Deux ressortissants chinois et six entreprises chinoises dont deux placées à Hong Kong, ont été sanctionnés dans la nuit de lundi à mardi 19 octobre, à peine quelques heures après que le ministre iranien de la Défense, le général Hatami eut annoncé avoir signé "d'importants contrats d'armements" avec la Chine et la Russie, contrat qui ne tardera pas à "devenir effectifs" : dimanche Pékin a violemment riposté aux menaces de sanctions US visant le partenariat militaire sino-iranien, en faisant savoir par la voix du porte parole de son ministère des A.E. que cette "affaire ne regardait en rien" les cow-boy et que ce n'est pas à eux, vrais marchands de morts et ce depuis des décennies, de décider avec qui la Chine devrait militairement commercer. Mais pourquoi une si prompte réaction anti-Chine?
Depuis l'annonce de l'accord stratégique entre Pékin et Téhéran, l'Amérique ne cesse de voir une très dangereuse prolongation entre les "potentiels miliaires hostiles" qui existent dans le golfe Persique d'une part et ceux qui régissent la mer de Chine. Cet accord dont les détails ne sont pas encore révélés, scelle aussi et surtout une alliance militaire qui dépasserait le stade d'un simple rapport vendeur-acheteur. Peu d'analystes ont tenté de voir en effet à travers la normalisation des liens Israël-Émirats-Bahreïn et sans doute bientôt l'Arabie saoudite, une tentative désespérée de Washington de créer une contre-alliance bancale visant à amortir le choc qu'est l'émergence d'une alliance Chine-Iran. Cette alliance, non encore officialisée a déjà provoqué un séisme anti-Us quand elle s'est mise à rétablir un corridor maritime anti sanctions reliant le golfe Persique aux Caraïbes. Il en fera encore davantage si elle se développe dans le domaine militaire et donne lieu à une coopération visant à bloquer de façon transocéaniques les actions militaires américaine à travers le globe. Le détroit d'Hormuz, le détroit de Bab el-Mandeb mais aussi l'océan Indien pourraient offrir un terrain de coopération navale sino-iranienne.
Lundi, les Chinois ont annoncé avoir déployé les missiles Dong Fung, un missile balistique furtif près du détroit de Taïwan, tout comme l’Iran qui fin septembre a annoncé avoir déployé le nouveau missile balistique « Zolfaqar Bassir », de la même gamme que le missile « Khalij-e-Fars », engin équipé d'une ogive de recherche optique (ce qui le rend aussi précis que des coûteux missiles de croisière, NDLR), et d’une portée de plus de 700 kilomètres, non loin du détroit d'Hormuz.
En réponse à une question sur ce dont la Marine iranienne aurait besoin pour se rendre plus "combative", compte tenu de la levée de l’embargo sur les armes visant l’Iran, le contre-amiral Hossein Khanzadi, a souligné : « Aujourd'hui, la Marine iranienne a largement atteint l’autosuffisance et elle n’a plus besoin d’acheter d'armes à l’étranger. Ses armements, elle la fabrique en parfaite harmonie avec ses besoins de défense asymétrique, et son savoir elle veut la partager avec les pays amis et alliés dans le strict sens de contrer l'hégémonie US ».
« À un moment donné, nous avions un besoin urgent en pièces de rechange et d'armes, et nous recherchions des fournisseurs pour nous fournir des torpilles, des canons et des armes ou nous apprendre l'art de fabriquer des navires. Mais, aujourd'hui, je me permets de dire que la levée ou le maintien de l'embargo ne fait ni chaud ni froid à la Marine iranienne car nous avons construit, nous-mêmes, tout ce que nous voulions; toutes sortes de canons, torpilles et navires...et nous sommes prêts à les transférer à nos alliés. Nos torpillés "Hout" à titre d'exemple, dévoilés en 2017 , ont fait des progrès significatifs en termes de portée et de capacité de destruction et de précision. Nous avons également conçu le calibre de nos torpilles de manière à ce que ça soit tactique et pratique plutôt que rentable. C’est pourquoi nous pouvons utiliser la même torpille pour nos trois types de sous-marins, ce qui en fait une arme idéal », a-t-il indiqué.
Et bien cette arme économe et idéale, une fois tombée entre les mains des alliés de l'Iran en mer Rouge fera le malheur des Américains. Au détroit de Bab el-Mandeb à titre d'exemple, une manifestation de force d'Ansarallah yéménite réduira largement les ambitions conjointes israélo-émirati à Socotra où l'objectif déclaré US est de contrer à la fois le transit du pétrole iranien et des marchandises chinoises. La torpille Hoot (Torpedo) est l'un des missiles les plus importants fabriqués en Iran.
La capacité de combat de ce missile est égale à celle du missile Shkval VA-111 de fabrication russe, et seuls deux pays, l'Iran et la Russie, ont acquis la technologie nécessaire pour construire de tels missiles. La vitesse moyenne de ce missile est quatre fois supérieure à celle d'une torpille sous-marine typique pour cause de sa capacité de super-cavitation. Il s'agit d"une capacité qui génère une couche de gaz et partant des bulles de vapeur qui sortent du bout du nez et de la coquille de l'engin, évitant ainsi le contact direct avec l'eau et le retard considérable qui en résulte en principe. Après le lancement, il crée des bulles autour de l'ogive, ce qui multiplie par quatre sa vitesse par rapport aux autres missiles. "Hoot" peut être lancée à partir d’un navire ou d’un sous-marin à une profondeur de 100 mètres. Mais une fois au Yémen, les bateaux d'Ansarallah pourront parfaitement aussi en être dotés... ce serait alors difficile pour les unités de marine israélienne ou otanienne d'accoster facilement à Socotra.
Surtout qu'outre sa grande vitesse, "Hoot" est également en mesure d'évaluer sa cible grâce à une optimisation appropriée réalisée par le CGRI et que ses tubes lance-torpilles peuvent éviter les radars ennemis et donc se rendre furtifs. La marine chinoise est la mieux placée au monde à assurer la défense de la mer de Chine et de ses nombreux passages, elle ne saura pas en faire autant une fois qu'elle sort de son cadre naturel : dans le golfe Persique, en mer Rouge et en océan Indien, la guerre contre l’expansionnisme US demande à ce qu'il y ait des alliés, de vrais et de fiables.