019 quand Ansarallah a lancé un raid particulièrement ingénieux et mobilisant à la fois des drones et des missiles de croisière pour couper à la souche l’afflux du pétrole d’Aramco.
Dans toute guerre contre Israël, le Hezbollah utilisera donc non seulement ses missiles balistiques air-sol, sol-sol ou encore ses drones, dont l’un a réussi mardi, juste avant le discours de Nasrallah, à percer le système de DCA sioniste mais encore des drones convertis en missiles de croisière qui savent parfaitement agir en synergie et viser non seulement les villes sionistes mais encore les sites gaziers offshore, nucléaires et électriques.
« Les unités du Hezbollah sont en pleine disposition pendant qu’Israël menait son exercice militaire et même avant. Nous voulions que les Israéliens le sachent: nous riposterions immédiatement et rapidement à toute stupidité. La Syrie et ses alliés sont également en pleine disposition à envoyer à l'ennemi israélien un message clair ».
Cela veut dire que si par hasard le duo Trump-Pomeo croit que placer l'architecte de l’attaque du 4 août contre le port de Beyrouth à la tête du Pentagone, confronterait Israël dans une confrontation militaire à venir face à la Résistance, il se trompe royalement : une guerre contre cet axe ouvrirait non seulement les arsenaux balistiques du Sud et du Nord contre Israël, mais encore ferait des frontières de l’entité israélienne avec la Syrie, un véritable enfer. Depuis des semaines les batteries de missiles antimissile Khordad-3 y sont actives, les Bavar 373 y rejoindront aussi.
Nasrallah l’a dit assez clairement : « L'axe de la Résistance doit être parfaitement prêt à faire face à toute action insensée américaine ou israélienne. L'ennemi sioniste est très inquiet et sait très bien que dans la situation actuelle au Liban, il ne pourra rien faire grâce à l’unité ayant galvanisé l'armée à la nation et à la Résistance… Le véritable problème américain au Liban est la Résistance, car la priorité ultime des États-Unis est Israël. Tout ce que font les États-Unis, au moins depuis 2005, c'est comment se débarrasser du Hezbollah; ils ont même essayé cela via la Syrie. Après avoir échoué à provoquer la sédition, les États-Unis ont lancé il y a trois ans leur plan pour inciter les Libanais contre le Hezbollah. Mais leurs conspirations ont été déjouées ».
La guerre Trump-Pompeo est perdue d'avance... à moins que Trump veuille enterrer l'entité sioniste en grande partie à l'origine de ses déboires...