Une percée "iranienne" dans le système de commande et du contrôle US en Irak? L’Irak vient justement de demander l’installation de systèmes de vision nocturne sur ses hélicoptères. Le journal israélien Jerusalem Post s’est attardé dans une récente note sur la puissance aérienne de l'Iran, se focalisant surtout sur les hélicoptères de son armée de l'air. Il s’est dit impressionné aussi bien des capacités de l’Iran dans la fabrication de ses propres hélicoptères que de ses capacités dans le maintien des hélicoptères datant des années 70 (avant de la Révolution islamique), à savoir Chinook, Bell et Cobra.
Le journal Jerusalem Post cite le nom de la compagnie de fabrication d’hélicoptères d’Ispahan (HESA) « basée sur une usine construite par Textron, une société américaine qui était censée fabriquer des hélicoptères Bell 214 dont l'Iran posséderait encore une cinquantaine ». L'usine est désormais utilisée pour fabriquer des drones Ababil. Mais il est clair que l'Iran a la capacité de fabriquer ses propres hélicoptères, ajoute le journal.
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« La maintenance des hélicoptères américains des années 70 est l’une des meilleures prouesses de l'Iran. Le pays a également conservé une variété d'avions américains ainsi que d'anciens avions Boeing. Il possède également des hélicoptères MI-17 russes. L’objectif de l’Iran en voulant produire ses propres hélicoptères s'inscrit dans le cadre de sa future autonomie ; il veut investir dans la construction de ses propres avions, navires, une flotte de drones et de missiles balistiques, d’autant plus qu’il excelle déjà dans les missiles et les drones », fait savoir le Jerusalem Post.
En effet, le journal fait remarquer que l'Iran possède le savoir-faire technique nécessaire pour la fabrication d’hélicoptères, de chars et d’avions bien qu’il faisait l’objet de lourdes sanctions qui ont freiné son progrès. « Néanmoins, les annonces constantes de l’Iran et ses projets d’exportation montrent qu’il veut développer son industrie maintenant que l'embargo sur les armes est levé et c'est cela le plus inquiétant ». Le journal renvoie en ce sens aux propos du commandant en chef des unités aéroportées de l'armée de l'air iranienne ( IRIAA), le général de brigade Yousef Qorbani, qui vient d'annoncer la première commande faite au "fabricant" iranien, après la levée de l'embargo sur le commerce des armes avec l'Iran. "L'Iran possédait une énorme flotte d'hélicoptères qui en fait l'une des grandes puissances du Moyen-Orient. C'est une flotte agile qui constitue un atout de taille dans tout combat à venir non seulement pour l'Iran mais encore pour les alliés de Téhéran, affirme le journal citant le commandant iranien. " Imaginez que l'Iran finisse par transférer ces capacités à ses alliés irakiens ou libanais voire à l'armée libanaise, dit le journal.
"D'ailleurs le général Qorbani a fait ses remarques un jour après que l’armée de l’air iranienne a dévoilé ses nouvelles armes de précision, des drones capables de larguer des bombes et des avions remis à neuf avec de nouvelles nacelles de ciblage laser, en soulignant que son pays fabriquait quelque 500 pièces pour divers hélicoptères. Qorbani a ensuite évoqué une récente visite irakienne qui constitue de loin la première commande militaire faite au fabricant iranien. il a dit : " Une réunion avec les responsables de l'armée de l'air irakienne s'est récemment déroulée et « la partie irakienne a demandé à l’Iran de vendre et de monter des systèmes de vision nocturne iraniennes sur ses hélicoptères ».
Que l'Iran vende des caméras de vision nocturne aux Irakiens, cela signifie de facto une infiltration iranienne dans un secteur largement dominé par les Américains. On sait en effet que le ciel irakien est en grande partie contrôlé par les Etats-Unis et l'OTAN. Une présence iranienne dans ce secteur reviendrait déjà à rivaliser avec les Américains. D'autan plus que la vision nocturne et des appareils qui y sont liés ne vont pas sans un appui satellite ou de drone que les Irakiens pourraient par la suite demandé aux Iraniens. Depuis la levée de l’embargo militaire contre l'Iran, il s'agit du deuxième pays à avoir fait appel à une assistance sensible militaire de l'Iran, le premier étant le Venezuela, pays qui dit vouloir se doter de missiles iraniens".
Et le journal d'ajouter : " pour un Iran dont "les mandataires" continuent à agir très largement à travers tout l'Irak, mandataires qui ont réussi au gré des centaines d'attaques à pousser les Etats-Unis à demander une trêve, une présence dans le secteur "héliportés" est une forte avancée. Surtout qu'on sait les Hachd être dotés d'armes bien sophistiquées. L'Iran cherche-t-il à déposséder les USA de leur mainmise sur le ciel irakien? Possible. Les alliés irakiens de Téhéran viennent de connaître cette semaine deux attaques visiblement au drone ayant visé des sites gaziers au sud du pays. Ces attaques s'ajoutent à celles qui en 2019 ont tour à tour visé les bases et les entrepôts d'armes des Hachd et enfin les commandants iraniens et irakiens de ces derniers. Le ciel irakien est un champ de bataille pour l'Iran et ses alliés et après la levée de l'embargo contre l'Iran, ce dernier vient d'y faire une percée".
Et le journal de conclure : " Des responsables irakiens se sont rendus en Iran et ont émis le souhait d'acheter des pièces (d'hélicoptère) et des systèmes de vision nocturne à l'Iran. Et ce n'est pas tout. Selon le général iranien, l'Iran a fabriqué des systèmes de missiles à longue portée et transformé des missiles sol-sol en missiles air-air et dispose même des meilleurs missiles Fire-and-forget de toute la région. Toujours selon Qorbani, l'Iran fait partie des États pionniers dans le développement d'hélicoptères capables de combattre la guerre électronique, de cibler des missiles guidés, d'intercepter des cibles à distance et d'utiliser des missiles de croisière. Tout ceci pourrait intégrer l'arsenal de l'armée irakienne au mieux et celui des forces armées irakiennes pro-Iran au pire. Rien de trop rassurant pour les USA ou encore pour Israël».
