Le plan de paix dit Deal du siècle proposé par l'administration Trump a été incontestablement pro-israélien, et les Palestiniens l'ont rejeté, le considérant comme une formalisation du contrôle israélien durable sur un État palestinien.
Les dirigeants arabes ont historiquement placé la question palestinienne au sommet de leur politique étrangère. Seuls l'Égypte, la Jordanie et maintenant les Émirats arabes unis ont signé des accords de normalisation des relations avec Israël.
Les responsables américains recherchent maintenant ceux qui pourraient emboîter le pas aux EAU. Bahreïn et le Soudan sont des candidats possibles.
Le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a déclaré à Pompeo que le gouvernement de transition actuellement en charge n'avait aucun mandat pour normaliser les relations. Un accord israélo-soudanais n'est pas imminent, mais Pompeo s'est rendu au Soudan avec ce qu'il a appelé le premier vol direct officiel Tel-Aviv-Khartoum, un signal diplomatique important.
Lors d’une interview accordée le 9 septembre au magazine américain Newsweek, l’ambassadeur du Soudan aux États-Unis, Noureldin Satti, a déclaré que son gouvernement soutiendrait tout accord apportant la paix dans la région bien que la normalisation avec Israël ne soit pas un fait accompli.
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« Le gouvernement soudanais ne s'est pas officiellement prononcé sur l'accord Israël-EAU, a-t-il expliqué. En tant qu'artisan de la paix, je crois que tout ce qui est bon pour la paix est bon pour la région. La région a besoin de paix plus que toute autre chose, mais la paix doit être inclusive et globale. Dans l'état actuel des choses, il est difficile de dire que le peuple soudanais est prêt et disposé à normaliser ses relations avec Israël. C'est une question très controversée et le peuple soudanais a besoin de temps pour peser le pour et le contre. Mais, encore une fois, la question des incitations et des dividendes est importante. »
« Les incitations et les dividendes doivent également aller aux Palestiniens. La question palestinienne est avec nous depuis plus de 70 ans, sans être résolue. Sa poursuite n'est dans l'intérêt de personne. Toute nouvelle idée pour la résoudre est certainement la bienvenue, à condition que certaines réalités soient prises en considération », a-t-il ajouté.
Noureldin Satti s'est dit en désaccord avec les dirigeants arabes qui marginalisent la cause palestinienne. « À mon avis, tous les Arabes soutiennent la cause palestinienne. Mais certains d'entre eux sont convaincus qu'un changement de stratégie est nécessaire. Une stratégie de confrontation constante s'est avérée infructueuse, voire contre-productive », a-t-il estimé. Par ailleurs, il a refusé de prendre position sur le plan de paix controversé de Trump. « Nous travaillons à huis clos sur cette question », a-t-il expliqué.
Dans une autre partie de son entretien, l'ambassadeur soudanais à Washington a également évoqué la demande du Soudan aux États-Unis de le retirer de la liste des « pays parrainant le terrorisme ». Le pays y figure depuis 1993, sous prétexte d’avoir soutenu des groupes de la Résistance, y compris le Hamas et le Hezbollah.
Khartoum est également en train de rétablir ses liens avec les États-Unis. En effet, Noureldin Satti est le premier ambassadeur du Soudan à être nommé aux États-Unis depuis deux décennies.
Depuis la chute de l’ancien dirigeant soudanais Omar el-Béchir, à la suite d’un soulèvement populaire en 2019, les États-Unis et Israël ont tenté de normaliser leurs relations avec le Soudan.
Les intérêts communs de l’Arabie saoudite avec Abou Dhabi s’étendent à plusieurs pays dont le Soudan. Les deux pays ont été pratiquement impliqués dans toutes les controverses de la région.
« Cela aurait dû être fait il y a longtemps, a déclaré Satti à propos du retrait du Soudan de la liste des États parrains du terrorisme. Cette liste nous stigmatise et le peuple soudanais aimerait que le Soudan y soit supprimée car c'est l'ancien régime qui en est le responsable. »
« Il (le peuple soudanais) considère la suppression de la liste noire du département d’État comme une réhabilitation aux yeux de la communauté mondiale; en particulier, elle ouvre la voie à la normalisation des relations avec les États-Unis et permet au Soudan de profiter des transactions financières, des investissements et de l’allègement de la dette: ce dont a été privé le Soudant jusqu'à présent », a-t-il lancé.
Certains rapports ont suggéré que les États-Unis pourraient lier la normalisation avec Israël au retrait du Soudan de la liste terroriste. Satti et son gouvernement ont souligné que cela ne serait utile pour aucune des parties impliquées.
« La position du Soudan sur cette question a été clairement exprimée par le gouvernement de transition. À mon avis, le retrait de la liste noire et d'autres actions positives qui suivront, devraient être une incitation plutôt qu'une condition à d’autres affaires », a-t-il ajouté.
Pour le Soudan, la route vers le cœur de Washington passe par Tel-Aviv ?
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a estimé la normalisation des relations diplomatiques avec Israël était la condition au retrait du Soudan de la liste noire des États-Unis.
Le ministre soudanais des Affaires étrangères désigné, Omar Qamar al-Din, a révélé récemment que l'administration américaine avait promis de réfléchir au retrait du Soudan de la liste américaine en échange de la normalisation formelle de ses relations avec Israël.
Interviewé le samedi 5 septembre par le journal soudanais Al-Tayyar, il a souligné que Pompeo avait combiné, lors de sa visite à Khartoum fin août, les deux dossiers relatifs à la normalisation et au retrait du Soudan de la liste du terrorisme.
Il convient de noter que Pompeo s'est déplacé en Israël où il a rassuré les autorités sur les efforts américains pour inclure davantage de pays arabes, dont le Soudan et Bahreïn, dans le projet de normalisation, sans altérer la supériorité militaire sioniste dans la région. Il s'est rendu le 25 août au Soudan pour faire pression sur le gouvernement et prôner l'accord entre Israël et les Émirats arabes unis.
Le gouvernement de transition soudanais a toutefois déclaré qu'il n'était pas mandaté pour rétablir les relations diplomatiques avec Israël. Il a appelé l'administration Trump à ne pas subordonner le retrait du Soudan de la liste des États parrainant le terrorisme à la normalisation des relations avec Israël.
En réponse à l'offre de Pompeo, le chef du Conseil de souveraineté de transition au Soudan, le lieutenant-général Abdel Fattah Al-Burhan, a posé une question: qu'est-ce que le Soudan gagne économiquement ou quand sera-t-il retiré de la liste du terrorisme ?