Il y a un lien parfaitement subtile entre ces deux ripostes évoquées dans le discours du vendredi soir de Nasrallah, l'une visant à venger le sang du martyr Kamal Mohsen et l'autre, celle qui pourrait être une réponse à la double explosion de Beyrouth et cet accord qualifié d’historique Israël/Emirats qui toute raison garder est un non-événement. Un non événement parce que rien de nouveau sous le ciel: cela fait plus de 20 ans que le régime israélien opère sous masque émirati, que ses conseillers, ses officiers et ses pilotes façonnent la vraie fausse armée de Ben Zayed, qu'ils maintiennent une présence bien assidue dans le secteur du tourisme, de télécommunication, de l'énergie, de la santé, de la culture même et qu'Abou Dhabi ne lève le petit doigt à moins qu'il y ait le feu vert du régime sioniste.
Au Yémen où MBZ s'est emparé de l’île stratégique de Socotra, situé non loin de Bab el-Mandeb et du golfe d'Aden, ce n'est plus un secret pour personne, il est sur le point de faire de la place pour Israël; Idem en Libye, pays stratégique au nord de l'Afrique, limitrophe avec les vifs foyers anti-sionistes arabes à savoir l'Algérie et la Tunisie et où les Emirats n'ont pas tant pour mission de faire échec à la Turquie atlantiste qu'à préparer le terrain à la déstabilisation de la région, et partant à la percée d’Israël, rôle qu'a par ailleurs royalement joué la France de Macron au Sahel, en poussant le Tchad à normaliser avec Israël et en préparant le terrain à la présence sioniste au Mali.
L'accord de MBZ avec l'entité qui n'a eu besoin qu'un tout petit coup de file de Trump pour être porté au grand jour n'a donc rien de nouveau si ce n'est ce "masque" parfaitement nuisible à la cause de la Palestine et de la Résistance qu'il contribue royalement à faire tomber. Au 14 anniversaire de la tonitruante victoire du Hezbollah face à Israël, laquelle victoire a fait éclater en milles morceaux le grand Moyen Orient des stratèges US/Israël, et ce, définitivement, Nasrallah a relevé judicieusement ce point : Que les Palestiniens s'en félicitent, le bon grain vient de se séparer de l'ivraie.
Car cette ivraie "golfienne" n'a cessé toutes ces dernières années de faire le jeu de l'entité sioniste sans que la Résistance soit à même de lui régler ses comptes, occultée qu'elle a été sous le masque de sympathie pro Palestine. Désormais les masques sont tombés et l'axe Abou Dhabi-Tel-Aviv auquel ne tardera de se rallier, comme l'a dit Nasrallah le Conseil de Coopération, rien que pour servir la cause d'un candidat Trump aux abois, sont à ranger dans un même panier. Cela revient à dire très clairement que l'entité sioniste a perdu le combat au sol et au ciel et qu'il s'ébat avec l'aide US de s'offrir une profondeur maritime, en lieu et place d'une profondeur terrestre que les missiles de la Résistance libanaise et palestinienne ont totalement bousillée. L’alliance révélée au grand jour de l'axe Emirats/Israël signifie cela : l’entité abandonne en termes stratégiques le champ terrestre et aérien pour s'engager en mer, et ce par le biais des monarchies golfiennes qui y risquent leur peau mais qui à vrai dire n'ont aucun autre choix que d'obéir sous peine d'être éliminée.
Mais engagé en mer, Israël saura-t-il échapper à la Résistance ou au contraire les choses iront-elles s'empirer pour lui? Dans son discours, Nasrallah s'y est référé à deux reprises et comme toujours très subtilement : puisque le scénario de l'attaque contre Beyrouth a lamentablement échoué dans son premier acte et au lieu de finir par diaboliser le Hezbollah a tourné tous les yeux vers Israël, les ports israéliens ne sont plus à l'abri : "si l'enquête nationale sur la dévastation de Beyrouth débouche sur une implication d'Israël, la riposte du Hezbollah ira bien au-delà d'un cadre restreint et sera de la même ampleur, suivant l'équation Haïfa contre Beyrouth".
"Ce sera une riposte parfaitement légale puisque c'est tout Etat libanais et tous les Libanais qu'ils réclameront", a dit en substance Nasrallah. Cette aventure navale que Tel-Aviv croit pouvoir s'offrir à l'aide de MBZ part dont avec du plombe dans l'aile, les ports "sionistes" étant potentiellement en ligne de mire. Mais il y a eu un second point dans le discours de Nasrallah encore plus surprenant: le déploiement de l'OTAN sur la côte syro-libanaise et ce sous prétexte de l'aide humanitaire et qui se veut visiblement une "contribution" en faveur du désarmement du Hezbollah surtout qu'il se greffe à la visite de la ministre française de la Défense à Beyrouth, laquelle ministre tout comme son président s'y est comporté comme un pro-consule. : "Pour ce qui est des navires de guerres en mer, je vous le dis : ne craignez rien, il n’y a rien à ajouter à ce sujet. Celui qui compte sur Dieu ne doit rien craindre."
Cette phrase est laconique mais percutante: la Résistance libanaise possède de quoi contrer un assaut naval ennemi contre le Liban? Visiblement. En 2016 Veteran Today rapportait le ciblage réussi d'un des sous-marin israélien dans les eaux territoriales syriennes : "Ce fut une torpille syrienne qui a pris pour cible ce sous-marin israélien qui ayant plongé à 1500 m de profondeur pour éviter d'être intercepté, a été visé vers 2 heures du matin. Le sous-marin a fait naufrage. Cette année 2016, un autre sous-marin israélien a connu le même sort sans que Tel-Aviv reconnaisse l'un ou l'autre cas... Cet événement a poussé Tel Aviv a mettre du frein a ses activités navales anti syriennes surtout que le souvenir navire Sa'er, abattu par le Hezbollah en 2006 puis coulé restait bien présent dans tous les esprits". Et dire qu'après avoir échoué au sol et dans l'air, pour cause de la puissance balistique de la Résistance, l'entité sioniste croit pouvoir trouver une issue en mer et ce, à l'aide d'un Abou Dhabi ou d'un Riyad, eux-mêmes exposés aux missiles de la Résistance... En 2006, et en faisant couler Sa'er la Résistance a éliminé le facteur "mer" israélien, les Emirats, pas plus que l'OTAN ne sauront le ressusciter.