Ces "antennes de télécommunication" que le régime des Al-e Khalifa s'obstine à installer avec une surprenante frénésie sur les minarets des moquées dans les régions du sud de Bahreïn, à quelques kilomètres des côtes iraniennes trahissent une chose : la normalisation commence à peser lourd. Le samedi 3 octobre, un communiqué des oulémas sunnites a dénoncé une mesure arbitraire qui " n'irait guère faciliter les liens déjà tendus entre le régime et la population", car "la mosquée est un lieu sacré et elle devra le rester".
Que les oulémas sunnites du royaume, pourtant proches de la cour dans un petit état majoritairement peuplé de chiites, lance un pareil appel et qu'ils mettent en garde Manama et ses conseillers contre ses conséquences, cela prouve que l'appareil des Al-Khalifa commence à s'inquiéter de la torture que prennent les événements post -normalisation, sinon comment expliquer cette tendance assez nouvelle à transformer des dizaines de mosquées de Bahreïn en de sites d’écoute et de surveillance de la population.
Vendredi, les Bahreïnis sont descendus pour le deuxième vendredi consécutif dans la rue, crier leur colère, dans le cadre d'une journée baptisée "Vendredi de "guerre" contre l'accord de trahison". Le changement de cap est brusque et marque un véritable tournant qui est sur le point de se produire. Le 16 septembre et suite à l'émergence des brigades des "martyrs de Qods", branche armée de la Résistance bahreïnie, le royaume a renforcé les mesures de sécurité non seulement sur les lieux publics, mais encore autour des bases et sites appartenant aux Américains, le régime de Manama étant parfaitement conscient du poids dont jouit le Hezbollah libanais auprès des Bahreïnis.
Le mardi, le secrétaire général du Hezbollah s'est très explicitement adressé au régime de Bahreïn qui se comporte comme étant un proconsul de Riyad : " ceux qui ont misé sur la normalisation -pour s'offrir une pérennité - ne tarderont pas à comprendre qu'ils ont commis une fatale erreur, a dit Nasrallah.
le mercredi 30 septembre, le chef du Mossad a été de passage à Manama pour une première visite poste- signature du traité d'Abharam officiellement pour examiner une extension des liens, mais à vrai dire pour "contrer l'émergence des noyaux de lutte armée à Bahreïn". Accompagné d'un premier contingent d'officiers de renseignements sionistes, ceux là même qui ont lamentablement échoué à établir la "sécurité "sur le front Nord, plus de trois mois après la promesse de vengeance de Nasrallah, Cohen, s'est surtout entretenu de manière "intensive" avec Adel Ben Khalifa Al Fadel, chef de la sécurité nationale bahreïnie et de son confrère à la tête de l'office de "la sécurité stratégique" du mini-royaume.
De ces entretiens est sortie l'ingénieuse idée de faire des mosquées sunnites de Bahreïn des "sites d'écoute et d'espionnage" au risque évidemment de mettre sur le dos du régime des Al e-Khalifa, qui est déjà largement fragilisé, la minorité sunnite. Mais ce premier coup du Mossad est loin d'être uniquement destiné à réprimer la population. Il y a bien sûr ce regard tourné vers l'Iran qui n'est pas non plus du reste.
Cette semaine, le CGRI a dévoilé une base militaire parfaitement inconnue du vaste réseau du renseignement US/Israël dans la région, laissant penser au camp d'en face que tous ses agissements dans le golfe Persique sont surveillés et anticipés. The National Interest y revient : "les hauts commandants militaires iraniens ont inauguré une base de drones sur l’île de Siri dans la province du Hormozgan. Il s'agit d'une région ultra stratégique qui juxtapose le détroit d'Hormuz. Son emplacement marque un tournant dans la stratégie militaire iranienne qui consistait jusqu'ici à assurer une solide défense face à une agression, mais qui devient soudainement offensive. L'Iran qui a mis 6 ans à construire cette base semble la vouloir moins pour se défendre que pour lancer des attaques ou encore des attaques préventives ».
Et l'article d'ajouter : " Ce qui attire surtout attention c'est que la base, située juste en face des Émirats et de Bahreïn, abrite des milliers de drones répartis en drones de combat, d'attaque et de reconnaissance. Outre la possibilité de lancer des nuées de drones munis de bombes intelligentes Qaëm contre des cibles hostiles situées aux Émirats ou à Bahreïn, il existe aussi des mico-appareils capables de lacer des missions de reconnaissance dans les pays du sud du golfe Persique, ceux-là mêmes qui de par la "normalisation" viennent de passer dans le camp des ennemis potentiels de l'Iran".
"Au mois de septembre, les forces armées iraniennes se sont exercées à des opérations commandos et de débarquement sur des îles hostiles; À Siri, ils ont de quoi mener des opérations de reconnaissance à caractère parfaitement préventif. Mais il s'y trouve aussi des drones bien malléables par des alliés de l'Iran, ceux qui à Bahreïn affirment vouloir combattre la présence israélienne. Farpad en est un. Le document de stratégie US en spécifie d'ailleurs la menace. C'est un petit drone portatif doté des capacités de guerre électronique. Il est d'une portée de 20 kilomètres et sa mission consiste à renforcer les unités de renseignement, des commandos et des opérations d'intervention rapide. Sa base de lancement est portable et l'objectif en est de tourner des images de nuit comme de jour. C'est un bijou qui ne pèse que 4 kilos, bien propre à mener des mini opérations par une guérilla", dit The National Interest sans aller plus loin dans sa pensée...