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Un "BDS" contre la France ou comment Israël a réussi à faire piéger Macron

Le président Emmanuel Macron en visite au Liban au mois d'août 2020. ©AFP

Le communiqué émis dimanche soir par le Quai d’Orsay qui appelle les peuples du Moyen-Orient à éviter de rejoindre le boycott des produits made in France, puisqu’il s’agit d’un immense marché étendu à travers quelque 56 pays islamiques dont certains constituent les principaux débouchés en Asie de l’Ouest d’une économie française en crise, a dû bien provoquer des rires jaunes à Tel-Aviv. 

Le piège fut énorme et le président Jupiter, grand Ami d’Israël qui de la Syrie au Liban en passant par le Yémen, l’Irak voire l’Iran, n’a jamais cessé de faire passer avant les intérêts de la France, ceux de l’axe USA-Israël, y est tombé tête vers l'avant. A moins qu’on aille jusqu’à voir à travers cette provocation volontaire d’une grande frange de la population française de confession musulmane et de plus d'un milliard d’armes à travers le monde une « opération » en plusieurs actes qui a commencé d’abord par cette loi contre le « séparatisme islamique », suivi de cette obscure affaire d’égorgement d’enseignant de confession juive, laquelle a donné lieu à des insultes à caractère confessionnel affichés sur les murs des villes françaises. Affichage que le président s’obstine à défendre bec et ongles, au grand mépris de sa fonction constitutionnelle, laquelle consiste à unir la nation au lieu de la diviser.

Or le piège israélien qui, en l’espace de quelques jours a réussi à placer la France aux côtés d’Israël dans le mouvement dit BDS (boycott des produits israéliens, NDLR), reléguant au second plan la normalisation avec Israël, a aussi une portée géostratégique.

Dimanche, le site d’information Sputnik rapportait « une méga manif anti-française à Deir ez-Zor, cette province stratégique où se déroule à un rythme croissant une guerre d’envergure contre l’occupation américaine, manifestations que les agents US déguisés en kurdes et dits FDS se sont mis à réprimer dans le sang. Des manifestants ont été pris pour cible à balles réelles à al-Shehail, al-Azbah, al-Maizilah, Basirah et Abu Hamam, où l’armée tribale prend pour cible et de plus en plus, les convois militaires américains qui en partance de l’Irak, échouent sur la rive est de l’Euphrate, non loin des zone pétrolifères, quitte à en détourner la richesse. Le nom de Total est d’ailleurs affiché de temps à autre aux cotés d’Aramco, de Cheveron et d'autres compagnies qui, à l’aide des Israéliens et des Turcs, contribuent dans ce qui est l’une des plus honteuses casses du siècle, celle du pétrole syrien

Ceci étant dit, mourir à cause d’une France qui insulte les Musulmans et qui défend son acte dans une Syrie occupée où l’Amérique est poussée vers la porte, et en est désormais à frapper à la porte d’Assad pour une sortie honorable de 10 ans de guerre perdus au Levant, cela veut dire que pour le Deir ez-Zorien lambda et par extension pour le Syrien, l'Irakien, l'Iranien, le Yéménite lambda... la France est à viser au même titre qu’Israël et les États-Unis. C'est bien joué de la part d'une Amérique et d'un Israël qui dans la foulée des explosions du 4 août ont tout fait pour que la France s'aligne sur leur politique anti-Résistance.

Chaque panneau publicitaire offensant qui s'érige contre les Musulmans, c'est un point de perdu à l'international pour une France qui, chose étrange, est désormais impliquée dans la quasi totalité des aventures guerrière USA/Israël. 

Le piège américano-sioniste a donc consisté à ériger l'Hexagone en cible des Musulmans alors même que, comme l’a dit Le Drian, la politique française s’est voulue tant bien que mal différente de celles des États-Unis.  A Qods, à Ramallah, à Gaza,  on brûle désormais le drapeau français aux côtés de celui de l'entité sioniste et des Etats-Unis, ce qui n'était pas le cas jusqu'ici. Au Liban, le Tripoli pro-France fait de même alors même que Hariri se donne le mal du siècle pour faire passer la "feuille de route française". Quant au Hezbollah en froid avec la France depuis les propos pro-sioniste de Macron, le ton est à la condamnation : l'attitude du président Jupiter a-t-elle renforcé la France ou Israël et son mentor Yankee?  En Irak, l’appel au boycott anti-France s’élargit à peine quelques jours après l'annonce d'un retour de Total dans des projets pétroliers irakiens tout comme au Yémen où Ansarallah, gagnant de la guerre imposée par la colaition US/Israël/OTAN demande à ce que les ambassadeurs français soient convoqués et le blocus anti-France s’élargisse. Idem en Jordanie qui a accueilli il n'y a pas si longtemps un exercice militaire conjoint avec l'armée française impliquant des chars Leclerc...  Tout ceci mène à une question : Macron est-il sur le point de placer la France en ligne de mire des forces anti-sionistes  qui s'amplifient au Moyen Orient à la faveur de la normalisation  avec des régimes inféodés en place?

Une chose est sûre : la politique moyen-orientale de l’Elysée, tout comme sa politique envers les nations musulmanes, a déjà été l'otage de l’axe USA-Israël. Elle en semble désormais prisonnière à vie. Reste qu'il s'agit d'un tournant fort dangereux comme le souligne le secrétaire général du Conseil suprême de la Sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani : « C'est loin d'être l'attitude d'un président avisé ce genre d'islamophobie obstinée. Je conseille au président Macron de lire l'histoire. Il ne faut jamais monter à bord des navires qui coulent, celui des USA et d'Israël en est un... » 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV