Depuis que Beyrouth a connu son "Hiroshima", ce 4 août, la veille du jour où le monde célébrait le 70 anniversaire de la première frappe nucléaire de l'histoire, une question ne cesse de tarauder l'esprit des analystes : comment rendre le ciel du Moyen-Orient souverain? Car à mesure que les jours passent et les données s'accumulent, cette "méga catastrophe", comme l'a qualifiée Sayyed Hassan Nasrallah, semble de moins en moins à un simple concours de coïncidence. L'analyse militaire, Gordon Duff, qui écrit régulièrement sur le site désormais difficile d'accès de VT, -censure mainstream oblige- qu'il fallait l'équivalent de 1000 tonnes de nitrate d'ammonium et non pas les 2700 annoncées pour que la seconde explosion ayant frappé le port libanais puisse se produire, rien qu'à en juger la puissance du tremblement de terre provoqué dans la foulée, soit 3.5 sur l'échelle de Richter. Le hasard ne peut donc pas en être accusé... Mais qui le peut?
A la veille des explosions, soulignent les sources syriennes, quatre avions espions US de type P-3, P8, E-3 avaient mené pendant plus de trois heures la côte syro-libanaise au point de faire croire aux Syriens à l'imminence d'une nouvelle frappe israélienne. Le jour même des explosions, il y avait 22 aéronefs de combat israéliens au-dessus du Liban et un nombre indéterminé de drones de reconnaissance et d’attaque. Ce ciel libanais qui depuis le retrait des forces armées syriennes du sud du Liban où elle veillait à ce qu’Israël ne fasse pas ce qu'il fait aujourd'hui du ciel du Liban, à savoir le chassé gardé de ses avions et le tremplin d'essai de ses armements anciens et nouveaux, est donc une seconde base d'attaque contre le Levant pour l'axe US/Israël. Mais peut-on changer la donne aérienne au Levant?
En livrant dès 2018 les batteries de S-300 à l'armée syrienne, puis en déployant sur ses propres bases en Syrie les batteries de S-400, la Russie a franchi un pas significatif en ce sens mais hélas le S-300 n'a jamais tiré pour cause de lien avec Israël tandis que le S-400, piratés par la Turquie, semble lui aussi avoir perdu sa superbe aux yeux des Yankee et de leurs mercenaires sionistes.
Le 25 juillet, soit à peine deux semaines avant que le ciel sans défense du Liban ne soit servi non pas contre la Syrie comme d'habitude mais contre le Liban lui même, un avion de ligne iranien Mahan Air avec 60 passagers à bord s'est approché à deux reprises par deux F-15 US, alors qu'il se dirigeait vers Beyrouth dans le corridor légal. Les F-15 ayant décollé de la Jordanie ont tenté de leurrer la DCA syrienne et de provoquer des tirs de S-200 et faire abattre l'avion dont le pilote, a réussi avec dextérité une superbe manœuvre d'évitement et laissé sur leur faim les deux F-15. D'aucuns disent que l'appui iranien à la DCA syrienne et le fait de la doter des systèmes anti-leurre auraient été pour quelque chose dans cette méga déculottée. Car à vrai dire, l'axe US Israël, stratégiquement défait en Syrie, au Liban et en Irak et face à l'Iran a cherché de la sorte à imposer une zone no-fly au dessus de la Syrie.
Vendredi le 6 août, le représentant permanent de l'Iran auprès des Nations unies, Majid Takht-Ravantchi, a adressé une lettre au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ainsi qu'au Conseil de sécurité. La lettre dénonçait dans les termes les plus vifs "l'attentat raté de l'US Air force" contre un avion civil iranien qui va "à rebours des lois et du droit international". Le texte dit : « Un Airbus A310 de la compagnie aérienne Mahan a fait l’objet d’une interception brusque, le 23 juillet, alors qu’il se dirigeait vers Beyrouth. L’avion a été poursuivi par deux F-15 américains lorsqu'il traversait un corridor international dans le ciel syrien. La manœuvre dangereuse des avions de chasse américains est en contradiction flagrante avec le principe de sécurité et de liberté de l’aviation civile, reconnu par la Convention de Chicago en 1944 et la Convention de Montréal en 1971. Je demande donc aux Nations unies de condamner cette tentative illégale des États-Unis et de contraindre Washington à en assumer son entière responsabilité. »
Et bien c'est ce qui devrait avoir lieu à Beyrouth quand l'enquête nationale en cours aura donné ses premiers résultats. Cette enquête que le président de la République libanaise, Michel Aoun a voulue "nationale" et "loin de toutes interférences étrangères", établirait sans doute "des négligences locales" mais au-delà "des responsabilités", celle des parties "étrangères" qui comme l'a suggéré Aoun, se sont payées le luxe de prendre le port stratégique de Beyrouth, pour Quneïtra, Homs, Damas, Hama, soit toutes ces provinces syriennes qu'Israël frappe depuis 2013 impunément, suivant un pacte non écrit qui veut qu'une entité d'occupation qu'est Israël, opère librement dans le ciel du Levant, sans avoir à en rendre compte, comme l'ont d'ailleurs fait les F-15 américains le 25 juillet, en singeant la même tactique qu'a utilisée l'armée de l'air sioniste un certain septembre 2018 contre un Il-20 russe. C'est cette impunité qui devrait cesser.
En Syrie, l'armée syrienne a décidé de renforcer sa DCA à l'aide de l'Iran qui a prouvé pas plus tard que le 28 juillet et dans le cadre de ses grandes manœuvres Grand Prophète-14 de quel bois sont fait ses missiles antimissiles, ou encore ses missiles tactiques et ses drones anti-DCA. Lors des Manœuvres Grand-Prophète-14, une offensive contre le radar AN/TPY-2 du système de défense antimissile THAAD a été simulée. Bien que ce scénario et cet exercice puissent avoir des raisons différentes en Iran, le Liban tout comme la Syrie devraient désormais s'y intéresser. Certains analystes estiment que "l'attaque du 4 août contre Beyrouth" refléterait en quelques sorte le désarroi d'un Israël qui a découvert un certain 21 juillet n'être plus totalement maître du ciel du Levant : ce jour-là et alors que l'armée de l'air sioniste tirait une flopée de missiles de croisière contre Damas (où il a tué un combattant du Hezbollah), elle s'est heurtée à une puissante contre attaque de Khordad-3, dit le tueur de Global Hawk. Les missiles Sayyad auraient même survolé le QG de l'armée sioniste au Golan Occupé, provoquant l'évacuation des officiers qui surveillaient l'attaque.
Le pacte militaire signé début juillet avec l'Iran, permet à la Syrie de doter sa DCA de bien plus que cela. Les sources syriennes ne cachent plus depuis la tentative des F-15 US de faire abattre un avion de ligne iranien, "une tentative déjà réalisée à trois reprises dans le ciel syrien", leur intérêt pour le systèmes de communication tactique Sepehr-110, un excellent dispositif anti-leurre. Dévoilé en juillet 2019 Le système vise à améliorer la mobilité des systèmes de commandement et de contrôle. Selon le CGRI, le dispositif « brise le monopole des grandes puissances dans le domaine des technologies de communication avancées » puisqu'il sécurise les réseaux de commandement et de contrôle contre les cyberattaques offensives et fonctionne dans tous les environnements pertinents, terrestres, maritimes et aériens, transmettant à la fois la voix et les données, imperméable à la pénétration, aux interférences et aux attaques. A l'heure où on évoque des incendies et des explosions d'"origine orbitale" au Moyen-Orient, le système iranien Sepehr-110 est une excellent arme, invulnérable aux piratages, aux écoutes, aux brouillages radio, aux perturbations électromagnétiques et aux actions d'impulsion électromagnétique (EMP). Une chose est sûre: la partie qui profite le plus de l'attaque du 4 août contre Beyrouth, est celle-là même qui sent avoir perdu quelque chose dans le ciel syrien depuis que l'Iran y a déployé sa DCA. Que le Liban hâte d'y intégrer son ciel. L'enquête sur "Beyrouthsima" devrait entre autres aboutir à cela ...