Les experts pensent que les ressources d'eau sont ces dernières années devenues l'un des défis les plus majeurs du monde et de tous les États. C'est le cas de l'Egypte qui a menacé plusieurs fois l'Ethiopie d'une action militaire contre les installations du barrage de la Renaissance qui se trouvent sur le sol éthiopien. Reste à savoir si les menaces militaires de l'Egypte pourraient être mises à exécution et si non, qui cherche à placer l'Egypte devant le fait accompli? Il y plus d'un analyste qui parie sur le coup double d'Israël contre l'une des armées les plus puissantes de la zone arabe et de l'Afrique, à savoir celle de l'Egypte.
La semaine dernière, le ministère éthiopien de l'Énergie a sorti un court métrage, montrant que l’Ethiopie avait commencé à remplir le réservoir du méga-barrage sur le Nil…Le barrage de la Renaissance, qui est construit sur l'une des deux principales sources du Grand Nil, a été à l’origine d’une grande polémique et a fait l’objet de tensions entre l’Ethiopie et ses voisins en particulier l'Égypte et le Soudan, ces dernières années.
Quel problème le remplissage du colossal barrage posera-t-il à l'Égypte?
Le débit du réservoir du barrage sera de 65,5 milliards mètres cubes, ce qui équivaut à la part annuelle totale du Soudan d’eau du Nil. Selon certaines estimations, l'Égypte perdra de 11 à 19 milliards de mètres cubes d'eau par an pendant la période du remplissage du barrage, ce qui ferait subir des dommages économiques à deux millions d'agriculteurs égyptiens. Par ailleurs, Le Caire perdra de 25% à 40% de sa production d'énergie hydroélectrique pendant cette période, ce qui entraînera une réduction de 3% à 11% de la production totale de l'électricité égyptienne. S'ensuivront une baisse d'environ 2,5% du PIB ; un Chômage direct de 1,3 million d'agriculteurs et la croissance du taux de chômage à 38% ; un besoin d’un budget de 45,5 milliards de dollars pour créer des emplois pour les chômeurs, la diminution du plafond d’exportations et par conséquent l’augmentation des importations et le déficit commercial.
Un coup de force économique contre l'Egypte? C'en a l'air alors que le pays est dépendant des aides arabes et du FMI. Mais que peut réellement l'Égypte? "L'échec des négociations et d’une médiation étrangère augmentent le risque d’une intervention militaire égyptienne. De nombreux pourparlers sur le Nil se sont jusque-là déroulés entre les pays du bassin du grand fleuve sans succès. Et tout comme le cas libyen, Le Caire en est à menacer d'une intervention militaire sans oser aller de l'avant. Mais si la chute de Syrte est une ligne rouge pour le président Sissi, la sécheresse liée au barrage de Renaissance est un danger existentiel. Vu que l'Ethiopie agit à l'instigation d'Israël lequel a livré à Addis Abeba des missiles et des batteries de DCA et ce dans le stricte objectif de réaliser le fameux "Du Nile à l'Euphrate", l'armée égyptienne devrait se préparer à toute éventualité, dit un expert joint par PressTV.
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"Les autorités éthiopiennes ont déjà annoncé qu'elles déploieraient des millions de soldats à la frontière, si l'armée égyptienne recourait à une intervention militaire, ce qui laisse entendre que l'Ethiopie bénéficierait de l'appui indirect d'Israël déjà largement actif au Sinaï où il organise des attaques sporadiques contre l'armée égyptienne par Daech interposé. Face à l'Ethiopie, l’Egypte se confronte à deux grands défis : premièrement, puisqu’elle ne partage pas de frontière avec l'Éthiopie, elle ne peut pas lancer une attaque terrestre directe contre ce pays. Dans ce sens et au cas où le Soudan lui permet d’utiliser son territoire pour attaquer l’Ethiopie, l’armée égyptienne sera obligée d’avancer des centaines de kilomètres sur le territoire soudanais pour arriver à la frontière nord-ouest éthiopienne et détruire des installations du barrage de la Renaissance ; un plan qui imposera des coûts trop lourds au gouvernement et à l’armée égyptiens ; deuxièmement, l'armée égyptienne peut mener une action militaire par la voie de la mer Rouge mais la marine égyptienne ne dispose pas d’assez de moyens pour lancer des opérations amphibies contre l’armée éthiopienne, ajoute l'expert.
Et de poursuivre : "Dans une telle conjecture, l’armée égyptienne n’aura d’autre option que de lancer des frappes aériennes dans l’espoir de pouvoir contraindre le gouvernement éthiopien d’accepter ses conditions sur sa part d’eau du grand fleuve du Continent noir mais vu la distance d'au moins 1400 km entre les installations du méga-barrage et la frontière égyptienne, même l'option des frappes aériennes semble impossible techniquement parlant. Quoique l'armée de l'air égyptienne a acheté ces dernières années des chasseurs modernes tels que des Rafale et des MiG-29M2, une réussite des opérations aériennes contre les installations auxiliaires du barrage n’est pas assurée. La structure principale du barrage présente un grand défi pour l'armée égyptienne qui ne saurait le détruire et qui devrait se contenter, en cas de guerre, à des frappes sporadiques".
Est-ce la fin du parcours? " Je ne crois pas. Bien que lié par des accords à Israël, l'armée égyptienne pourrait appuyer les Anti-Sionistes de la région. De plus en plus d'information affirment une présence de l'armée égyptienne à Idlib aux côtés de l'armée syrienne. C'est une piste intéressante pour Le Caire. Après tout les liens entre l'axe de la Résistance et l'Egypte va d'appréciation au respect mutuel. Israël ne pourra aller trop loin en Ethiopie, s'il voit l'Egypte s'engager aux côtés du Hamas ou l'armée syrienne".