Entre samedi et dimanche un palier de taille a été franchi : le numéro deux de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, a évoqué dimanche un "incident" ayant provoqué dans le site nucléaire de Natanz, au centre de l'Iran, un incendie.
Partant des dégâts limités, il a annoncé une nécessaire reconstruction de la salle où l'incident a eu lieu, tout comme une remise en l'état des dispositifs de métrage et de mesure qu'elle contenait, qui ont été "réduits en cendres", "retardant un peu les plans en cours à Natanz sans pour autant les paralyser" puisque "le Conseil de sécurité national iranien qui s'occupe du dossier a décidé d’accélérer la cadence, de reconstruire un site mieux équipé dans des dimensions plus larges, et peut-être même en changer le lieu dans un contexte dominé par des impératifs de défense".
Jeudi, le porte parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, Kheyvan Khosravi, en a d'ailleurs donné un avant goût quand il a refusé de révéler l'origine de l'incident pour cause, a-t-il dit, des considérations sécuritaires. Mais contre qui l'Iran va riposter ?
Personne ne le sait pour l'heure mais vu la cacophonie paniquée qui règne depuis 72 heures, les yeux se tournent vers Israël bien qu'il soit évident que la petite entité ne saurait avoir monté le coup sans assistance internationale et régionale.
Ce matin, la presse sioniste qui dès les premières heures de l'incident jeudi s'était mise à bomber le torse, en laissant entendre que le "puissant" Israël y était pour quelque chose allant jus'qu'à évoquer les hypothèses les plus saugrenues comme une frappe au F-35, au F-22, une cyberattaque, un sabotage par relais locaux au sein du ministère iranien du Renseignement...
Dimanche, trois officiels sionistes ont tenté de prendre distance par rapport aux fanfaronnades et à la campagne de vantardise menée à bâton rompu ces derniers jours. Lors d’un entretien avec la Radio de l’armée israélienne, le ministre israélien de la Guerre, Benny Gantz, a repris ses accusations infondées contre l’Iran, prétendant qu’Israël ne tolérerait pas un Iran nucléaire mais, a-t-il toute de suite souligné, "il ne faut pas tout mettre sur le compte d'Israël".
Un peu plus tard, et répondant à une question comme quoi si Israël était oui ou non impliqué dans les incidents de ces derniers jours en Iran, le ministre israélien des Affaires étrangères Ashkenazi, a péroré les mêmes insanités sur les supposées intentions nucléaires et balistiques iraniennes en affirmant que "ce n'est pas le genre d'information à affirmer ou à infirmer".
Mais la réaction la plus significative aura été celle de l'ex-chef du renseignement de l'armée sioniste, Amos Yadlin, qui avait la semaine dernière déjà douché les espoirs sionistes de voir l'Iran quitter la Syrie : "Qu'Israël aille jusqu’à bombarder Soueïda (sud de la Syrie), d'où les Russes nous avaient promis d'écarter l'Iran, cela veut dire que notre campagne de guerre dans la guerre a échoué."
Pour sa sortie de dimanche, il a été au bord de la panique et particulièrement alarmant : "Israël devra se préparer à contrer toute action militaire de l’Iran. Les Iraniens continueront-ils d’attribuer les événements à des accidents ou, comme c’est le cas actuellement, changeront-ils de ton et dénonceront-ils les auteurs ? Cela pourrait changer largement la nature de leur réponse."
Alors une cyber-contre-attaque contre les sites vitaux d'Israël, sites gaziers, électriques, hydrauliques, sanitaires, agricoles, aéroportuaires, portuaires, de défense ou alors une attaque balistique, de drone et au missile de croisière simultanée ou tout bonnement de "beaux feux d'artifices" en profondeur d'Israël, ou alors quelque chose de totalement inédit et imprévisible,... l'Iran n'a que l’embarras du choix...
Comme pour anticiper le tonnerre à venir, et peut-être en tempérer l'intensité, DEBKAfile, site proche du renseignement de l'armée sioniste, lançait dimanche ceci : "Les sources de DEBKAfile supposent, d’après les cibles sélectionnées, qu’une opération conjointe Israël-États-Unis-Arabie saoudite est probablement en cours contre l’Iran, car ni des sanctions américaines sévères ni une épidémie mortelle de coronavirus n’ont pu dissuader la République islamique dans sa volonté d’armer son programme nucléaire. Les représailles iraniennes sont donc à prévoir."
Prévoir, dites-vous ? Israël et ses alliés auraient besoin de bien plus que de simples prévisions....