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Israël craint à la fois une vraie confrontation avec le Hezbollah et l’éclatement d’une guerre civile

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le drapeau du Hezbollah flotte non loin des territoires occupés./Archives

« Le Hezbollah est déterminé à mener une attaque de représailles ; nous n'avons jamais été si proches d’une confrontation avec le Hezbollah », disent des médias israéliens. Des médias israéliens ont prétendu que le mouvement de résistance libanais Hezbollah envisageait de tuer des militaires israéliens, en représailles à la mort de l’un de ses membres lors d’une attaque en juillet dernier de l’armée israélienne. « Nous sommes plus que jamais proches de la confrontation », disent les médias israéliens.

Certaines sources israéliennes ont laissé entendre ce lundi 12 octobre que des hélicoptères de l’armée israélienne avaient transféré des effectifs militaires à Chypre. Ces sources disent que le régime israélien envisage de préparer ses troupes et pilotes militaires pour une attaque contre le Liban.

Les tensions entre Israël et le Hezbollah ont monté d’un cran en juillet, lorsqu’un membre du mouvement libanais a été tué en martyr lors de l’attaque israélienne contre une zone près de l’aéroport de Damas en Syrie, suite à quoi le Hezbollah a annoncé qu’il riposterait à cette attaque.

Entre autres, le journal Israel Hayom a écrit : « 80 jours ont passé et les tensions persistent encore. Bien qu’Israël et le Liban aient décidé d’établir des négociations au sujet de la démarcation des frontières maritimes, l’armée israélienne se sent plus qu’en tout autre temps proche d’une confrontation avec le Hezbollah. »

« Le Hezbollah est déterminé à tuer un soldat israélien ; le mouvement de résistance libanais ne va pas renoncer à cette décision et le régime israélien aussi en est convaincu », écrit le journal qui ajoute :

« En cette période de tension, les militaires israéliens sont témoins d’agissements inhabituels des individus affiliés au Hezbollah près des frontières. (…) La fin de ces tensions reste incertaine, mais les évaluations de Tel-Aviv laissent croire que le Hezbollah cherchera uniquement à viser des militaires israéliens, tout en évitant d’entraîner la région dans une confrontation aux vastes ampleurs. »

Pour sa part, le régime israélien a menacé qu’au cas où ses militaires seraient visés, la riposte israélienne ne toucherait pas seulement le Hezbollah. « C’est le Liban qui devra en payer le prix », a prétendu le régime israélien.

Le cauchemar de la confrontation avec le Hezbollah n’est pourtant pas la seule préoccupation des responsables israéliens. Nombreux sont les analystes à croire que les politiques de Netanyahu et les multiples crises auxquelles est confrontée la société israélienne la pousse vers la guerre civile.

L’analyste israélien et chroniquer d’Al-Monitor, Ben Caspit, aborde le sujet :

« Les mesures provocatrices grandissantes de Netanyahu, la crise croissante économique, la répression des protestations populaires et la hausse du bilan de contamination au coronavirus sont tous des éléments qui poussent Israël vers la guerre civile.

En temps moderne, Israël a toujours essayé d’éviter la guerre civile, en adoptant consciemment une approche opposée qui glorifie l'unité, met l'accent sur un destin partagé et défend la cohésion interne comme un atout important contre l'adversité. (…) Cette cohésion s'est pourtant érodée ces dernières années et a été remplacée par un gouffre sanglant interne alimenté par une haine vicieuse qui semble échapper à tout contrôle. Israël a rarement été aussi proche d’un violent affrontement domestique, peut-être même d’une guerre civile.

(…) Le Premier ministre et chef du Likoud, Benjamin Netanyahu, s’emploie quotidiennement à intensifier l’incitation à la haine contre les institutions de l’État et ses ennemis politiques, si bien que des centaines de milliers de dissidents réclament aujourd’hui sa démission. La majorité silencieuse des Israéliens est déchirée entre ces deux camps belliqueux. La police a du mal à maîtriser les manifestations, la confiance envers les institutions de l'État est à son plus bas niveau record et la haine colore l'arène publique comme jamais auparavant.

Les différends ne portent plus sur les idéologies concurrentes de gauche et de droite, ni sur les accords et concessions à accorder aux États ennemis, ni sur les questions de guerre et de paix. Le conflit oppose aujourd’hui les partisans et les opposants de Netanyahu les uns aux autres. D'un côté, il y a une partie de la société qui voit en la personne de Netanyahu l’homme qui empêche l’extinction d’Israël, de l'autre, il y a une autre partie de la population, tout aussi zélée, qui le considère comme un danger évident et présent pour l'avenir d’Israël.

Combinées à la pandémie de coronavirus qui fait rage et à ses retombées économiques, au problème des juifs ultra-orthodoxes très peu respectueux envers les restrictions de verrouillage et aux manifestations persistantes devenant de plus en plus violentes, les tensions intestines confrontent Israël à la pente la plus glissante qu'il ait connue depuis sa création.

(…) Les détracteurs de Netanyahu et leurs partisans partagent le même sentiment que les institutions étatiques sont en faillite. (…)

L'épidémie de coronavirus et ses conséquences économiques destructrices ont catapulté des dizaines de milliers de jeunes Israéliens dans les rues, transformant les manifestations d’ampleur limitées en une menace croissante pour l'emprise de Netanyahu sur le pouvoir. (…) Des milliers de personnes ont ajouté le mot « va-t’en » à leurs photos de profil Facebook ces derniers jours, [exprimant ainsi leur revendication en faveur du départ de Netanyahu]. Benjamin Netanyahu, quant à lui, fait tout ce qu'il peut pour bloquer les manifestations dans lesquelles il voit, selon ses propres termes, une menace plus sérieuse que la propagation du coronavirus.

Lire aussi : Une offensive terrestre syrienne contre Israël, en vue?

(…) Le désespoir des belligérants grandit, tandis que la police utilise des tactiques de plus en plus violentes pour contrôler les manifestations. Il ne faudrait qu'une seule étincelle pour déclencher le baril de dynamite qui menace les rues. Les appels des journalistes conservateurs et des experts à accorder une faveur à Netanyahu et à enterrer son acte d'accusation en échange de sa démission n'ont pas aidé à rétablir le calme. Et Netanyahu ne semble pas planifier de retraite, pas plus que ses adversaires.

La prédiction de Reuven Rivlin [ancien président du régime israélien] d'il y a plusieurs années selon laquelle Netanyahu emmènerait l'État tout entier avec lui s'il tombe en déclin, se réalise sous nos yeux. Israël serait encore loin d'une guerre civile à proprement parler, mais la distance se raccourcit chaque jour. »

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV