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A quoi bon une normalisation qui met paradoxalement en danger nos accointances dans le Golfe? (Yediot Aharonat)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Manif pro-Palestine à Bahreïn, juste après l'annonce de la normalisation, le 12 septembre 2020/Al Alam

Une fois n'est pas coutume un journaliste israélien dit la vérité : " A quoi bon le fait de normaliser avec Bahreïn? Certes ce petit royaume est la coulisse de la politique saoudienne et il fraie le chemin à la normalisation d’Israël avec l'Arabie des Salmane mais à part ceci, y a -t-il réellement un intérêt à ce que les relations Tel-Aviv-Manama qui sont même plus vieilles que celles qu'entretient Israël avec les Emirats soient connus du public?, s'interroge Yediot Aharonot. 

"Certes le royaume abrite la Ve flotte US et- on se retrouvera juste en face de l'Iran. Et alors? Puisque les Américains se trouvent là à ne rien faire, que pourrait militairement contre l'Iran, un Israël planté à Bahreïn? C'est un pays de 1.5 millions d'habitants dont 70% sont chiites.. Ce sont des gens qui ont des liens de sang avec les Iraniens car l’île faisait partie du territoire iranien avant d'en être séparé en 1970 sous le régime de Shah. Le fait d'y ouvrir une ambassade est d'autant plus dangereux que ce tissu démographique à majorité chiite joue nettement contre Israël. Samedi soir, les jeunes chiites sont d'ailleurs descendus dans la rue à dénoncer la normalisation, pour l'heure pacifiquement, un aspect qui risque de changer avec le temps. Comment? 

" En effet, d'un point de vue géopolitique, la signature de l'accord de compromis avec  Bahreïn répond au projet américain de créer un « Grand Moyen-Orient » où comme l'a dit, le Premier ministre israélien Tel-Aviv n’aurait plus à abandonner les territoires occupés en échange de sa sécurité. Le PM nous a promis aussi une nouvelle ère placée sous le signe de la « paix » pour la « paix » et de l’économie pour de l’économie ». Mais la paix on la veut pas dans le Golfe mais en Cisjordanie, sur le front sud avec Gaza ou encore sur le front Nord avec le Liban! 

La réalité est qu'Israël tout comme ses amis arabes avec qui il travaillait en secret sans avoir à s'attirer les foudres de l'Iran et de ses alliés dans la région, se sont laisser instrumentaliser par le président Trump et pour ses besoins de campagne. Avec ce train de "normalisation", Israël n'achète pas la sécurité mais la haine, les ressentiments et surtout davantage de danger. 

Depuis l'annonce de la normalisation avec les Emirats, l’Autorité autonome n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'avenir de nos coopérations sécuritaires avec elle est entourée d'un halo d'incertitude. Elle se retourne des pays du Golfe et semble ne plus avoir aucun autre choix que de composer avec Gaza. cela veut dire que quelques 300 attaques anti-israélienne en Cisjordanie rien qu'en 2019 dont la moitié à l'arme blanche, iront se transformer en attaque armée et qui sait, en tirs de roquette et de missile. Surtout que le Hamas a à nouveau son QG à Beyrouth, tout près du Hezbollah. Est-ce un acquis? Ce train de normalisation que le coup Netanyahu-Trump ont déclenchée, poussent les Palestiniens dans les bras de l'Iran quitte à exacerber les pressions sur Israël. En août, Gaza a réussi a avoir gain cause en envoyant des ballons incendiaires sur nos colonies et ce, au bout de 19 jours. Et nos frappes au missiles et à la bombe n'ont rien pu. Qu'en sera-t-il d'ici quelques temps quand les Palestiniens totalement découpé de Riyad, d'Abou Dhahi agiraient de concert avec Téhéran". 

Lire : Comment l'Iran a anticipé l'accord "Abraham" ou l'art de couper l'herbe sous les pieds de l'axe US/Israël

Dans les heures suivant l'annonce de la normalisation Israël/Bahreïn, le CGRI a fait publier un communiqué fort significatif : il a promis aux autorités du royaume bahreïni des "réponses appropriées à cette trahison". Le CGRI a assuré que cet acte ne restera pas sans conséquence pour cette très petite monarchie arabe et que ce sont les "combattants palestiniens qui en tireront la revanche". Idem pour le Hezbollah qui a commandé avec une violence de ton inhabituelle cet accord, lui aussi promettant la vengeance. A quoi reviennent ces promesses de vengeance? à davantage de pressions, de menaces et d'attaques contre nos colonies! 

Les récents compromis avec les monarchies arabes et Israël n'ont aucun impact sur la donne géopolitique, si ce n'est le fait d'aligner sur l'Iran les Palestiniens, et de réveiller dans les monarchies du Golfe " des cellules anti-Israël". Bahreïn a suivi les Emirats, certes, mais au risque de mettre en péril sa propre sécurité, ce qui est loin de servir l’intérêt d’Israël . Une intifada des Bahreïnis n'est pas à écarter et ce n'est que la pointe de l’iceberg. Car c'est là une situation qu'appelle de ses vœux Téhéran. Les forces armées iraniennes viennent d'achever une vaste manoeuvre militaire navale de trois jours avec pour la première une phase inédite des opérations amphibies et de débarquement.

Le commandant en chef de la marine iranienne a laissé entendre qu'il s'agissait d'une opération destinée aux pays voisins du sud de l'Iran : on pense évidemment aux Emirats mais aussi à Bahreïn. Si ces deux pays qui devront accueillir les officiers israéliens croient que les Etats Unis les soutiendront en cas d'une offensive iranienne, ils se trompent. Tout comme Israël s'il se croit capable de frapper l'Iran à partir des Emirats et de Bahreïn sans avoir à subir des milliers de missiles à Tel-Aviv, à Eilat ou à Haïfa. En Iran on parle d'ors et déjà des actions préventive"...

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV